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À surveiller : Empire/IGA, Power Corporation et SNC-Lavalin

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller : Empire/IGA, Power Corporation et SNC-Lavalin

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres d’Empire/IGA, Power Corporation et SNC-Lavalin? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

 

Empire/IGA (EMP.A, 34,16$): le titre est bon marché, mais plus de patience est requise

Le propriétaire des épiceries IGA au Québec a mené plusieurs combats de front au troisième trimestre qui ont affaibli ses résultats. Chris Li de Desjardins Marché des capitaux garde espoir qu’une fois les vents contraires dissipés, les bienfaits du plan de relance du groupe devraient refaire surface.

L’inflation alimentaire qui dirige les clients vers les épiceries au rabais de concurrents, les investissements élevés dans son infrastructure de commandes en ligne, en plus des coûts élevés de la cyberattaque qui ont produit un trimestre décevant.

L’analyste de Desjardins rappelle que seulement 10 à 15% des épiceries du groupe sont des enseignes au rabais par rapport à une proportion de 60% pour Loblaw (L, 116,06$) et de 40% pour Metro (MRU, 69,95$).

Les ventes par magasins comparables sont restées inchangées alors que Chris Li avait prévu une légère hausse de 0,5% et que le consensus avait espéré une augmentation de 2%.

Les ventes en ligne ont chuté de 15% parce qu’un an plus tôt le confinement pandémique avait gonflé les commandes.

Les ventes du service d’épicerie en ligne Voilà ont néanmoins augmenté de 9% par rapport au deuxième trimestre. L’intégration à Voilà des activités en ligne de la chaîne torontoise Lungo’s en juillet devrait améliorer l’efficacité de ce service dans la grande région de Toronto.

Au final, le bénéfice d’exploitation de 525 millions de dollars des activités d’épicerie a raté la cible de 552 M$ de l’analyste, principalement en raison du déclin de 30 points de pourcentage de la marge brute.

Empire a donc revu à la baisse ses propres objectifs de croissance de bénéfice par action de 15 à 13%, pour la période de trois ans terminée en 2023.

Cette révision signifie que le titre d’Empire se négocie à un multiple de 12,4 fois le nouveau bénéfice de 2,75$ par action prévu en 2023, une évaluation que Chris Li considère bon marché parce que le plan de relance n’a pas fini de rapporter.

Malgré tout, l’analyste reconnaît que l’épicier aura besoin d’un coup de main de l’inflation alimentaire afin d’améliorer les résultats et la perception des investisseurs envers le titre.

Ce coup de main ne se manifestera pas avant le deuxième semestre, au plus tôt. «Les investisseurs devront faire preuve de plus de patience», évoque l’analyste.

Si l’inflation alimentaire se modérait à partir du deuxième semestre, une croissance de 9% du bénéfice par action à 3,01$ en 2024 est possible, entrevoit-il

Un multiple de 13 à 14 fois ce bénéfice prévu fait passer son cours cible de 44 à 41$, soit un potentiel de rebond de 20%.

Chris Li se dit «prudemment positif» et renouvelle sa recommandation d’achat.

Power Corporation (POW, 33,71$): le holding rate la cible, mais continue à amasser des capitaux

 

Power Corporation (POW, 33,71$): le holding rate la cible, mais continue à amasser des capitaux

La société de portefeuille de la famille Desmarais a déçu au quatrième trimestre d’une année sans égale dans l’histoire qui a vu la valeur des actions et les obligations américaines.

Mieux connue pour son assureur-vie Great West (GWO, 54,22$) et son gestionnaire de fonds Société financière IGM (IGM, 40,52$), Power a vu son bénéfice ajusté chuté de 69% à 0,59$ par action. Ce résultat est nettement moins que le bénéfice de 1,04$ qu’avait estimé Graham Ryding, de TD Cowen.

Si Great-West, IGM et le Groupe Bruxelles Lambert ont performé comme prévu, la dépréciation des placements alternatifs et des entreprises autonomes a amputé 163 millions de dollars et 102 M$ des résultats, respectivement.

Power a notamment amputé 109 M$ de la valeur après impôts du fabricant émergent québécois d’autobus et de camions électriques Lion Électrique (LEV, 2,64$) dont le cours a dévalé de 76% depuis un an. Power détient 35% de Lion, ce qui en fait le principal actionnaire.

Le groupe a aussi réduit la valeur du portefeuille de Power Sustainable China de 55 M$ et celle de la société en commandite Power Sustainable Energy Infrastructure de 82 M$, précise l’analyste.

Pour s’ajuster au fait que la plateforme de placements alternatifs et celle des entreprises autonomes rapporteront moins, Graham Ryding réduit les prévisions pour 2023 de 3,91 à 3,76$. Le meilleur contrôle des dépenses d’exploitation du conglomérat compense toutefois un peu.

En tant que conglomérat, Power se négocie en fonction de la valeur nette de tous ses actifs (NAV) tant publics que privés. Sur cette base, l’action est 23,5% moins chère que son NAV, soit plus que la moyenne de 22% des cinq dernières années et celle de 21,7% de la moyenne des dix dernières années.

Au cours actuel, Graham Ryding estime que le titre ne reflète pas pleinement les efforts de Power pour simplifier sa structure, la vente d’actifs non stratégiques (telle que son intérêt de 13,9% dans China Asset Management à sa propre filiale Placements Mackenzie pour 1,1 G$ en janvier), les initiatives de croissance internes et externes chez Great-West et IGM et le potentiel des honoraires de sa plateforme croissante de placements alternatifs.

Non seulement l’actif en gestion des placements alternatifs atteint-il 21,1 milliards de dollars, mais, mais Power réussit à attirer des capitaux malgré les turbulences des marchés. La société en commandite Power Sustainable Energy Infrastructure vient d’amasser 600 M$ tandis que le Sagard Senior Lending Fund vient de compléter une première récolte de 400 M$.

Power Sustainable vient aussi de lancer deux fonds de prêts destinés au secteur de l’infrastructure, le premier européen et le deuxième mondial.

L’analyste signale aussi que le holding continue de racheter ses actions, soit 415 M$ en 2022. La vente de China AMC porte son surplus de liquidités à une fourchette de 800 M$ à 1 G$.

Enfin, Power a majoré son dividende trimestriel de 6,1% à 52,5 cents.

Au final, l’analyste maintient son cours-cible de 38$ et recommande toujours de conserver le titre, qui s’échange aussi à un multiple modeste de 8,9 fois le nouveau bénéfice qu’il prévoit de 3,76$ qu’il prévoit en 2023.

La crise bancaire a fait tomber l’action de Power de 7,4%, lors de la semaine close le 17 mars.

SNC-Lavalin (SNC, 32,13$): les marges du génie-conseil doivent se relever pour que cette division soit revalorisée

 

SNC-Lavalin (SNC, 32,13$): les marges du génie-conseil doivent se relever pour que cette division soit revalorisée

Dans une nouvelle note, Maxim Sytchev de la Financière Banque Nationale se penche sur les activités de génie-conseil de SNC-Lavalin en réponse à des clients qui veulent avoir une meilleure appréciation de sa qualité par rapport aux rivaux WSP Global (WSP, 172,27$) et Stantec (STN, 78,35$).

Il ressort de son analyse que la division d’ingénierie-conseil de SNC-Lavalin a fort à faire pour être revalorisée en Bourse même si globalement les capacités professionnelles sont similaires.

Au premier chef, les marges de la division sont de 400 points de pourcentage inférieures à celle de ses deux rivaux parce que ses activités sont surtout concentrées en Grande-Bretagne et en Europe, avance l’analyste. Il rappelle que SNC-Lavalin a acquis la Britannique Atkins en 2017 pour 3,6 milliards de dollars, incluant la prise en charge de la dette.

«À moins que SNC-Lavalin réalise des acquisitions dans d’autres régions, il lui sera difficile de combler cet écart de rentabilité», croit l’analyste.

La plus petite taille de la société joue aussi contre elle puisque ses revenus de 3,5 G$ se comparent à ceux de 8,9 G$ pour WSP et de 4,5 G$ pour Stantec.

«Le génie-conseil tire peu de levier opérationnel de sa taille, mais cela devient important pour participer aux plus grands projets dans les marchés visés», explique aussi Maxim Sytchev.

Une autre pierre d’achoppement concerne la moins grande expertise de SNC-Lavalin dans les domaines de l’environnement et du traitement de l’eau. Ces deux spécialités sont devenues incontournables et la société «devra y voir à un moment donné», écrit-il.

Au final, les activités de génie-conseil ne méritent pas plus d’un multiple de 12 fois le bénéfice d’exploitation par rapport à l’évaluation de 15,5 fois pour WSP et de 14,5 fois pour Stantec. «Étant donné l’écart des marges et l’endettement plus élevé, ce multiple plus modeste est approprié», ajoute-t-il.

Cette analyse ne l’empêche pas de percevoir un potentiel de revalorisation pour SNC-Lavalin, mais il proviendra de la livraison prochaine du coûteux contrat de train léger Eglinton à Ottawa et celle du Réseau Express Métropolitain de Montréal.

«Si SNC-Lavalin réussit à transposer 80 à 90% des profits promis pour 2024 en flux de trésorerie disponibles, nous croyons que les investisseurs devraient rester pour cette revalorisation», fait valoir l’analyste.

Maxim Sytchev mentionne que l’Américaine Tetra Tek (TTEK, 139,14 $US) et l’Ontarienne Stantec ont toutes deux été réévaluées à la hausse après l’achèvement de gros projets de construction ou leur vente. L’évaluation de l’action de Stantec a augmenté de 25% après la vente de la Britannique MWH Constructors à Oaktree Capital Management pour 46 M$ en 2018, rappelle-t-il.

Maxim Sytchev réitère donc sa recommandation d’achat et son cours-cible de 39$ qui provient de la somme de l’évaluation individuelle des différentes divisions de SNC-Lavalin, auquel il ajoute 11,57$ par action pour la valeur attribuée à son intérêt résiduel dans l’autoroute 407 et d’autres concessions.

Cette cible offre un potentiel de rendement de 21,6%, incluant le dividende.