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À surveiller: Gildan, WELL Health Technologies et Birkenstock

Catherine Charron|23 janvier 2024

À surveiller: Gildan, WELL Health Technologies et Birkenstock

Selon Chris Li de Valeurs mobilières Desjardins, il vaut mieux réduire ses attentes à l’égard de Gildan. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Gildan, WELL Health Technologies et Birkenstock? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Gildan (GIL, 43,66$): des retouches apportées aux prévisions

Les tensions observées à l’échelle de la planète étant ce qu’elles sont, la demande pour les objets à personnaliser devrait en pâtir au cours des prochains mois, ce pour quoi il vaut mieux réduire ses attentes à l’égard de Gildan.

C’est la conclusion que tire Chris Li de Valeurs mobilières Desjardins à l’issue de son passage à l’Impressions Expo, un salon qui rassemble en Californie les acteurs du milieu des vêtements à personnaliser.

Il retranche donc à la fois ses prévisions à propos du bénéfice par action et du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) pour 2023 et 2024, de même que des revenus générés par l’entreprise cette année.

Le bénéfice par action attendu en 2023 passe de 2,55 dollars américains ($US) à 2,54$US, alors que celui de 2024 glisse de 2,95$ à 2,87$. Le BAIIA prévu en 2023 baisse de 674 millions de dollars américains (M$US) à 670M$US, et de 785M$ à 756M$ en 2024.

La valeur du titre de Gildan devrait demeurer volatile tant que le brouillard entourant sa direction ne se sera pas dissipé, croit l’analyste. Il est encore difficile de prédire avec certitude si l’assemblée extraordinaire demandée par un de ses actionnaires, le fonds d’investissement américain Browning West, aura bel et bien lieu, estime Chris Li.

Ceci dit, l’analyste estime que si la valeur du titre se rapproche de 28$US, son scénario le plus pessimiste, ce serait là l’occasion pour les investisseurs qui misent sur le long terme de se procurer de ses actions.

En effet, il demeure convaincu que l’avenir réserve des occasions pour la société montréalaise, bien qu’il n’exclue pas que la route puisse être cahoteuse à court terme. L’exercice 2024 serait marqué par des ventes en baisse de 4%, des marges de son bénéfice avant intérêt et impôts de 18% plutôt que 20%, comme ce sur quoi mise Gildan. Le bénéfice par action, quant à lui, glisserait alors à 2,57$US.

Son titre valorise l’entreprise à 10,9x ses bénéfices, alors que ce multiple oscille habituellement entre 15x et 16x, rappelle l’analyste.

 

WELL Health Technologies (WELL, 3,67$): ses marges inquiètent un analyste

WELL Health Technologies (WELL, 3,67$): ses marges inquiètent un analyste

Une importante croissance des revenus n’est pas toujours garante de meilleurs bénéfices avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA), comme l’a démontré la société canadienne WELL Health Technologies, souligne Scott Fletcher de Marchés des capitaux CIBC.

En 2023, la marge de son BAIIA consolidé et ajusté des 12 derniers mois a perdu 380 points de base, passant de 19,5% à 15,7%, et cette tendance devrait se poursuivre en 2024, d’après lui.

Ainsi, son BAIIA ajusté des douze derniers mois n’a crû que de 7% en un an, alors que ses revenus au cours de cette même période ont pris 33%.

Non seulement les marges de sa filiale CRH Medical Corporation — en déclin depuis 10 ans — sont plus faibles qu’escomptées, mais les acquisitions de la dernière année devraient encore plomber sa rentabilité, estime l’analyste.

En acquérant des cliniques de soins primaires, WELL Health Technologies adopte une stratégie peu onéreuse, mais dont les chances de bonifier les marges bénéficiaires ou la croissance sont limitées, affirme l’analyste.

Ainsi, même si l’entreprise assure qu’elle pourra hausser la rentabilité des acquisitions accomplies en 2023 et en 2024, Scott Fletcher doute qu’elle puisse accroître encore longtemps ses bénéfices consolidés.

C’est pourquoi il préfère attendre de voir comment l’entreprise compte faire des économies avant de se jeter dans la mêlée. WELL Health Technologies a annoncé qu’elle comptait utiliser l’intelligence artificielle pour gagner en efficacité et réduire ses coûts. Saluant l’initiative, l’analyste manque toutefois d’information afin d’apprécier les retombées ou les objectifs de cette stratégie.

Il fait passer sa recommandation de «surperformance de secteur» à «neutre» et son cours cible de 5,50$ à 4,75$.

 

Birkenstock Holding (BIRK, 46,18$US): un caillou dans la sandale qui ne devrait pas durer

Birkenstock Holding (BIRK, 46,18$US): un caillou dans la sandale qui ne devrait pas durer

Les investisseurs ont accueilli tièdement les résultats de la spécialiste de la chaussure orthopédique devenue tendance Birkenstock, et ce, bien que ses ventes, sa marge brute et son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ajusté soient meilleurs que prévu, rapporte Simeon Siegel, de BMO Marchés des capitaux.

Dans ce premier dévoilement depuis son arrivée à Wall Street, la société allemande a démontré que ses revenus au quatrième trimestre ont augmenté de 16% par rapport à la même période l’an dernier, ou de 22% à taux de change constant. C’est mieux que ce à quoi s’attendait le consensus, souligne l’analyste.

C’est le marché américain qui a soutenu cette croissance avec un gain de 30%, alors que ses ventes B2B y ont crû de près de 61% et celles aux consommateurs ont grimpé d’environ 10%. En Europe et en Asie, la hausse a été plus timide, d’environ 5% et 7% respectivement.

En 2023, ses revenus ont augmenté non seulement à cause de la hausse du nombre d’items vendus (6%), mais aussi du prix de vente moyen (14%), indique Simeon Siegel. Il ajoute qu’un phénomène similaire est attendu en 2024.

Ses marges brutes ont gagné 140 points de base en un an, ce qui est supérieur à ce sur quoi misaient les analystes, précise-t-il. Il attribue cette performance à l’augmentation du prix moyen de vente, tout comme à ses meilleures ventes aux consommateurs.

La direction, qui avait annoncé que son BAIIA ajusté serait plus faible qu’escompté, a indiqué qu’il a reculé de 6% en un an. C’est mieux que ce à quoi s’attendait Simeon Siegel. L’inflation et le taux de change seraient notamment ici à blâmer.

Birkenstock a aussi partagé avec les investisseurs des cibles pour 2024 meilleures que celles sur lesquelles tablait le consensus, rapporte l’analyste. Ce dernier s’attend à ce qu’elle batte au premier trimestre ses propres objectifs.

Il table donc en 2024 sur un bénéfice par action ajusté de 1,22€, plutôt que 1,28€, à des revenus de 1 754 millions (M) €, et non de 1 705M€, et à une capitalisation boursière de 10 867M€. Il misait auparavant sur 8 852M€.

Le ton de la direction lui laisse aussi croire que sa performance devrait tendre vers son scénario davantage optimiste, souligne-t-il.

D’après Simeon Siegle, le titre a perdu des plumes en partie à cause de la diminution des cibles en matière de marges de la société allemande a revu à la baisse ses marges cibles, et du taux de change qui a rendu la comparaison des résultats ardus.

Convaincu que l’entreprise a bien des chances de croître au cours des prochaines années, il maintient son cours cible à 50$US et sa recommandation à «surperformance de secteur».