(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Canadien National, Rivian et Bombardier? Voici quelques recommandations
d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement.
Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Canadien National (CNR, 161,99$) : une évaluation plus attrayante
L’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, relève sa recommandation
sur le titre du transporteur ferroviaire de marchandises Canadien National (CN)
à «surperformance», elle qui était de «performance égale au secteur».
La raison invoquée par l’analyste pour ce relèvement de recommandation est que l’évaluation
du titre du CN est devenue plus attrayante. «Étant donné que les volumes
remontent et notre confiance grandissante envers la saison de la récolte des
céréales, nous pensons que la cible de croissance de 10% du bénéfice par action
cette année est atteignable», note-t-il.
Il ajoute qu’avec le récent recul du titre, celui-ci se négocie à un ratio de 20,2 fois
le bénéfice par action prévu cette année du consensus des analystes, alors que
sa moyenne historique est de 22,2 fois.
«Depuis le début du second trimestre, les volumes du CN mesurés par les tonnes-milles
commerciales (calcul obtenu en multipliant le poids des envois en tonnes par la
distance parcourue en milles) ont progressé de 7,3%. La vigueur provient du
transport intermodal et de pétrole/produits chimiques», explique-t-il.
Cameron Doerksen y va toutefois d’une mise en garde, puisque les deux transporteurs
ferroviaires du pays sont actuellement en périodes de négociations avec leurs mécaniciens
de locomotives et chefs de trains. «Le moment du déclenchement d’un éventuel
conflit de travail est incertain, mais pourrait survenir aussi tôt qu’en
juillet. La menace de grève (et ses effets potentiels sur les activités et les
finances de l’entreprise) pourrait affecter l’appétit des investisseurs pour le
titre du CN à court terme, mais les marchés financiers tendent à regarder
au-delà des effets des conflits de travail pour les transporteurs
ferroviaires», juge-t-il.
Le 11 juin dernier, la direction du CN avait d’ailleurs émis un communiqué dans lequel
elle affirmait qu’elle n’était pas près de parvenir à une entente avec le syndicat
de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC). Les parties sont en
négociations depuis novembre 2023.
Même s’il relève sa recommandation sur le titre du CN, Cameron Doerksen ne touche pas à son
cours cible sur un an de 190$. Il donne au titre une valeur de 21 fois les
bénéfices prévus en 2025.
Denis Lalonde
Rivian (RVIN : 14,74$ US) : une entente avec Volkswagen qui change la donne
L’investissement de 5 milliards de dollars américains (G$US) de Volkswagen dans le
constructeur américain de véhicules électriques Rivian est une véritable
bouffée d’air frais pour ce dernier et les marchés n’ont pas tardé à saluer cette
transaction dans un élan d’optimisme qui a fait bondir le titre de près de 30 %
le 26 juin.
Rappelons que mardi, Volkswagen et Rivian ont annoncé la création d’une coentreprise à
parts égales destinée en majeure partie à la création de logiciels pour les
véhicules électriques. En injectant directement un milliard dans Rivian, puis
quatre autres au cours des prochaines années, Volkswagen s’assure de pouvoir
utiliser et intégrer ses technologies dans sa propre gamme de véhicules
électriques et ses autres marques : Audi, Porsche et Lamborghini.
«Cette annonce est majeure pour Rivian et un changement fondamental dans la structure
de capital de l’entreprise et à un moment clé pour celle-ci», écrit Daniel
Ives, analyste chez la firme américaine Wedbush.
« Ce sera l’occasion pour Rivian de se servir de cette transaction comme levier en
utilisant ces nouveaux capitaux pour appuyer sa croissance future tout en
intégrant de manière verticale ses plateformes de logiciels et son architecture
électrique. Tout cela en maximisant les réductions de coûts et en livrant
encore de meilleurs véhicules dans le futur», affirme l’analyste.
Pas surprenant, donc, que la firme conserve sa recommandation de
«surperformance» à propos du titre de Rivian, tout en faisant
grimper le cours cible de l’action sur 12 mois, qui passe de 15$US à 20$US. «Notre
cible représente environ quatre fois nos estimations de revenus de Rivian en
2025», dit Wedbush.
Au dernier trimestre, Rivian a enregistré des pertes de 1,5 milliard de dollars.
L’entreprise, connue pour ses VUS et camionnettes de type pick-up
électriques, espère en vendre près de 60 000 cette année.
Dominique Talbot
Bombardier (BBD.B, 87,69$) : l’acquisition de Spirit par Boeing aurait des effets sur Bombardier
De nombreuses sources médiatiques laissent entendre que Boeing achètera le fournisseur d’aérostructures Spirit Aerosystems.
L’analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, s’est penché sur le dossier
pour savoir quelles seraient les effets d’une telle transaction sur Bombardier,
si elle se concrétise.
«Il faut se rappeler qu’en 2020, Bombardier a vendu ses usines de pièces de Belfast et du
Maroc à Spirit pour un montant de 275 millions de dollars américains (M$US). En
incluant la prise en charge de la dette par Spirit, la valeur de la transaction
grimpait à 865M$US», explique l’analyste.
Ce dernier raconte que l’usine de Belfast emploie 3400 personnes et fabrique des pièces de
fuselage pour les appareils Challenger 650 et 3500, de même que pour les Global
5500 et 6500, et des pièces de moteurs, de nacelles, de stabilisateurs et d’autres
composants pour Bombardier. «Les installations au Maroc sont plus petites et
comptent 220 travailleurs qui fabriquent des sorties d’urgence et des
planchers», dit-il.
Benoit Poirier souligne que les installations de Belfast conçoivent aussi des pièces
pour les Airbus A220, l’ancienne CSeries de Bombardier, qu’il qualifie d’importante
plateforme de croissance pour l’avionneur européen. «Selon Reuters, Airbus a
une entente avec Boeing pour racheter en partie ou en totalité l’usine de
Spirit à Belfast, en Irlande du Nord. Le Financial Times affirme même qu’une
entente entre les trois entreprises serait annoncée dès la semaine prochaine»,
dit-il.
Si une telle entente se confirme, l’analyste est d’avis que Bombardier étudiera toutes
ses options afin de sécuriser ses approvisionnements pour les pièces conçues à
Belfast.
«Selon des documents déposés devant les autorités britanniques, l’usine de Belfast a
généré des revenus de 697M$US en 2022 (dont 30% provenaient des pièces de
fuselages), mais une perte après impôts de 228M$US. L’installation traînerait
aussi une dette de 500M$US. En tenant compte de toutes ces informations, nous
pensons que Bombardier pourrait débourser beaucoup moins que les 275M$US payés
par Spirit en 2020 pour racheter uniquement la portion des activités de l’usine
qui fabrique des pièces pour d’autres appareils que le A220», affirme-t-il.
Si Bombardier décidait de ramener la production de l’usine de Belfast en interne, l’analyste
estime que le risque d’exécution est «limité», puisque l’équipe de direction de
l’entreprise québécoise a pu se bâtir une certaine expertise dans l’acquisition
ou la cession d’actifs depuis quelques années.
«Ce ne serait pas la première fois que Bombardier intègre verticalement la production
de certaines pièces. L’an dernier, elle a acheté des installations au Mexique qui
appartenaient à son fournisseur Latécoère pour un montant qui n’a pas été
révélé. En 2019, elle a acheté le programme de fabrication des ailes de ses
appareils Global 7500 de son fournisseur Triumph. Ces transactions n’ont pas eu
d’effets importants sur les livraisons», rappelle l’analyste.
Il conserve sa recommandation d’achat sur le titre de Bombardier et son cours cible sur un
an de 143$.
Denis Lalonde