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À surveiller: Couche-Tard, Lassonde et Boralex

Charles Poulin|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Couche-Tard, Lassonde et Boralex

Desjardins soutient que Lassonde offre une performance fiable, mais qu'elle doit garder à l’œil ses efforts continuels du côté de sa marque privée américaine et ses initiatives de croissance potentielles. (Photo: Lassonde)

Que faire avec les titres de Couche-Tard, Lassonde et Boralex? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Alimentation Couche-Tard (ATD, 74,34$): objectif ambitieux, mais réalisable

Alimentation Couche-Tard vise désormais un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 10 G$ d’ici 2028, un objectif ambitieux, mais réalisable, estime Banque Royale Marchés des capitaux.

La direction a présenté, lors de sa journée des investisseurs, son plan pour les cinq prochaines années (2023-2028). L’analyste Irene Nattel explique que le chemin vers l’atteinte de l’objectif de 10 G$ (taux annuel de croissance composé de 11,7%) est réalisable et soutenu par un ensemble d’hypothèses crédibles.

Des contributions en provenance des initiatives d’avant et d’arrière-boutique, le contrôle des coûts et une participation entière de TotalEnergies suggèrent une pente plus abrupte que celle précédemment anticipée par la Banque Royale.

L’institution financière introduit un BAIIA préliminaire pour 2028 à la hauteur de 8,5 G$ (taux annuel de croissance composé de 8,2%), une estimation plus conservatrice que celle de l’entreprise de 8,9 G$ (si on exclut 1,1 G$ en provenance des fusions et acquisitions).

Cela dit, Irene Nattel croit que l’occasion de croissance organique de Couche-Tard est sous-estimée. Le BAIIA de 5,8 G$ de l’année financière 2023 contient notamment 2,4 G$ provenant de la croissance organique.

La direction indique par ailleurs avoir l’intention d’augmenter l’offre de nourriture, de boissons ainsi que de sa marque privée (représentant entre 500 M$ et 600 M$ supplémentaires), un engagement renouvelé envers les consommateurs et l’amélioration de son exploitation (entre 200 M$ et 400 M$), une contribution graduelle du carburant, notamment grâce à des occasions du côté commercial (400 M$ à 600 M$), une croissance de son réseau (400 M$) ainsi que la gestion des coûts de structure (800 M$).

La Banque Royale maintient sa prévision de surperformance du titre de Couche-Tard face à son secteur d’activité et rehausse son cours cible de 87$ à 94$.

 

 

Industries Lassonde (LAS.A, 127,01$): un récit encore à écrire

Industries Lassonde (LAS.A, 127,01$): un récit encore à écrire

Si le potentiel des Industries Lassonde intrigue Desjardins, l’institution financière croit que son récit reste encore à être écrit.

L’analyste Frédéric Tremblay soutient que l’entreprise de Rougemont offre une performance fiable. Elle doit toutefois garder à l’œil des secteurs clés tels les efforts continuels du côté de sa marque privée américaine et des initiatives de croissance potentielles pour atteindre l’objectif de 3 G$ en ventes fixé pour 2026.

La marque privée américaine de Lassonde a connu plusieurs années de sous-performance, rappelle-t-il, qui découle de la difficulté à approvisionner la clientèle avec le bon mélange de coût et de marge. Le volume de production interne a décliné de 20% entre 2018 et 2022 à cause de la complexité opérationnelle, des défis de la chaîne d’approvisionnement, de sous investissement dans l’équipement manufacturier vieillissant et un taux de roulement élevé de la main-d’œuvre.

Pour tenter de raplomber son marché américain, l’entreprise a réduit le nombre de produits et a augmenté ses investissements en équipements et en technologie, rappelle l’analyste.

Si Desjardins est satisfaite des efforts déployés du côté américain, elle note que le plan porte sur plusieurs années et a de multiples facettes, ce qui requiert de la patience et comporte un certain risque d’exécution.

Sachant cela, Frédéric Tremblay se dit quelque peu surpris de l’appétit de la direction de Lassonde pour des projets supplémentaires dans les aliments spécialisés ou encore d’autres secteurs de croissance (fusions et acquisitions, expansions). Il croit que s’embarquer dans un autre projet de croissance significatif, encore plus s’il se matérialise à court terme, pourrait créer une distraction envers ses efforts aux États-Unis, ajouter une couche de complexité à l’entreprise et être coûteuse relativement à son bas multiple de valorisation.

Desjardins maintient sa recommandation de conserver le titre de Lassonde ainsi que son cours cible de 155$.

 

Boralex (BLX, 29,01$): incertitude new-yorkaise

 

Boralex (BLX, 29,01$): incertitude new-yorkaise

Le Département des services publics (PSC) de la Ville de New York a voté, hier, contre l’augmentation des prix dans les appels d’offres pour s’ajuster à l’inflation, ce qui génère de l’incertitude pour certains projets de Boralex, estime Banque Nationale Marchés financiers.

L’analyste Rupert Meyer mentionne que le PSC devait décider si elle accordait une hausse pour s’ajuster à l’inflation sur tous ses contrats renouvelables qui, affirment les promoteurs, ne sont plus économiquement réalisables. Sans ces majorations, les développeurs d’énergies renouvelables avaient averti l’administration municipale que leurs projets devraient être annulés, ce qui ferait reculer les ambitions de New York en termes d’énergie propre.

Le PSC a voté contre l’accroissement des prix, indiquant que l’acceptation signifierait mettre à mal le précédent des appels d’offres précédant en la matière et nuirait à la compétitivité dans le futur. Par contre, le Département affirme qu’il accordera son support si les promoteurs représentent leurs projets dans des appels d’offres subséquents qui permettront un recalcul des prix.

Boralex a 200 mégawatts de contrats signés avec New York pour de projets solaires, et un autre 540 mégawatts en attente sur lesquels elle attendait le verdict pour le réajustement à l’inflation.

Ces projets permettraient à l’entreprise québécoise de diversifier significativement son profil de génération d’énergie (qui est actuellement de 86% éolien), souligne Ruper Meyer. Qui plus est, ils pourraient rapporter plus de 1$ par action si Boralex peut obtenir un retour approprié sur investissement.

Même s’ils sont reportés, la Banque Nationale estime que Boralex est en bonne position pour représenter ses projets lors d’un futur appel d’offres à des prix qui pourraient supporter les retours visés par l’entreprise. Il pourrait aussi y avoir des obstacles lors de la reconduction des ententes pour les 200 mégawatts déjà signés, mais l’analyste n’entrevoit rien de majeur.

La Banque Nationale maintient sa prévision de surperformance du titre de Boralex face à son secteur d’activités ainsi que son cours cible de 39$.