Que faire avec les titres de Couche-Tard, Dollarama et Lightspeed?
Que faire avec les titres de Couche-Tard, Dollarama et Lightspeed? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Couche-Tard (ATD, 36,12$): nouveau regard d’un analyste revenu au bercail
Après un détour de 10 mois chez le fabricant de suppléments Neptune solutions de bien-être, Martin Landry est de retour chez Stifel GMP.
L’analyste consacre son premier rapport à Alimentation Couche-Tard, «une société de grande qualité offrant toujours de solides perspectives de croissance».
À plus court terme toutefois, le confinement de la population dans plusieurs pays diminue la fréquentation de ses dépanneurs et de ses stations d’essence bien que ces commerces essentiels restent ouverts.
Le tabac, qui représente 41% des ventes, devrait mieux résister que d’autres catégories de produit en magasin et les marges élevées sur l’essence à la pompe compenseront aussi pour la chute de 30% du volume d’essence vendu, mais ça n’empêchera pas les résultats de souffrir du choc économique de la COVID-91.
L’analyste prévoit d’ailleurs une chute de 16% du bénéfice à 0,22$US par action au quatrième trimestre, alors que le consensus s’établit à 0,33$US.
Pour 2021, le bénéfice estimé de 1,25$US est aussi le plus faible parmi les analystes et se compare au consensus de 1,62$US.
«Bien que les estimés n’aient pas encore été abaissés, le cours de Couche-Tard reflète déjà les vents de front à court terme», dit-il.
Malgré ces inquiétudes immédiates, M. Landry estime que le cours actuel de Couche-Tard offre aux investisseurs l’occasion de considérer le titre à nouveau, car la société préserve tous ses atouts pour l’après-crise.
Il rappelle que Couche-Tard et 7-Eleven s’approprient ensemble seulement 15% du marché américain de 600 milliards de dollars américains, ce qui laisse un bon potentiel d’expansion.
En Australie, Couche-Tard convoite toujours Caltex. Ce premier tremplin en Asie-Pacifique ajouterait de 8 à 13% aux bénéfices, estime-t-il. Une transaction en 2020 lui semble fort probable.
L’avantage concurrentiel que lui procurent les économies d’échelle et son pouvoir d’achat est aussi durable.
Les plus récentes acquisitions l’ont démontré. Les économies d’approvisionnement et les autres réductions de coûts ont fait grimper le bénéfice d’exploitation de ses achats de 50% dans certains cas, soutient aussi M. Landry.
Le parcours de «première de classe» de Couche-Tard, et le taux annuel composé de 25% des bénéfices depuis 20 ans, méritent une plus-value. Or, son titre est actuellement 24% moins chèrement évalué que celui de ses semblables en fonction des bénéfices prévus au cours des deux prochaines années.
Son cours cible de 43$ repose sur un multiple de 20 fois le bénéfice de 1,52$US par action qu’il prévoit en 2022.
Couche-Tard s’échange aussi à un multiple inférieur aux épiciers, soit 13,3 par rapport à 15,8 fois le bénéfice prévu.
Les épiciers souffrent moins de la COVID-19, mais leurs perspectives de croissance sont plus modérées à long terme, fait valoir l’analyste.
«L’action se négocie près du point d’appui qu’elle avait trouvé il y a quatre ans, ce qui offre un bon point d’entrée», conclut-il.
Dollarama (DOL, 41,10$): les dirigeants rassurent une analyste
Dollarama (DOL, 41,10$): les dirigeants rassurent une analyste
Après s’être entretenue avec les dirigeants, Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, est confiante que le modèle d’affaires est intact et que le marchand peut traverser une année difficile.
«La demande restera affaiblie tant que les restrictions imposées par la COVID-19 resteront en vigueur», prévient-elle.
Le statut de commerce essentiel vient avec des responsabilités, dont une hausse «substantielle» des coûts. Les marges souffriront donc de l’augmentation des frais d’exploitation des magasins et de l’approvisionnement des marchandises en forte demande.
«La hausse de 10% des salaires horaire prend fin le 1er juillet, mais une portion de cette hausse pourrait persister après la COVID-19», croit-elle. Si ces pressions devaient se prolonger, Dollarama pourrait devoir augmenter ses prix, comme d’autres détaillants.
Par définition néanmoins, l’offre de produits de Dollarama et ses bas prix sont naturellement plus résistants en temps de récession, rappelle Mme Nattel.
Étant donné le niveau de la dette, de trois fois le bénéfice d’exploitation, la répartition du capital est plus prudente à court terme. La société a suspendu le rachat de ses actions jusqu’en juin et reporte aussi l’ouverture de certains magasins.
Puisque les baux ont déjà été signés, 2022 devrait voir une ré-accélération de la cadence des nouvelles ouvertures, entrevoit-elle.
Bien que le cours de Dollarama soit 18% plus élevé que la valeur de 34$ qu’il aurait dans un scénario de confinement prolongé, Mme Nattel réitère sa recommandation d’achat.
Ce cours-cible pessimiste équivaut à 17 fois les bénéfices et accorde une valeur de 1$ par action pour la filiale latino-américaine Dollarcity.
Mme Nattel maintient toutefois son cours-cible de 55$. Il repose sur un multiple de 24 fois le bénéfice projeté à la mi-2022, plus la valeur de 3$ accordée de Dollarcity.
Lightspeed (LSPD, 17,87$): la COVID-19 reporte d’un an la croissance du fournisseur de solutions aux commerçants
Lightspeed (LSPD, 17,87$): la COVID-19 reporte d’un an la croissance du fournisseur de solutions aux commerçants
Bien que les restaurateurs, les bars et les autres commerces que sert Lightspeed sont dans l’épicentre de la pandémie, Thanos Moschopoulos, de BMO Marchés des capitaux, continue de recommander l’achat du fournisseur de solutions de commerce et de paiement électroniques.
Il hausse les pertes prévues en 2020 et en 2021 et charcute son cours-cible de 44 à 25$, mais réitère sa recommandation d’achat.
Ce cours-cible représente un multiple de 9 fois les ventes prévues en 2021.
«La pandémie n’a pas de précédent. Il est donc difficile d’en mesurer l’impact économique potentiel et encore plus son effet sur les résultats. Nous avons tenté le coup le mieux possible», prévient-il.
Il prévoit désormais un taux de roulement de 45% des abonnés, une chute de 30% du nombre de nouveaux établissements ajoutés et un recul de 5% des revenus moyens mensuels par abonnés, d’ici 2021.
Les prévisions de revenus passent de 186,7 à 115 millions de dollars en 2021, ce qui fait passer la perte de 0,22 à 0,33$ par action. Il faudra donc attendre 2022 pour revoir les revenus qu’il avait prévus pour 2021.
«Le coup est sévère, mais pas existentiel», dit-il.
Heureusement, Lightspeed dispose d’un bon bilan pour traverser la crise. L’encaisse de 180 M$US est suffisante pour absorber le déficit des flux de trésorerie de 32 M$ prévu en 2021, dit-il.
Ceci dit, si la restauration reste encore une «activité à haut risque» à la fin de 2020, l’analyste reconnaît qu’il lui faudra réduire ses attentes et son cours-cible davantage.