À surveiller : Couche-Tard, Lion Électrique et Aritzia
Dominique Beauchamp|Publié le 23 Décembre 2022(Photo: courtoisie)
Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, Lion Électrique et Aritzia? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Couche-Tard (ATD, 60,50$): une première incursion prometteuse dans l’industrie du lave-auto express
Martin Landry, de Stifel GMP, voit d’un bon œil le premier achat d’une chaîne de 65 lave-autos express indépendants aux États-Unis qui pourrait servir de plateforme pour consolider cette industrie de 10 milliards de dollars encore fragmentée.
La valeur de l’achat de True Blue Car Wash n’a pas été dévoilée, mais l’analyste peut déjà dire que la transaction sera modestement rentable pour Couche-Tard.
Cette nouvelle initiative de croissance est intéressante à ses yeux parce que Couche-Tard est déjà familière avec l’industrie du lave-auto grâce aux 2500 lave-autos qu’exploite déjà sa chaîne Circle K.
Cette percée complémentaire offre un potentiel de ventes croisées puisqu’environ 85% des lave-autos Rainstorm et Clean Freak de True Blue se situent à moins de cinq kilomètres d’un dépanneur Circle K. Les lave-autos de True Blue pourraient offrir un café Circle K gratuit aux clients les dirigeant ainsi vers les dépanneurs de Couche-Tard, donne en exemple l’analyste.
De plus, les lave-autos express requièrent moins de main-d’œuvre et dégagent donc de meilleures marges que les établissements offrant des services. Martin Landry cite les marges d’exploitation de plus de 30% que dégage la chaîne de 420 Mister Car Wash (MCW, 9,51 $ US) qui est un autre consolidateur de l’industrie de lave-auto indépendant aux côtés de Driven Brands (DRVN, 26,90 $ US).
Enfin, True Blue offre un service d’abonnement de 20 à 55 $ US par mois qui lui procure la moitié de ses revenus. Le service «fast -pass» compterait 170 000 membres. «Ces revenus récurrents atténuent l’effet de saisonnalité du chiffre d’affaires», ajoute l’analyste de Stifel GMP.
À plus long terme, ces lave-autos distincts des stations d’essence devraient aussi en principe moins souffrir de l’éventuel déclin de la demande pour l’essence à la pompe, avance aussi Martin Landry.
Cette expansion mineure ne change pas les perspectives du géant. L’analyste renouvelle sa recommandation d’achat et son cours cible de 68 $, soit 19 fois le bénéfice qu’il prévoit en 2024.
Lion Électrique (LEV, 2,02 $ US): le premier bloc-batterie aux ions lithium produit à Mirabel
Lion Électrique (LEV, 2,02 $ US): le premier bloc-batterie aux ions lithium produit à Mirabel
La Compagnie Électrique Lion a franchi un nouveau jalon: la production d’un premier bloc-batterie aux ions lithium de marque déposée à son usine de batteries de Mirabel. La certification finale attendue au premier trimestre de 2023 serait suivie d’une augmentation progressive de la production, tout au long de 2023.
Les premières batteries produites à Mirabel alimenteront le camion Lion5 et le véhicule Lion Ambulance dont la production commerciale devrait s’amorcer au premier semestre de 2023.
Lorsque l’usine de batteries de Mirabel fonctionnera à plein régime, elle devrait être en mesure de produire annuellement des batteries d’une capacité de cinq gigawattheures.
Rupert Merer de la Financière Banque Nationale fait valoir, à l’instar des dirigeants, que l’usine de batteries et l’intégration verticale devraient procurer un avantage à la société sur le marché en lui donnant un meilleur contrôle de l’approvisionnement, du design de nouveaux véhicules et du processus de fabrication. Lion pourra aussi éventuellement transiter des bloc-batteries de BMW qu’elle utilise actuellement, ajoute l’analyste.
Pour ce faire, Lion vient de conclure une entente avec un fournisseur majeur non identifié afin d’acheter initialement 39 millions de dollars de cellules lithium-ion destinées à la fabrication de batteries, d’ici 2024.
L’annonce du premier bloc-batterie survient aussi au moment où l’usine de fabrication d’autobus électriques à Joliet en Illinois vient de démarrer.
Lion a d’ailleurs prévu des dépenses en immobilisations additionnelles de 12 millions de dollars à Joliet et de 35 M$ à Mirabel, au quatrième trimestre. La société devrait préciser le budget de dépenses pour 2023 lors du dévoilement des résultats annuels.
«Bien que les deux usines soient opérationnelles, la capacité de production sera initialement modeste puisque la société voudra préserver son capital, ce qui est positif», évoque Rupert Merer.
Lorsque les commandes dépasseront la capacité annuelle de 2500 véhicules par année de l’usine de Saint-Jérôme, Lion devrait alors accroître celles de Mirabel et Joliet, ajoute-t-il en précisant que le carnet de commandes s’élève actuellement à 2408 véhicules, dont 323 camions et 2085 autobus.
Robert Rupert recommande toujours l’achat du titre de Lion auquel il attribue la mention «spéculative».
Son cours cible reste à 3,50 $ US, soit trois fois les ventes prévues en 2023, une évaluation similaire à celle de ses semblables.
Le marché baissier de 2022, qui a secoué plus fortement les sociétés déficitaires, a fait plonger l’action de Lion de 88%. Le secteur des véhicules électriques est particulièrement mis à mal parce que les investisseurs réalisent que les fabricants auront besoin d’énormes capitaux pour mener à terme leurs projets.
Lion vient d’ailleurs de récolter presque 50 M$ US de deux placements d’actions et de bons de souscription, dont la moitié ont été achetés par son principal actionnaire Corporation Énergie Power, contrôlée par la famille Desmarais.
Aritzia (ATZ, 47,55$): de bons revenus, mais de moins bonnes marges attendus pour le détaillant de mode
Aritzia (ATZ, 47,55$): de bons revenus, mais de moins bonnes marges attendus pour le détaillant de mode
Brian Morrison, de TD Valeurs mobilières, amorce le suivi du détaillant de vêtements griffés en présentant ses prévisions pour les résultats du troisième trimestre attendus le 5 janvier, après la fermeture des marchés.
Il table sur une hausse de 29% des revenus à 585,5 millions de dollars malgré les vents économiques contraires parce que la notoriété croissante de sa marque continue d’attirer de nouvelles clientes aux États-Unis, tant en ligne qu’en boutique.
Au Canada, la chaîne n’ouvre plus de nouvelles boutiques, mais les revenus se compareront avantageusement à la période de restrictions sanitaires d’un an plus tôt.
En revanche, Brian Morrison croit que la marge brute continuera de souffrir des contraintes d’approvisionnement, d’une hausse des frais de logistique et de l’achat accru d’articles afin de pouvoir mieux répondre à la demande. Un an plus tôt, le détaillant avait raté des ventes, mais ses marges avaient profité d’un moins grand nombre de soldes.
L’analyste s’attend donc à ce que la marge brute baisse de 46,4 à 43,8%.
Les dépenses générales et administratives continuent d’augmenter en proportion des ventes parce que Aritzia investit dans sa croissance, en technologie, en recrutement et en marketing. La marge d’exploitation devrait donc diminuer de 29,2 à 24,6%.
Le bénéfice net 0,67 $ par action devrait s’améliorer de 9,6%.
Brian Morrison profite de l’occasion pour revenir sur le plan d’expansion de cinq ans qui a été dévoilé lors de la première journée des investisseurs d’octobre.
Les objectifs de l’expansion américaine qui devrait fournir 85 à 90% de la croissance prévue des revenus d’ici 2027 lui semblent atteignables à raison de 8 à 10 nouvelles boutiques par année, de ventes comparables en hausse de 7% et de l’effet de notoriété de sa marque dans chaque nouveau marché sur les ventes en ligne.
La part des revenus américains devrait passer de 50 à 70% des ventes totales, d’ici la fin de 2027.
Les objectifs pour la marge d’exploitation, de 19,2% en 2027, ont déçu certains investisseurs, mais «c’est le coût à accepter pour son parcours attrayant de croissance», dit-il en ajoutant qu’à mesure que sa taille augmente, cet objectif pourrait être revu à la hausse.
L’analyste estime aussi qu’Aritzia pourrait cumuler des flux de trésorerie excédentaires de plus d’un milliard de dollars pendant les cinq ans du plan d’affaires. «Ce bilan lui procurera une énorme flexibilité financière pour l’avenir», indique l’analyste. Son modèle incorpore le rachat annuel de 3% des actions et prévoit une progression annuelle composée de plus de 23% du bénéfice à 4,27 $ par action, d’ici la fin de 2027.
Son cours cible de 62 $ représente un multiple de 25 fois le bénéfice, soit une évaluation supérieure à la moyenne de 21,6 fois observée depuis 2016, mais moins que celle de 32 fois qu’obtient le détaillant de vêtements de yoga haut de gamme Lululemon Athletica (LULU, 312,24 $ US).
L’action d’Aritzia s’est dégonflée de 21% depuis le sommet annuel de 60,64 $ atteint en janvier.