Aux yeux de Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, Couche-Tard a plusieurs années de croissance devant elle à mesure qu’elle optimise son réseau. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Couche-Tard, Industries Lassonde et Farmers Edge? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Couche-Tard (ATD.A, 51,09$): un autre trimestre déformé par la pandémie en vue
Un mois après la journée des investisseurs, voilà que les analystes se tournent déjà vers les résultats du premier trimestre attendus le 31 août et l’assemblée annuelle du 1er septembre.
Les résultats seront encore une fois déformés par la pandémie selon les régions. Si les ventes de marchandises ont profité du fait que les dépanneurs étaient jugés essentiels, les automobilistes se sont par contre moins déplacés.
Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, prévoit donc un recul de 7% du bénéfice à 0,66$ US par action, trois cents de plus que le consensus.
L’amélioration des marges brutes dégagées sur la vente de marchandises, la hausse des volumes d’essence vendus et le rachat d’actions devraient compenser pour le repli prévu des marges sur l’essence à la pompe aux États-Unis, résume-t-il.
Le portrait sera très dispersé puisque l’amélioration attendue des ventes par dépanneurs comparables augmentera de seulement 1% aux États-Unis, par rapport à 7,7% au même trimestre de 2020, tandis que les volumes d’essence devraient avoir rebondi de 15%.
En revanche, au Canada, l’analyste entrevoit un recul de 6% des ventes par dépanneurs comparables par rapport au bond pandémique de 19% d’un an plus tôt. Les volumes d’essence devraient par contre se redresser de 15% par rapport à la chute de 25% d’un an plus tôt.
En Europe, la hausse des ventes par dépanneurs comparables devrait atteindre 2,0% par rapport à la cadence de 3,4% d’un an plus tôt. Le volume d’essence devrait par contre remonter de 8% par rapport au recul de 12,4% d’un an plus tôt.
Vishal Shreedhar renouvelle sa recommandation d’achat et augmente son cours cible de 53 à 54$, soit 17 fois le bénéfice prévu à la mi-2024. Cela se compare à la moyenne de 55$ de 16 analystes dont les cibles varient de 47 à 62$.
À ses yeux, Couche-Tard a plusieurs années de croissance devant elle à mesure qu’elle optimise son réseau, améliore la performance du segment des marchandises et réalise d’autres acquisitions.
À plus court terme, les déplacements en voiture continuent d’augmenter aux États-Unis en juillet et dépassent même le niveau qu’ils avaient le même mois en 2019. Au Canada, les restrictions sanitaires dans certaines provinces ont ralenti les déplacements en avril et mai, mais depuis la tendance prend du mieux.
L’analyste voit aussi d’un bon œil l’achat en cours du réseau Wilsons des Maritimes dans une transaction de 400 à 600 millions de dollars américains. Il s’attend à ce que Couche-Tard revende le terminal maritime du carburant à Halifax et conserve les 79 dépanneurs corporatifs et les 147 autres dépanneurs de marque Esso.
«Bien que cette transaction soit mineure, elle contribuera à l’objectif de hisser le bénéfice d’exploitation à 6,3 milliards de dollars américains en 2023», écrit Vishal Shreedhar qui estime que le réseau acquis contribuera moins de 5% à l’atteinte de cette marque.
Il rappelle que Couche-Tard a les moyens de réaliser des acquisitions de 20 G$ US, sans que sa dette ne dépasse 3,7 fois le bénéfice d’exploitation.
Industries Lassonde (LAS.A, 171,00$): une aubaine rafraîchissante
Industries Lassonde (LAS.A, 171,00$): une aubaine rafraîchissante
Quelque 45 jours avant que le nouveau président ne prenne officiellement la barre du producteur des jus Oasis, Frédéric Tremblay, de Desjardins Marché des capitaux, estime que les résultats du deuxième trimestre indiquent que Lassonde navigue bien les perturbations pandémiques.
Sans l’effet des changes, les revenus ont crû de 0,8% malgré la pénurie de main-d’œuvre aux États-Unis qui a ralenti la production à certaines usines.
Le trimestre se comparait aussi aux forts résultats pandémiques d’un an plus tôt lorsque les consommateurs confinés se constituaient des réserves.
Les coûts de transport et d’approvisionnement ainsi que l’augmentation des prix de concentrés de jus ont toutefois affaibli les marges. Le bénéfice d’exploitation a reculé de 23,4%.
Le producteur relève ses prix de vente pour éponger la hausse des dépenses et compte récidiver plus tard cette année.
Le bénéfice de 2,71$ par action, 28% moins qu’un an plus tôt, est néanmoins conforme à ses attentes.
Frédéric Tremblay se dit encouragé par le fait que la demande pour les jus et les breuvages augmente légèrement bien que les consommateurs peuvent fréquenter les restos.
«Le contexte appuie les perspectives des dirigeants qui croient pouvoir maintenir les ventes des six derniers mois de 2021 au même niveau qu’elles avaient en 2020», note-t-il.
À ses yeux, Lassonde est bien positionnée puisque le producteur réalise 91% de ses revenus auprès des supermarchés et autres détaillants moins touchés par les mesures sanitaires.
L’analyste se dit aussi excité par le potentiel de l’ajout à la capacité de production de jus de format individuels aux États-Unis qui devrait profiter du retour au bureau des travailleurs et des étudiants en classe.
L’analyste prévoit que les revenus de 2022 (de 2,1 G$) et le bénéfice par action (de 14,58$ par action) surpasseront ceux de 2020 tandis que le bénéfice d’exploitation (de 212 M$) égalera celui de 2020.
Frédéric Tremblay apprécie aussi le bilan sain de la société dont la dette équivaut à 0,9 fois le bénéfice d’exploitation. En plus des solides fonds générés par l’exploitation, cela lui donne les moyens d’investir dans ses usines et de poursuivre ses acquisitions ciblées.
À cet égard, la vente par Pepsico des marques Tropicana et Naked au fonds privé PAI Partners pour 3,3 G$ US il y a un mois ne devrait avoir de répercussions sur la stratégie concurrentielle de Lassonde bien que PAI détienne aussi son rival Refresco.
Frédéric Tremblay réitère aussi que son titre est attrayant au cours actuel.
«Lassonde s’échange à un multiple de seulement 6,7 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2022, un fort rabais par rapport à sa moyenne historique de 8 fois et au multiple de 15 fois pour ses semblables», précise l’analyste qui renouvelle sa recommandation d’achat.
Farmers Edge (FDGE, 4,40$): la recrue des logiciels agricoles fait déchanter rapidement
Farmers Edge (FDGE, 4,40$): la recrue des logiciels agricoles fait déchanter rapidement
Entré en Bourse en mars à 17$, le fournisseur de solutions logicielles pour les fermiers perd la confiance de Canaccord Genuity après deux trimestres décevants consécutifs et le départ soudain du chef de la direction financière.
Résultat: Doug Taylor a charcuté son cours cible à deux reprises en une semaine, de 20$ à 9$, puis à 5$. Le titre a perdu les trois quarts de sa valeur en quatre mois.
«Bien que la société fasse valoir le potentiel du captage de carbone pour la revente de crédits pour raviver sa croissance, et que l’acquisition de CommodityAg bonifiera de 15M$ les revenus annuels, les résultats estimés comportent des risques élevés», écrit l’analyste.
Doug Taylor recommande à ses clients d’attendre de voir si l’entreprise pourra renouer avec les objectifs de croissance à moyen terme qu’elle avait établis avant d’envisager d’y réinvestir.
La société de Winnipeg offre des équipements et des logiciels qui aident les fermiers à améliorer le rendement de leurs récoltes et de leurs investissements et aussi à mesurer les crédits de carbone pour la revente. Son modèle d’affaires consiste à offrir des solutions sous forme d’abonnements par acre.
Essentiellement, l’entreprise émergente ne répond pas aux promesses faites lors de son entrée en Bourse d’une croissance annuelle de 35% des revenus d’abonnement par acre à moyen terme.
Au deuxième trimestre, les revenus ont été de 6,2 millions de dollars au lieu des 10,6 M$ prévus. Il s’agit d’une chute de 32% en un an. Il semble que moins de fermiers que prévu s’abonnent à la solution Elite après la période d’essai gratuite.
La société promet que les abonnements payants prendront du mieux à partir du troisième trimestre. Deux autres solutions, l’agronomie numérique et la nouvelle Smart Carbon, devraient aussi trouver preneur.
Farmers Edge prévoit que l’adoption de ces nouvelles solutions incitera les fermiers à ajouter d’autres modules comme les services de fertilité, ce qui générera des revenus récurrents plus fiables dans le temps. Ces arguments n’ont pas convaincu Doug Taylor.
L’analyste hausse tout de même ses prévisions de revenus pour 2021 de 41,2M$ à 42,7M$ pour y incorporer la plateforme de commerce en ligne agricole CommodityAg, mais prévoit un déficit élargi de 36,9 M$.