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À surveiller: Cogeco, Loblaw et Tecsys

Catherine Charron|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Cogeco, Loblaw et Tecsys

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Cogeco, Loblaw et Tecsys. Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.


Cogeco (CCA, 119,95 $) : une acquisition qui marque un tournant

L’acquisition de WideOpenWest par la filiale américaine de Cogeco, Atlantic Broadband, pourrait bien marquer un moment charnière dans le positionnement du câblodistributeur québécois, qui souhaite accroître sa présence sur le marché du câble aux États-Unis, anticipe Aravinda Galappatthige de Canaccord Genuity.

Cette transaction de 1,125 milliard de dollars américains ($ US) lui permettra de mettre la main sur des infrastructures en Ohio qui ont généré des revenus de 244 millions $ US au cours de l’exercice ayant pris fin le 31 mars dernier.

Si cette transaction avait eu lieu au cours de cette période, le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) tiré de cette synergie aurait été de 103 M$, rapporte l’analyste. Elle fera d’ailleurs passer de 42 à 48 % le BAIIA consolidé obtenu grâce aux activités de câblodistribution aux États-Unis.

C’est pourquoi Cannacord Genuity revoit à la hausse ses projections pour l’entreprise, faisant passer son ratio dette nette/BAIIA des douze derniers mois de 2,2 à 3,1 fois d’ici au premier trimestre de 2022.

Cette acquisition, sujette à l’approbation des autorités réglementaires, devrait se conclure au cours de ce même trimestre. Elle permettra à Atlantic Broadband de devenir le 8e plus grand fournisseur de services de câble au pays, rappelle l’analyste.

Puisque cette transaction devrait accroître son niveau d’endettement à 5 fois, et que l’entreprise devra probablement trouver d’autres moyens pour faire de prochaines acquisitions, Aravinda Galappatthige anticipe une scission des activités américaine de Cogeco, ce qui pourrait avoir un effet bénéfique sur le bénéfice par action de la société selon elle.

Aravinda Galappatthige revoit donc à la hausse son cours cible pour le titre de Cogeco de 126 $ à 127 $. Cannacord Genuity fait passer le ratio valeur d’entreprise/BAIIA tiré de ses actifs américains d’un multiple de 8 fois à un multiple de 8,5 fois, alors que sa division canadienne est demeurée à un multiple de 6,25 fois.

 

 

Loblaw (L, 76,21$): promesse d’une meilleure rentabilité

 

Loblaw (L, 76,21$): promesse d’une meilleure rentabilité

La promesse de croissance et de meilleurs rendements faite par Loblaw a su trouver une oreille attentive chez Irene Nattel, de RBC Marché des capitaux, dont la position somme toute optimiste à l’égard du titre s’est solidifiée à la suite de sa rencontre avec la direction de l’entreprise.

En effet, par le passé, le détaillant n’a pas toujours su faire preuve de la rentabilité et du rendement attendus. Pour rectifier le tir, et constamment générer une croissance qui se situerait entre 8 et 10% de son bénéfice par action annuel, la nouvelle équipe de direction revient donc à l’essentiel.

Pour y parvenir, le président de l’entreprise Galen Weston, le chef de la direction financière Richard Dufresne et le directeur des opérations Robert Sawyer de Loblaw se dédieront entre autres à renforcer le noyau de son modèle d’affaires, à bonifier ses programmes de fidélité et à se tenir loin des investissements aux retombées marginales, rapporte Irene Nattel.

Cette stratégie d’assainissement des coûts, et non d’investissement de capitaux laisse donc pratiquement inchangés l’état de ses revenus et de ses dépenses, et son allocation du capital. L’analyste estime que la croissance de son chiffre d’affaires dans une fourchette de 2 à 3% et le modeste effet de levier d’exploitation devraient faire monter le bénéfice avant intérêt et impôt de l’entreprise entre 5 et 6%.

L’équipe de direction, qui fait preuve d’une « vigueur renouvelée », souhaite aussi rendre rentables ses activités numériques. Ayant des revenus annuels d’environ 3 milliards de dollars – dopés par un programme de fidélité inégalé- Loblaw serait sur la bonne voie, croit Irene Nattel, surtout parce qu’elle améliore la rapidité de son service, un facteur clé dans le secteur.

Pour bel et bien être rentable, l’entreprise ne pourra pas que réduire ses frais d’exploitation, ou bonifier son expérience client pour attirer et garder le trafic sur sa plateforme. Loblaw devra aussi maîtriser certains d’autres facettes du commerce en ligne, comme la publicité. Elle devra aussi, à plus long terme, décentraliser l’automatisation pour rendre plus efficace la collecte des paniers, estime l’analyste.

Les prévisions post-pandémiques de la direction pour Shoppers Drug Mart, ou Pharmaprix au Québec, concordent avec celles de RBC Marchés des capitaux. Dès la deuxième moitié de 2021, les perspectives sont encourageantes du côté des prescriptions, des médicaments en vente libre et des cosmétiques. L’entreprise a aussi laissé entendre qu’elle souhaiterait agrandir son réseau grâce à des acquisitions ciblées dans des marchés moins densément peuplés, une première assure l’analyste.

Si la nouvelle équipe de direction tient bel et bien ses promesses, cela pourrait déclencher de multiples révisions à la hausse des attentes, indique Irene Nattel. Reste maintenant à voir si les belles performances observées au premier trimestre de 2021 se poursuivront au cours de l’année, et même au-delà de l’exercice financier.

Irene Nattel maintient donc sa recommandation à « surperformance », et mise sur un cours cible de 96 $, soit un multiple de 9 fois son bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement.

 

Tecsys (TCS, 41,74 $): une stratégie qui rapporte

Tecsys (TCS, 41,74 $): une stratégie qui rapporte

Le fournisseur de solution de gestion de chaîne d’approvisionnement Tecsys a dévoilé de solides résultats financiers le 29 juin 2021, affirme John Shao de la Financière Banque Nationale.

Au quatrième trimestre de son exercice, ses revenus de 32,4 millions de dollars (M$) tout comme son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ajusté de 3,9 M$ ont dépassé le consensus des analystes, qui tablaient plutôt sur 32,2 M$ et 3,7 M$ respectivement. Le bénéfice par action de 0,14 $ a lui aussi surpassé les attentes, qui étaient plutôt de 0,11 $ par action.

John Shao croit que l’entreprise doit ces résultats à sa transition de la vente de licences vers un modèle d’affaires basé sur la vente de son logiciel par abonnements (SaaS), car ces contrats sont 30 % plus rentables. La croissance interne de ses revenus tirés des abonnements a été de 107 %, et ils ont représenté 82 % de l’utilisation du logiciel.

L’analyste attribue aussi en partie la rentabilité observée au cours du quatrième trimestre à de meilleurs profits générés par la division des services, de même qu’une baisse des dépenses liées aux déplacements. Outre son important chiffre d’affaires, Tecsys génère des bénéfices stables, ce qui lui permettra une certaine flexibilité en termes de nouveaux investissements.

Si certaines dépenses plomberont ses bénéfices à court terme, la Financière Banque Nationale s’attend toujours à ce qu’ils augmentent à long terme grâce à la migration de l’entreprise vers son nouveau modèle d’affaires.

Néanmoins, ces résultats ne convainquent pas John Shao de changer sa thèse à l’égard de Tecsys. La croissance de l’entreprise demeure sur la bonne voie, ce pourquoi il maintient sa recommandation à « surperformance », et son cours cible à 55 $.