Le propriétaire des épiceries IGA au Québec dévoilera les résultats de son quatrième trimestre le 22 juin et il s’annonce plus tumultueux que d’habitude si l’on se fie aux mises à jour des analystes. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Coveo Solutions, Guru et Empire/IGA? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Coveo Solutions (CVO, 5,24$): la recrue malmenée en Bourse surpasse les attentes
Paul Treiber, de RBC Marchés des capitaux, est ravi des résultats du quatrième trimestre du spécialiste de l’intelligence artificielle appliquée à l’expérience client, car ils surpassent toutes ses prévisions.
L’analyste profite de l’occasion pour répéter que la recrue techno ne mérite pas de se négocier à un multiple de moins de deux fois ses ventes alors que ses semblables en Bourse obtiennent une évaluation moyenne d’encore 7,3 fois malgré un taux de croissance similaire.
Même s’il comprend que les investisseurs fuient le risque des recrues de technologie à forte croissance, mais encore déficitaire, «ça ne fait aucun sens pour nous», écrit-il, en prévoyant encore une fois que cet écart d’évaluation se rétrécira au fil du temps.
Au quatrième trimestre, le chiffre d’affaires a bondi de 46% à 25,5 millions de dollars, nettement mieux que la hausse prévue de 31%. Les revenus de logiciels en tant que services ont crû de 41% par rapport à sa prévision de 34%, sans l’effet des acquisitions.
Quant au déficit d’exploitation ajusté de 6,4 M$, il s’est avéré de 26% inférieur aux 8,7 M$ prévus. La perte par action de 0,08 $ se compare à la prévision de 0,09 $.
De plus, Coveo affirme que l’élan de croissance se maintient et que la conjoncture ne ralentit pas à ce jour les perspectives pour ses ventes futures.
Les nouvelles commandes ont grimpé de 52% à 39 M$ au quatrième trimestre, soit leur deuxième plus fort niveau de l’histoire de la société. Ses partenaires SAP et Adobe ont nettement contribué à cette performance.
Les nouveaux clients, dont Roche, UiPath et Infinera, ont fourni 60% des nouvelles commandes par rapport à une proportion de 50%, au troisième trimestre.
Les nouveaux revenus de logiciels-services ont reculé de 12% par rapport au trimestre précédent, mais ce ressac semble être de nature saisonnière, dit-il.
En 2023, l’entreprise prévoit que ses revenus progresseront de 26 à 28% à une fourchette de 109 à 111 M$, une estimation conforme aux attentes. «Ces orientations sont prudentes et pourraient augmenter», croit Paul Treiber.
Le déficit d’exploitation de 32 à 34 M$ prévu par la société en 2023 se compare aux prévisions de RBC de 36 M$. Coveo promet d’améliorer son efficacité opérationnelle pour se rapprocher de la rentabilité tout en investissant là où ça compte afin d’assurer sa croissance à long terme.
Paul Treiber hausse légèrement ses prévisions de revenus pour 2023 (110,5 M$) et 2024 (139,8 M$) et abaisse un peu les déficits prévus pour ces deux années (29,7 M$ en 2023 et 24,5 M$ en 2024).
L’analyste réitère sa recommandation d’achat, mais son cours cible passe de 14 à 13 $, ce qui représente néanmoins un potentiel de regain de 148%.
Coveo est entrée en Bourse en novembre 2021 au cours de 15 $, dans un premier appel public à l’épargne de 215 M$.
Guru (GURU, 9,65 $): les revenus ratent la cible avant un effort majeur de mise en marché
Guru (GURU, 9,65 $): les revenus ratent la cible avant un effort majeur de mise en marché
L’entente avec PepsiCo (PEP, 156,12 $ US), qui assure la distribution canadienne des produits de Guru depuis huit mois, procure au producteur de boissons énergisantes un vaste réseau de distribution, mais le partenariat rapporte encore peu.
Les revenus totaux du deuxième trimestre ont crû de 7,5% à 7,6 millions de dollars, un record qui rate la cible de Nauman Satti, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. La nature de l’entente commerciale avec PepsiCo fait en sorte que Guru ne capte pas toute la hausse du volume de boissons vendues dans ses revenus, explique l’analyste.
Ainsi, les revenus de 5,4 M$ réalisés au Canada ont baissé de 8,6% malgré le bond de 26% du nombre d’unités vendues, révèle l’analyste.
«Bien que le volume des boissons vendues soit impressionnant en absolu, la croissance des ventes au Canada a nettement raté nos attentes», écrit-il.
Ce manque à gagner explique le recul de presque 5% de l’action de Guru, le 14 juin, dont le cours n’est pas bien loin du plancher des 12 derniers mois.
Le déficit d’exploitation ajusté a quadruplé à 3,7 millions de dollars, mais il reste tout de même moins pire que prévu parce que la société a décalé certaines dépenses de marketing au troisième trimestre, précise Nauman Satti.
Nauman Satti se réjouit par contre que Guru ait pu relever ses prix de vente au détail de 6 à 10% en emboîtant le pas à ses concurrents. Sa part du marché canadien a aussi augmenté de 2,5% grâce au lancement de ses boissons dans une chaîne de dépanneurs hors du Québec.
La marque est encore peu connue hors du Québec d’où l’offensive marketing majeure que lance Guru pendant la saison estivale. Profitant du retour des foules aux festivals de toutes sortes, Guru commanditera 30 événements partout au pays entre mai et septembre. L’entreprise sera notamment le principal commanditaire de la série télévisée CTV’s Amazing Race Canada.
Avec des fonds de 53 M$ dans ses coffres, Guru a les munitions pour mener cet effort de mise en marché bien que ces dépenses creuseront le déficit à 7,1 M$ au prochain trimestre, révèle le modèle de prévisions de l’analyste.
Une fois l’année de transition 2022 passée, Guru devrait ensuite profiter de sa présence dans 90% du réseau de détail de PepsiCo, une portée qui lui aurait pris des années à reproduire seule, fait valoir Nauman Satti.
L’analyste table donc sur une croissance des revenus de 36% l’an prochain à 44,6 M$. Par contre, le déficit d’exploitation de 13,1 M$ sera presque trois fois plus élevé que ses prévisions initiales.
Les nouvelles perspectives l’incitent à réduire son cours cible de 16,50 à 15,50 $, qui repose sur un multiple de 10,5 fois les ventes prévues en 2023. La croissance potentielle de plus de 25% des revenus pendant plusieurs années justifie cette évaluation, à son avis.
Empire/IGA (EMP.A, 39,77 $): un trimestre plus tumultueux que d’habitude pour l’épicier
Empire/IGA (EMP.A, 39,77 $): un trimestre plus tumultueux que d’habitude pour l’épicier
Le propriétaire des épiceries IGA au Québec dévoilera les résultats de son quatrième trimestre le 22 juin et il s’annonce plus tumultueux que d’habitude si l’on se fie aux mises à jour des analystes.
Bien que l’inflation alimentaire semble «gérable» pour le moment et qu’Empire instaure différentes mesures pour mitiger son impact, la conjoncture donne du fil à retordre à l’épicier qui compte beaucoup moins d’enseignes à bas prix que ses concurrents dans son réseau.
Si les revenus devraient avoir bénéficié de l’effet de l’inflation des aliments en magasin, le retour des consommateurs dans les épiceries à bas prix aura eu l’effet inverse», explique Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale.
L’analyste rappelle que seulement 13 à 14% des épiceries d’Empire sont des magasins à bas prix par rapport à une proportion de 40% pour ses rivaux Loblaw (L, 112,52 $) et Metro (MRU, 67,90 $). Ces deux groupes tirent aussi de 25 à 35% de leur bénéfice d’exploitation des pharmacies par rapport à seulement 5 à 7% pour Empire.
«En conséquence, les investisseurs veulent des éclaircissements au sujet des perspectives de croissance», dit-il.
Au quatrième trimestre, l’analyste prévoit une hausse de 5% du bénéfice à 0,68 $, une estimation qui se compare au consensus de 0,70 $. Une semaine de plus que l’an dernier dans ce trimestre, le rebond des ventes par épiceries comparables par rapport à la pandémie un an plus tôt et la diminution des dépenses pour la COVID-19 compensent pour d’autres coûts totalisant 0,12 $ par action. Le rachat de 28 millions de dollars d’actions pendant le trimestre ajoute aussi au résultat par action.
La grève au centre de distribution de Terrebonne devrait avoir amputé 0,05 $ au bénéfice trimestriel. Le rachat prématuré d’une dette aura soustrait 0,03 $ au bénéfice. Finalement, le vaste déploiement de la plateforme en ligne Voilà aura aussi retranché 0,04 $ par action au bénéfice trimestriel.
Vishal Shreedhar estime que plusieurs facteurs appuieront la croissance du groupe dans la conjoncture actuelle dont la conversion des épiceries à la bannière FreshCo dans l’ouest du Canada, des gains dans les parts de marché dans la région de Toronto grâce à la plateforme Voilà et les enseignes Luongo et Farm Boy, des mesures pour optimiser les promotions en magasin ainsi que l’impact de la hausse des prix des aliments sur les revenus.
L’analyste renouvelle sa recommandation d’achat et son cours cible de 48 $, soit un multiple de 7,5 fois le bénéfice d’exploitation des épiceries, moins un «escompte» de 10% qui tient compte du fait qu’Empire chapeaute d’autres activités dont le fonds immobilier Crombie REIT et le promoteur immobilier Genstar.