Après avoir consulté les résultats du premier trimestre de Corus Entertainment, Scott Fletcher de Marchés des capitaux CIBC conclut que le pire semble être derrière elle. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Corus Entertainment, Stingray et Saputo? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Corus Entertainment (CJR.B, 0,88$): le pire semble derrière elle, mais…
Après avoir consulté les résultats du premier trimestre de Corus Entertainment, Scott Fletcher de Marchés des capitaux CIBC conclut que le pire semble être derrière elle, bien que la conjoncture ne se soit toujours pas miraculeusement améliorée.
La société canadienne de production a généré des revenus de 370 millions de dollars (M$), ce qui est légèrement moins que ce sur quoi le consensus (373M$) et l’analyste (371M$) tablaient. Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) a atteint 121M$. C’est 7% supérieur aux attentes de l’analyste, souligne-t-il.
Les marges de son BAIIA ont donc crû de 280 points de base en un an, et ce, malgré la baisse de 15% des revenus tirés de sa division de la télévision, en partie à cause de l’absence de nouveaux contenus et de certains frais qui leur sont associés, nuance Scott Fletcher.
L’entreprise a toutefois laissé entendre que le 2/3 des économies qu’elle est parvenue à réaliser le trimestre dernier, soit 9M$, devraient être permanentes.
Bien que les grèves des scénaristes et des acteurs américains sont bel et bien chose du passé, la société devrait recommencer à recevoir du contenu qu’à partir de la mi-février, et retrouver un flux normal à partir de mars 2024, anticipe-t-il.
Cependant, il faudra attendre au troisième trimestre de son exercice avant de pouvoir observer une hausse des revenus tirés du contenu publicitaire télévisuel, indique l’analyste.
Il portera donc une attention particulière afin de déterminer si cette baisse est temporaire ou structurelle, car cela pourrait grandement changer la capacité de l’entreprise à générer de la richesse.
Scott Fletcher ajoute dans sa note que la direction est d’avis qu’une part plus grande de ses revenus devrait être tirée des publicités télévisuelles à mesure que la situation retrouvera un semblant de normalité. Il se garde toutefois quelques réserves avant de crier victoire.
«Bien que Corus prenne des mesures pour développer et faire croître ses plateformes numériques, il reste tributaire de l’avenir des dépenses publicitaires de la télévision», rappelle Scott Fletcher.
Le nombre de nouveaux abonnés a lui aussi souffert du manque de nouveaux contenus créé par les grèves simultanées. En un an, ses revenus tirés des abonnements ont glissé de 7,3%, c’est pire que tout ce qui a été observé en 2023, indique l’analyste, alors que la rentrée automnale lui sert pourtant habituellement de tremplin. Le déclin devrait toutefois s’estomper, prédit la direction, à mesure que l’offre retrouvera encore une fois un semblant de normalité.
L’analyste rapporte que le nombre de nouveaux abonnés à son service de diffusion en continu StackTV (dont l’entreprise ne partage plus le nombre exact) aurait atteint un sommet ce trimestre-ci, après avoir glissé au cours des trimestres précédents.
L’analyste s’attend désormais à ce que l’entreprise génère des revenus de 1386M$ en 2024, et de 1419M$ en 2025. Elle fait donc glisser ses attentes de ce côté, mais augmente ses prévisions pour le BAIIA ajusté que Corus Entertainment devrait générer, les faisant passer à 337,9M$ et 311,6M$ respectivement.
Ce faisant, son cours cible passe de 1$ à 1,15$, mais sa recommandation d’achat demeure à «neutre».
Stingray (RAY.A, 6,18$): de la musique à ses oreilles
Stingray (RAY.A, 6,18$): de la musique à ses oreilles
Pas de bonification de sa marge par rapport à la même période l’an dernier? Le consensus manque d’optimisme à l’égard de Stingray d’après Jérôme Dubreuil de Valeurs mobilières Desjardins. D’autant que l’entreprise se consacre de plus en plus à des secteurs qui génèrent d’importants bénéfices.
En marge du dévoilement de ses résultats trimestriels le 6 février prochain, l’analyste rappelle que la société s’en tire plutôt bien habituellement au troisième trimestre de ses exercices. Ce dernier s’intéressera tout particulièrement à la croissance de ses revenus tirés de la publicité, étant convaincu qu’elle devrait être parvenue à atteindre le taux cible de 60%.
Ce serait un important bond si on le compare à celui rapporté le trimestre dernier, qui était plutôt de l’ordre de 35%, souligne Jérôme Dubreuil.
Aussi, il voit dans les récents achats d’action du président du conseil d’administration de l’entreprise, Mark Pathy, et de son chef de la stratégie de revenus, David Purdy, un signe que la haute direction est d’avis que la valeur de Stingray n’est pas bien traduite par son titre. Ces derniers se sont respectivement procurés pour 550 000$ et 500 000$ en action de la société à la fin du mois de décembre, rapporte l’analyste.
L’entreprise poursuit sa conquête du divertissement dans les habitacles de voitures électriques. Stingray a notamment annoncé que son service de karaoké sera implanté dans le prototype du modèle AFEELA, un véhicule issu de la collaboration entre Sony et Honda. La chinoise BYD, qui a déjà recours à ce service, a quant à elle annoncé qu’elle ajouterait à ses applications celle de Calm Radio.
C’est là la preuve que cette division qui ne génère que 2% des revenus totaux de Stingray pour l’instant est prometteuse. Au moment de se pencher sur le titre, l’analyste n’avait même pas envisagé qu’elle puisse vendre d’autres chaînes de musique aux fabricants d’automobiles, souligne-t-il.
C’est pourquoi Jérôme Dubreuil recommande d’acheter des actions avant que Stingray ne dévoile ses résultats du troisième trimestre prochainement. Il maintient son cours cible à 9$.
Saputo (SAP, 27,01$): le prix américain du bloc de fromage plombera ses résultats
Saputo (SAP, 27,01$): le prix américain du bloc de fromage plombera ses résultats
Le prix du bloc de fromage a glissé le trimestre dernier, ce qui minera les résultats que dévoilera Saputo le 8 février prochain, anticipe Tamy Chen de BMO Marchés des capitaux.
En moyenne, celui-ci a glissé de 22% en un an, passant de 2,08$ la livre au troisième trimestre de son exercice 2023 à 1,62$ la livre au troisième trimestre de son exercice 2024. L’analyste estime donc que par rapport à la même période l’an dernier, les revenus tirés du marché américain auront baissé de 8%, plutôt que 2% comme ce à quoi elle s’attendait précédemment.
De nombreuses usines américaines de transformation des produits laitiers ont maintenant réussi à passer par-dessus leurs enjeux de pénurie de main-d’œuvre et d’approvisionnement, et ont maintenant un rendement plus élevé, rapporte l’analyste. Cependant, au même moment, la demande des consommateurs s’est estompée.
Du côté de l’Océanie, le prix du lait en poudre a grimpé, alors que celui du lait écrémé a encore glissé au trimestre dernier. Cela n’affecte pas les attentes de l’analyste à l’égard de la performance de la division internationale de Saputo. Elle mise toujours sur un recul de 5% de ses revenus en un an, et d’une marge bénéficiaire similaire à celle observée au deuxième trimestre.
Sa performance sur le marché européen devrait encore une fois être affectée par les prix plus élevés de ses stocks. Il faudra attendre au premier trimestre de l’exercice 2025 avant que ce phénomène s’estompe, indique l’analyste. Le troisième trimestre sera toutefois le premier où Saputo n’aura vendu que des produits à ces prix.
Afin de mieux représenter ces différents écueils, Tamy Chen s’attend donc à ce que le bénéfice par action au troisième trimestre atteigne 0,39$, plutôt que 0,42$, à ce que son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) se situe à 378 millions de dollars (M$) au lieu de 392M$, et à ce que ses revenus atteignent 4392M$ et non à 4528M$.
Les échos que l’analyste a du trimestre en cours semblent toutefois être de bon augure : le prix du bloc de fromage aux États-Unis est en croissance, et la chute des prix en Océanie semble avoir terminé sa descente.
L’analyste a révisé à la baisse ses cibles pour les exercices 2024 et 2025. Cet exercice-ci, elle mise donc sur des revenus de 17 367M$, sur un BAIIA de 1533M$, et sur un bénéfice par action de 1,61$. En 2025, elle table respectivement sur 18 209$, 1735M$ et sur 2,04$.
Le titre ne devrait toutefois pas trop en souffrir de la performance de Saputo au troisième trimestre, estime-t-elle, puisqu’à son avis, les investisseurs ont confiance en son plan stratégique mondial qui devrait porter fruit à partir du début de l’exercice 2025. Celui-ci devrait lui permettre d’augmenter son BAIIA, rappelle l’analyste.
Elle maintient son cours cible à 34$, et sa recommandation à «surperformance de secteur».