Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

À surveiller: Canadien Pacifique, Innergex et Lucid Group

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Canadien Pacifique, Innergex et Lucid Group

(Photo: Jeff McIntosh pour La Presse Canadienne)

Que faire avec les titres de Canadien Pacifique, Innergex et Lucid Group? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Canadien Pacifique (CP, 86,77$): une grande victoire pour CP qui doit quand même composer avec des récoltes plus maigres à court terme

Canadien Pacifique est en voie de remporter la mise pour Kansas City Southern (KSU, 281,48$US), une transaction de 31 milliards de dollars américains qui devrait ajouter 18% au bénéfice trois ans après la transaction, se réjouit Cameron Doerksen de la Financière Banque Nationale.

Cet achat sera non seulement rentable, mais hautement stratégique. CP devient le seul chemin de fer à traverser le Canada, les États-Unis et le Mexique bout en bout, rappelle l’analyste.

L’analyste entrevoit un vote des actionnaires de CP et de Kansas City Southern en novembre, suivi de la conclusion de la portion financière de la transaction au début de 2022. L’approbation réglementaire devrait suivre à la fin de 2022.

Le Canadien Pacifique transformé mérite un multiple de 23 fois les bénéfices prévus en 2022, au lieu de 22 fois auparavant. Par contre, la période d’approbation de dix mois et la conjoncture du fret d’ici là l’incitent à abaisser ses prévisions de bénéfices, ce qui réduit le cours-cible de 98 à 97$.

Les récoltes canadiennes de céréales sont en effet 37% inférieures à l’an dernier ce qui pourrait amputer 6% aux revenus de CP, au cours des 12 prochains mois, estime-t-il.

Du troisième trimestre à ce jour, les revenus générés par le transport d’une tonne de marchandises sur un mile sont en baisse de 4,2%, précise aussi l’analyste.

«Les volumes de marchandises transportées s’annoncent inférieurs à la croissance annuelle de 7 à 9% prévue par la société. Toutefois, le rebond du transport de véhicules (plus rentable) devrait l’aider à atteindre l’augmentation prévue de 10% du bénéfice en 2021», explique l’analyste.

Cameron Doersken tempère tout de même ses attentes pour le troisième trimestre en cours ainsi que pour les exercices 2021 et 2022. Le bénéfice prévu passe de 1,04$ à 0,93$ par action au troisième trimestre, de 4,10$ à 3,90$ par action pour 2021 et de 4,47$ à 4,20$ par action pour 2022.

Au final, il recommande de conserver le titre du CP même si son évaluation actuelle de 20,6 fois les bénéfices prévus est plus attrayante que celle de 22,6 fois de sa grande rivale Canadien Nationale (CNR, 147,79$).

Innergex (INE, 20,94 $): un plan très ambitieux à réaliser

Innergex (INE, 20,94 $): un plan très ambitieux à réaliser

Le producteur d’énergie renouvelable a bien détaillé comment il entend déployer son ambitieuse stratégie de croissance d’ici 2025, mais Bill Cabel de Desjardins Marché des capitaux n’est pas encore convaincu qu’il réussira à le réaliser.

Innergex veut accroître sa capacité installée de 69% à 5,6 GW d’ici la fin de 2025 (à raison de 11% par année). Le quart de cet objectif est atteint. Les plans d’expansion devraient alimenter une progression annuelle composée de 13% du bénéfice d’exploitation et de 15% des flux de trésorerie disponibles.

Les marchés visés pour son expansion sont les États-Unis, la France, le Chili et le Canada. Déjà présente dans les énergies hydro-électriques, éoliennes et solaires, Innergex ajoute l’hydrogène «verte» à ses visées avec un premier projet de 5 MW d’électrolyseur à hydrogène qui devrait entrer en service en 2023.

Le plan de match exigera des investissements majeurs qui l’obligeront à récolter 1,2 milliard de dollars de capitaux externes d’ici 2025, à raison de 200 à 250 millions de dollars par année, précise aussi l’analyste. Innergex vient d’ailleurs de boucler deux émissions d’actions totalisant 251 millions, incluant un placement privé de 50 M$ auprès de son partenaire Hydro-Québec.

Bill Cabel estime que la société devra émettre un total d’un milliard de dollars d’actions et générer un rendement interne de 8% sur le capital propre investi pour atteindre les flux de trésorerie disponibles de 1,01$ par action visés en 2025. L’achat d’actifs déjà en production pourrait améliorer le portrait financier, concède-t-il.

«Étant donné les capitaux et les acquisitions majeurs qu’exigent le plan, nous restons prudents et continuons à recommander de conserver le titre», indique l’analyste qui ajoute que la société a encore beaucoup à prouver.

L’analyste ne touche pas à son cours-cible de 23$, mais il admet qu’il pourrait augmenter à mesure que la société démontre qu’elle peut réaliser ses ambitions, réduisant ainsi le degré de risque qu’il incorpore dans l’évaluation du titre.

Lucid Group (LCID, 20,00$US): la startup des véhicules électriques comparée à Ferrari/Tesla

Lucid Group (LCID, 20,00$US): la startup des véhicules électriques comparée à Ferrari/Tesla

Malgré les risques élevés propres à toute start-up qui dépense beaucoup en R&D avant son envol commercial, BofA Securities se montre emballé par la crédibilité et l’avenir de Lucid Group.

La recrue entrée en Bourse en juillet par le biais d’une fusion avec une société d’acquisition à vocation spécifique ou SPAC, est un groupe intégré qui inclut le design, la vente directe aux consommateurs jusqu’au service à la clientèle. Il fournit déjà le groupe propulseur aux voitures de course de la Formule E et prévoit concevoir des systèmes d’entreposage d’électricité.

L’analyste John Murphy compare même son pedigree au duo Ferrari/Tesla, car il juge que Lucid est un nouveau venu «légitime» parmi les start-ups du genre et un futur concurrent potentiel aux grands fabricants. La société répond à plus de cinq des dix critères imposés à tous les nouveaux fabricants.

L’analyste énumère aussi une longue liste d’avantages concurrentiels dont des technologies innovantes validées à la course Formule E, des produits séduisants, une marque de commerce prisée, une nouvelle approche de fabrication et des dirigeants chevronnés incluant des transfuges de Tesla, Apple, Rivian, Volkswagen et Ford.

Son modèle prévoit des revenus de 2 M$ US en 2022 et de 4,9 M$ US en 2023, des pertes de 1,8 M$ US et de 1,3 M$ US et des flux de trésorerie négatifs de 3,3 M$ US et de 3,4 M$ US, pour ces deux années.

L’analyste estime qu’il faudra attendre 2024 avant que les revenus prennent leur envol et commencent à couvrir les dépenses.

Ça n’empêche pas John Murphy d’accorder une valeur de trois fois les revenus et de 27 fois le bénéfice d’exploitation projetés en 2025, soit plus que Tesla (TSLA, 754,20 $ US) à ses débuts.

Bien que la concurrence ne cesse de s’intensifier entre les nouveaux venus et les fabricants établis, avec 85 modèles prévus au cours des prochaines années, «la stratégie et les produits (la berline Lucid Air et le nouveau concept Gravity VUS) sont parmi les plus attrayants du paysage concurrentiels ».

Il a fallu 12 ans à Tesla entre la production de son premier véhicule et la fabrication de masse de 500 000 véhicules. Lucid ambitionne d’y parvenir d’ici 2030.

L’analyste amorce le suivi de la société ave un cours-cible de 30 $US.