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À surveiller: Couche-Tard, Cominar et Toromont

Dominique Beauchamp|Publié le 03 août 2020

Que faire avec les titres de Couche-Tard, Cominar et Toromont? Voici quelques recommandations d'analystes.

Que faire avec les titres de Couche-Tard, Cominar et Toromont? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Couche-Tard (ATD.B, 46,55$): l’Américaine Speedway lui échappe

C’est finalement le propriétaire japonais des dépanneurs 7-Eleven qui remporte la mise pour la chaîne Speedway grâce à une offre généreuse de 21 milliards de dollars américains comptant.

7-Eleven se retrouve bon premier avec 12 000 dépanneurs, Couche-Tard suit avec 7300, puis Casey’s avec 2181, ensuite EG America avec 1679 et finalement Murphy USA, avec 1489, énumère l’analyste.

Bien que l’action d’Alimentation Couche-Tard pourrait reculer à court terme en raison de l’occasion manquée de se hisser en tête de l’industrie américaine des dépanneura, Chris Li, de Desjardins Marché des capitaux, voit des raisons de se consoler. 

Premièrement, 7-Eleven paie le prix fort pour Speedway, soit 14 fois le bénéfice d’exploitation. Ce prix inclut 4,5 G$US de compensation au vendeur Marathon Petroleum pour payer les impôts sur cette vente. Si Marathon Petroleum avait essaimé Speedway comme elle le prévoyait à l’origine, elle aurait évité ces impôts.

Sans cette compensation, le multiple passe à 11 fois, soit une évaluation similaire à celle des actions de Couche-Tard et de Casey’s.

7-Eleven estime qu’elle ira chercher des synergies de 475 à 575 M$US d’ici trois ans soit une proportion de 32 à 38% du bénéfice d’exploitation de Speedway, ce qui réduit le multiple payé à 7,1 fois.

Chris Li estime que pour rentabiliser la transaction et réaliser des synergies de 20% la troisième année, Couche-Tard ne pouvait payer plus de 18 G$US pour la chaîne de 3900 stations d’essence de Speedway.

Cette estimation reposait sur des synergies de 50% le bénéfice d’exploitation, une proportion qui s’avérait peut-être trop «ambitieuse», indique l’analyste.

Speedway est déjà un bon opérateur, ajoute-t-il. Un contrat de 15 ans avec Marathon pour l’approvisionnement en essence aurait peut-être repoussé ces économies d’échelle pour Couche-Tard.

Chris Li note aussi que l’action de 7-Eleven baisse de 9% à l’ouverture lundi, un signe que les investisseurs voient plusieurs risques dans cette transaction réalisée pendant que la pandémie fait rage aux États-Unis.

Troisièmement, la consolidation de l’industrie des dépanneurs pourrait être favorable à la rentabilité de tous les acteurs puisqu’il est dans l’intérêt de 7-Eleven d’obtenir un bon rendement sur son investissement.

Il est aussi possible que Couche-Tard puisse mettre la main sur les dépanneurs que 7-Eleven compte revendre pour éviter les chevauchements. Bloomberg estime leur valeur à 1 G$US, précise l’analyste.

Dans l’intervalle, Couche-Tard continuera à faire progresser sa croissance interne et ses marges, tout en restant à l’affût d’autres occasions aux États-Unis, en Australie et en Asie, conclut Chris Li.

L’analyste maintient sa recommandation d’achat et son cours-cible de 47$, un objectif à peine plus élevé que le cours actuel.

Cominar (CUF.UN, 7,98$): coupe possible de 30% du dividende

Cominar (CUF.UN, 7,98$): coupe possible de 30% du dividende

Mario Sario, de Banque Scotia, profite du dévoilement des résultats du deuxième trimestre le 7 août pour faire le point sur le fonds immobilier dont le cours a perdu la moitié de sa valeur depuis la mi-février.

Les «défis» pour le fonds de récolter les loyers de ses locataires et la proportion élevée des centres d’achat dans son portefeuille incitent l’analyste à charcuter son cours cible de 30% et la valeur d’actif net de 15%.

Les immeubles abritant les détaillants procurent 34% des revenus de loyers. Les trois quarts sont des centres d’achat plus touchés par le confinement et la pandémie, précise l’analyste.

Mario Sario a tout de même bon espoir que le portefeuille industriel (26% des revenus de loyers) compense pour la faiblesse du commerce de détail, surtout que l’échéance de 21% des baux en 2021 pourraient susciter des hausses de loyers.

La performance du portefeuille d’immeubles à bureaux devrait être stable puisque le gouvernement est un important locataire, indique l’analyste.

Bien que Cominar aurait en principe les moyens de soutenir sa distribution actuelle de 0,61$ par part, Mario Sario estime à 50% les risques qu’elle soit coupée de 30% à 0,52$ par action en 2021.

Une telle réduction ramènerait d’ailleurs le rendement de la distribution de 8,8% à 6%, soit la moyenne de son secteur.

Une telle décision augmenterait sa flexibilité financière, dit-il, comme l’ont déjà fait ses semblables Artis Reit (AX.UN, 7,87$), H&R Reit (HR.UN, 10,05$) et Morguard Reit (MRT.UN, 4,91$).

Cominar se classe au bas du peloton pour une série d’indicateurs, mais son titre est bon marché.

Son cours est inférieur de 29% à sa valeur d’actif nette comparativement au rabais de 37% pour les fonds immobiliers diversifiés.

Le titre peut être attrayant pour les investisseurs à long terme, mais l’analyste ne perçoit pas de catalyseur à part une remontée de toute l’industrie dans une reprise.

Bien que les liquidités à court terme ne posent pas problème, la dépréciation de centres d’achat et une pause probble dans la disposition prévue de certains de ses bâtiments pourrait ralentir la réduction de la dette.

À long terme, les projets résidentiels que caresse Cominar offrent un bon potentiel, croit tout de même Mario Sario.

En bout de ligne, l’analyste réduit les fonds générés par l’exploitation de 1,19 à 0,98$ pour 2020.

Son cours cible passe de 14 à 9,75$. Cet objectif (diffusé le 22 juillet) offre tout de même un regain potentiel de 22%.

Toromont (TIH, 73,93$): le distributeur de machinerie, la valeur sûre dans son industrie

Toromont (TIH, 73,93$): le distributeur de machinerie, la valeur sûre dans son industrie

Comme le démontrent les résultats du distributeur de machinerie lourde, Toromont est la valeur sûre à détenir dans son industrie, fait valoir Devin Dodge, de BMO Marchés des capitaux.

Le deuxième trimestre démontre encore une fois le contrôle «impressionnant» des coûts de la société qui distribue les équipements Caterpillar et Hewitt.

La division des équipements a dégagé une marge de 9,1% au lieu de celle de 8,2% que prévoyait l’analyste, malgré une chute des 13% des revenus.

Au final, la société a produit un bénéfice de 0,62$ par action, 34% moins qu’un an a plus tôt, un résultat conforme au consensus.

Bien que les principaux marchés de Toromont se déconfinent plus rapidement que d’autres, Devin Dodge s’attend à un rétablissement des revenus plus lent qu’il ne l’avait initialement prévu.

À moyen terme, le distributeur devrait bénéficier des nouveaux projets d’infrastructures en Ontario et au Québec et de la remontée des cours des matières premières, en particulier l’or qui représente la moitié de ses revenus miniers.

La filiale Cimco d’équipements de de réfrigération pourrait aussi réaliser d’autres achats, prévoit-il.

L’analyste abaisse ses prévisions de bénéfices de 3,04 à 2,89$ pour 2020 et de 3,87 à 3,79$ pour 2021, soit un retour progressif vers les profits de 3,45$ réalisés en 2019.

En revanche, en prévision de la reprise, il hausse de 18 à 20 fois le bénéfice projet à la mi-2022 le multiple d’évaluation qu’il accorde au titre. Ce ratio se compare à la moyenne de 19,2 fois des cinq dernières années.

Son cours cible passe donc de 72 à 80$. Il réitère sa recommandation d’achat.