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À surveiller: Couche-Tard, BCE et Corporation Power

Dominique Beauchamp|Publié le 13 février 2020

Que faire avec les titres de Couche-Tard, BCE et Corporation Power? Voici quelques recommandations d'analystes.

Que faire avec les titres de Couche-Tard, BCE et Corporation Power? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 44,26$): troisième offre pour l’australienne Caltex

Après avoir eu accès aux livres de Caltex Australia en janvier, Alimentation Couche-Tard hausse de 2% son offre à 31,41$ par action, pour la plus importante chaîne de stations-service et de dépanneurs de ce pays.

Bien que les rumeurs veulent que la britannique EG Group soit aussi intéressée, Caltex indique que l’offre de Couche-Tard est la seule sur la table.

La transaction au comptant de plus de 7,8 milliards de dollars serait la plus importante de l’histoire de Couche-Tard, qui veut doubler sa taille d’ici 5 ans.

Chris Li, de Desjardins Marchés des capitaux, estime que si Couche-Tard conservait l’ensemble des activités du groupe, la transaction ajouterait 7% ou 0,13$US à ses bénéfices à sa première année.

Caltex exploite en effet une raffinerie, des terminaux de carburant, 94 centres de distribution et d’entreposage, 300 km de pipelines et un courtier en carburant.

Dans l’hypothèse où Couche-Tard finançait entièrement l’achat de Caltex achat par la dette, son ratio d’endettement grimperait de 1,9 à 3,2 fois son bénéfice d’exploitation.

Un tel ratio serait à la limite supérieure des critères pour garder sa cote de crédit de première qualité, précise l’analyste.

M. Li attribue donc une valeur de 2,50$ par action à l’achat potentiel, en tenant compte du fait que les activités de raffinage et d’entreposage de carburant de Caltex ont moins de valeur aux yeux des investisseurs et cadrent moins avec le savoir-faire de Couche-Tard.

Puisque l’action de Couche-Tard est passée de 42$ à 44$ depuis les premiers échos de cette transaction potentielle en novembre, l’analyste estime que le cours intègre déjà une partie de son potentiel.

M. Li reconnaît que Couche-Tard pourrait se défaire des activités connexes de carburant, qui procurent à Caltex les deux tiers de ses bénéfices.

Si Couche-Tard conservait les quelques 2000 stations-service seulement, leur contribution au bénéfice consolidé serait nulle la première année, indique M. Li.

Couche-Tard a clairement indiqué que Caltex se voudrait un tremplin pour percer l’Asie-Pacifique, un marché longtemps convoité.

Si la société articule une stratégie claire pour y arriver, son titre devrait bénéficier en Bourse de l’appui d’investisseurs, conclut-il.

Pour l’instant, M. Li conserve son cours cible de 49$ et renouvelle sa recommandation d’achat.

 

BCE (BCE, 64,36$): vente possible des centres de données

BCE (BCE, 64,36$): vente possible des centres de données

Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, revient à la charge en spéculant sur la possibilité que BCE envisage de vendre ses 28 centres de données afin de libérer des ressources pour les prochaines enchères de spectre sans-fil dans les bandes de moyenne fréquence de 3 500 MHz pour les réseaux mobiles de cinquième génération (5G).

À son avis, «BCE serait un vendeur probable au bon prix».

L’analyste estime la valeur d’une transaction potentielle à 1,4 milliard de dollars, excluant la dette qui y est attachée.

Son évaluation repose sur un multiple de 17 fois le bénéfice d’exploitation estimé de 80 à 90 millions de dollars des centres de données de BCE et sur l’évaluation comparable des fonds immobiliers propriétaires de centres de données (22 fois), ainsi que celles d’autres transactions majeures dans l’industrie (16,5 à 17 fois).

Une telle vente améliorerait légèrement le ratio d’endettement de la société et ajouterait 1$ à la valeur de l’action de BCE.

L’analyste profite de l’occasion pour rappeler les orientations de BCE pour 2020: une croissance de 1% à 3% des revenus, de 2% à 4% du bénéfice d’exploitation et de 3% à 7% des flux de trésorerie libres.

Cet aperçu équivaut à un bénéfice d’actions de 3,50 à 3,60$ par action en 2020.

Les dépenses en immobilisations atteindront 16,5% des revenus.

M. Shine réitère sa recommandation d’achat et son cours cible de 68$.

 

Corporation Power (POW, 34,60$): la réorganisation offre du potentiel

Corporation Power (POW, 34,60$): la réorganisation offre du potentiel

Maintenant que les actionnaires ont approuvé l’amalgamation de la Corporation Power et de sa principale filiale Financière Power, Phil Hardie, de Banque Scotia, est libre de se prononcer en faveur de la transaction qui verra l’empire de la famille Desmarais se recentrer sur une seule société de portefeuille.

«Après les rachats d’actions de 2019, nous sommes heureux de voir les dirigeants procéder à d’autres mesures de création de valeur pour les actionnaires», écrit-il.

Ce virage signale que la société de portefeuille se recentre stratégiquement sur les services financiers au lieu de miser sur la diversification.

Le résultat sera une structure simplifiée moins gourmande en capitaux qui pourra se consacrer entièrement à la gestion des filiales de la Financière Power (l’assureur Great-West et le gestionnaire de fonds IGM) ainsi qu’à la plateforme de gestion des placements alternatifs de Corporation Power.

La création de valeur repose essentiellement sur le rétrécissement prévu du rabais auquel s’échange le titre en Bourse par rapport à la valeur de ses composantes.

M. Hardie imagine que ce rabais pourrait diminuer de 22% à 15% d’ici 12 mois et qu’il pourrait se rétrécir à aussi peu que 10-13%, à plus long terme, si les dirigeants «exécutent» bien la stratégie de mise en valeur.

L’analyste s’attend notamment à ce qu’au fil du temps les investisseurs redécouvrent la valeur des placements privés de Corporation Power (Sagard China, Sagard Capital, Sagard Europe, China AMC, etc.).

Après avoir reçu du capital de développement pendant dix ans, ces placements commencent à rapporter, dit-il. M. Hardie leur attribue une valeur de 4,51$ par action.

À plus court terme, le groupe prévoit des économies immédiates de 50 millions de dollars par année, soit 27% des dépenses d’exploitation combinées des deux sociétés de portefeuille, ainsi que 17 millions de dollars de frais financiers en moins.

Le groupe Power a aussi instauré un nouveau programme de rachat de 10% des actions et a relevé son dividende.

Le nouveau dividende, à la hausse de 3% sur une base pro forma, procure un rendement enviable de 5,2%, ajoute M. Hardie.

L’échange d’actions, qui verra la Financière Power se fondre dans Corporation Power, ajoutera immédiatement environ 11% à la valeur d’actif nette de la société restante, qui passe de 38,12$ à 42,18$, estime aussi M. Hardie.

L’analyste hausse donc officiellement son cours cible de 34$ à 40$ pour Corporation Power, mais il reste neutre envers le titre pour lequel il prévoit un rendement similaire à celui de son industrie.