(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, Savaria et Sleep Country? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Alimentation Couche-Tard (ATD, 52,27$): Petro-Canada l’intéresse, à certaines conditions
Maintenant que l’investisseur activiste Elliott Management a obtenu du conseil d’administration de la pétrolière Suncor (SU, 41,02$) qu’il forme un comité pour examiner la vente de Petro-Canada, la chaîne de stations d’essence est en jeu. L’examen stratégique s’étalera jusqu’à la fin de 2022.
Étant donné l’envergure du réseau de 1584 stations d’essence et sa haute qualité (57 bornes de recharge rapide), Alimentation Couche-Tard sera certainement sur les rangs, mais Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux soulève plusieurs aspects à considérer dans un rapport qu’elle avait originalement publié en avril lorsque Elliott Management avait émis ses demandes dans une lettre au conseil de Suncor.
Lors de présentations institutionnelles organisées par RBC au tout début de juillet en Amérique du Nord et en Europe, le chef de la direction financière Claude Tessier avait dit suivre le dossier de Suncor de très près.
En avril, Elliott Management accordait une valeur de 10,5 à 14 fois le bénéfice d’exploitation de Petro-Canada, soit 8,5 à 12 milliards de dollars, une balise supérieure qui s’approche du prix fort payé (13,7 fois) par 7-Eleven pour Speedway, en 2020. Elliott Management était aussi derrière cette mise en vente de 21 milliards de dollars américains par Marathon Petroleum (MPC, 87,85 $US). Couche-Tard avait alors abandonné la partie pour Speedway, rappelle-t-elle.
Irene Nattel donne en exemple le prix par Couche-Tard pour les 279 stations d’essence Esso en 2017, soit un multiple de 8 à 8,5 fois le bénéfice d’exploitation ou 6 millions de dollars par établissement. Environ 82% des stations d’essence étaient en Ontario et 85% étaient la propriété d’Esso. Le réseau de Petro-Canada s’étend d’Halifax à Victoria et la moitié des établissements lui appartiennent.
L’entente d’approvisionnement entre Suncor et Petro-Canada pour le carburant est un autre facteur important à considérer, car la stratégie déployée par Couche-Tard à cet égard lui procure un énorme avantage concurrentiel aux États-Unis, tout au moins.
En raison des problèmes de concentration de marché au Québec et en Ontario que Couche-Tard rencontrerait, la société devrait probablement s’allier à un partenaire pour conclure une telle transaction. Parkland Fuel (PKI, 34,76$) est le partenaire le plus souvent cité, car en 2016 le principal distributeur indépendant de carburant avait acheté la moitié des actifs canadiens de CST Brands de Couche-Tard, pour 965 M$.
Malgré des synergies importantes, Couche-Tard doit aussi soupeser la valeur stratégique de Petro-Canada par rapport à ses autres visées puisque le marché canadien lui procure moins de 15% de ses profits bruts. Au début du mois, Claude Tessier disait étudier divers dossiers en Europe où certains acteurs sont endettés et en Asie où des pourparlers se tiennent avec une «couple» d’acteurs.
Ces conjectures remettent de l’avant le fait que Couche-Tard a les moyens financiers d’acquérir avec une «capacité d’acquisitions» de 15 G$ US et des flux de trésorerie annuels de 2 G$ US.
Irene Nattel réitère sa recommandation d’achat et maintient son cours cible de 70$ qui offre un gain potentiel de 34%.
Savaria (SIS, 12,82$): après une chute de 45%, le fabricant d’équipements de mobilité est le moins cher en huit ans
Savaria (SIS, 12,82$): après une chute de 45%, le fabricant d’équipements de mobilité est le moins cher en huit ans
En chute de 45% depuis neuf mois, le titre de Savaria a été sévèrement puni en Bourse parce que les investisseurs doutent que le fabricant d’équipements pour les personnes à mobilité réduite puisse atteindre ses objectifs de 2022.
Bien qu’il ait réduit ses prévisions annuelles, Michael Doumet de Banque Scotia juge que l’évaluation actuelle du titre, soit de 8,7 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2023, reflète déjà les risques de récession ici et en Europe, ainsi que le ralentissement appréhendé de la construction neuve qui pourrait modérer l’installation d’ascenseurs résidentiels. Ce segment procure 15% des revenus.
À son avis, la faiblesse des marges au premier trimestre était une «anomalie» amplifiée par une réduction de 7% des heures travaillées en usine à cause de la covid-19 et par le décalage entre la hausse des coûts et celle des prix de vente.
Les marges du premier trimestre devraient s’avérer le «creux» pour la société puisque les problèmes d’approvisionnement, et les tarifs de fret se sont modérés tandis que le fabricant a majoré ses prix depuis. L’analyste croit donc que le fabricant a de bonnes chances d’atteindre le bas de la fourchette des orientations financières en 2022, soit un bénéfice d’exploitation de 120 millions de dollars.
«Toute amélioration des marges au deuxième trimestre et semestre rebâtirait la confiance» des investisseurs, espère-t-il.
Une future usine au Mexique, qui sera opérationnelle en septembre, réduira les coûts de fret et les délais de livraison de pièces pour l’assemblage des équipements d’accessibilité et de soins de patients. Il faudra compter une semaine de transport par camion du Mexique au lieu de trois mois en bateau de la Chine. «À court terme, la société devra toutefois augmenter légèrement ses stocks afin de dupliquer la production» pendant la transition, explique-t-il après avoir parlé aux dirigeants.
L’usine chinoise lui procure un avantage concurrentiel que l’usine mexicaine pourra élargir une fois qu’elle fonctionnera à plein régime, renchérit-il.
L’analyste convient que la croissance plus modérée que prévu du bénéfice d’exploitation en 2022 ralentira la réduction de la dette qui atteindra 3,5 fois ce bénéfice en 2023. Cela pourrait aussi freiner la capacité d’acquisition, un aspect de la stratégie que les investisseurs apprécient.
Bien que les ventes progresseront moins vite que prévu en 2023, Michael Doumet croit que le vieillissement de la population reste une tendance structurelle favorable à long terme et que la société franchira la marque visée d’un milliard de dollars de revenus à moyen terme.
Savaria peut dégager des marges de plus de 15% d’ici 18 à 24 mois, à moins d’une récession sévère.
La société devrait donc atteindre le haut de la fourchette de 130 M$ pour le bénéfice d’exploitation, un an plus tard que prévu.
Au final, l’analyste réitère sa recommandation d’achat, mais il réduit son cours cible de 20 à 16,50$.
Sleep Country (ZZZ, 28,00$): la croissance du détaillant redevient plus normale, mais son titre est bon marché
Sleep Country (ZZZ, 28,00$): la croissance du détaillant redevient plus normale, mais son titre est bon marché
Alors que l’action du principal détaillant de matelas au pays regagne 15% en cinq séances sans raison apparente, Patricia Baker, de Banque Scotia, s’attend à ce que la croissance de Sleep Country se modère au deuxième trimestre après la frénésie pandémique.
La demande pour les matelas était si vigoureuse que les ventes par magasin comparable de matelas avaient grimpé de 66%, celles des accessoires de 69,8%, au deuxième trimestre de l’exercice 2022 par rapport à la période de confinement en 2021.
Il est d’ailleurs plus pertinent de se fier aux revenus qu’aux ventes comparables étant donné les distorsions des deux dernières années, dit-elle.
Pour le trimestre qui sera dévoilé le 28 juillet, Patricia Baker table sur une hausse de 4,1% des revenus (à 200 millions de dollars), de 3,5% des ventes par magasin comparable, de 1,1% du bénéfice d’exploitation (à 44,2 M$) et de 2,1% du bénéfice par action à 0,49$.
Malgré ce retour à la normale, l’analyste prévoit une solide hausse de 7,4% des profits bruts et de 110 points de pourcentage de la marge brute parce que Sleep Country a pu accroître le prix de vente moyen par unité vendue.
«Si la demande ralentit de la part des consommateurs plus sensibles aux prix, celle pour les produits de moyen et de haut de gamme reste robuste», évoque-t-elle.
La hausse des prix de ventes et des revenus aideront le marchand à éponger ses coûts fixes explique aussi l’analyste qui prévoit une augmentation de 13,6% des frais généraux et administratifs en raison de dépenses en marketing plus élevées.
Sleep Country/Dormez-vous a mené une stratégie systématique depuis son entrée en Bourse en 2015 pour rejoindre et attirer les clients et élargir son marché, soutient Patricia Baker qui s’attend à ce que le commerçant continue à gagner des parts de marché. L’évaluation actuelle de 8,7 fois les bénéfices prévus en 2023 sous-estime ce profil de croissance.
Le multiple d’évaluation devrait se rétablir à mesure que le détaillant «exécutera sa stratégie».
Elle renouvelle sa recommandation d’achat. Son cours cible de 47$ offre un rebond potentiel de 68%.