(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de DRI Healthcare, Wesdome et Maple Leaf? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
DRI Healthcare (DHT.U, 11,23$): sa crédibilité en prend un coup
Rien d’étonnant à ce que les investisseurs aient pris leurs jambes à leur cou en apprenant que le PDG de DRI Healthcare, Behzad Khosrowshahi, s’était fait montrer la porte par le conseil d’administration de la société, d’après Scott Fletcher de CIBC Marchés des capitaux.
L’annonce de l’enquête sur ses dépenses «irrégulières» et de son départ les a pris par surprise. Or, la société œuvre en monétisation des redevances pharmaceutiques, un secteur que l’analyste qualifie d’«opaque». La confiance que lui accordent ses actionnaires et les investisseurs est donc essentielle à son modèle d’affaires.
Ainsi, tant que la direction ne sera pas parvenue à rebâtir le lien de confiance avec les investisseurs, le titre en pâtira, estime Scott Fletcher.
Il ne croit toutefois pas que le départ de Behzad Khosrowshahi et la suspension de son directeur financier, Chris Anastasopoulos, minera la recherche ou l’exécution de nouvelles ententes. L’analyste salue d’ailleurs l’équipe d’investissements que la société s’est bâtie depuis qu’elle a fait son premier appel public à l’épargne.
Sous la gouverne de Navin Jacob, c’est elle qui s’occupe de toutes les étapes qui mènent à l’entente finale avec les pharmaceutiques, le PDG n’étant impliqué qu’en fin de parcours, précise l’analyste. L’absence du Behzad Khosrowshahi entraînera certes des conséquences, mais pas suffisamment pour nuire à son processus, croit-il.
Toutefois, dit Scott Fletcher, on ne sait pas si ces dernières péripéties affecteront la volonté des partenaires potentiels de collaborer avec DRI Healthcare, et donc sa capacité à augmenter la taille de son portfolio.
L’analyste s’attend désormais à ce que son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ajusté pour l’exercice 2024 atteigne 163,9 millions de dollars américains (M$US), et non plus 164,7 M$US. À l’exercice 2025, ses attentes à l’égard du BAIIA ajusté passent de 143,1 M$US à 142,5 M$US.
Scott Fletcher réduit donc son cours cible, qui glisse de 20$US à 18,50$US, puis qu’il révise à la baisse son multiple d’évaluation qui atteint désormais 0,9x la taille de son portfolio. Ce dernier peut encore lui réserver de belles performances, mais la confiance des investisseurs ne se fera pas en un claquement de doigts, nuance celui qui maintient néanmoins sa recommandation à «surperformance de secteur».
Wesdome (WDO, 12,44$): la cadence s’accélère en Abitibi-Témiscamingue
Wesdome (WDO, 12,44$): la cadence s’accélère en Abitibi-Témiscamingue
La société minière Wesdome a dévoilé le 9 juillet 2024 qu’au deuxième trimestre, elle est parvenue à produire 44 000 onces (K oz) d’or, dépassant non seulement les prévisions de John Sclodnick de Valeurs mobilières Desjardins, mais aussi du consensus.
C’est à la mine de Kiena, près de Val-d’Or, que la société a largement dépassé les prévisions en livrant 25 000 oz d’or, alors que l’analyste tablait sur 16 000 oz d’or. L’entreprise l’attribue à la fois à une plus grande quantité de minerais traités (57,7k tonnes plutôt que 52,3k tonnes), mais aussi à une meilleure concentration en or que prévu, de 13,5 grammes par tonne, au lieu de 10 g/t comme escompté par John Sclodnick.
À la mine ontarienne d’Eagle River – où l’entreprise a annoncé il y a quelques jours qu’elle avait découvert de nouvelles zones minéralisées, ce qui lui permettrait d’en augmenter la durée de vie – Wesdome a produit 19 k oz d’or, soit en deçà de la cible de l’analyste de 21k oz. Elle y a traité moins de minerais que prévu. La concentration en or, elle, s’est toutefois rapprochée de ce à quoi il s’attendait.
Wesdome est donc parvenue à atteindre 46% du milieu de sa fourchette de production cible pour son exercice 2024, qui oscille entre 160 k et 180 k oz d’or, indique John Sclodnick. C’est de bon augure, puisqu’il s’attendait à ce que Wesdome produise davantage de minerai au cours de la deuxième moitié de l’exercice, alors qu’elle atteint des zones grandement minéralisées à la mine de Kiena.
La société a aussi annoncé être parvenue à gommer les 29 millions de dollars de dette qu’il lui restait, rapporte l’analyste qui s’attend à ce que le titre bondisse sur les marchés.
Selon lui, toutefois, il y a peu de chance de voir à court terme le multiple d’évaluation du titre de Wesdome bondir, bien qu’elle soit sur la voie pour atteindre une production annuelle d’or de 200 k oz.
Elle vaut présentement 1,33x ses actifs nets, alors que ce multiple avoisine généralement 0,55x chez les jeunes producteurs d’or. La société minière devra réduire ses coûts de production pour espérer l’augmenter, à son avis.
Wesdome devrait dévoiler ses résultats trimestriels le 14 août, soit un peu moins d’un an après la réouverture officielle de la mine. John Sclodnick maintient sa recommandation de «conserver», et son cours cible à 11$.
Aliments Maple Leaf (MFI, 24,2$): le diable se cache dans les détails
Aliments Maple Leaf (MFI, 24,2$): le diable se cache dans les détails
Vishal Shreedhar mise sur la prudence: malgré les promesses de création de valeurs faite lors de l’annonce de la scission des activités de Maple Leaf à partir de 2025, l’analyste attend de voir comment la société mettra en œuvre son plan avant de se positionner.
En effet, la société séparera ses activités porcines de celles de la transformation de viande. Le PDG actuel de la société, Curtis Frank, demeurera aux commandes de la deuxième, tandis que Dennis Organ, qui dirige déjà la division porcine, reprendra celle de la nouvelle entité.
Maple Leaf devrait ainsi pouvoir réduire l’écart qui la sépare de ses pairs et lui permettre de se concentrer sur la croissance, selon ce que rapporte l’analyste, bien que la société n’ait pour l’instant pas changé ses cibles pour les exercices à venir.
Bien que peu de données financières aient circulé pour l’instant, l’analyste estime que la nouvelle entité devrait valoir près de 6x son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA). Maple Leaf devrait quant à elle valoir 11x son BAIIA.
Une réévaluation n’est pas écartée, d’après Vishal Shreedhar, mais ce qui importe davantage, selon lui, c’est la capacité de la direction à avoir un meilleur retour sur investissement, de plus importantes marges et un taux de croissance constamment en hausse.
La marge de son BAIIA ajusté est présentement sous la cible de l’analyste, à cause des défis rencontrés sur le marché de la viande porcine, notamment. La société a d’après lui des occasions de croissance, mais la scission de ses activités pourrait entraîner des conséquences sur ses bénéfices, anticipe-t-il.
Pour l’instant, l’analyste maintien sa recommandation de «surperformance de secteur», et son cours cible à 29$, soit 8x son BAIIA pour l’exercice 2025-2026.