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Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, Lightspeed et Ag Growth? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Couche-Tard (ATD.B, 43,49$): rachats d’actions musclés en attendant le prochain achat
Irene Nattel de RBC Marchés des capitaux peaufine ses prévisions pour le quatrième trimestre qui sera dévoilé le 29 juin.
L’analyste prévoit un bond de 29% des revenus à 12,5 milliards de dollars américains, un recul de 2% du bénéfice d’exploitation à 1 G$US et un bénéfice inchangé de 0,47$ US par action.
Ce bénéfice se compare au consensus de 0,30$ par action, mais les estimations oscillent entre 0,19$ à 0,50$ US.
Le trimestre devrait avoir profité du rebond des volumes d’essence, de l’amélioration des achats en magasin, de la contribution de Circle K Hong Kong et de la dépréciation du dollar américain.
Aux États-Unis, les chèques de relance devraient notamment avoir stimulé les achats, bien que la fréquentation des dépanneurs n’a pas retrouvé le niveau d’avant la pandémie.
Par contre, les marges sur l’essence à la pompe se modèrent par rapport au record d’il y a un an tandis que certaines dépenses augmentent, dont les frais payés aux émetteurs de cartes de crédit.
Irene Nattel met l’accent sur les rachats d’actions de Couche-Tard qu’elle juge «sans précédent». Au seul quatrième trimestre, Couche-Tard procédé à des rachats totalisant 696 millions de dollars, ou 3% de ses actions.
«À l’exception de trois jours de pause lors du dévoilement des résultats à la mi-mars, la société a racheté tous les jours au quatrième trimestre», constate-t-elle.
Après avoir complété le rachat annuel en cinq mois, un nouveau plan de rachat de 4% des actions a commencé le 26 avril. Couche-Tard a racheté 300 000 actions par jour lors des cinq derniers jours du mois, précise l’analyse.
Irene Nattel y voit un moyen pour la société d’exploiter son solide bilan et ses flux de trésorerie excédentaires pour retourner du capital aux actionnaires de façon opportuniste, en attendant la prochaine acquisition.
Son modèle incorpore un rachat d’actions annuel de 2 G$ qui ajoute 4% ou 0,08$ au bénéfice prévu en 2023. Cette stratégie constitue la meilleure utilisation du capital et contribue aux rendements.
Irene Nattel rappelle que la conversion mondiale des dépanneurs à la marque Circle K continue de rapporter tandis que le déploiement du programme «Fresh Food Fast» ne se reflète pas encore dans les résultats.
Au cours actuel, l’analyste croit que l’évaluation de l’action de Couche-Tard est très attrayante au moment où la reprise s’amorce. Le multiple de 18,5 fois le bénéfice prévu dans 12 mois se situe à mi-chemin des balises depuis six ans.
Irene Nattel augmente son cours-cible de 55 à 56$, ce qui offre un gain potentiel de 30%. Cet objectif repose sur un multiple de 20 fois le bénéfice annuel projeté à la fin du premier trimestre de 2024.
L’action de Couche-Tard a avancé d’à peine 6,7% depuis un an par rapport au gain de 41% pour le S&P 500 et de 31% pour le S&P/TSX.
Lightspeed POS (LSPD, 71,21$) : la réouverture des commerces se fera sentir
Lightspeed POS (LSPD, 71,21$) : la réouverture des commerces se fera sentir
Le fournisseur de solutions de commerce omnicanal ne sera pas rentable, mais le quatrième trimestre devrait avoir bénéficié de la réouverture de marchands, restaurants, hôtels et bars dans plusieurs régions du monde.
C’est ce qu’espère Daniel Chan, de TD Valeurs mobilières, qui cite le bond de 29% des ventes au détail et d’aliments aux États-Unis en mars grâce aux chèques de relance reçus.
Le géant canadien du commerce Shopify s’attend aussi au déplacement des ventes en magasin d’ici la fin de 2021.
«Ces perspectives appuient notre point de vue que Lightspeed devrait ressentir une accélération du nombre de transactions d’ici la fin de l’année», écrit-il.
Le lancement du module de paiement de sa plateforme de commerce dans six pays d’Europe aidera aussi l’entreprise à bénéficier du déconfinement dans cette région.
Ses 594 millions de dollars canadiens en liquidités lui procurent amplement de capitaux pour accélérer ses initiatives de croissance, met-il en relief.
Au quatrième trimestre attendu le 20 mai, Daniel Chan prévoit une hausse de 92% à 62,7 M$ US des revenus totaux dont 42% proviendront de la croissance interne et le reste de l’achat de Upserve, ShopKeep et Gastrofix.
La perte d’exploitation prévue de 12 M$ US doublera celle d’un an plus tôt. Lightspeed creusera aussi sa perte nette de 0,06 à 0,09$US par action. Le modèle de l’analyste ne prévoit pas de bénéfice d’exploitation en 2022 non plus.
Le nombre de commerces servis devrait avoir augmenté de 4% par rapport au troisième trimestre, à 120 000.
Daniel Chan réitère sa recommandation d’achat et son cours-cible de 110$, soit un multiple 23 fois les revenus de 453,2 M$ US prévus en 2022.
L’analyste juge que la croissance rapide, le potentiel du déconfinement, l’éventail élargi de ses solutions et le solide bilan justifient cette évaluation qui dépasse celle de ses semblables mondiaux.
L’action de Lightspeed a grimpé de 216% depuis un an.
Ag Growth (AFN, 42,00$): le récent repli offre une nouvelle occasion
Ag Growth (AFN, 42,00$): le récent repli offre une nouvelle occasion
Le récent repli du titre de l’équipementier agricole en réaction au bond du prix de l’acier est exagéré et offre une nouvelle occasion d’acheter le titre pour profiter de la conjoncture mondiale très favorable du secteur agraire.
Le bond du prix de l’acier que contiennent les silos, convoyeurs et autres équipements de manutention risque d’amputer 50 à 100 points de pourcentage à la marge du fabricant en 2021, mais le levier opérationnel au fort volume de ventes compensera, dit-il. L’acier représente de 25 à 30% de ses coûts de fabrication.
Ag Growth réussit pour l’instant à refiler la hausse aux fermiers avec un certain décalage, ont indiqué les deux plus hauts dirigeants lors de rencontres organisées par CIBC.
L’environnement mondial pour les récoltes est le meilleur depuis des années et le carnet de commandes est en hausse de 42% à un record, ajoute Jacob Bout.
Bien qu’une partie de cette demande provienne de fermiers qui devancent leurs achats de peur de payer plus cher pour leurs équipements d’entreposage et de manutention plus tard, les perspectives agricoles «robustes» stimulent aussi les achats.
Ag Growth gagne notamment des parts de marché au Brésil où elle fabrique localement ses équipements. Malgré l’aggravation de la pandémie, le marché indien se porte bien aussi. Le fabricant y exploite quatre usines près de Bangalore.
La société de Winnipeg devrait aussi profiter de l’automatisation de ses installations mondiales et du lancement de sa plateforme technologique qui inclut la vérification de données de traçabilité, entre autres.
L’entreprise continue aussi à réduire sa dette qui équivaut à 4,86 fois son bénéfice d’exploitation.
Pour donner une idée de la valeur du fabricant en pièces détachées, Jacob Bout attribue à sa division SureTrack le multiple de 5 fois les ventes accordé au géant du géo-positionnement Trimble (TRMB, 75,46$ US), soit 400 M$, ce qui porte à 70$ par action la valeur «consolidée» de l’entreprise.
Au final, l’analyste réitère son cours cible de 50$ et sa recommandation d’achat. L’action d’Ag Growth s’est appréciée de 62% depuis un an.