Les acquéreurs potentiels sont peu nombreux pour Gildan. (Photo: courtoisie)
Que faire avec les titres de Gildan, Netflix et Nuvei? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Les Vêtements de sport Gildan (GIL, 37,22$US, 50,71$) : qui sont les acquéreurs potentiels?
Le fabricant de vêtements Gildan a annoncé la création d’un comité spécial dont la mission sera d’étudier «une indication d’intérêt non contraignante confidentielle» visant l’acquisition de l’entreprise.
Le comité se chargera d’examiner et d’étudier le bien-fondé de la proposition et de communiquer avec d’autres acquéreurs potentiels dans le but de maximiser la valeur de l’avoir des actionnaires.
«Nous ne sommes pas totalement surpris de la tournure des événements, étant donné la saga entre la direction de l’entreprise et des actionnaires activistes. Cela pourrait donner des arguments au conseil d’administration de Gildan pour reporter l’assemblée annuelle des actionnaires pour se donner le temps d’évaluer toutes ses options», estime Martin Landry, analyste à Stifel.
Ce dernier estime toutefois que les probabilités qu’une transaction soit conclue sont faibles étant donné que 1- les actionnaires qui appuient le retour de Glenn Chamandy au poste de PDG vont exiger une prime élevée étant donné leur vision à long terme pour l’entreprise; 2- le nombre d’entreprises pour qui Gildan serait une acquisition stratégique est restreint et 3- la probabilité qu’une entreprise de financement par capitaux propres (private equity firm) accepte de payer la prime exigée par les actionnaires de l’entreprise est faible.
«À notre avis, les actionnaires de Gildan feraient bien de vendre leurs actions à profit après la montée du titre mardi», dit-il.
Le titre de Gildan a terminé la séance sur un gain de 4,96$, ou de 10,84%, à 50,71$ à la Bourse de Toronto. À New York, le titre a grimpé de 3,42$US, ou de 10,12%, à 37,22$US.
Au nombre des acquéreurs potentiels, Martin Landry nomme Berkshire Hathaway (BRK.B, 411,76$US), qui possède Fruit of The Loom, et l’entreprise de financement par capitaux propres Clayton Dubilier & Rice, propriétaire de S&S Activewear, un important distributeur de vêtements de sport en Amérique du Nord.
D’autres entreprises comme Hanesbrands (HBI, 5,38$US) and V.F. Corporation (VFC, 14,50$US), sont, à son avis, actuellement trop endettées pour se risquer dans l’aventure. «Ces entreprises doivent composer avec des titres proches de creux des 10 dernières années, ce qui réduit l’attrait d’une émission pour financer une éventuelle acquisition», estime-t-il, précisant que, selon certains médias, Sycamore Partners serait intéressée.
L’analyste réitère sa recommandation de «conserver» le titre de Gildan et son cours cible sur un an de 36$US, sous la valeur actuelle du titre.
Netflix (NFLX, 620,74$US) : l’analyste de JP Morgan reste positif
Netflix (NFLX, 620,74$US) : l’analyste de JP Morgan reste positif
Le titre de Netflix a nettement mieux fait que l’indice S&P 500 depuis que l’entreprise a dévoilé ses résultats financiers du quatrième trimestre de 2023, grimpant de 23% (+5% pour le S&P 500).
«Le titre se retrouve seulement 12% sous son sommet historique de novembre 2021», écrit l’analyste Doug Anmuth, de JP Morgan.
Ce dernier reste positif quant à la capacité de Netflix d’accélérer la croissance de ses revenus en 2024, d’augmenter ses marges bénéficiaires et d’augmenter ses flux de trésorerie libres pendant plusieurs années.
«La croissance organique reste bonne et nous prévoyons que Netflix va poursuivre sa lutte contre le partage des comptes. Les abonnements avec publicités vont gagner en popularité avec le temps et nous pensons que les changements aux prix des forfaits, de nouveaux partenariats et des initiatives de marketing vont attirer les annonceurs», croit-il.
Doug Anmuth ajoute qu’à plus court terme, les investisseurs s’attendent à ce que Netflix dévoile un nombre d’abonnés en hausse de 5 à 6 millions au premier trimestre, ce qui est supérieur à sa cible de 4,5 millions et à celle de 4,1 millions du consensus des analystes.
Au premier trimestre de l’exercice 2023, Netflix avait gagné 1,75 million d’abonnés, alors que l’augmentation avait été de 13 millions au quatrième trimestre du même exercice.
L’analyste de JP Morgan réitère sa recommandation de «surpondérer» le titre de Netflix, mais il ne touche pas à son cours cible sur un an de 610$US, sous sa valeur actuelle.
Il explique que son cours cible se base sur un ratio de 28 fois le bénéfice par action prévu de 21,65 $US pour l’exercice 2025, ce qui équivaut à 31 fois les flux de trésorerie prévus de 8,5 milliards de dollars américains pour le même exercice.
«Ces évaluations sont plus élevées que pour la moyenne des géants des technologies de l’information à la Bourse de New York, qui est en moyenne de 24,5 fois le bénéfice par action prévu en 2025», écrit-il.
Doug Anmuth est confortable avec cette prime, précisant qu’elle reflète la croissance des revenus et des bénéfices de Netflix.
Nuvei (NVEI, 38,56$, 28,45$US) : un titre sous-évalué, avec ou sans privatisation
Nuvei (NVEI, 38,56$, 28,45$US) : un titre sous-évalué, avec ou sans privatisation
Le 16 mars, le Wall Street Journal écrivait que l’entreprise de financement par capitaux propres Advent International était en pourparlers avancés afin de réaliser l’acquisition de la société de solutions de paiements Nuvei, qui compte notamment l’acteur Ryan Reynolds, au nombre de ses actionnaires.
La possibilité que Nuvei soit privatisée ne surprend pas l’analyste Todd Coupland, de Marchés des capitaux CIBC. «Le fondateur et PDG de l’entreprise, Philip Fayer, discute de cette éventualité depuis deux ans, entre autres à un événement avec des investisseurs organisé par CIBC à Montréal le 23 septembre 2022», dit-il.
À ce moment, l’analyste rappelle que le dirigeant avait déclaré que «Nuvei pourrait considérer l’option d’une privatisation si son titre de maintenait à des niveaux aussi bas».
«Notre réaction est la même qu’il y a deux ans. Le titre de Nuvei est sous-évalué par rapport à ceux de ses pairs», affirme Todd Coupland.
Ce dernier se dit heureux que le conseil d’administration de Nuvei évalue ce qui est le mieux pour la société, peu importe qu’elle reste en Bourse ou qu’elle soit privatisée. «Nous pensons que la procédure donnera du tonus à la valeur du titre. Dans quelles proportions? Le débat reste ouvert», raconte-t-il.
L’analyste conserve sa recommandation de «surperformance» sur le titre de l’entreprise, avec un cours cible sur un an de 34$US. Il précise que son cours cible se fonde sur un ratio VE/BAIIA (valeur d’entreprise/bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) prévu de 12 fois et, en second lieu, d’un ratio VE/Revenus de 4 fois pour l’exercice 2024.
Or, selon lui, le titre se négocie en ce moment à un ratio de 10,6 fois le BAIIA prévu de l’exercice 2024 (9 fois avant l’annonce d’une possible privatisation). «La croissance de la société et ses marges bénéficiaires par rapport aux autres entreprises de l’industrie justifient une évaluation plus proche de nos estimations», juge-t-il.
Il concède que son scénario optimiste inclut l’atteinte de cibles de croissance à moyen terme. Il y va toutefois de deux mises en garde en ce qui concerne le processus de privatisation.
«Premièrement, le 17 mars, la direction de Shift4 Payments (FOUR, 71,94$US) a déclaré que les offres d’achat soumises par des acquéreurs potentiels ne donnaient pas une valeur suffisante à l’entreprise, malgré le fait qu’elles aient été obtenues à prime par rapport à sa valeur du moment», dit-il.
Selon lui, cet échec ne touchera pas Nuvei directement, mais réduira sans aucun doute la valeur des offres qu’elle recevra.
En second lieu, Todd Coupland soutient que les primes entourant des processus de privatisation ont déçu récemment. Les actionnaires de la société montréalaise devraient donc modérer leurs attentes.