Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, MTY, et Rogers? Voici quelques recommandations d'analystes.
Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, MTY, et Rogers? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 42,96$): une première incursion au pays des kangourous
Alimentation Couche-Tard a déposé une offre non sollicitée et conditionnelle de 7,7 milliards canadiens pour l’Australienne Caltex Australia (CTX) qui l’étudie.
Si son offre était acceptée et recevait l’aval du gendarme des investissements étrangers en Australie, l’acquisition serait la plus importante de son histoire compte tenu de la valeur totale de 9,7 milliards de dollars canadiens attribuée à Caltex, incluant la dette et les baux.
L’offre comptant de 31,13$CA par action pour le groupe intégré de raffinage, de distribution de carburant, de stations d’essence et e dépanneurs est en fait la deuxième de Couche-Tard. L’offre initiale de 28,88$CA aurait été rejetée par le conseil d’administration, le 11 octobre.
Le prix offert représente une plus-value de 16% par rapport au cours de la veille, mais de 23% par rapport au cours moyen des 30 dernières séances, révèle Ben Wilson, analyste de RBC Marchés des capitaux en Australie.
Couche-Tard a conçu son offre de façon à ce que certains actionnaires puissent recevoir 10,9% de plus après impôts si Caltex leur versait un dividende spécial autorisé de 7,59$CA par action exonéré d’impôts avant la transaction. C’est fiscalement avantageux pour ces actionnaires même si son offre diminuait d’autant.
Le plan d’arrangement proposé requiert l’aval de 75% des actionnaires lors d’un vote et de plus de 50% des votants éligibles, précise l’analyste qui assure le suivi de Caltex.
L’offre actuelle équivaut à 9,6 fois le bénéfice d’exploitation de Caltex prévu en 2020 alors que Couche-Tard s’échange à un multiple de 11,2 fois, compare M. Wilson.
«Le récent parcours de croissance de Caltex ne justifie pas de payer plus de 10 fois à notre avis», écrit-il.
À ses yeux, l’approbation de la transaction ne pose pas problème étant donné l’origine canadienne de Couche-Tard et son accès au financement, bien qu’il n’exclut pas que le conseil de Caltex demande un peu plus.
De plus, le groupe australien a déjà cité en modèle dans le passé le mode de fonctionnement de Couche-Tard pour la gestion intégrée de ses stations d’essence et dépanneurs, évoque M. Wilson.
Caltex est le plus important distributeur d’essence avec une part de marché de 34% tandis que sa raffinerie transforme 25% du pétrole australien. Ses 79o dépanneurs et stations d’essence (dont 584 sont corporatifs) auraient une part de marché estimée à 15-17%. Caltex sert toutefois plus de 1700 stations d’essence incluant ses 800 enseignes.
M. Wilson s’attend à ce que Couche-Tard revende la raffinerie Lytton de Brisbane et conclut une entente d’approvisionnement comme elle l’a fait dans le passé pour d’autres transactions du genre. Il lui attribue une valeur de 1,7 G$CA.
Pour sa part, Keith Howlett, de Desjardins Marché des capitaux, indique que les marges avant intérêts et impôts des activités au détail de Caltex qui intéressent Couche-Tard sont de 35%, bien que ces profits aient décliné au premier semestre.
L’analyste de Desjardins estime à 3,3 à 4 milliards canadien la valeur des actifs de Caltex que Couche-Tard voudrait garder. Cela se compare aux 5,8 G$CA payés pour CST Brands en 2016.
De son côté, Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, évalue que le bénéfice d’exploitation des activités au détail de Caltex ajouterait 10% à celui de Couche-Tard.
«Couche-Tard vise habituellement des synergies qui ajoutent 35 à 50 % au bénéfice d’exploitation dans ses transactions. Nos calculs préliminaires indiquent que Caltex pourrait aisément ajouter plus de 10% aux bénéfices de Couche-Tard au fil du temps», écrit-elle .
Couche-Tard dévoilera les résultats de son deuxième trimestre en fin de journée aujourd’hui et tiendra une téléconférence avec les analystes, mercredi matin.
MTY (MTY, 54,44$): le nouveau PDG prépare la prochaine phase de croissance
MTY (MTY, 54,44$): le nouveau PDG prépare la prochaine phase de croissance
Michael Glen, de Raymond James, est ressorti de deux jours de rencontres organisées avec les deux plus hauts dirigeants de franchiseur très à l’aise avec sa récente recommandation d’achat et son cours cible de 65$.
M. Glen a repris le suivi du Groupe d’alimentation MTY en octobre après être passé de Macquarie Research à Raymond James.
Éric Lefebvre a repris le flambeau du président et fondateur Stanley Ma il y a un an seulement, mais il a déjà mis en branle diverses mesures promises en novembre 2018.
«M. Lefebvre instaure les changements qui préparent l’organisation pour sa prochaine phase de croissance», écrit l’analyste.
Tous les postes clés ont été pourvus et la rémunération incitative repose désormais sur l’objectif d’augmenter le bénéfice d’exploitation de 3 à 5%, sans l’effet des acquisitions, précise M. Glen.
Pour améliorer la rentabilité de ses franchisés et relever les ventes par restaurants comparables, MTY met l’accent sur des menus rafraîchis au lieu des promotions.
«Ces mesures devraient commencer à donner de premiers résultats tangibles à partir de la deuxième moitié de 2020 et davantage en 2021», entrevoit l’analyste.
M. Glen s’attend à ce que MTY exporte un mode de fonctionnement similaire au sud de la frontière, mais qu’il sera adapté au fait que deux enseignes y sont nettement plus imposantes que les autres, soit Papa Murphy’s et Cold Stone Creamery.
L’analyste apprécie aussi que l’équipe américaine de direction, menée par Jeff Smit, soit stable depuis l’achat de Kahala Brands il y a trois ans.
MTY implante aussi un nouveau système de gestion afin de regrouper toutes les données récoltées dans l’organisation, soit celles des vingt systèmes déployés aux points de vente et celles que ses fournisseurs collectent.
Les deux objectifs: capter toutes les occasions pour obtenir des rabais de volumes et analyser plus finement l’impact des campagnes de promotion afin d’améliorer leur efficacité.
Deux millions de dollars ont été consacrés à cette initiative depuis le début de l’année.
Quant à la dernière enseigne acquise, Papa Murphy’s, l’embauche d’un nouveau vice-président d’expérience pour superviser la performance des franchises devrait apporter plus de stabilité à la chaîne qui a connu plusieurs changements de propriété et de dirigeants.
Un programme de fidélité, l’ajout de la livraison, le rajeunissement du menu et le virage numérique des dépenses publicitaires sont des mesures déjà en chantier.
Lors des rencontres, M. Lefebvre s’est dit insatisfait du grand nombre de fermetures de commerces, mais les progrès pourraient être plus lents à cet égard parce que Papa Murphy’s rationalise, les franchises au Moyen-Orient souffrent de la mauvaise économie locale tandis que Extreme Pita, Country Style et Maui Mowi sont sous pression.
En ce qui a trait aux acquisitions, MTY se limitera aux transactions de petite taille (un budget annuel de 100 millions de dollars pour des transactions de 25 à 50 millions de dollars chacune) tant que la dette, gonflée par l’achat de Papa Murphy’s, n’aura pas diminué davantage. M. Lefebvre a indiqué recevoir au moins une proposition par jour.
MTY devrait relever son dividende de 10% en janvier si l’on se fie à sa politique de distribuer de 15 à 20% des flux disponibles de l’année précédente.
En février, le franchiseur fournira un aperçu de l’impact des nouvelles normes comptables IRFS 16 sur ses résultats, notamment concernant la comptabilisation des baux.
M. Glen répète que le titre est peu chèrement évalué par rapport aux autres restaurateurs et franchiseurs en Bourse.
Le cours cible de 65$ repose sur un multiple de 17,5 fois les bénéfices prévus dans un an, ce qui se compare à sa moyenne de 20,3 fois depuis cinq ans.
Rogers (RCI.B, 63,21$): le titre est encore plus sous-évalué si on s’attarde aux actifs cachés
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Un mois après avoir signalé que le titre du fournisseur sans-fil et câblodistributeur avait été trop puni pour un troisième trimestre décevant, Vince Valentini, de TD Valeurs mobilières, revient à la charge.
Cette fois, il ajoute son évaluation des actifs «cachés» de la société pour faire valoir que le titre est sous-évalué.
M. Valentini calcule en effet que ses équipes sportives (Blue Jays, Maple Leafs et Raptors) valent 2,7 milliards de dollars.
À cela, il ajoute 1,27 G$US pour les 10,7 M d’actions que Rogers détient dans le câblodistributeur Cogeco Câble (CCA, 119,37$) et 639 M$ pour ses 6 millions d’actions de Cogeco inc. (CGO, 106,91$).
Et c’est sans compter la valeur stratégique de l’énorme arsenal de licences sans-fil qu’il juge de meilleure qualité que celles de BCE (BCE, 63,74$) et de Telus (48,89$).
M. Valentini ajoute aussi à ces actifs la valeur qu’auraient ses immeubles, ses tours de transmission et ses centres de données dans des transactions de cession-bail.
«Si les investisseurs peuvent se procurer les actions de Rogers à une évaluation similaire ou inférieure à celle de ses semblables, c’est dire qu’ils obtiennent ces actifs cachés pour rien», soutient-il.
M. Valentini répète que ses collègues et les investisseurs sous-estiment l’amélioration potentielle du bénéfice d’exploitation au deuxième semestre de 2020 une fois que le lancement du service 5G donnera plus de valeur aux nouveaux forfaits de données illimitées.
L’analyste de TD s’attend aussi à ce que ses flux de trésorerie disponibles rebondissent de 10,7% en 2021 en raison de la diminution des dépenses en immobilisations du réseau de câble.
Le 23 octobre, il avait réduit son cours cible de 89 à 82$ pour s’ajuster à l’impact des nouveaux forfaits de données illimités sur ses revenus et ses marges.