À surveiller: Cascades, Québecor et Constellation Software
Dominique Beauchamp|Publié le 07 octobre 2021Cascades pourrait vendre une partie de ses immeubles évalués à1,3 milliard pour racheter encore plus d'actions, suggère la Financière Banque Nationale (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Cascades, Québecor et Constellation Software? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Cascades (CAS, 15,45 $): et si le fabricant vendait des bâtiments pour racheter encore plus d’actions
Deux semaines après qu’un analyste de BMO Marchés des capitaux ait invité Cascades à se scinder en deux pour se mettre en valeur, voilà que Zachary Evershed, de la Financière Banque Nationale, évalue l’actif immobilier du fabricant de papier-tissu et de carton-caisse après avoir consulté divers registres immobiliers et avoir estimé la superficie à l’aide d’images satellitaires.
Sans recommander quoi que ce soit au fabricant, l’analyste estime que les 38 installations canadiennes et les 24 établissements américains que possède Cascades ont une valeur d’environ 1,3 milliard de dollars, soit plus du tiers de sa valeur totale de 3,3 G$ (valeur boursière plus la dette). Cascades pourrait monétiser en partie cet actif pour ensuite gonfler la taille de ses rachats d’actions si elle le voulait. «Ce serait l’option la plus rentable», dit-il.
Son rapport vise à mettre à jour la valeur marchande des bâtiments dans l’espoir que l’évaluation de Cascades se rapproche un peu plus que celle de son industrie.
La récente annonce de la vente des activités européennes et le rachat record de 22,8 millions d’actions réalisé depuis le 5 juillet ont ajouté à peine 3,4% au cours du titre, mentionne-t-il.
«La valeur cachée de l’immobilier renforce notre opinion favorable du titre et procure un potentiel d’appréciation additionnel au-delà de la valeur de 19 $ que nous attribuons déjà à la somme de toutes les composantes de Cascades, dans l’éventualité où la société choisissait de monétiser» une partie des actifs par le biais d’accords de vente et de crédit-bail, écrit l’analyste.
Le fabricant pourrait ainsi obtenir une valeur équivalente à 17 fois le bénéfice d’exploitation pour ses bâtiments et racheter ses actions pour 7,2 fois le bénéfice d’exploitation, précise-t-il. Même en utilisant un prix modéré pour les bâtiments vendus dans son modèle, l’analyste estime que chaque tranche de rachat d’actions de 100 M$ ajouterait de 0,65 à 1,30 $ au cours cible de 19 $.
«Nous ne pensons pas que les investisseurs savent que Cascades est propriétaire de bâtiments industriels totalisant 12,4 millions de pieds carrés. Que la société décide ou non de monétiser cet actif, cette possibilité devrait se refléter dans son cours», conclut l’analyste de la Financière Banque Nationale.
À court terme, Zachary Evershed attend les résultats du troisième trimestre le 11 novembre avant de mettre à jour ses prévisions annuelles.
Québecor (QBR.B, 30,61 $): l’environnement sans-fil promotionnel tempère les attentes
Québecor (QBR.B, 30,61 $): l’environnement sans-fil promotionnel tempère les attentes
Vince Valentini de TD Valeurs mobilières abaisse ses prévisions pour le troisième trimestre après avoir pris note de l’environnement plus promotionnel pour le service sans-fil lors la rentrée scolaire. Les résultats sont attendus au début de novembre.
Le bénéfice d’exploitation qu’il prévoit passe de 538 à 527 millions de dollars.
Il juge également plus prudent aussi de réduire légèrement le bénéfice d’exploitation qu’il prévoit pour 2021 (de 1,93 à 1,90 G$) et pour 2022 (de 2,04 à 2,01 G$).
En conséquence, son cours cible diminue de 38 à 37 $, ce qui représente tout de même un rendement total potentiel de 24%, incluant le dividende de 3,6%.
Au troisième trimestre, il prévoit que Québecor aura attiré 46 000 nouveaux abonnés au service sans-fil et 25 000 nouveaux abonnés au service internet, une performance solide.
En revanche, la majorité de ces abonnés provient du service Fizz et des autres forfaits au rabais qui rapportent moins de revenus par mois et ajoutent moins au bénéfice d’exploitation.
Vince Valentini s’attend donc à ce que le revenu mensuel moyen par abonné sans-fil soit resté stable au lieu de croître de 1% comme il le prévoyait auparavant. Le bénéfice d’exploitation du segment de télécommunications devrait aussi rester inchangé au lieu d’augmenter de 2,5%, au troisième trimestre.
En ajustant ses calculs pour tenir compte du renversement non récurrent de dépenses d’un an plus tôt, la progression du bénéfice d’exploitation est de 4%, précise-t-il.
«Les fournisseurs sans-fil nationaux ont plus de dollars à consacrer au marché du Québec parce que la concurrence s’avère moins vive ailleurs. En même temps, Québecor veut aussi prouver aux régulateurs qu’elle ferait un bon quatrième fournisseur», évoque Vince Valentini.
Il est possible que cet environnement plus promotionnel soit temporaire, mais il pourrait tout de même nuire aux résultats des 3 à 4 prochains trimestres.
Les ambitions sans-fil nationales de Québecor continueront de faire plafonner le titre qui risque aussi de rester sous-évalué, croit l’analyste.
Vince Valentini recommande tout de même l’achat du titre parce que dans 12 mois les investisseurs auront réalisé qu’ils ont attribué trop de risques aux visées sans-fil nationales de la société.
Constellation Software (CSU, 2090,95$): ses 628 acquisitions depuis 2005 n’ont pas d’égales
Constellation Software (CSU, 2090,95 $): ses 628 acquisitions depuis 2005 n’ont pas d’égales
Le fournisseur mondial de logiciels spécialisés est passé maître dans l’art des acquisitions et il est réputé pour le rendement composé «sans égal» qu’il en tire.
Depuis 2005, Constellation Software a consacré des capitaux de 4,5 milliards de dollars à 628 acquisitions, a compilé Paul Treiber, dont la moitié dépassent 20 M$. Ses sociétés offrent leurs logiciels et services à 125 000 clients dans plus de 100 pays.
Au cours des dernières années, le groupe a décidé de se décentraliser et de confier les acquisitions aux filiales afin d’élargir le nombre d’occasions à sa portée, tout en partageant les meilleures pratiques du siège social.
Chaque trimestre l’analyste et ses collègues font le décompte des transactions afin de suivre son parcours.
Dans sa plus récente analyse, Paul Treiber rapporte que le groupe torontois a acquis 28 sociétés pour un total de 252 millions de dollars au troisième trimestre, soit une moyenne de 9 M$ par transaction. Les cibles sont aussi variées que le fournisseur de logiciels pour les registres de 20 états au Brésil, le fournisseur espagnol de logiciels aux points de vente pour les dépanneurs et les stations-services, le fournisseur de solutions de recrutement de Québec Jobillico ou encore le fournisseur français de logiciels de gestion pour les distributeurs d’eau et d’énergie.
Ce rythme trimestriel est supérieur à la moyenne de 22 par trimestre lors des huit derniers trimestres.
Ses plus gros achats sont ceux de GeoSoftware pour 95 M$ et de Mobile Network Solutions pour 21 M$.
Depuis le début de 2021, Constellation Software a conclu 78% plus de transactions qu’en 2020, soit un total de 943 M$, ajoute-t-il.
Paul Treiber calcule que les 28 achats réalisés au troisième trimestre ajouteront quelque 665 M$ aux revenus et 9% au bénéfice par action annuel.
Essaimée en Bourse le 5 janvier 2021, la filiale européenne Topicus accélère aussi la cadence, se réjouit l’analyste, qui a compilé cinq transactions totalisant 69 M$, seulement au troisième trimestre.
«Le troisième trimestre démontre que le modèle d’acquisition prend encore de l’ampleur et ajoute à la croissance composée de la société. Le réinvestissement des flux de trésorerie disponibles dans des achats rentables devrait continuer à produire de bons rendements à long terme pour les actionnaires», conclut Paul Treiber.
L’analyste maintient son cours cible de 2 300 $, soit 24 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2022. Cette cible offre un potentiel d’appréciation de 10%.
«Ce multiple dépasse la moyenne de 20 fois des autres consolidateurs de logiciels, mais c’est mérité puisque la société a transformé 84% du bénéfice d’exploitation en flux de trésorerie disponibles depuis cinq ans», révèle Paul Treiber.