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À surveiller : Dollarama, Goodfood et Boyd Group

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller : Dollarama, Goodfood et Boyd Group

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Dollarama, Goodfood et Boyd Group? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Dollarama (DOL, 81,69$) : les résultats risquent peu de soulever le titre qui a déjà grimpé de 29%

Le détaillant d’articles à petits prix dévoilera les résultats du troisième trimestre, tôt en matinée le 7 décembre. Chris Li, de Desjardins Marché des capitaux, ne s’attend pas à ce que la hausse de 5% des ventes par magasins comparables et de 11 % du bénéfice fasse réagir le titre qui s’est déjà apprécié de 29% en 2022 à ce jour.

Le bénéfice de 0,68$ par action que prévoit l’analyste est légèrement inférieur au consensus de 0,70$ parce que ses hypothèses sont plus prudentes que celles de ses collègues en ce qui a trait à la marge brute et aux dépenses générales et administratives.

Chris Li s’attend à ce que la marge brute diminue de 60 points de pourcentage à 43,8% parce que les clients priorisent les articles essentiels moins rentables pour le détaillant.

Les dépenses générales et administratives en proportion des revenus s’amélioreront de 20 points de pourcentage, à 14%, grâce aux économies d’échelle. Toutefois, les dépenses de main-d’œuvre devraient avoir augmenté.

L’analyste a aussi légèrement abaissé ses estimations pour tenir compte de la hausse des taux sur les frais d’intérêts qui devraient avoir augmenté de 23 à 28 millions de dollars, au troisième trimestre. La dette nette de Dollarama s’élève à 3,5 milliards de dollars.

«Les résultats réaffirmeront que les tendances progressent bien et donneront confiance aux investisseurs que la croissance des bénéfices peut dépasser 10% l’an prochain», ajoute-t-il.

Enfin, la quote-part de 50,1% des profits de la filiale d’Amérique latine, Dollarcity devrait avoir augmenté de 7 à 10 M$, prévoit l’analyste, grâce au plus grand nombre de magasins et à la hausse de certains prix. Par contre, Dollarcity dépense davantage pour ouvrir de nouveaux magasins, au Pérou notamment.

M. Li prévoit que Dollarcity comptera 800 magasins d’ici 2029, par rapport au total actuel de 600.

L’analyste reste positif à long terme et considère que le titre mérite une plus-value étant donné son profil assez unique dans le petit marché canadien.

Le détaillant bénéficie aussi de l’inflation qui lui envoie de nouveaux clients et de l’ajout d’articles à des prix de plus de 4$.

Chris Li en recommande toujours l’achat du titre et fixe sa cible à 91$, soit un multiple de 25,5 fois le bénéfice prévu en 2025.

Goodfood (FOOD, 0,63$): les résultats ne convainquent pas RBC qui juge le titre purement spéculatif

Goodfood (FOOD, 0,63$): les résultats ne convainquent pas RBC qui juge le titre purement spéculatif

Malgré des résultats conformes aux orientations fournies lors de l’abandon de la livraison rapide de l’épicerie sur demande à la mi-octobre, Paul Treiber, de RBC Marchés des capitaux, rétrograde le titre à l’équivalent d’une recommandation de vente, attribue au titre la mention «risque spéculatif» et maintient sa cible de 0,35$.

L’action de Marché Goodfood s’est pourtant relevée de 96 % en deux séances après le dévoilement de revenus en baisse de 37 % à 50 millions de dollars) et d’un déficit d’exploitation (de 1,9 M$) de six fois inférieur à celui d’un an plus tôt, ainsi que d’une perte de 0,18$ par action et des flux de trésorerie déficitaires de 18 M$ mieux que le consensus.

Le titre reste risqué pour trois raisons: la société continue de gruger ses liquidités et le marché de plats en boîte reste très compétitif et fondamentalement difficile tandis que la mauvaise conjoncture pourrait réduire davantage les achats des consommateurs et compliquer le refinancement de ses emprunts bancaires.

Les liquidités de Goodfood ont fondu de 99 à 37 M$, entre le troisième et le quatrième trimestre et pourraient baisser jusqu’à 29 M$ au premier trimestre en raison des paiements liés à sa restructuration et des pertes à encourir.

Goodfood tente de renégocier son prêt bancaire et de mettre fin à ses baux après avoir prévenu en octobre « d’incertitudes significatives quant à sa capacité à poursuivre son exploitation», rappelle aussi l’analyste.

Même dans son principal créneau, les revenus des repas en boîte prêts à cuisiner ont chuté de 43% par rapport à un an plus tôt et de 4% par rapport au troisième trimestre. Le nombre de clients actifs a aussi baissé de 37%, à 157 000, soit 31 000 de moins qu’avant la pandémie, précise Paul Treiber.

«Bien que la société entrevoit des marges brutes de 30% et le retour à la rentabilité, la concurrence est si intense que son service de repas en boîte prêts à cuisiner peinait à couvrir ses dépenses dans le passé», rappelle l’analyste. Lors de la période de 12 mois qui a précédé la pandémie, la marge brute de ce service n’était que de 20% et la marge d’exploitation ajustée était déficitaire de 7%, ajoute-t-il.

Le ralentissement des dépenses des consommateurs pourrait diminuer ses revenus alors que le point mort de son plan de redressement exige des revenus de 45 à 50 M$.

«Même dans l’hypothèse que Goodfood puisse verser 5 M$ pour mettre fin à des baux totalisant 69 M$, le titre s’échange encore à un multiple de 0,2 fois les revenus des 12 prochains mois, une évaluation qui correspond aux autres fournisseurs de plats prêts à cuisiner.

Au final, même au cours actuel, le rapport risque-rendement n’est pas intéressant juge l’analyste.

«Les perspectives fondamentales pour les investisseurs se sont détériorées», conclut-il.

Boyd Group (BYD, 215,73$): le carrossier laisse les problèmes pandémiques derrière lui

Boyd Group (BYD, 215,73$): le carrossier laisse les problèmes pandémiques derrière lui

Malgré le rebond de 70% du titre du regroupement de carrossiers depuis juin, le nouvel analyste de Valeurs mobilières Banque Laurentienne assigné à la couverture de Boyd Group Services relance le suivi avec une recommandation d’achat et un cours cible de 264$.

Ce cours cible équivaut à un multiple de 17,5 fois le bénéfice d’exploitation (non conforme à la nouvelle comptabilité IFRS des baux) et de 22 fois les flux de trésorerie disponible, prévue en 2024.

Cette évaluation est légèrement supérieure à celle d’une transaction privée dans l’industrie conclue en 2019 pour l’achat minoritaire d’un concurrent, justifie Jonathan Lamers. Il rappelle aussi que Boyd se négociait dans une fourchette de 18 à 22 fois les flux de trésorerie disponibles pendant les cinq années avant la pandémie.

Les flux de trésorerie constituent le bon étalon de mesure pour le groupe puisque Boyd a dégagé des flux excédentaires de 180% supérieurs aux bénéfices en moyenne au cours des dix dernières années, renchérit l’analyste.

Jonathan Lamers croit aussi que le pire des pressions inflationnistes (sur la main-d’œuvre et les pièces) est passé et que la croissance interne et par acquisition du groupe pourra retrouver un niveau plus normal et ainsi ramener le titre dans sa trajectoire de croissance composée à long terme.

Depuis la pandémie, Boyd ne réussissait pas à refiler aux assureurs la hausse des coûts de main-d’œuvre et de pièces de rechange automobiles. Or, «les résultats des deux derniers trimestres démontrent que l’amélioration du taux de remboursement des réclamations par les assureurs est suffisante pour ramener les marges brutes au niveau historique et accélérer la croissance des ventes par établissements comparables», explique l’analyste.

Au troisième trimestre, la marge brute de 45,1% a retrouvé la moyenne de 2017 à 2019, une nette amélioration par rapport à la période entre le troisième trimestre de 2021 et le premier de 2022, dit-il.

Boyd prévoit que le taux de remboursement des assureurs et ses dépenses de main-d’œuvre continueront à s’améliorer. «Les assureurs semblent avoir compris le besoin de préserver le réseau des carrossiers», évoque aussi l’analyste.

Jonathan Lamers s’attend à ce que la marge d’exploitation retourne à ce qu’elle était entre 2017-19, soit 13,9%, à mesure que l’embauche et la formation de nouveaux techniciens lui permettront de mieux répondre à la demande.

De plus, l’industrie nord-américaine des carrossiers est encore très fragmentée puisque 58% des revenus proviennent encore d’ateliers uniques. Cela procure à l’acquéreur en série d’amples occasions pour atteindre ses objectifs, d’ici 2025.