(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Gildan, Lightspeed et Nuvei? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Gildan (GIL, 50,74 $, 40,66 $US): ses ventes dépassent ses niveaux prépandémie
Grâce à des revenus et à une marge bénéficiaire brute bien meilleurs que prévu, les résultats trimestriels dévoilés par Gildan le 4 novembre 2021 ont surpassé les prévisions non seulement de Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, mais aussi du consensus.
Ses résultats ont été si bien accueillis que le titre a connu son meilleur exercice en un an et demi.
Au troisième trimestre de l’exercice 2021, son bénéfice par action a atteint 0,80 dollar américain ($US) et ses revenus 802 millions de dollars américains (M$US), alors que l’analyste et le consensus misaient respectivement sur 0,60 $US et 748 M$US, et 0,57 $US et 717 M$US. Ayant atteint 107 M$US en 2020, son bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement ajusté (BAIIA) s’est établi à 207 M$US, là où l’analyste s’attendait à 173 M$US, et le consensus 163 M$US.
Une grande partie des recettes de l’entreprise dont le siège social se trouve à Montréal proviennent de sa ligne de vêtements de sport qui ont carrément dépassé son niveau observé avant le début de la pandémie, preuve que le secteur reprend du galon selon l’analyste. En hausse de 44% par rapport au troisième trimestre 2020, elles ont atteint 656 M$US, tandis que Vishal Shreedhar tablait sur 602 M$US.
Du côté des sous-vêtements, la société a généré 146 M$US, ce qui est plutôt semblable non seulement aux prévisions, mais aussi à ce qui a été observé l’an dernier à pareille date. L’entreprise a vendu un plus gros volume de sous-vêtements, mais des soucis d’approvisionnement ont freiné ses ventes de chaussettes.
L’entreprise estime qu’elle résistera à la pression qu’exerce sa chaîne d’approvisionnement sur ses ventes, comme la disponibilité des fils, l’inflation du prix des matières premières comme le coton, et l’augmentation des coûts de transport. Gildan a d’ailleurs ajusté ses prix en fonction de ces hausses des frais de production au quatrième trimestre, et continuera de le faire si la situation s’envenime, rappelle l’analyste de la Financière Banque Nationale.
Vishal Shreedhar ajuste donc ses attentes pour mieux représenter la hausse de cette demande, en élevant son bénéfice par action pour 2021 de 2,26 $US à 2,54 $US, et celui de 2022 de 2,40 $US à 2,74 $US. Ses prévisions pour le prochain exercice ne prennent pas en considération une augmentation des bénéfices tirés de ce regain d’intérêt pour ses produits, mais si l’entreprise réussit à tirer son épingle du jeu, le potentiel de croissance de son bénéfice est important, précise-t-il.
De son côté, Gildan maintient que son BAIIA devrait croître de 18% — depuis le début de l’exercice ses marges surpassent ce qui était prévu — ce que qualifie l’analyste de la Financière Banque Nationale de prudent. Il s’attend à ce que les perspectives de croissance demeurent intéressantes. Cependant, ce titre n’est plus son chouchou, à cause de l’importante augmentation du prix de son action et un nouvel alignement vers une croissance des recettes par rapport aux gains réels de ses marges.
Néanmoins, il maintient sa recommandation de performance de secteur, mais fait passer son cours cible de 57 $US à 58 $US. Afin d’anticiper une hausse des taux d’imposition, il a revu son multiple à la baisse à 16 fois le ratio entre le bénéfice par action pour 2022 et 2023.
Lightspeed (LSPD, 88,93$, 68,15 $US): c’est le moment d’acheter selon un analyste
Lightspeed (LSPD, 88,93 $, 68,15 $US): c’est le moment d’acheter selon un analyste
Si les investisseurs ont tenté de se débarrasser en masse de leurs actions de Lightspeed jeudi à la suite de la publication de ses résultats trimestriels, l’analyste de RBC Marchés des capitaux Daniel R. Perlin voit plutôt là une occasion de gains.
Car dans l’ensemble, malgré quelques défis associés à la transition de l’entreprise dont les répercussions devraient s’estomper d’ici un ou deux trimestres, les bases sur lesquels repose Lightspeed sont encore solides, estime-t-il.
Daniel R. Perlin fait remarquer que la grande majorité des résultats dévoilés par l’entreprise ont dépassé ses prédictions, mais ce sont ses attentes plus frugales de la société dirigée par Dax Dasilva à l’égard du troisième trimestre de 2022 qui ont eu l’effet d’une douche froide sur les actionnaires. Sa croissance à court terme devrait se faire plus lente, plombée par les mesures sanitaires — qui affectent encore ses résultats — et les défis d’approvisionnement de ses clients.
Ses revenus nets ont atteint 133 millions de dollars américains (M$US), ce qui représente un bond de 193% par rapport à la même période l’an dernier. RBC Marchés des capitaux et le consensus des analystes misaient sur 123 M$US et 124 M$US. Malgré tout, Lightspeed a dévoilé des pertes avant intérêts, impôts et amortissement ajustées de 9 M$US, ce qui est tout de même mieux que ce qu’avait prédit Daniel R. Perlin (-12 M$US).
Lors d’un appel avec les actionnaires, la direction de l’entreprise a laissé entendre qu’elle s’attend à une croissance interne d’environ 60% au troisième trimestre de 2022, mais aussi à ce que la valeur transactionnelle brute par client sera sous pression à cause de la frénésie des Fêtes et des pressions exercées par la chaîne d’approvisionnement. Les marchands auront donc plus de difficultés à garnir leur inventaire, explique l’analyste. Ses revenus devraient s’établir entre 140 M$ et 145 M$, et ses pertes avant intérêts, impôts et amortissement ajustées devraient être de 10 M$ ou 12 M$. Daniel R. Perlin mise respectivement sur 139 M$ et -7 M$
Si c’est somme toute ce à quoi s’attendaient les investisseurs, ce qui semble davantage les échauder, ce sont les perspectives du quatrième trimestre de 2022. Celui-ci comprend notamment une période normalement plus calme pour les secteurs du détail et de l’hébergement, rappelle Daniel R. Perlin. Pourtant, l’an dernier, la forte hausse de l’intérêt des consommateurs pour l’équipement d’activités extérieures, comme le vélo et le golf, n’a pas réellement ralenti cette période comme de coutume. Ce trimestre devra donc se comparer à une période plus faste, ce qui affecte grandement le moral des investisseurs, observe l’analyste.
Pour l’ensemble de l’exercice, les revenus de Lightspeed devraient s’établir dans une fourchette de 520 M$US à 535 M$US, plutôt que 510 à 530 M$US, tandis que ses pertes devraient être plus grandes, soit entre 40 M$US et 45 M$US, alors qu’elles étaient chiffrées à 35 M$ précédemment. L’analyste mise sur 527 M$.
L’entreprise s’est toutefois voulue rassurante en indiquant que la cadence et le moment de l’intégration de nouveaux clients, l’augmentation de ses parts de marché, et des conditions d’approvisionnement et macroéconomiques plus normales devrait lui permettre de rebondir au premier trimestre de l’exercice 2023, rapporte Daniel R. Perlin.
L’analyste réduit ainsi son cours cible, le faisant passer de 114 $US à 104 $US, car il revoit son modèle pour qu’il ressemble davantage à celui de ses pairs dans le secteur des logiciels de transactions. RBC Marchés des capitaux maintient sa recommandation de «surperformance».
Nuvei (NVEI, 117,01$US): Bank of America se penche sur le titre
Nuvei (NVEI, 117,01$US): Bank of America se penche sur le titre
L’analyste de Bank of America se penchera dorénavant sur le titre de Nuvei, et entame sa couverture avec une recommandation à «achat» et un cour cible à 145 $US.
L’entreprise montréalaise a annoncé qu’elle ferait ses premiers pas sur les marchés américains en octobre 2021.
À (re)lire: Guru et Nuvei, un an plus tard
L’entreprise spécialisée dans les solutions de paiements dont la grande majorité de ses revenus proviennent du commerce en ligne permet à ses clients qui adhèrent à ses services d’accepter des transactions dans 204 marchés grâce à 480 méthodes de paiements à l’échelle de la planète, fait remarquer Jason Kupferberg. Bien que 97% de ses volumes de ventes proviennent d’Amérique du Nord et d’Europe au cours de la dernière année, Bank of America sent que l’entreprise souhaite faire une percée en Amérique latine. Elle devrait aussi profiter de l’effet de levier de ses plus récentes acquisitions, Mazooma et Simplex.
En août, Nuvei a dévoilé qu’à moyen terme ses volumes comme ses revenus devraient grimper de plus de 30%, ce qui est bien plus que ce qu’elle avait anticipé lors de son premier appel public à l’épargne à la Bourse de Toronto en septembre 2020, fait remarquer Jason Kupferberg. La société a aussi misé sur une croissance de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ajusté de plus de 50% à long terme. Ces prévisions ne tiennent toutefois pas compte du marché américain du jeu en ligne, là où l’entreprise est pourtant bien positionnée pour se démarquer selon l’analyste.
D’ailleurs, Nuvei a toujours dépassé les attentes fixées par les analystes et la tendance devrait se maintenir au troisième trimestre de l’exercice 2021, estime l’analyste. Jason Kupferberg s’attend à des revenus de 177 M$US, soit plus 90% par rapport à l’an dernier, et un BAIIA ajusté de 72,8 M$.
Ses prévisions, un brin sous celles du consensus, se trouvent toutefois au milieu des fourchettes de prévisions de l’entreprise, qui mise sur des revenus qui devraient osciller dans une fourchette de 174 M$ et 180 M$, et un BAIIA qui devrait s’établir entre 71 M$ et 75 M$. L’analyste précise toutefois que le potentiel de croissance au troisième trimestre devrait être légèrement sous ce qui a été observé précédemment, puisqu’on observe un aplatissement de la courbe des dépenses en ligne.
Le multiple que Bank of America utilise pour évaluer son cours cible est 25% sous l’évaluation de ses pairs, car la croissance interne des revenus de l’entreprise montréalaise est légèrement plus basse que celle de ses comparses.