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À surveiller: Empire, Guru et Cogeco Communications

Denis Lalonde|18 mars 2024

À surveiller: Empire, Guru et Cogeco Communications

L’épicier Empire, qui possède la chaîne IGA au Québec, a dévoilé le 14 mars des résultats du troisième trimestre de son exercice 2024 qualifiés de «mitigés». (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres d’Empire, Guru et Cogeco Communications? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

 

Empire (EMP.A, 32,95$): une reprise graduelle

L’épicier Empire, qui possède la chaîne IGA au Québec, a dévoilé le 14 mars des résultats du troisième trimestre de son exercice 2024 un peu fades un goût de l’analyste Tamy Chen de BMO Marchés des capitaux.

«Globalement, les résultats ont été mitigés. Les ventes de magasins comparables (ouverts depuis plus d’un an) ont été conformes aux prévisions et reflètent les changements de comportements des consommateurs et leurs préférences pour les produits de marque maison», dit-elle.

Le titre d’Empire se négocie à un ratio de 5,5 fois la prévision révisée de bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de l’analyste pour l’exercice 2025, dans le creux de sa fourchette historique et sous les évaluations de Loblaw et de Metro. «À un certain moment, nous anticipons un rattrapage des ventes de magasins comparables et des bénéfices d’exploitation, lorsque les consommateurs reviendront aux produits plus dispendieux, mais nous pensons que cela se fera de manière très graduelle», dit-elle.

Tamy Chen ajoute que l’augmentation de la marge bénéficiaire sur les ventes d’aliments de 87 points de pourcentage sur un an était surtout attribuables à des gains d’efficacité tout au long de la chaîne d’approvisionnement. «Nous pensons que ces gains viendront soutenir les marges bénéficiaires jusqu’au second semestre de l’exercice 2025», affirme-t-elle.

L’analyste est par ailleurs déçue de la prévision de la direction d’Empire, selon laquelle le bénéfice par action ajusté de l’entreprise sera stable au quatrième trimestre par rapport à celui du troisième trimestre. «Le consensus des analystes s’attendait à une augmentation sur trois mois de l’ordre de 10%», précise-t-elle.

Elle réduit donc ses attentes pour le quatrième trimestre de l’exercice 2024, avec un BAIIA ajusté de 554M$, elle qui était précédemment de 584M$. Pour l’ensemble de l’exercice, elle anticipe des revenus de 30,8 milliards de dollars (G$) et un BAIIA ajusté de 2,4G$, prévisions qui étaient auparavant de 30,9G$ et de 2,43G$ respectivement.

En ce qui concerne le bénéfice par action ajusté, Tamy Chen prévoit qu’il atteindra 2,73$ en 2024, lui qui avait atteint 2,81$ en 2023. Il devrait reprendre le chemin de la croissance en 2025 (3,01$) et en 2026 (3,30$).

L’analyste réitère sa recommandation de «performance égale au secteur» pour le titre d’Empiree, mais elle réduit légèrement son cours cible sur un an, qui passe de 37$ à 35$.

 

 

Guru (GURU, 2,60$): la concurrence grimpe d’un degré au Canada

Guru (GURU, 2,60$): la concurrence grimpe d’un degré au Canada

Le fabricant de boissons et d’eaux énergisantes Guru a dévoilé des résultats financiers trimestriels conformes aux prévisions de l’analyste Martin Landry, de Stifel, au premier trimestre de son exercice 2024.

«La forte croissance des revenus est attribuable à un trimestre comparable faible il y a un an, alors que l’entreprise était aux prises avec une réduction de ses stocks chez son distributeur PepsiCo, ce qui avait eu un effet négatif d’environ 1,5 million de dollars (M$)», précise l’analyste.

C’est ce qui explique selon lui la croissance des revenus de 43% sur un an, alors qu’il anticipait une progression d’environ 40%. «Les ventes ont atteint 7,1M$, alors que nous anticipions 7M$», dit-il.

En excluant l’effet négatif des réductions de stocks l’an dernier, Martin Landry ramène la croissance des revenus à 13% sur un an, «un rythme davantage soutenable».

Guru a par contre dévoilé une perte avant intérêts, impôts et amortissement de 2M$, alors que l’analyste s’attendait à ce qu’elle soit de 1,6M$. «La marge bénéficiaire brute a reculé de 70 points de pourcentage à 52,9%, alors que nous anticipions un chiffre de 53,2%. Ce recul est attribuable à une intensification des activités promotionnelles au Canada», ajoute l’analyste.

De plus, les frais de vente, généraux et administratifs ont atteint près de 6M$, un chiffre plus élevé que prévu, comparativement à 5,5M$ au trimestre correspondant il y a un an.

«L’expansion de Guru dans les dépanneurs se fait plus lentement que prévu, alors la croissance des ventes provient des détaillants et des ventes directes aux consommateurs, de même qu’à l’entente de l’entreprise avec Costco au Québec», analyse-t-il. Il explique également que la progression devrait se poursuivre au second trimestre grâce au lancement de deux nouveaux produits, soit le Guru punch pêche-mangue et une première incursion dans les breuvages sans sucre, le Guru zéro baies sauvages.

Martin Landry souligne que le titre de Guru se négocie en ce moment à un ratio de 1,2 fois les revenus par action prévus durant l’exercice 2025, 75% sous son évaluation historique. Il estime que la contraction de la valorisation offre aux investisseurs un bon point d’entrée.

Toutefois, ce potentiel haussier est, selon l’analyste, assombri par l’arrivée au Canada d’un nouveau concurrent, Celsius. Même si la société est pour le moment peu connue au pays, elle sera aussi distribuée par PepsiCo et voudra rivaliser avec la société québécoise.

Il conserve sa recommandation «d’achat» sur le titre de Guru et son cours cible sur un an de 3,50$.

 

 

Cogeco Communications (CCA, 59,92$): après les États-Unis, le Canada?

Cogeco Communications (CCA, 59,92$): après les États-Unis, le Canada?

La filiale américaine de Cogeco Communications, Breezeline, a annoncé le 14 mars le lancement de son service de téléphonie mobile aux États-Unis.

Ces services seront offerts dans les 13 États où la société offre déjà des services Internet à large bande.

«Breezeline Mobile sera offert, dès ce printemps, aux clients des services à large bande de Breezeline en vertu d’une entente d’exploitant de réseaux mobiles virtuels (ERMV) conclue avec un réseau mobile de premier plan», a expliqué la société québécoise.

L’analyste Jerome Dubreuil de Valeurs mobilières Desjardins, note que les prix des forfaits n’ont pas encore été annoncés, mais il anticipe qu’ils seront offerts seulement aux clients qui utilisent déjà les services Internet de l’entreprise.

«Le lancement de ce service aux États-Unis ne constitue pas une surprise et son arrivée au Canada plus tard cette année reste une possibilité», dit-il.

L’analyste estime que le lancement nécessitera peu d’investissements et de coûts fixes pour la filiale américaine de Cogeco Communications. «Le lancement était déjà intégré aux prévisions financières de l’exercice 2024, mais pourrait rendre les objectifs de 2025 plus difficiles à atteindre», affirme-t-il.

Jerome Dubreuil entrevoit une croissance du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) «dans le bas de la fourchette à un chiffre» pour les activités américaines de Cogeco Communications en 2025.

Il souligne toutefois que les taux de désabonnement sont parfois attribuable au fait que des sociétés rivales sont en mesure de proposer des offres de services groupés. En ce sens, le lancement devrait profiter à l’entreprise, puisqu’il répond aux préférences de la clientèle.

«Cela dit, les câblodistributeurs américains dont l’envergure est beaucoup plus importante que celle de Cogeco Communications continuent de générer un BAIIA positif plusieurs années après le lancement de leur offre en téléphonie mobile», estime-t-il, ajoutant que l’arrivée des services mobiles faisait partie du plan d’affaires des entreprises du secteur en réduisant les besoins pour les réseaux filaires.

«Toutefois, les câblodistributeurs qui ciblent les régions moins densément peuplées comme Cogeco Communications sont à risque de moins bénéficier du phénomène», juge-t-il.

Jerome Dubreuil réitère sa recommandation de «conserver» le titre de la société, tout comme son cours cible sur un an de 70$.