(Photo: La Presse Canadienne)
Que faire avec les titres de Canadien National, Hardwoods et Tesla? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Canadien National (CNR, 136,43$): un bon aperçu en attendant la réponse de Kansas Southern à sa contre-offre
Le Canadien National a servi un premier trimestre mitigé bien que le chemin de fer ait relevé ses orientations pour 2021 au niveau du consensus.
Le bénéfice trimestriel de 1,22$ par action est inchangé par rapport à l’année dernière. Konark Gupta, de Banque Scotia avait prévu 1,28$ par action.
En revanche, sans le décalage entre la hausse du prix du carburant et les tarifs ainsi que l’effet des changes, le croissance du bénéfice aurait été de 11%, une performance notable étant donné la vague de froid intense connue au premier trimestre, dit-il.
Les revenus ont aussi été de 1% inférieurs aux prévisions de l’analyste, tout comme les revenus-tonnes commerciales (TMC) et le ratio d’efficacité.
En revanche, les prix comparables ont augmenté de 4,2% pour la première fois depuis longtemps, note Konark Gupta.
Le transport prévoit remettre en service 75 locomotives de plus au cours de 12 à 24 prochains mois pour répondre à la demande.
D’ailleurs, le CN prévoit désormais une progression de plus de 10% de son bénéfice en 2021, ce qui incite l’analyste à faire passer ses prévisions de 13 à 15%.
Beaucoup plus important pour le milieu financier néanmoins est la surenchère pour Kansas City Southern (KSU, 300,90$ US) entre le CN et sa grande rivale Canadien Pacifique (CP, 460$).
À ce chapitre, le CN se montre confiante que son offre l’emportera sur celle du CP étant donné la structure similaire des deux propositions et la supériorité financière de la sienne (33,7 G$ US ou 325$US par action au lieu de 30 G$ US et 275$US par action).
La mise en place d’une fiducie de vote par les deux prétendants permettrait en effet aux actionnaires de Kansas City Southern de recevoir un paiement de contrepartie complet, sans avoir à attendre l’approbation finale du Surface Transportation Board (STB).
Plus de 500 parties prenantes, dont la moitié sont des expéditeurs, se sont prononcées en faveur de la fusion affirme le CN, qui veut créer le seul réseau ferroviaire qui relie et traverse le Canada, les États-Unis et le Mexique.
Maintenant que le conseil de Kansas City Southern a accepté de tenir des pourparlers officiels pour respecter ses obligations fiduciaires, «le CN prévoit en arriver à un accord de fusion d’ici 30 à 40 jours après avoir complété sa vérification diligente au cours des prochaines semaines», indique l’analyste.
Le vote des actionnaires de Kansas City Southern devrait se tenir en juin. Le CN déposerait ensuite une demande officielle de fusion auprès du régulateur en août. Le paiement aux actionnaires se ferait alors au deuxième semestre de 2021 et la transaction devrait se conclure au deuxième semestre de 2022.
Étant donné les incertitudes qui planent, Konark Gupta ne recommande pas l’achat du CN, bien qu’il relève ses prévisions de bénéfices légèrement pour 2021, 2022 et 2023, sans tenir compte de l’achat potentiel de Kansas City Southern.
«La phase la plus risquée du regroupement commencerait après la création de la fiducie de vote au deuxième semestre de 2021. Il faudrait ensuite attendre jusqu’à la fin de 2022, après l’approbation réglementaire, pour voir le titre du CN intégrer les bienfaits de la fusion», entrevoit l’analyste.
Hardwoods (HDI, 33,91$): les marges du grossiste en bois devraient bénéficier de la montée des prix
Hardwoods (HDI, 33,91$): les marges du grossiste en bois devraient bénéficier de la montée des prix
Le marché résidentiel est si robuste aux États-Unis et le prix du bois a tant grimpé que les chances sont bonnes que le distributeur de bois franc dépasse les prévisions, croit Yuri Lynk de Canaccord Genuity, incluant les siennes.
Au premier trimestre attendu le 12 mai, l’analyste table sur une hausse des revenus de 11% à 260 millions de dollars américains. Les trois quarts de cette augmentation proviendront des acquisitions.
Pour la première fois, l’entreprise de Colombie-Britannique rapportera ses résultats en dollars américains.
L’indice des prix du bois a touché un record en mars, soit 27% de plus qu’un an plus tôt. Ce bond devrait soutenir les marges.
Yuri Lynk prévoit donc une amélioration de 15,6% du bénéfice d’exploitation à 19,6 M$ US.
Quant au bénéfice prévu, il devrait augmenter de 7,5% à 0,41$US par action.
Hardwoods Distribution est mieux placée qu’avant pour profiter de la manne résidentielle puisque les portes, un produit plus rentable que le bois franc, procurent 17% de ses revenus alors qu’elle n’offrait pas ces produits il y a cinq ans.
Le distributeur offre aussi une plus grande proportion de produits de marques qui dégagent aussi de meilleures marges.
Hardwoods a aussi remanié sa chaîne d’approvisionnement qui avait été perturbée par les tarifs douaniers imposés sur le bois importé de Chine pendant le conflit commercial de 2018 à 2019.
À cette conjoncture favorable s’ajoutent d’autres acquisitions potentielles. Le distributeur dispose d’un bon bilan pour poursuivre sa stratégie de consolidation après le ralentissement pandémique de 2020.
«Hardwoods est le principal distributeur de bois architectural, avec une part de seulement 12% du marché nord-américain encore fragmenté», rappelle Yuri Lynk.
Pour couronner le tout, son action s’échange à un multiple raisonnable de 15,2 fois le bénéfice prévu en 2021, soit une évaluation inférieure à celle de 17,7 fois d’entreprises similaires.
L’analyste réitère sa recommandation d’achat. Son cours-cible 37$ offre un gain potentiel d’encore 9%. L’action a quadruplé depuis le creux pandémique de mars 2020.
Tesla (TSLA, 719,99$US): bien plus que les bolides 3 et Y
Tesla (TSLA, 719,99$US): bien plus que les bolides 3 et Y
Après un bond de 700% en 2020, les résultats se devaient d’être à la hauteur au premier trimestre. Si plusieurs repères ont dépassé les attentes, d’autres aspects des résultats de la société culte ont déçu.
Les revenus de 10,3 milliards de dollars américains ont raté les prévisions de 11G$ US de Jed Dorsheimer, de Canaccord Genuity. La marge brute de 21,3% a aussi été inférieure à ses estimations de 22,4%.
Les revenus automobiles de 8,4 G$US, sans la revente de crédits de carbone, se comparent à des prévisions de 9,4G$US.
Les revenus de génération et d’entreposage d’électricité de 494 millions de dollars américains ont aussi été bien moins que les 597 M$US prévus par l’analyste.
Par contre, le bénéfice par action de 0,93$US par action a dépassé ses précisions de 0,83$US. Ces profits englobent l’impact sur les profits de la revente de crédits de carbone et de cryptomonnaies, deux activités qui exigent aucune dépense de la part de Tesla.
S’il abaisse son cours cible de 1071$US à 974 $US à cause des retards dans la livraison des modèles S/X que provoquent les perturbations de la chaîne d’approvisionnement à court terme, Jed Dorsheimer continue de recommander l’achat de Tesla. Il demeure convaincu que l’entreposage de l’énergie est un avantage stratégique important.
Le nouveau cours-cible équivaut à un fort multiple de 60 fois le bénéfice d’exploitation de 18 milliards de dollars américains projeté pour 2024.
«Nous réalisons que ce multiple est riche, mais en même temps nous considérons que Tesla bénéfice d’un avantage (concurrentiel) dans le marché, que nous essayons de capter (dans l’évaluation)», explique-t-il.
Jed Dorsheimer avait récemment relevé sa recommandation pour le titre parce qu’il juge que Tesla devient «La marque de commerce» dans le secteur de l’énergie que ça soit la génération, l’entreposage et la redistribution de l’énergie. L’analyste consacre d’ailleurs la majorité de son rapport aux activités non automobiles.
Tesla compte entre autres combiner les panneaux et toits solaires à toutes des nouvelles installations.
L’analyste apprécie aussi l’annonce par la société qu’elle utilisera des batteries au lithium-ion pour son système de batteries Megapack, ce qui limitera l’usage de batteries au nickel dont elle a besoin pour d’autres produits.
De plus, les cellules de batteries 4680 de nouvelle génération seront produites à échelle commerciale dès 2022. Tesla double aussi ses achats courants de cellules auprès de LG Chem, Panasonic et CATL) pour 2022.
La plateforme de gestion de l’énergie devrait aussi bénéficier d’une demande accrue de la part des gestionnaires de réseaux électriques, en Californie notamment, qui doivent importer l’électricité d’autres états pour répondre à la demande de pointe de leurs clients.
Jed Dorsheimer s’attend à ce que la génération et l’entreposage de l’électricité produisent des revenus de plus de 8 G$US en 2025 et dégagent des marges brutes de plus de 25% similaires à celles des véhicules électriques.
L’analyste renouvelle sa recommandation d’achat.