Les ventes par magasin comparable ont reculé de 5,1% à cause des restrictions sanitaires en Ontario (Photo: 123rf)
Que faire avec les titres de Dollarama, Bombardier et Enbridge? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Dollarama (DOL, 57,50$): un trimestre mieux que prévu dans les circonstances
Dans une note préliminaire, Irene Nattel de RBC Marchés des capitaux se montre satisfaite des résultats du deuxième trimestre du détaillant étant donné les restrictions sanitaires imposées en Ontario où se situent 40% des magasins.
L’analyste avait prévu un recul de 1,6% des revenus totaux alors qu’ils ont augmenté de 1,6%, à un peu plus d’un milliard de dollars.
Le bénéfice par action de 0,48$, en hausse de 4,3%, a aussi dépassé ses prévisions (de 0,46$), bien que le consensus visait 0,49$ par action.
La marge brute de 43,4% a par contre légèrement raté sa cible parce que Dollarama a vendu moins d’articles saisonniers et de jardinage plus rentables en raison de l’interdiction ontarienne de vendre des articles non essentiels pendant les cinq premières semaines et demie du trimestre.
Le recul des dépenses d’exploitation a en partie compensé ce manque à gagner si bien que la marge d’exploitation de 28,5% a rencontré ses attentes. Les coûts directs liés à la COVID-19 ont en effet chué de 33 à 11M$. L’amélioration de 5,7% du bénéfice d’exploitation est supérieure à la hausse de 2,6% que l’analyste avait prévue.
Irene Nattel signale aussi que les habitudes de consommation reviennent à la normale puisque la facture moyenne a baissé de 8,7% par rapport aux forts achats pandémiques un an plus tôt alors que le nombre de transactions a augmenté de 3,9%. Après la levée des restructions ontariennes, les ventes comparables ont rebondi de 5,1%.
L’analyste aimerait en apprendre plus au sujet des perspectives pour les marges brutes lors du deuxième semestre et en 2023, de la capacité du détaillant à refiler aux clients la hausse des coûts d’approvisionnement et de transport et de l’ajout d’articles plus chers à son assortiment, mais elle risque d’avoir à patienter.
Dollarama se limite à deux prévisions pour 2022, soit l’ouverture de 60 à 70 nouveaux magasins et des dépenses en capital de 160 à 170 M$, en raison de l’incertitude persistante causée par la pandémie.
En attendant la téléconférence, Irene Nattel maintient sa recommandation d’achat et son cours-cible de 68$.
Bombardier (BBD.B, 1,91$): le potentiel du redressement offre un rapport risque-rendement acceptable
Bombardier (BBD.B, 1,91$): le potentiel du redressement offre un rapport risque-rendement acceptable
Bien que son action ait septuplé depuis un an, Tim James de TD Valeurs mobilières croit que Bombardier peut encore prendre de l’altitude.
Maintenant que le titre a rejoint son cours cible précédent de 1,95$, l’analyste juge que le temps est venu de le relever à 2,50$, pour un gain potentiel d’encore 29,5%.
Tim James considère que les résultats du deuxième trimestre dévoilés en août tout comme l’augmentation des objectifs annuels reflètent la solide reprise de la demande pour les jets d’affaires prisés par les voyageurs fortunés.
L’analyste croit que les investisseurs gagneront en confiance que l’entreprise puisse atteindre ses objectifs de 2025 à mesure que les progrès de son redressement apparaîtront de plus en durables.
Il augmente donc l’évaluation du titre de 8 à 9 fois le bénéfice d’exploitation, un multiple qui est inférieur à la moyenne de 10 fois des cinq dernières années.
«Ce multiple est approprié compte tenu de l’évaluation similaire du secteur, du redressement qui commence, du prochain retour des flux de trésorerie disponibles et de la vente des activités problématiques des trains et des avions commerciaux», explique-t-il.
Bombardier jette les bases d’un modèle d’affaires «durable», ajoute l’analyste qui prévoit que les marges bénéficieront de l’effort pour réduire les coûts de l’appareil Global 7500, pour optimiser le réseau d’usines et la main-d’œuvre et pour diminuer les dépenses générales.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour mesurer l’impact qu’auront les premiers succès du redressement sur les orientations de 2025, Tim James croit que chaque trimestre de bons résultats concrétisera le fort potentiel qu’offre la réalisation des objectifs.
Selon les hypothèses utilisées pour les marges et la réduction de la dette, le titre pourrait grimper jusqu’à une nouvelle fourchette de 3,80 à 5,20$ d’ici la fin de 2023, indique l’analyste dans un modèle.
L’endettement encore élevé de Bombardier lui confère un risque plus élevé que ses semblables, reconnaît-il, mais le potentiel de rendement ajusté pour le risque justifie l’achat «spéculatif» du titre, conclut-il.
Enbridge (ENB, 51,19$): un achat stratégique à bon prix au Texas
Enbridge (ENB, 51,19$): un achat stratégique à bon prix au Texas
Avec l’achat de Moda Midstream, l’exploitant d’oléoducs de Calgary met la main sur un actif stratégique de qualité, et à bon prix, qui ajoutera aux bénéfices et aux perspectives de croissance interne, résume Robert Catellier de CIBC Marchés mondiaux.
Moda exploite le plus important terminal de logistique et d’exportation de pétrole brut en Amérique du nord, Ingleside Energy Center. Le quart des volumes exportés en 2020 y ont transité.
La transaction de 3 milliards de dollars américains au comptant inclut aussi cinq oléoducs qui acheminent le pétrole du bassin sédimentaire Permien et du gisement de shale Eagle Ford à l’immense port texan Corpus Christi.
Le terminal tire 90% de ses revenus de contrats à long terme qui procurent des flux de trésorerie prévisibles. Les coûts avantageux du terminal solidifient aussi le renouvellement de ces contrats, fait valoir l’analyste.
Cet achat améliore aussi le bilan d’Enbridge. Le ratio qui compare la dette au bénéfice d’exploitation passe à 4,6 fois, ce qui laisse à la société les moyens financiers de continuer à racheter ses actions et à verser ses dividendes, assure Robert Catellier.
«Pour soutenir la confiance de ses actionnaires, il est important qu’Enbridge démontre qu’elle peut réinvestir son capital à bon escient», renchérit-il.
L’analyste de CIBC se dit surpris par le bon prix payé par Enbridge pourModa, soit un multiple de 8 fois le bénéfice d’exploitation. Il attribue cette situation à la rareté d’acheteurs pour ce type d’infrastructures dans l’industrie de l’énergie fossile.
Pourtant, un projet solaire de 60 MW sur les vastes terrains inutilisés autour du terminal vont sensiblement diminuer les futures émissions de carbone, d’ici 2050, dit-il.
Moda peut aussi envisager des projets de carburant renouvelable, d’entreposage de gaz liquides et de produits pétrochimiques ainsi que de captage de carbone.
À moyen et long terme, les actifs acquis offrent aussi un potentiel d’expansion. La capacité d’entreposage de pétrole brut peut passer de 15,6 à 21 millions de barils tandis que la capacité d’exportation peut augmenter de 1,5 à 1,9 million de barils par jour. Au total, ces projets représentent des revenus potentiels d’un milliard de dollars américains.
Dans l’intervalle, l’achat ajoutera 3% au bénéfice et 3,6% aux flux de trésorerie distribuables d’Enbridge dès 2022.
L’analyste augmente légèrement son cours cible de 57 à 58$ et réitère sa recommandation d’achat.