Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

À surveiller: Dollarama, Metro et Pfizer

Dominique Beauchamp|15 mars 2023

À surveiller: Dollarama, Metro et Pfizer

Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, s’attend à un solide quatrième trimestre pour le marchand grâce à plusieurs facteurs favorables. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Dollarama, Metro et Pfizer? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Dollarama (DOL, 75,59$): solide trimestre et hausse de 10% du dividende en vue

Comme ses collègues, Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, s’attend à un solide quatrième trimestre pour le marchand grâce à plusieurs facteurs favorables. Les résultats seront dévoilés le 29 mars tôt en matinée.

L’analyste prévoit une hausse de 13% des revenus (à 1,38 milliard de dollars) et du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (à 446 millions de dollars. Dollarama aura encore bénéficié de l’effet de l’inflation sur les prix moyens [de l’ordre de 7,7%] et de l’afflux de clients en quête de bas prix pour leurs achats courants.

Les ventes par magasins comparables devraient avoir augmenté de 9,6%, par rapport à la hausse de 5,7% d’un an plus tôt grâce à la hausse d’un pourcent de la facture moyenne et de 8,5% du nombre de transactions.

Par contre, la marge brute devrait avoir fléchi de 50 points de pourcentage à 44,7% en raison de la plus grande proportion d’achats de produits de consommation courante moins rentables, dont les aliments, et des coûts de logistiques plus élevés. En dollars toutefois, la marge brute devrait avoir augmenté de 11% sous l’effet des ventes accrues.

Dollarama aura aussi profité de l’effet favorable du levier d’exploitation par lequel les dépenses générales et administratives baissent en proportion des ventes. L’analyste prévoit un repli de 42 points de pourcentage de ces dépenses à 14,1%. Des frais pandémiques de 4,4M$ d’il y a un an ne se répéteront pas non plus.

L’amélioration de la chaîne d’approvisionnement devrait également avoir diminué les besoins en fonds de roulement du détaillant qui avait «sécurisé» ses marchandises pendant la période de pénurie. Les stocks devraient donc passer d’un milliard de dollars à 841M$, entre le troisième et le quatrième trimestre.

Le bénéfice devrait croître de 15% à 0,85$ par action, une prévision conforme au consensus. Le dividende devrait aussi augmenter de 10% à 0,061$ par trimestre.

L’analyste profite de l’occasion pour présenter ses perspectives pour 2024 qui deviennent le nouveau point focal des investisseurs. La hausse des prix moyens, le plus grand nombre d’articles offerts à plus de 4$ chacun, de nouveaux magasins tant pour Dollarama que pour sa filiale Dollarcity en Amérique latine, des gains d’efficacité en magasin et le rachat d’actions produiront ensemble une autre bonne année.

Vishal Shreedhar prévoit une progression de 5,6% des ventes par magasin comparable, une marge brute inchangée de 43,5%, un repli d’encore 15 points de pourcentage des dépenses générales et administratives et une augmentation de 16,6% du bénéfice à 3,15$ par action, qui correspond aussi au consensus.

La performance opérationnelle de Dollarama gagne en importance pour sa trajectoire en Bourse étant donné que le titre obtient une plus-value. L’action s’échange à un multiple de 25 fois les bénéfices prévus dans 12 mois, légèrement au-dessus de la moyenne des cinq dernières années.

Pour sa part, l’analyste est confiant que Dollarama peut continuer à surpasser le marché et ses semblables en Bourse dans la conjoncture actuelle étant donné sa capacité à renouveler annuellement 30% de l’assortiment de marchandises en magasin afin de s’ajuster à l’inflation tout en offrant des articles à bas prix.

Le marchand réduit notamment le format ou la quantité de certains articles emballés afin de «gérer» les ventes, les marges et les prix de vente.

La concurrence s’avive parce que tous les détaillants tentent d’offrir des articles à prix promotionnel afin d’attirer les clients, de stimuler les achats et de contrer l’érosion du pouvoir d’achat, reconnaît l’analyste. En même temps, la hausse généralisée des prix est favorable à Dollarama qui peut suivre le mouvement.

La «demande» persistante de la part des investisseurs pour les titres aux attributs «défensifs» devrait également soutenir la trajectoire de l’action en Bourse.

Vishal Shreedhar renouvelle sa recommandation d’achat et conserve son cours-cible de 90$, soit 26 fois le bénéfice prévu à la mi-2024.

Metro [MRU, 69,30$]: l’épicier améliore encore son efficacité, mais la conjoncture s’en mêle

Metro [MRU, 69,30$]: l’épicier améliore encore son efficacité, mais la conjoncture s’en mêle

George Doumet, de Banque Scotia, est revenu d’une visite de quatre magasins de différentes enseignes de Metro dans la grande région de Montréal avec le chef de la direction financière, François Thibault, assez convaincu que le marchand peut encore gagner en efficacité bien que la productivité soit dans son ADN depuis des lustres.

Avec ses clients, l’analyste a visité une épicerie au rabais Super C à Vaudreuil, un supermarché moyen-oriental Adonis à Dollard-des-Ormeaux, ainsi qu’une pharmacie Jean Coutu et un épicier conventionnel Metro à Mont-Royal.

Metro peut encore améliorer sa chaîne d’approvisionnement, optimiser ses magasins et augmenter la superficie là où ça rapporte le plus, résume-t-il.

Dans un court compte-rendu, l’analyste donne plusieurs exemples des investissements de Metro dans son réseau ces dernières années, dont la fermeture de 32 épiceries conventionnelles et l’ouverture de 40 magasins au rabais Super C et Food Basics entre 2013 et 2022.

En 2023, deux Super C de plus ont ouvert leurs portes au Québec alors que l’ouverture de deux autres Super C et deux Food Basics de plus est prévue cette année.

En même temps, Metro continue de rénover et d’ouvrir des épiceries conventionnelles. En 2022, 17 de ces magasins ont été remodelés et trois autres le seront, au premier trimestre.

Autre exemple d’investissements en efficacité, Metro a équipé 454 épiceries de caisses en libre-service et 243 en étiquettes électroniques l’an dernier. En 2023, 60 autres établissements compteront des kiosques en libre-service tandis que 85 autres seront munis d’étiquettes électroniques.

Au total, c’est 800 millions de dollars que Metro consacrera à ses investissements en immobilisations en 2023, par rapport à 621M$ en 2022.

La chaîne d’approvisionnement est en tête des priorités. La première phase du centre de distribution de produits frais, incluant la zone de réfrigération entièrement automatisée, est fonctionnelle et apporte déjà des gains de productivité en réduisant les livraisons aux magasins par des tierces parties, donne-t-il en exemple.

Le centre de distribution de produits frais et surgelés à Terrebonne sera opérationnel en septembre tandis que l’expansion de celui de Laval sera complétée en 2024. Enfin, l’automatisation de la section des aliments frais du centre de distribution de Toronto devrait aussi s’amorcer en 2024.

Malgré le potentiel de toutes ces initiatives, George Doumet reste neutre envers le titre de Metro pour des considérations surtout externes. L’analyste s’attend notamment à ce que les coûts de main-d’œuvre baissent moins vite que l’inflation alimentaire, au cours des prochaines années.

De plus, dans la future reprise économique, l’intérêt des investisseurs pour les titres de tous les épiciers pourrait aussi se faner au profit des industries plus cycliques, entrevoit-il aussi.

À court terme toutefois, George Doumet reconnaît que le titre de Metro pourrait bénéficier si l’inflation alimentaire s’avérait plus persistante qu’escomptée et si l’économie devait se détériorer plus que prévu.

Malgré le potentiel de gain 15% qu’offre son cours-cible de 79$, l’analyste de Banque Scotia ne recommande pas l’achat du titre qu’il voit évoluer en ligne avec son industrie.

Pfizer [PFE, 39,52$ US]: un achat «transformationnel» en oncologie à long terme

Pfizer [PFE, 39,52$ US]: un achat «transformationnel» en oncologie à long terme

Les investisseurs n’ont pas applaudi l’annonce par Pfizer de l’acquisition de la société de biotechnologie spécialisée en l’oncologie Seagen [SGEN, 200,20$ US] pour 43 milliards de dollars américains, mais un analyste affirme que «c’est la transaction qu’il voulait voir Pfizer réaliser». Il avait d’ailleurs pointé Seagen en tant que proie attrayante en avril 2022.

Le géant pharmaceutique puise en effet dans les fonds obtenus de la vente des vaccins et des traitements contre la COVID-19 dans un achat transformationnel pour sa division oncologique, se réjouit Evan David Seigerman, de BMO Marchés des capitaux. Cet achat doublera le nombre de traitements oncologiques de Pfizer.

L’achat majeur devrait ajouter quelque 2,2G$ US aux revenus de Pfizer dès 2023 et plus de 10G$ US, en 2030. Quatre des traitements de Seagen sont déjà approuvés.

La complexité des traitements à base d’anticorps monoclonaux de la plateforme de Seagen diminue les risques que d’autres mettent au point des versions biosimilaires, fait aussi valoir l’analyste de BMO.

Pfizer estime les économies cliniques et financières à réaliser à 1G$ US, à partir de la troisième année. La transaction devrait devenir rentable en 2027-2028.

«Pfizer obtient des actifs qui génèrent déjà des revenus ainsi qu’un pipeline diversifié et croissant de futurs produits. L’achat a l’envergure pour améliorer les perspectives de croissance», dit-il. L’analyste admet qu’une série de plus petites transactions n’aurait pas atteint les objectifs fixés pour 2030.

En plus des achats de Biohaven, Arena, de GBT et d’autres, Seagen ferait ainsi passer les revenus de Pfizer à 25G$ US en 2030, abstraction faite des produits contre le coronavirus, estime-t-il.

«C’est exactement ce que le médecin a prescrit. Pfizer s’appuie sur la force de son bilan pour déployer du capital à bon escient, en route pour livrer la progression annuelle promise de 6% des revenus et un chiffre d’affaires de 70G$ US en 2030», renchérit l’analyste. Pfizer empruntera quelque 31G$ US pour réaliser l’achat.

Puisque la transaction sera conclue à la fin de 2023 ou au début de 2024, le modèle financier de l’analyste ne change pas pour l’instant. Evan David Seigerman ne touche donc pas à son cours-cible de 53$ US et maintient sa recommandation d’achat.