À surveiller: Canadian Tire, Stella-Jones et Beyond Meat
Catherine Charron|Publié le 11 novembre 2022Beyond Meat a dans son inventaire de nombreux aliments dont la production est dispendieuse, souligne Kenneth B. Zaslow de BMO Marchés des capitaux. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Canadian Tire, Stella-Jones et Beyond Meat? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Canadian Tire (CTC.A, 146,16 $): patience
La hausse des coûts au dernier trimestre a plombé les résultats du détaillant Canadian Tire, qui n’est pas parvenu à atteindre les cibles que lui avait fixées Vishal Shreedhar de la Financière Banque Nationale.
Du côté de la vente au détail, les ventes d’un même magasin comparable de l’ensemble de ses bannières et le taux de croissance de ses marges brutes sont en baisse alors que ses frais de vente, généraux et administratifs, ont bondi de 12% en un an.
L’entreprise a davantage dépensé en marketing et pour mener à bien ses activités en faisant des dépenses stratégiques, estime l’analyste. Cependant, elle ne devrait pas en collecter les fruits tout de suite, car il rapporte que la direction ne s’est pas montrée optimiste à l’égard de sa performance à court terme.
D’une part, les coûts de transport de marchandises nuisent à la croissance de ses marges brutes — quoi que les derniers chiffres semblent montrer que la tendance semble se résorber, précise Vishal Shreedhar.
Sa glissade a en partie été freinée par une bonne performance de Services Financiers Canadian Tire, et d’allègements fiscaux qui ont bonifié de 0,13 $ son bénéfice par action. Celui-ci a atteint 3,34 $, et non pas 3,80 $ ou 3,92 $, comme ce sur quoi tablaient respectivement la Financière Banque Nationale et le consensus des analystes. L’an dernier, il avait atteint 4,20 $.
Le taux de change a aussi miné sa performance, tronquant selon les calculs de l’analyste pas moins de 0,14 $ à son bénéfice par action.
Ses revenus ont atteint 4 229 millions de dollars (M$), tandis que Vishal Shreedhar s’attendait à 4240 M$, et le consensus à 4 233 M$. C’est tout de même mieux que l’an dernier à pareille date, où elle avait plutôt généré 3 913 M$.
Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ajusté a atteint 560 M$. L’analyste s’attendait plutôt à 593 M$.
Selon Canadian Tire, la demande des consommateurs semble s’essouffler, surtout du côté des biens non essentiels. Jusqu’à présent, au quatrième trimestre, elle n’a pas atteint les résultats escomptés du côté de ses ventes de produits d’automne et d’hiver, la température et le temps chaud ayant joué en sa défaveur, note l’analyste.
La direction ne s’attend pas à mettre davantage de produits au rabais, bien que la taille de son inventaire ait bondi de 20% par rapport à la même période l’an dernier. Vishal Shreedhar souligne toutefois que les revenus de la première moitié de l’exercice 2023 pourraient être affectés par le fait que les succursales vont réduire la taille de leur inventaire saisonnier par manque d’espace.
Afin de dresser un meilleur portrait de la situation, la Financière Banque Nationale réduit ses attentes pour la société. Son bénéfice par action attendu en 2022 passe de 18,24 $ à 16,97 $, tandis que celui pour 2023 glisse de 19,23 $ à 16,16 $. Son cours cible a donc reculé de 196 $ à 167 $.
Or, à moyen terme croit-il, Canadian Tire devrait tirer profit de ses initiatives lancées pour gagner en efficacité et de la bonification de son infrastructure numérique.
Stella-Jones (SJ, 43,62 $): dans l’ensemble, elle s’en tire bien
Stella-Jones (SJ, 43,62 $): dans l’ensemble, elle s’en tire bien
Grâce à des revenus supérieurs aux attentes, la manufacturière de produits de bois pressé Stella-Jones a dévoilé un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de près de 6% supérieur à ce à quoi s’attendait le consensus des analystes, rapporte Michael Tupholme de la Banque TD.
À 119 millions de dollars (M$), elle a toutefois raté de peu la cible qu’il lui avait fixée à 123 M$. Même chose pour son bénéfice par action, qui a atteint 1,07 $ et non 1,14 $ comme ce à quoi il s’attendait.
Bien qu’il ait crû de 390 points de base par rapport à la même période l’an dernier, le taux de sa marge bénéficiaire n’a pas répondu aux attentes de l’analyste ou du consensus. Elle doit toutefois cette hausse à de meilleures marges tirées de l’ensemble de ses produits comparativement à celle enregistrée au troisième trimestre de 2021. Le bois résidentiel avait particulièrement été mis à mal, rappelle Michael Tupholme.
Les revenus de Stella-Jones ont toutefois largement dépassé ses attentes et celles du consensus, à respectivement 767 M$ et 753 M$. La catégorie du bois pressé s’est largement mieux tirée que prévu. À 842 M$, ils ont bondi de 24% par rapport à l’exercice précédent. Le taux de croissance interne consolidé a bondi de 19%, alors que Michael Tupholme prévoyait 9,4%.
L’entreprise canadienne doit en partie cette bonne performance à la hausse des prix de ses marchandises pour couvrir l’augmentation de ses coûts de production.
Lors du dévoilement de ses résultats, Stella-Jones a aussi annoncé qu’elle avait acquis une société au Texas au 1er novembre 2022 pour la somme de 32 M$ US, et qu’elle avait reçu l’autorisation de racheter au cours de la prochaine année ses actions d’une valeur de 5 M$, ce qui représente près de 9,6% de ses titres en circulation.
Tandis que la direction compte toujours atteindre ses cibles pour 2022-2024, l’analyste de la Banque TD a en partie réduit ses prévisions à l’égard de la marge bénéficiaire de l’entreprise au cours des prochains exercices. Pour le reste, il les a toutefois revues à la hausse pour 2023, ce pour quoi son cours cible grimpe de 48 $ à 52 $.
Stella Jones est, selon Michael Tupholme, un titre de qualité qui offre un juste équilibre entre potentiel de croissance et résilience. De plus, elle pourrait tirer profit de nouvelles acquisitions. Il maintient donc sa recommandation à «achat».
Beyond Meat (BYND, 11,82 $ US): son appétit est en partie coupé
Beyond Meat (BYND, 11,82 $ US): son appétit est en partie coupé
Kenneth B. Zaslow de BMO Marchés des capitaux est d’avis qu’à terme, Beyond Meat devrait tirer profit de sa nouvelle stratégie axée sur une croissance plus durable, et moins gourmande.
En effet, l’entreprise tente de faire des économies dans ses opérations, en réduisant notamment l’investissement de capitaux. Elle devrait aussi bientôt commencer à tirer profit de ses nouveaux produits mis en marchés, estime l’analyste, comme le Beyond Steak et son imitation du «poulet pop-corn». De plus, elle tente de fidéliser sa clientèle en offrant des prix plus alléchants.
Néanmoins, Beyond Meat a enregistré de plus importantes pertes par action que prévu au dernier trimestre, à 1,60 $ US, alors que le consensus des analystes s’attendait à 1,15 $ US. Ses prix de détail plus bas, de même qu’un volume de vente moins important et le remboursement d’une partie de sa dette ont nui à ses profits, pense l’analyste.
L’entreprise a réitéré, rapporte-t-il, que ses ventes seront inférieures de 9% à 14% en 2022 par rapport à 2021, mais elle s’attend toujours à générer des liquidités à compter de la deuxième moitié de 2023.
D’après Kenneth B. Zaslow, la performance de Beyond Meat devrait encore être freinée dans les prochains moins par de nombreuses embûches. D’abord, elle pourrait bien être la seule société du secteur alimentaire à afficher au cours des prochaines années une baisse de prix au détail malgré l’inflation.
De plus, même si elle tente d’en diminuer le nombre et de cesser de faire affaire avec des producteurs tiers qui dopent ses coûts, l’entreprise a dans son inventaire de nombreux aliments dont la production est dispendieuse.
L’analyste rappelle que la demande des clients a bien changé depuis le début de la pandémie, et que les temps plus durs en vue et la différence de prix qui se creuse entre ses produits et la viande joueront en sa défaveur.
BMO Marchés des capitaux a donc révisé à la baisse ses attentes à l’égard des revenus que devrait générer l’entreprise au quatrième trimestre et pour l’exercice 2023. Elle table dorénavant respectivement sur 78 millions de dollars américains (M$ US) et sur 434 M$ US.
Elle recoupe aussi ses prévisions à l’égard de ses pertes par action ajustées, qui glissent de 4,36 $ US à 4,50 $ US pour 2022, de même que celles pour ses pertes avant intérêts, impôts et amortissement au quatrième trimestre et pour l’exercice 2023. Elles devraient atteindre 69 $ US et 141 $ US.
Ainsi, l’analyste réduit donc à 14 $ son cours cible, et préfère attendre de voir comment l’entreprise va se dépatouiller dans ce contexte.