À surveiller: Couche-Tard, WSP Global et Parkland Corporation
Catherine Charron|Publié le 20 août 2024L'acquisition de Seven & i Holdings permettrait à Alimentation Couche-Tard de percer le marché asiatique. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Couche-Tard, WSP Global et Parkland Corporation? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 83,66$): Seven & i Holdings dans le viseur
D’une pierre deux coups, l’acquisition de Seven & i Holdings permettrait à Alimentation Couche-Tard de bâtir un géant du dépanneur aux États-Unis, mais aussi bonifier sa présence sur le marché asiatique, un de ces principaux objectifs, estime John M. Royall de JP Morgan.
En effet, les deux entités ont annoncé le 19 août 2024 que la société fondée par Alain Bouchard avait signifié son intention d’acheter l’organisation nippone connue pour sa bannière 7-Eleven. En 2023, le bénéfice avant intérêt, impôt et amortissement de Seven & i Holdings a atteint 7,5 milliards de dollars américains (G$US), dont plus que 90% proviennent de ses activités dans les dépanneurs.
Cette annonce survient moins de deux mois après qu’Alimentation Couche-Tard a dit avoir terminé son acquisition d’actifs de la société pétrolière TotalEnergies en Europe, une transaction annoncée en 2023. Toutes ces activités de fusion et d’acquisition ne sont pas concluantes, rappelle l’analyste. En 2020 et en 2021, elle a tenté de mettre la main sur d’importants joueurs comme Ampol en Australie ou Carrefour en France, sans succès.
Si les raisons de chaque tentative avortée diffèrent, elles ont toute en commun la rigueur avec laquelle la société fixait la cagnotte proposée, écrit John M. Royall. Le vent semble toutefois tourner, car la conjoncture se serait d’après elle améliorée, ce qui lui permettrait de faire davantage d’emplettes à moyen terme, rappelle l’analyste.
Mais avant que l’affaire ne soit «ketchup», bien des inconnus subsistent, prévient-il. On ne sait toujours pas par exemple quelle prime devra payer Alimentation Couche-Tard pour mettre la main sur les actions de Seven & i Holdings, ni même comment elle pourra dégager les fonds nécessaires. La société de portefeuille vaut présentement 48 G$US, rappelle l’analyste.
Selon lui, Alimentation Couche-Tard, qui sera dirigée à partir de septembre par Alex Miller, misera sur un savant mélange de capitaux propres et d’endettement, quitte à élever son effet de levier jusqu’à un multiple d’environ 3,5x son BAIIA. Ce multiple avoisine plutôt présentement les 2,2x. C’est une stratégie qu’elle a déjà adoptée par le passé lors d’importantes acquisitions, souligne John M. Royall.
L’entreprise devrait pouvoir tirer de cette acquisition des synergies de l’ordre de 30% à 60% de son BAIIA cible, estime l’analyste en se fiant à ses précédentes ententes. Celles-ci étaient toutefois plus petites, dit-il.
Si l’offre est acceptée, elle sera sujette à l’approbation des autorités comme la Federal Trade Commission.
John M. Royall maintient sa recommandation à «achat».
WSP Global (WSP 222,08$): une acquisition énergisante
WSP Global (WSP 222,08$): une acquisition énergisante
Après s’être démarquée dans les secteurs du transport, dans les bâtiments et dans les sciences de la terre et de l’environnement, voilà que WSP Global deviendra un acteur dominant dans le secteur de l’énergie grâce à l’acquisition de Power Engineers, estime Maxim Sytchev de la Financière Banque Nationale.
«WSP se taille une place dans des marchés très réglementés et défensifs qui connaissent une croissance accélérée, écrit-il dans une note. C’est la meilleure visibilité sur plusieurs années que nous ayons observée depuis longtemps.»
La société déploiera environ 2,44 milliards de dollars pour l’entreprise américaine de génie-conseil qui emploie 4000 personnes. Ça correspond à 15,2x le BAIIA prévu en 2024 de Power Engineers, si on ne tient pas compte des normes internationales d’information financière dans le calcul, précise l’analyste.
Power Engineers tire 97% de ses revenus du marché américain et entretient des relations d’affaires depuis plusieurs dizaines d’années avec des clients que l’analyste qualifie de «blue chip». Ce marché représente environ 42% des revenus de WSP Global.
Cette acquisition permettra à WSP Global d’ajouter 796 millions de dollars américains (M$US) à son chiffre d’affaires en 2024. Les marges du BAIIA devraient quant à elles atteindre 16,5%, alors que l’analyste tablait précédemment sur 17,4% cet exercice-ci.
Au cours des douze dernières années, le taux de croissance annuel composé du chiffre d’affaires de Power Engineers a atteint 10%, et s’est même accéléré depuis 2020, ce dont la société montréalaise pourrait profiter, d’après Maxim Sytchev.
Les économies liées aux synergies entre les deux sociétés devraient totaliser 25 M$US, et être perçues dès la fin de l’exercice 2026, ajoute-t-il.
Maxim Sytchev souligne qu’après la transaction, la société de consultants devrait valoir 12,5x son BAIIA prévu en 2024. C’est très attrayant selon lui, quand on sait qu’une entreprise de construction comme l’américaine Quanta Services en vaut 18,8x.
C’est pourquoi il augmente son cours cible de 251$ à 255$, et réitère sa recommandation de «surperformance de secteur».
Parkland Corporation (PKI, 35,83$): bisbille avec l’un de ses principaux actionnaires
Parkland Corporation (PKI, 35,83$): bisbille avec l’un de ses principaux actionnaires
La tension monte entre le distributeur de carburant Parkland Corporation et l’un de ses principaux actionnaires, et ça pourrait détourner l’attention des investisseurs de sur sa performance, anticipe Nate Heywood d’ATB Capital Market.
Simpson Oil qui détient 20% de Parkland Corporation estime que l’entente de gouvernance qu’elle a ratissée en janvier 2019 et qui limite son droit de vote n’est plus valide. En effet, elle est notamment contrainte d’abonder dans le même sens que le conseil d’administration de la société, à moins qu’elle n’abaisse à 5% sa participation, rappelle l’analyste.
Or, depuis qu’elle a ratissé l’entente, la plupart des membres de la direction en qui elle avait accordé sa confiance ne sont plus. Le taux de roulement que la société a connu ces cinq dernières années justifie donc selon elle que l’entente soit déchirée, rapporte l’analyste, ce pour quoi elle se tourne vers les tribunaux.
La société derrière les bannières Ultramar, Esso et Chevron réfute cet argument, et a laissé entendre dans un communiqué qu’elle tentait de tendre une perche avec son actionnaire pour trouver un terrain d’entente.
L’incertitude que cette bisbille crée «pourrait détourner l’attention des affaires et des activités de la société», miner la performance du titre et occasionner des coûts supplémentaires pour Parkland Corporation, souligne Nate Heywood.
L’entreprise a d’ailleurs clos le 16 août 2024 la vente de 500 millions de dollars américains de billets à 6,625% dont l’échéance est prévue en août 2032, indique-t-il. Cette opération lui servira à rembourser une partie d’une autre dette qui atteignait 944 M$ au deuxième trimestre de 2024.
L’analyste réitère sa recommandation à «surperformance de secteur», et son cours cible à 52$.