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À surveiller: Couche-Tard, Banque BMO et L3Harris

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Couche-Tard, Banque BMO et L3Harris

Banque BMO a raté la cible des bénéfices de Scott Chan de Canaccord Genuity, mais l’analyste préfère mettre l’accent sur les meilleurs aspects du troisième trimestre. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, Banque BMO et L3Harris? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Couche-Tard (ATD, 56,57$): l’année 2023 s’amorce bien grâce aux fortes marges sur l’essence à la pompe

Encore une fois, les fortes marges sur l’essence à la pompe aux États-Unis ont donné un sérieux coup de pouce aux résultats du premier trimestre qui surpassent les attentes d’Irene Nattel de RBC Marchés des capitaux.

La marge brute unitaire sur le carburant aux États-Unis a augmenté de 12,25 cents américains à 0,49 $ US par gallon. C’est 30% de plus que la moyenne nationale ce qui témoigne des avantages compétitifs de Couche-Tard dans la gestion de son approvisionnement.

Cette rentabilité à la pompe a compensé pour le recul de 4% des volumes d’essence vendus à la pompe par station d’essence comparable, aux États-Unis.

Malgré les défis soulevés par la forte inflation et le prix élevé de l’essence à la pompe, le bénéfice ajusté a crû de 19,7% à 0,85 $ US par action, ce qui est nettement supérieur aux prévisions de RBC de 0,71 $ US.

Les profits bruts de 2,88 milliards de dollars américains ont aussi augmenté de 11% et ont aussi surpassé les estimations de RBC par 3%.

Quant aux profits bruts tirés de la vente de marchandises en magasins, ils sont restés stables à 1,4 G$ US, comme prévu.

Même le niveau des dépenses a agréablement surpris Irene Nattel qui note que les frais d’exploitation ont augmenté de 7,3%, par rapport au bond de 15,6% au trimestre précédent. Ce rythme est plus d’un pour cent inférieur au taux d’inflation et suggère que le contrôle des dépenses dont Couche-Tard a toujours fait preuve commence à revenir à la normale, dit-elle.

Le bénéfice d’exploitation ajusté de 1,49 G$ US a aussi surpassé ses prévisions par 11%. Le bénéfice d’exploitation de 5,4 G$ US des douze derniers mois indique que la société est en voie de dépasser l’objectif de 5,1 G$ US établi pour 2023, ajoute l’analyste.

Couche-Tard dépasse confortablement les cibles de croissance interne de la stratégie qui visait à redoubler ses profits entre 2018 et 2023 grâce à une multitude de mesures, rappelle Irene Nattel en ajoutant que toutes les initiatives implantées tant pour l’approvisionnement, le carburant et les ventes en magasin ont fait leur part dans les résultats du premier trimestre.

«Une question clé pour les investisseurs sera à quel point la société pourra soutenir les marges sur le carburant et sur les ventes en magasin alors que le consommateur se serre la ceinture», évoque-t-elle.

Pour sa part, l’analyste est confiante que les dépanneurs seront résilients comme ils l’ont été dans le passé lors de périodes économiques plus difficiles et surtout que Couche-Tard pourra mettre à profit ses économies d’échelle et son savoir-faire pour gagner des parts de marché.

En attendant la prochaine acquisition majeure, Couche-Tard rachète aussi activement ses actions sans alourdir son bilan, ajoute-t-elle.

Très satisfaite de la performance interne de la société et de son potentiel de croissance, Irene Nattel réitère sa recommandation d’achat et hausse même son cours cible de 77 à 79 $, soit un multiple «plus normal» de 19 fois le bénéfice prévu dans 12 mois.

Son cours cible trône au-dessus de la moyenne de 65,24 $ de l’ensemble des analystes.

 

Banque BMO (BMO, 124,49 $): le potentiel américain importe plus que le trimestre mitigé 

Banque BMO (BMO, 124,49 $): le potentiel américain importe plus que le trimestre mitigé

Banque BMO a raté la cible des bénéfices de Scott Chan de Canaccord Genuity, mais l’analyste préfère mettre l’accent sur les meilleurs aspects du troisième trimestre, dont la performance robuste des activités de dépôts et de prêts au sud de la frontière, et le potentiel de son acquisition américaine.

Aux États-Unis, où la banque réalisera bientôt 30% de ses revenus strictement bancaires, l’analyste signale la hausse de 16% du bénéfice avant provisions pour pertes sur prêts et charge d’impôts et de 16% des prêts par rapport au même trimestre, un an plus tôt.

Les marges d’intérêt nettes, soit l’écart entre les intérêts versés sur les dépôts et les intérêts prélevés sur les prêts, ont aussi augmenté de 20 points de pourcentage par rapport au deuxième trimestre, aux États-Unis.

«Les dirigeants laissent entendre que ces marges s’amélioreront encore au quatrième trimestre et par la suite, au fil des hausses de taux par la Fed», ajoute Scott Chan.

L’analyste rappelle aussi tous les bénéfices que tirera la Banque BMO de son achat de la Bank of the West qui devrait se clore en décembre dont une meilleure diversification géographique et de la clientèle. Ainsi, la banque fera affaire dans les états de la Californie, de l’Oregon, de Washington et du Colorado, entre autres, pour la première fois.

Le portefeuille américain de prêts deviendra aussi beaucoup moins tributaire du secteur commercial puisque les prêts aux particuliers procurent 40% des revenus de Bank of the West par rapport à une proportion de seulement 15% pour les activités américaines actuelles de la Banque BMO.

La quatrième banque canadienne avait aussi indiqué que Bank of the West apporterait des revenus additionnels de 450 à 550 millions de dollars d’ici trois à cinq ans et procurerait des économies de 670 M$ US un an après la transaction. L’achat de 16,3 milliards de dollars américains devrait aussi ajouter au rendement ajusté de l’avoir des actionnaires, au bénéfice ajusté et au ratio d’efficience.

Malgré ce potentiel, Scott Chan diminue légèrement le multiple d’évaluation de 10,9 à 10,8 fois les bénéfices prévus dans 12 mois qu’il accorde à la Banque BMO afin de tenir compte de la baisse de 10,1% du bénéfice ajusté au troisième trimestre, à 3,09 $ par action.

L’analyste garde par ailleurs un œil sur la division des marchés des capitaux dont les commissions de négociation et de financements par actions ou par dettes ont reculé de 20% et les profits ont chuté de 47%.

La banque a en effet déprécié à la valeur au marché certains titres de dettes spéculatives par 88 M$ US bien qu’aucune perte n’ait été subie jusqu’à maintenant. Si les marchés financiers prenaient du mieux, il est possible que la banque recouvre une partie de ces dépréciations, dit-il.

L’analyste prévoit toujours une hausse de 7,7% du bénéfice en 2023 à 14,42 $ par action.

Au final, Scott Chan continue de recommander l’action de la banque, dont le cours a baissé de plus de 5% en cinq séances jusqu’au 30 août. Son cours cible passe de 152,50 $ à 150,50 $, ce qui lui confère une plus-value de 3% par rapport à l’évaluation de ses semblables.

 

L3Harris Technologies (LHX, 231,24 $ US): le favori de RBC dans le secteur de la défense en pleine guerre froide

L3Harris Technologies (LHX, 231,24 $ US): le favori de RBC dans le secteur de la défense en pleine guerre froide

La guerre en Ukraine durcit la nouvelle guerre froide qui oppose les États-Unis à la Russie et à la Chine et devrait créer des conditions favorables pour le secteur controversé.

Dans un rapport de 44 pages dans lequel il initie la couverture des cinq principaux fournisseurs, Ken Herbert, de RBC Marchés des capitaux, s’attend à ce que les budgets de la défense restent élevés et continuent d’augmenter à un bon rythme.

Les dépenses plus visibles et moins cycliques que dans le passé devraient aussi amener les investisseurs à revoir à la hausse l’évaluation des titres du secteur de la défense en Bourse et à relever leurs prévisions pour 2023 et 2024.

Globalement, le secteur se négocie à un multiple de 19,1 fois les bénéfices prévus, soit une plus-value de 5% par rapport au marché. Cette «prime» se compare à l’habituel «rabais» de 11% sur 10 ans. L3Harris s’échange toutefois à un multiple de 16,5 fois les bénéfices prévus en 2023.

«La guerre en Ukraine devrait alimenter un intérêt accru de la part des investisseurs à court terme tandis que le risque persistant que pose la Chine devrait soutenir cet intérêt ainsi que l’appui public pour les dépenses de défense (des gouvernements) à plus long terme», évoque l’analyste.

L3Harris Technologies est le favori du secteur pour trois raisons. La croissance prévue des revenus (de 6% en moyenne entre 2022 et 2024) est la plus élevée du secteur et surpasse celle de l’ensemble du budget de la défense.

Ken Herbert s’attend aussi à ce que les ventes de sa division la plus rentable, les systèmes de communications, se rétablissent au deuxième semestre, ce qui améliorera les marges. «Les dirigeants ont exprimé leur désir d’en donner plus aux investisseurs», ce qui offre la possibilité de transactions.

L’analyste table sur une hausse de 3% en moyenne par année du budget américain de la défense d’ici 2027. À l’international, les dépenses supplémentaires de l’OTAN ajoutent au potentiel et L3Harris est bien positionnée pour capter sa part du gâteau.

«Si chaque état de l’OTAN consacrait 2% de son budget à la défense, les dépenses additionnelles seraient de l’ordre de 75 milliards de dollars américains par année», donne-t-il en exemple.

Les résultats du troisième trimestre pourraient raviver le secteur après une année 2022 gâchée par des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement et la pénurie de main-d’œuvre. L3Harris devrait augmenter ses revenus à un rythme de 7% au deuxième semestre, précise l’analyste.

«L’inflation et les problèmes d’approvisionnement restent des risques, mais le rattrapage entre les dépenses autorisées par le gouvernement américain et les commandes fermes devraient devenir un catalyseur», écrit-il.

Finalement, il recommande l’achat de titre de L3Harris pour lequel il établit un cours cible de 285 $ US, soit un gain potentiel de 23%.