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À surveiller: Dollarama, Metro et CSX

Dominique Beauchamp|22 avril 2021

À surveiller: Dollarama, Metro et CSX

(Photo: Roméo Mocafico pour Unsplash)

Que faire avec les titres de Dollarama, Metro et CSX? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Dollarama (DOL, 58,25$): des rencontres qui donnent confiance

Après avoir organisé des rencontres avec les dirigeants pour ses clients, Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, se dit plus à l’aise avec sa vision optimiste des perspectives du détaillant.

Les résultats réalisés pendant la pandémie ont démontré la résilience du modèle d’affaires ainsi que l’attrait des magasins en tant que destination pour les achats de tous les jours. La facture moyenne est passée de 11 à 14$.

«La proposition de valeur, l’assortiment des marchandises et la loyauté des clients sont tels que ces derniers ont reporté des achats pendant les restrictions sanitaires pour revenir en magasin dès leur assouplissement», rapporte l’analyste.

L’analyste fait remarquer que Dollarama a bien performé malgré la montée en puissance des ventes en ligne, ce qui témoigne de la force d’attraction de son réseau physique de magasins.

Dollarama pourrait ajouter pour la première fois une catégorie de prix supérieure à 4$, si l’inflation accélérait, mais le marchand estime qu’il peut encore relever certains prix de vente des articles déjà en magasin, et augmenter la pénétration de ces catégories de prix, avant de passer à ce niveau.

Ceci dit, les marges brutes s’annoncent stables pour 2022 parce que les coûts d’approvisionnement et de logistique augmentent.

Dollarama modifie annuellement le quart de son assortiment et l’augmentation de certains prix de vente peuvent avoir un effet majeur. Un article de 2$ qui passe à 3$ représente un bond de 50%, donne-t-elle en exemple.

Dollarama a aussi discrètement lancé une application mobile non transactionnelle et un portefeuille numérique en 2020 qui lui permettent de mieux analyser les préférences d’achat des clients. C’est d’ailleurs l’un des mandats du nouveau chef de la direction financière.

L’objectif de 2000 magasins au Canada d’ici dix ans offre pr ailleurs un plan de vol bien visible, à son avis. Les ventes par magasin croissent (3 M$ actuellement) tandis que les dépenses d’exploitation par magasin baissent, si bien que Dollarama récupère ses investissements initiaux en moins de deux ans.

Les dirigeants ont aussi confirmé leur intention d’accélérer le rachat d’actions en 2022, maintenant que la dette équivaut à 2,69 fois le bénéfice d’exploitation.

Irene Nattel réitère donc sa recommandation d’achat et son cours-cible de 68$, ce qui offre un gain potentiel de 17%. Le cours cible repose sur un multiple de 24 fois le bénéfice de la période de 12 mois terminée au premier trimestre de 2024.

Metro (MRU, 58,33$): les marges impressionnent le plus

Metro (MRU, 58,33$): les marges impressionnent le plus

Patricia Baker de Banque Scotia se montre épatée par les résultats du deuxième trimestre qui démontrent encore une fois une exécution exemplaire.

L’épicier bénéficie de l’inflation alimentaire de 2% et de la hausse de la facture moyenne parce que les clients limitent leurs déplacements et fréquentent plus des épiceries conventionnelles que celles au rabais.

Bien que les ventes par épiceries comparables baisseront au prochain trimestre, car elles se compareront au pic pandémique de 2020, l’épicier gagne des parts de marché et attire de nouveaux clients à ses magasins, dit-elle.

«Au cours des prochains trimestres, il sera donc plus important de suivre les ventes absolues que les ventes comparables en raison de la distorsion de la pandémie», dit-elle en ajoutant que ces ventes resteront supérieures au niveau d’avant la pandémie.

L’exécution se manifeste par sa performance sur deux ans: une croissance des ventes comparables en épicerie de 15,1%, du bénéfice d’exploitation de 19,8% et de 30% du bénéfice, met aussi en relief l’analyste.

Patricia Baker est impressionnée par les marges d’exploitation de 9,4% du deuxième trimestre qui soutiennent le niveau d’un an plus tôt malgré les contraintes imposées aux pharmacies Jean Coutu et les ventes exceptionnelles du même trimestre un an plus tôt. «Cette performance démontre les efforts continus de l’épicier pour amortir la hausse des coûts», dit-elle.

Le bond des ventes d’épicerie en ligne de 240% est aussi notable et Metro continue d’investir dans ce service pour répondre à la demande. À la fin de septembre, 170 épiceries offriront le service de commandes en ligne et de collecte en magasin

La première épicerie « fantôme » entièrement dédiée à ce service ouvrira cet été et ajoutera à la capacité.

La chaîne Adonis offre depuis peu le service de livraison le jour même.

Cet été, une première épicerie de la région d’Ottawa sera aussi dédiée à la livraison des commandes en ligne de la région.

Si les épiceries seront moins fréquentées que pendant le pic de la pandémie, la campagne de vaccination en pharmacie devrait stimuler les ventes après les restrictions sanitaires de 2020.

Cela donnera un coup de coupe au Groupe Jean Coutu dont les ventes de marchandises des magasins comparables ont baissé de 10,5% au deuxième trimestre à cause de l’interdiction des ventes de marchandises non essentielles imposée pendant six semaines au Québec.

Metro poursuit aussi ses investissements en technologie. Quelque 260 épiceries bénéficient de caisses libre-service tandis que 120 d’entre elles ont installé des étiquettes de prix électroniques. D’ici la fin de 2021, 90 autres établissements s’ajouteront à cet effort.

Au cours des prochaines semaines, le centre de distribution semi-automatique de Toronto devrait avoir atteint la capacité pour servir tous les magasins de sa région. La construction du nouveau centre de distribution entièrement automatisé achève et devrait ouvrir ses portes en janvier 2022.

Metro continue aussi sa répartition hors pair du capital, ayant racheté 238,9 millions de dollars de ses actions à 56,21$ chacune, depuis le début de l’année.

Contrairement à certains collègues, Patricia Baker entrevoit encore un bon potentiel d’appréciation pour le titre de Metro. Son nouveau cours cible de 68$ offre un gain potentiel de 16,5%.

Ce cours cible repose toutefois sur un multiple de 18 fois le bénéfice prévu en 2022, un niveau que ses collègues ne sont pas prêts à accorder.

À (re)lire: Comment un analyste choisit ses titres de consommation

CSX (CSX, 102,69$US): un choix de reprise pendant que CN et CP s’affrontent pour Kansas City Southern

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Malgré les résultats inférieurs aux prévisions du premier trimestre, Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux, recommande à nouveau l’achat de CSX qu’il juge bien positionné pour la reprise.

Le quatrième chemin de fer en termes de revenus tire en effet 70% de ses revenus du transport de produits de clients de type industriel qui devrait bénéficier de la reprise économique américaine.

«Le transport de wagons industriels ajoute le plus aux marges lors des reprises cycliques», ajoute Fadi Chamoun. Il prévoit que les tarifs de transport augmenteront plus que les coûts.

Déjà, le transporteur établi en Floride ressort des équipements stockés pour se préparer à la récupération de la demande de la part des expéditeurs.

CSX devrait en profiter doublement, croit l’analyste parce que l’augmentation des revenus survient après un nouvel effort d’efficacité de sa part.

Pour 2021, les dirigeants tablent d’ailleurs sur une croissance de plus de 10% des revenus, le double des attentes.

En même temps, les dépenses en capital de 1,7 à 1,8 milliards de dollars américains sont modérées ce qui libérera de solides flux de trésorerie excédentaires que la société pourra partager avec ses actionnaires.

La ré-accélération de la croissance des bénéfices, les flux excédentaires et la hausse du rendement du capital ne sont pas les seuls arguments en faveur de CSX.

Fadi Chamoun croit que le duel entre Canadien Pacifique (CP, 444$) et Canadien National (CNR, 138,59$) pour Kansas City Southern (KSU, 297,65$ US) pourrait faire de CSX une proie d’acquisition alléchante pour tout acquéreur qui voudrait défendre sa position concurrentielle .

«Un tel scénario potentiel devrait s’intégrer graduellement à son évaluation», avance l’analyste.

Dans l’intervalle, il relève ses prévisions de revenus de 11,5 à 11,7 G$US pour 2021 et de 12,1 à 12,4G$ US pour 2022.

Ses estimations de bénéfices par action augmentent aussi de 2,33 à 4,34 $US en 2021 et de 4,78 à 4,92$US en 2022, soit une croissance de 13%.

Son cours-cible augmente de 95 à 110$US. Puisque CSX a gagné 4% le 21 avril, le gain potentiel est passé à 7,2%.