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À surveiller: Canadien National, Alphabet, et Amazon

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Canadien National, Alphabet, et Amazon

À l’aube d’un ralentissement économique, le Canadien National a dévoilé un troisième trimestre record. (Photo: La Presse Canadienne)

Que faire avec les titres de Canadien National, Alphabet et Amazon? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Canadien National (CNR, 161,75$): trimestre record et prévisions à la hausse, mais le titre est cher

À l’aube d’un ralentissement économique, le Canadien National a dévoilé un troisième trimestre record et a relevé ses prévisions annuelles. «Le chemin de fer montre ainsi toute sa résilience alors que tant d’autres entreprises abaissent leurs perspectives», se réjouit Konark Gupta de Banque Scotia.

Le bénéfice net a bondi de 40% à 2,13$ par action, soit 4% de plus que ses attentes et 6% de plus le consensus grâce au rendement du réseau. Les revenus de fret, soit les produits marchandises par revenus-tonnes-commerciales qui mesurent le contenu en tonnes des wagons complets par la distance parcourue en milles, ont bondi de 22%.

Le CN a subi les effets d’un conflit de travail aux États-Unis et d’une grève au terminal de charbon Westshore au Canada, mais a aussi bénéficié du taux de change, d’une amélioration du taux de solvabilité de sa caisse de retraite, de la surcharge sur le carburant et de l’effet des rachats d’actions, signale l’analyste. À elle seule, la surcharge du carburant aurait ajouté 15% aux revenus, ce qui explique la majorité du dépassement par rapport à ses prévisions, estime-t-il.

Il faut aussi se rappeler qu’un an plus tôt, les feux de forêt et une perte sur un investissement avaient affaibli les résultats, ajoute Konark Gupta.

Bien que le ratio d’exploitation de 57,2% ait raté la cible de RBC de 56,7%, cette mesure d’efficacité, qui exprime les dépenses en pourcentage des revenus, est la meilleure depuis 2016, si on exclut la charge comptabilisée pour les salaires dus en fonction des nouvelles conditions de travail négociées.

Le quatrième trimestre s’annonce solide aussi grâce à la récolte record de céréales et au transport d’engrais, de charbon et de véhicules. «Les barges coincées dans le Mississippi pourraient même donner au CN un meilleur quatrième trimestre que prévu à moins de surprises du côté de la météo», indique l’analyste.

Pou 2022, le CN mise désormais sur une hausse de 25% de son bénéfice à 7,45$ par action, au lieu de l’augmentation prévue de 15 à 20% auparavant. Ses flux de trésorerie disponibles seront aussi supérieurs aux objectifs précédents, soit 4,2 milliards de dollars au lieu de la fourchette antérieure de 3,7 à 4G$.

«Le CN se concentre sur le rendement et l’exploitation de son réseau, l’ajustement de ses tarifs à l’inflation et les gains de productivité. Bien que la demande faiblit pour le transport intermodal de produits de consommation, de produits chimiques et de carburant raffiné, celle pour les céréales, le charbon et les engrais devrait compenser», entrevoit Konark Gupta.

Malgré ce solide portrait, l’analyste dit jouer de prudence pour 2023 en raison de l’évaluation élevée du titre du Canadien National au moment où la conjoncture se détériore.

Il relève son cours cible de 156 à 159$ pour s’ajuster aux nouvelles prévisions, mais ne recommande pas l’achat du titre qui se négocie à un multiple de 19,8 fois les bénéfices prévus en 2023, soit 21% de plus que l’évaluation de l’indice S&P 500 et 27% de plus que l’évaluation des chemins de fer américains. Historiquement, le CN est 10% plus chèrement évalué que ses semblables américains.

L’action du Canadien National dépasse le cours-cible à l’ouverture le 26 octobre.

Alphabet (GOOGL, 97,60$ US): les remarques des dirigeants déçoivent plus que les résultats

Alphabet (GOOGL, 97,60$ US): les remarques des dirigeants déçoivent plus que les résultats

 

Les revenus n’étaient pas loin de la cible et l’accélération de Google Cloud est notable, mais Brad Erickson de RBC Marchés des capitaux se montre plus déçu par les remarques des dirigeants qui pourraient garder le titre sur le banc des punitions pendant quelques trimestres.

L’analyste laisse entendre que la société ne semble pas pressée de réduire ses dépenses malgré la décélération marquée des ventes de publicité tant pour son moteur de recherche que pour YouTube.

Les dirigeants ont «minimisé l’ampleur» de la détérioration de la publicité au troisième trimestre tout en admettant qu’elle sera pire au prochain trimestre, écrit-il. Les investisseurs ont d’ailleurs réagi aux nouvelles perspectives du quatrième en amputant 7,4% au titre à l’ouverture des marchés le 26 octobre.

Avec l’effet négatif de l’appréciation du dollar américain sur les revenus réalisés à l’étranger, le déclin des revenus publicitaires pour les deux à trois prochains trimestres risque de devenir le nouveau consensus, prévient-il.

Brad Erickson reconnaît qu’il est difficile d’y voir clair étant donné que les revenus se comparent à une période exceptionnelle un an plus tôt. «Qu’importe, le scénario pessimiste d’une décélération plus prononcée se matérialise», évoque-t-il.

La chute des marges le déçoit davantage tandis que la hausse des dépenses en infrastructures et le maintien de l’embauche entre autres ne le rassurent pas. L’analyste soupçonne toutefois que des coupes dans les dépenses deviennent plus probables.

Bien qu’il abaisse légèrement ses prévisions pour 2022, 2023, 2024 et 2025 et son cours-cible de 135 à 130 $US, l’analyste recommande toujours l’achat d’Alphabet qui demeure le chef de file incontesté de la pub numérique. Il espère que la société renouera avec la croissance composée des bénéfices dès l’an prochain, espère-t-il.

Dans l’intervalle, il faudra probablement attendre quelques trimestres avant que les inquiétudes au sujet de la trajectoire de l’économie et surtout du nouveau rythme de croissance d’Alphabet ne se dissipent.

Au troisième trimestre, les revenus totaux de 69,1 milliards de dollars américains ont raté la cible par 3%. Les revenus de publicité de 64,5 G$ US ont crû de 2,5%, incluant l’effet négatif de 5% du taux de change. La publicité sur Google a augmenté de 4% au lieu de la hausse prévue de 8% tandis que celle sur YouTube a baissé de 2% au lieu de croître de 3%.

Google Cloud s’est démarquée: la hausse de 37,6% des revenus a non seulement dépassé le consensus par 3%, mais cette croissance est 200 points de pourcentage plus rapide qu’au deuxième trimestre.

En revanche, les marges d’exploitation de 37,9% ont raté la cible de 39,7% des analystes en raison des dépenses en infrastructures (dont les serveurs), le lancement du nouveau combiné Google Pixel 7 et moins d’engagement de la part joueurs aux jeux vidéos.

L’embuche de 12 765 travailleurs au troisième trimestre et des dépenses promotionnelles accrues ont aussi affaibli les marges. Le déclin des marges s’est transmis au bénéfice par action qui a chuté de 24% à 1,06 $US par action.

Amazon (AMZN, 115,23$ US): un titre solide à conserver jusqu’à la reprise

Amazon (AMZN, 115,23$ US): un titre solide à conserver jusqu’à la reprise

Justin Post de Bank of America Securities est plus prudent que ses collègues dans ses prévisions pour le prochain trimestre et 2023, mais il juge que les avantages concurrentiels du géant du commerce en ligne en font un titre de choix à conserver jusqu’à ce que la reprise du commerce en ligne se manifeste.

«Je crois que les investisseurs resteront loyaux au titre pendant le ralentissement économique parce que la société est bien positionnée pour la future reprise», résume l’analyste.

Bien qu’il prévoit des revenus de 8% inférieurs au consensus au troisième trimestre attendu le 27 octobre (soit 125,9 milliards de dollars américains), ce sont les perspectives de la société pour son quatrième trimestre qui pourraient de décevoir ceux qui n’ont pas ajusté leurs prévisions à la modération des ventes en ligne depuis septembre et à la décision de tenir une promotion de 48 heures (Prime Early Access Sale) six semaines avant le Vendredi fou afin de mieux répartir ses coûts.

Justin Post s’attend à ce que les ventes de marchandises brutes de la promotion d’octobre aient été inférieures de 25% à celles de juillet.

L’analyste prévoit aussi une marge de 26% au troisième trimestre par rapport au consensus de 29%.

L’appréciation du dollar américain devrait aussi avoir amputé 385 points de pourcentage des revenus totaux au troisième trimestre. L’analyste prévoit un impact du même ordre au quatrième trimestre.

L’embauche de 150 000 travailleurs saisonniers est encourageante pour le prochain trimestre, mais Amazon pourrait ajouter une dose de prudence aux prévisions à cause de l’effet de l’inflation sur les dépenses des consommateurs. L’analyste s’attend à une fourchette de 147 à 157 G$ US pour les revenus et à une autre de 0,5 à 4,5 G$US pour les profits du quatrième trimestre. Le milieu de ces deux fourchettes est inférieur au consensus, dit-il.

Justin Post croit aussi possible que la demande pour les services infonuagiques AWS montre des signes de modération parce que les entreprises coupent leurs dépenses, après un solide troisième trimestre. L’analyste se dit en terrain inconnu à cet égard parce que AWS n’a jamais connu une période de ralentissement prolongée de l’économie auparavant.

«Les prévisions misent encore sur une hausse importante des marges en 2023. Si le quatrième trimestre ne montre aucune amélioration des profits par rapport au troisième, cela affectera les projections pour l’an prochain», explique l’analyste.

Malgré l’effet encore incertain de l’inflation et de la récession sur la trajectoire des revenus et des profits, Amazon reste le titre favori de l’analyste dans le club des GAFA (Meta-Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Aphabet-Google) dans un horizon de 12 mois.

Au final, sa recommandation d’achat est accompagnée d’un cours cible de 157$ US, ce qui offre un rendement potentiel de 36%.

Ses arguments: la taille du marché potentiel, la possibilité de gains de parts de marché, le fait que dans une cassure boursière l’action trouverait un ultime point d’appui en Bourse à un multiple de 10 fois le bénéfice d’exploitation et enfin le retour éventuel des investisseurs aux bénéficiaires de marchés en croissance structurelle du commerce en ligne et l’infonuagique.

«Au multiple actuel de 14 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2023 (selon le consensus colligé par Bloomberg), l’évaluation d’Amazon est attrayante par rapport à son historique», renchérit Justin Post.