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À surveiller: BRP, Stella-Jones et Constellation Software

Dominique Beauchamp|Publié le 12 mai 2020

Que faire avec les titres de BRP, Stella-Jones et Constellation Software?

Que faire avec les titres de BRP, Stella-Jones et Constellation Software? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

BRP (DOO, 40,55$): plusieurs mauvais trimestres à traverser avant l’éventuelle reprise

L’action du fabricant de véhicules récréatifs de Valcourt a peut-être atteint le fonds du barils en Bourse, mais les prochains trimestres seront très difficiles pour l’entreprise, prévient Cameron Doersken, de la Financière Banque Nationale.

Le récent rebond de 118% de son action, qui reste à la baisse de 31% depuis le début de l’année, illustre à quel point l’incertitude plane sur les perspectives de la société.

Au premier trimestre clos le 30 avril qui sera dévoilé le 28 mai, l’analyste prévoit une chute du bénéfice de 0,55$ à 0,02$ par action alors que le consensus est de 0,33$.

«BRP avait suspendu la majorité de sa production à la fin de mois de mars et la reprise des usines mexicaines ne se fera pas avant la fin de mai, au plus tôt. La réouverture des usines pourrait être laborieuse et rencontrer des problèmes d’approvisionnement. Les revenus de BRP seront donc sévèrement affectés au premier trimestre et probablement aussi pour ceux qui suivent», prévoit M. Doersken.

L’analyste prévoit d’ailleurs un recul de 18% des revenus à un milliard de dollars, au premier trimestre.

Malgré tout, l’analyste a bon espoir que BRP se remette mieux de la pandémie cette fois grâce à l’expérience acquise lors de la crise financière de 2008-09.

Le fabricant est en meilleure posture qu’il y a 12 ans puisque son offre de produits est plus diversifiée, certains véhicules gagnaient des parts de marché avant la COVID-19 et le consommateur est moins déprimé et moins endetté qu’il l’était en 2008, énumère-t-il.

La semaine dernière, BRP a contracté un nouveau prêt à terme de 600 millions de dollars américains qui lui servira à rembourser la dette à terme rotatif dans laquelle elle a puisé dès le début de la crise.

La société dispose donc de liquidités de 680 M$US et d’un emprunt à terme rotatif de 700 M$US.

Toutefois, le titre aura besoin d’entrevoir des indices d’un retour de la confiance des consommateurs et des indicateurs de reprise économique avant de prendre une trajectoire haussière durable.

Même s’il retire sa recommandation d’achat, M. Doersken augmente son cours cible de 38 à 40$, dans l’espoir que 2022 soit la première année d’un retour partiel à la normale.

Cette cible équivaut à 8 fois le bénéfice d’exploitation de 685 M$ qu’il prévoit en 2022.

 

Stella-Jones (SJ, 34,08$): la résilience du fabricant de traverses plaît dans la conjoncture actuelle

Stella-Jones (SJ, 34,08$): la résilience du fabricant de traverses plaît dans la conjoncture actuelle

Le fabricant de traverses de chemin de fer, de poteaux, de bois d’oeuvre et de produits industriels ne soutiendra pas l’élan du premier trimestre, mais dans les circonstances actuelles, sa résilience plaît.

Malgré une hausse solide de 13% des revenus (sans l’effet des acquisitions) et de 16,6% du bénéfice d’exploitation au premier trimestre, Stella-Jones abaisse ses objectifs annuels à cause du ralentissement économique provoqué par le confinement.

Pour 2020, la société de Saint-Laurent prévoit désormais une bénéfice d’exploitation stable de 300 à 325 millions de dollars, soit 3,6% de moins que le consensus, précise Michael Tupholme, de TD Valeurs mobilières.

La marge d’exploitation sera aussi inférieure à celle de 2019, a prévenu la société. L’analyste réduit ses prévisions de 14,9 à 13,9%.

Le bénéfice prévu en 2020 passe aussi de 2,60 à 2,40$ par action. Celui de 2021 diminue de 2,79 à 2,73$ par action, ce qui représente tout de même une croissance de 13,5%.

En conséquence, l’analyste abaisse sa cible de 42 à 41$, mais il continue de recommander l’achat du titre.

Cette cible offre un gain potentiel d’encore 20% pour le titre qui a fortement rebondi de 44% depuis le plancher du 23 mars.

«Nous aimons toujours le positionnement et le potentiel de la société à long terme. L’entreprise s’approprie de solides parts de marché dans deux segments de produits en plus d’offrir un modèle d’affaires résilient. Le remplacement régulier des traverses et des poteaux lui procure aussi des attributs défensifs», fait valoir M. Tupholme.

D’autres acquisitions éventuelles ajoutent au potentiel.

Les liquidités de 34 millions de dollars et l’accès à deux emprunts de 84 M$ lui procurent aussi une bonne flexibilité financières.

Enfin, le titre s’échange à un multiple de 14,4 fois le bénéfice et de 12,4 fois le bénéfice prévu en 2021, une évaluation inférieure à sa moyenne de 18,5 fois, depuis cinq ans.

 

Constellation Software (CSU, 1483,195$): la crise devrait offrir plus de proies à l’acquéreur en série

Constellation Software (CSU, 1483,19$): la crise devrait offrir plus de proies à l’acquéreur en série

Le fournisseur de logiciels spécialisés dont le modèle d’affaires repose sur les acquisitions pourrait bénéficier de la crise qui multipliera les occasions d’achat.

Le confinement ne freine pas la société qui peut évaluer les cibles d’acquisitions et même procéder à la vérification diligente à distance parce qu’elle a déjà établi un contact avec la plupart des entreprises sur sa liste potentielle d’achat, explique Thanos Moschopoulos, de BMO Marchés des capitaux.

Entretemps, la croissance interne de la société sera ralentie par la récession puisqu’elle tire environ 10% de ses revenus de la vente de logiciels aux secteurs du commerce au détail, de l’hôtellerie et du voyage. La majorité des clients sont aussi des PME, reconnaît l’analyste.

«Ses logiciels sont pour la plupart essentiels au bon fonctionnement des clients, tant qu’ils restent en affaires. À l’assemblée annelle de quatre heures, les responsables des différentes divisions ont dit aider les clients à fonctionner et à offrir leurs services virtuellement», explique M. Moschopoulos.

Il rappelle que la société chapeaute au moins 500 entreprises dont les logiciels nichés servent plus de 200 industries.

La société a les moyens de poursuivre ses achats puisque les revenus récurrents que procurent les licences et la mise à niveau annuelles des logiciels lui procurent de bons flux de trésorerie.

Les dirigeants se disent même prêts à offrir des actions pour conclure des transactions, ce qui est un virage pour la société qui n’a jamais émis de nouvelles actions depuis son entrée en Bourse en 2006.

M. Moschopoulos s’attend à ce que la croissance interne des revenus décline de 3% en 2020, avant de se stabiliser en 2021.

Le premier trimestre a donné un avant-goût des perspectives à court terme selon lui, les ventes de licence ont baissé de 7% tandis que les revenus d’entretien ont crû de 2%, en dollars constants. Cela se compare à la cadence de 4% pour les revenus récurrents, lors des deux dernières années, précise-t-il.

Malgré ce ralentissement, le bénéfice d’exploitation ajusté a augmenté de 17% à 249 millions de dollars américains, excluant les pertes essuyées sur un achat réalisé en 2019.

Les acquisitions devraient totaliser 600 M$ US en 2020 avant de grimper à 750M$ US en 2021. Constellation a réalisé 100 transactions en 2019, signale l’analyste pour mettre ces sommes en perspective.

Constellation a dépensé 141 M$US pour 25 achats au premier trimestre et 50 M$ US pour huit transactions à ce jour, au deuxième trimestre, estime-t-il. Cela inclut la division de données de l’allemande Stratec SE qui réalise des revenus de 8 M$US.

Il réitère donc sa recommandation d’achat et sa cible de 1700$, qui repose sur un multiple de 20 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2021.

«Le titre n’est pas bon marché, mais la feuille de route de l’entreprise et ses rendements financiers élevés justifient une évaluation supérieure à celle de ses semblables», croit-il.

Constellation n’exclut pas la possibilité d’essaimer une ou deux unités d’affaires afin d’améliorer le sentiment d’identité et d’appartenance des cadres.

La haute direction cherche aussi un mécanisme pour «récompenser» ses actionnaires les plus patients «parce les actionnaires exceptionnels produisent des entreprises exceptionnelles», ont répété les dirigeants à l’assemblée.