(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Couche-Tard, Empire/IGA, et Walmart ? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Couche-Tard (ATD, 67,27$): l’ajout formel des 2200 commerces de TotalÉnergies ajoute 2$ à la cible de RBC
Alors qu’Alimentation Couche-Tard s’apprête à dévoiler ses résultats annuels lors de la semaine du 26 juin, Irene Nattel de RBC Marchés des capitaux ajoute formellement à ses prévisions l’acquisition des 2200 commerces dans quatre pays européens de TotalÉnergies annoncée en mars.
À ses yeux, la transaction de 4,5 milliards de dollars représente la quintessence des acquisitions du groupe avec ses actifs stratégiquement complémentaires. Le prix attrayant payé produira aussi une transaction financièrement rentable pour les actionnaires, ajoute l’analyste enthousiaste.
Irene Nattel prévoit que le plus important achat réalisé depuis sept ans ajoutera 5 à 7% aux bénéfices dès la première année grâce au partage des meilleures pratiques, à la complémentarité géographique du réseau et à la réalisation de synergies de revenus.
Dans le contexte actuel de taux élevés et d’incertitude économique, l’analyste réitère que Couche-Tard reste un titre favori pour le deuxième semestre, car la société peut dégager des flux de trésorerie disponibles tout au long des cycles économiques. En plus, le bilan encore sain lui procure la flexibilité financière de considérer diverses options pour ajouter à sa valeur, fait-elle valoir.
Même après l’achat européen et ceux de Mapco Express et Red Stores, la dette représente seulement 2,25 fois le bénéfice d’exploitation ce qui procure une capacité transactionnelle d’encore 10 milliards de dollars américains, estime l’analyste.
Irene Nattel s’attend à ce que la transaction de TotalÉnergies ajoute de 5 à 7% aux profits annuels entre 2025 et 2027, soit 2 à 4% de plus que ses prévisions antérieures qui incorporaient plutôt le rachat potentiel de 15% des actions pendant cette période.
«Au moment de l’annonce de la transaction, nous avions laissé nos prévisions inchangées, mais nous avions relevé le multiple d’évaluation (à 18,5 fois les bénéfices prévus) pour refléter le potentiel bénéficiaire de l’acquisition», met-elle en contexte.
Pour le quatrième trimestre, l’analyste de RBC prévoit un bénéfice d’exploitation de 1,1 milliard de dollars américains (une hausse de 1,4 %) et un bénéfice de 0,55$ US par action (inchangé), soit plus que le consensus respectif de 1,06 G$US et de 0,50$US, malgré les marges moins élevées prévues sur l’essence à la pompe par rapport à l’an dernier.
Ces estimations reposent sur un déclin de 4,7% des revenus à 15,6 G$US, mais une amélioration de 43 points de pourcentage de la marge d’exploitation consolidée à 7,1%. L’analyste rappelle que la dépréciation de 10% de l’euro par rapport au dollar américain et de 6,5% par rapport au huard sont deux vents contraires pour les résultats.
Au final, Irene Nattel relève sa cible de 85 à 87$, soit 18,5 fois le bénéfice prévu à la mi-2025 et renouvelle sa recommandation d’achat. Elle note que l’évaluation actuelle du titre reste dans la moyenne historique observée depuis 2014 malgré une performance financière robuste.
Empire/IGA (EMPa, 34,61$) : des attentes modestes en attendant les nouvelles initiatives de croissance
Empire/IGA (EMPa, 34,61$) : des attentes modestes en attendant les nouvelles initiatives de croissance
Le propriétaire des épiceries IGA au Québec dévoilera ses résultats annuels le 22 juin et les attentes de Vishal Shreedhar de la Financière Banque Nationale sont modestes.
Au quatrième trimestre, le bénéfice devrait passer de 0,61 à 0,69$ par action, si l’on retire la semaine de plus que comptait le dernier trimestre de 2022.
Le bénéfice des seules activités alimentaires devrait rester stable autour de 0,63 $ par action. Ce bénéfice exclut les filiales immobilières d’Empire Crombie REIT (CRR.UN, 10,68$) et Genstar.
Les ventes par magasin comparable, sans l’essence, devraient croître de 2%, soit mieux que le recul de 2,5% d’un an plus tôt. Cette amélioration reste néanmoins bien inférieure à celles de 3,1% pour Loblaw (L, 117,17$) et de 5,8% pour Metro (MRU, 70,99$) qui comptent tous deux un plus grand nombre d’enseignes au rabais qu’Empire.
Vishal Shreedhar s’attend aussi à un léger déclin du bénéfice d’exploitation (à 584,2 millions de dollars) en raison du recul de 3,9% des ventes totales par rapport au même trimestre l’an dernier qui comptait une semaine additionnelle.
Empire est aussi moins rentable que ses rivales parce que le service Voilà d’épicerie en ligne déficitaire ampute environ 0,28 $ par action au bénéfice annuel. L’analyste croit néanmoins que l’expansion à Montréal, à Calgary et à Vancouver positionne bien l’épicier à long terme.
L’intégration à Voilà du service en ligne Grocery Gateway de la chaîne Longo acquise devrait aussi aider à atteindre le seuil rentabilité, prévoit-il.
L’analyste a bon espoir que la croissance prendra du mieux maintenant que l’inflation alimentaire se modère. Les ventes comparables se mesureront aussi aux moins bons résultats d’un an plus tôt. «Les dirigeants ont aussi évoqué une reprise des ventes lors des cinq premières semaines du quatrième trimestre», rapporte l’analyste.
Étant donné que le plan de relance Horizon qui s’échelonnait de 2020 à 2023 n’a pas été à la hauteur des attentes, Vishal Shreedhar s’attend à ce que l’entreprise donne un aperçu de ses nouvelles initiatives de croissance. L’analyste s’intéresse aux projets de conversion d’enseignes, au potentiel du programme de loyauté Scène+ ainsi qu’aux nouveaux efforts de productivité.
Malgré le retard de l’épicier par rapport à ses rivales, l’analyste recommande l’achat Empire dont l’action est bon marché. Le titre s’échange à un multiple de 6,6 fois le bénéfice d’exploitation de ses activités alimentaires. Cette évaluation se compare à sa moyenne de cinq ans de 7,2 fois et aux multiples de 7,9 fois pour Loblaw et de 10,4 fois pour Metro.
En plus, Empire continue de racheter des actions, dont 112 M$ au quatrième trimestre, dit-il.
Walmart (WMT, 149,78$ US): toujours le choix prudent favori de BMO, après la messe annuelle
Walmart (WMT, 149,78$ US): toujours le choix prudent favori de BMO, après la messe annuelle
Kelly Bania de BMO Marchés des capitaux est revenue enchantée de la messe de deux jours tenue à Bentonville pour les actionnaires, les analystes et les employés du géant du commerce de détail.
«Nous restons optimistes à l’égard du positionnement de Walmart tant sur le plan de la micro que de la macro-économie», indique l’analyste qui ajoute que le titre reste son choix prudent favori.
Le reste du rapport énumère dix faits d’armes de l’événement, dont quatre ont retenu le plus son attention.
Walmart est confiante que son plan d’action produira un point de bascule de ses marges l’an prochain après des années d’investissements majeurs dans la politique de prix, dans son infrastructure en ligne et dans la mise à niveau de ses outils technologiques.
«Les futurs investissements mettront davantage l’accent sur les dépenses en immobilisations afin d’appuyer la transformation de sa chaîne d’approvisionnement tout en conservant la flexibilité d’investir à long terme dans la réduction des prix au besoin», rapporte Kelly Bania.
Dans le segment alimentaire, Walmart a abaissé les prix de 200 articles, ce qui représente un effort nettement plus énergique qu’un an plus tôt, mais qui reste plus modéré qu’en 2019. Les réductions de prix proviennent toutes des fournisseurs.
«Dans le cas de marchandises saisonnières ou festives, les promotions visaient à garder les prix inchangés par rapport à l’an dernier. Parmi ceux qui ont acheté au moins article à prix promotionnel, 15% étaient de nouveaux clients pour la section alimentaire du magasin», relate-t-elle.
Les revenus de la plateforme publicitaire du détaillant restent robustes, avec des recettes de 2,7 milliards de dollars américains en 2022-23. Au premier trimestre de 2024, les recettes mondiales ont bondi de 30% par rapport au même trimestre, un an plus tôt.
Les marques nationales dépensent plus afin de défendre leur part de marché par rapport aux marques maison. Des changements au processus d’enchères de publicité ont aussi eu l’effet d’abaisser les tarifs moyens, attirant les annonceurs.
Enfin, la forte croissance des produits de tierce partie dans l’offre totale des marchandises offertes alimente aussi le bassin d’annonceurs sur sa plateforme de publicité.
Le plus récent concept de magasins est bien parti, note aussi Walmart. Les espaces-boutiques par marque, l’affichage numérique, l’usage de mannequins, les allées plus larges et les nouveaux accessoires fixes en magasin améliorent le rendement des ventes de l’ordre de 2 à 3%. Le détaillant a donné en exemple la hausse de 20% des ventes, au premier trimestre, du magasin de Teterboro (New Jersey) après les rénovations.
Walmart prévoit 300 de telles rénovations en 2023-24.
Kelly Bania considère que les pertes du commerce en ligne affaiblissent temporairement la capacité bénéficiaire de Walmart qui devrait reprendre du mieux au cours des prochaines années.
Les investissements massifs déployés dans toute l’organisation lui procurent un avantage concurrentiel durable qui mérite une plus-value, fait valoir l’analyste qui réitère sa recommandation d’achat et son cours cible de 170 $US, soit 24 fois le bénéfice de 7$ US par action prévu en 2025.
L’action de Walmart fait du surplace depuis six mois, mais s’est appréciée de 20% depuis un an.