Cargojet devra, comme tous les transporteurs de marchandises, affronter un ralentissement économique. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Cargojet, Corus Entertainment et Cogeco Communications? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Cargojet (CJT, 200$) : une haute saison «sous contrôle»
La direction du transporteur aérien de marchandises Cargojet a signalé que la haute saison de ses activités a été davantage sous contrôle que ce qui avait été prévu, ce qui pourrait signaler des vents contraires macroéconomiques qui viendraient peser sur les volumes et le niveau d’activité.
«À la lumière des commentaires de la direction, nous révisions nos données et notre thèse d’investissement», explique l’analyste Nick Corcoran, d’Acumen Capital.
L’analyste rappelle que même si les heures de vol de Cargojet ont atteint un record en 2022, la vigueur des vols internationaux est venue masquer des faiblesses sur les vols domestiques depuis la mi-octobre. Il soutient que les heures de vol ont progressé de 12% et de 3% sur un an respectivement en septembre et en octobre, alors que les mois de novembre et de décembre ont encaissé des reculs respectifs de 9% et de 18% sur un an. «Les données de janvier à ce jour montrent que la tendance se poursuit», écrit-il.
Nick Corcoran soutient également que l’entreprise a fait preuve d’une grande flexibilité au début de la pandémie pour étendre son réseau afin de répondre à l’augmentation de la demande. Il s’attend à ce que cette même flexibilité soit en mesure de réduire son réseau de la même manière.
Un élément qui joue en faveur de Cargojet est que l’entreprise possède des volumes minimaux garantis de la part de certains clients, dont Amazon et DHL.
Le résultat de tout cela est que l’analyste abaisse ses prévisions de revenus de Cargojet pour 2022 (de 981M$ à 973,1M$), 2023 (de 1030M$ à 943M$) et 2024 (de 1133M$ à 1084M$).
Même s’il conserve sa recommandation d’achat sur le titre de Cargojet, Nick Corcoran réduit son cours cible sur un an de 20$, lui qui passe de 220$ à 200$. Cela confère au titre une valeur de 12,5 fois le ratio revenus/bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) prévu pour les 12 prochains mois.
Corus Entertainment (CJR.B, 1,90$) : suspension du programme de rachat d’actions et possible vente des stations de radio
Corus Entertainment (CJR.B, 1,90$) : suspension du programme de rachat d’actions et possible vente des stations de radio
Le propriétaire de 15 stations de télévision conventionnelle, de 33 chaînes spécialisées et de 39 stations de radio Corus Entertainment a dévoilé les résultats financiers du premier trimestre de son exercice 2023 le 13 janvier et ces derniers ont déçu l’analyste Aravinda Galappatthige, de Canaccord Genuity.
«Les résultats ont montré un déclin des revenus et du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA), mené par le segment télévisuel. Nous notons que les dépenses de l’entreprise ont été en hausse de 5,4% alors que les coûts de programmation ont progressé de 7,4%, pendant que les revenus diminuaient de 7,6% sur un an», résume l’analyste.
Aravinda Galappatthige ajoute que l’entreprise a offert peu de visibilité sur les tendances à court terme des ventes de publicité et possède peu de marge de manœuvre en ce qui concerne sa capacité à faire face à des hausses de coûts de programmation. «L’entreprise devra réduire ses frais généraux et administratifs et trouver des manières de mieux gérer son fonds de roulement», estime-t-il.
Afin de préserver son capital, la direction de Corus a décidé de suspendre son programme de rachat d’actions et à repousser en mars sa prochaine déclaration de versement de dividende. Malgré les commentaires des dirigeants à l’effet qu’ils étaient « engagés envers la politique de dividende à long terme», l’analyste suggère que celui-ci pourrait être réduit si la situation financière de l’entreprise ne s’améliore pas au cours des deux prochains mois.
«Après avoir écouté la conférence téléphonique suivant la publication des résultats trimestriels, nous estimons que la direction de Corus est de plus en plus ouverte à l’idée de vendre sa division de stations de radio, surtout depuis que le CRTC a assoupli les règles qui permettent d’en devenir propriétaire», dit-il.
L’analyste abaisse sa recommandation sur le titre de Corus, qui passe «d’achat spéculatif» à «conserver». Son cours cible sur un an est aussi réduit, passant de 2,60$ à 2$, lui donnant une valeur de quatre fois le ratio valeur d’entreprise/BAIIA pour l’exercice 2024.
Cogeco Communications (CCA, 72,88$) : l’analyste de la Banque TD réduit son cours cible sur un an
Cogeco Communications (CCA, 72,88$) : l’analyste de la Banque TD réduit son cours cible sur un an
Cogeco Communications a dévoilé des résultats financiers supérieurs aux prévisions des analystes pour le premier trimestre de son exercice 2023 terminé le 30 novembre.
Cela n’a pas empêché l’analyste de la Banque TD, Vince Valentini de réduire son cours cible sur un an sur le titre de l’entreprise, lui qui passe de 115$ à 110$, en raison de faiblesses du côté des abonnements, même s’il conserve sa recommandation «d’achat».
«La direction de l’entreprise a réduit ses prévisions de croissance des revenus et du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) entre 0,5% et 2%. Elles étaient auparavant de 2% à 4% pour les revenus et de 1,5% à 3,5% pour le BAIIA», note l’analyste, précisant que ces attentes excluent les effets des taux de conversion des devises.
Ce dernier ajoute que Cogeco Communications devrait générer un BAIIA de 1,438 milliard de dollars (G$) en 2023, en baisse de cinq millions de dollars par rapport à sa prévision précédente de 1,443G$. Pour 2024, elle passe de 1,483G$ à 1,466G$.
Sa prévision de bénéfice par action passe quant à elle de 9,06$ à 9,09$ pour 2023, mais recule de 9,98$ à 9,79$ pour 2024.
«Le recul du nombre d’abonnés aux services Internet de Cogeco Communications aux États-Unis a été une vive déception, et dans une moindre mesure le ralentissement de la croissance du nombre de nouveaux abonnés aux services de télécommunications au Canada. Toutefois, les impacts financiers de ces éléments ne sont pas aussi importants que le recul du titre ne le laisse croire», croit Vince Valentini.
Il cite trois raisons pour lesquelles il n’a pas abaissé son cours cible de façon plus agressive : 1- la valeur actuelle du titre du fournisseur de services de télécommunications voudrait dire que l’entreprise n’enregistrera aucune croissance cette année; 2- les difficultés de la filiale américaine seront temporaires, 3- les services sans-fil et en zones rurales pourraient augmenter la croissance de Cogeco.
L’analyste précise que pour que sa recommandation sur le titre passe «d’achat» à «conserver», il devra réduire son cours cible sur un an à un maximum de 85$.