Si ce n'était de l’environnement difficile dans lequel elle évolue, Héroux-Devtek aurait une proposition de valeur «convaincante», conclut Benoit Poirier de Valeurs mobilières Desjardins. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Héroux-Devtek, Bombardier et Disney? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Héroux-Devtek (HRX, 13,81$) : de petites turbulences
Si ce n’était de l’environnement difficile dans lequel elle évolue, Héroux-Devtek aurait une proposition de valeur «convaincante», conclut Benoit Poirier de Valeurs mobilières Desjardins, après le dévoilement des résultats du troisième trimestre de la société basée à Longueuil.
Sa situation financière, par exemple, est «saine» selon lui, ce qui lui permettrait de saisir des occasions. Son titre est aussi bien peu cher par rapport à ses pairs américains, chose que l’analyste s’explique d’ailleurs mal.
Or, après avoir écouté les propos de la direction de la société manufacturière sur l’inflation et le ralentissement de son approvisionnement, l’analyste a baissé ses attentes à l’égard du titre, faisant passer sa recommandation de «titre de choix» à «achat».
De plus, les résultats dévoilés par l’entreprise n’ont pas atteint les cibles fixées par Valeurs mobilières Desjardins. Ses revenus, ses marges brutes, son bénéfice avant intérêt, impôt et amortissement (BAIIA) ainsi que son bénéfice par action ajusté ont respectivement atteint 140,9 millions de dollars (M$), 20,5%, 14,1 M$ et 0,05 $, alors que l’analyste misait sur 147 M$, 22,3%, 20,4 M$ et 0,21 $.
Benoit Poirier précise toutefois que ses attentes à l’égard des revenus étaient plus élevées que celles du consensus des analystes, qui tablait sur 141 M$, ce qui représente un bond de 7,4% en un an.
Puisque certains des facteurs qui ont plombé les marges de profits d’Héroux-Devtek au troisième trimestre sont ponctuels, l’analyste anticipe une amélioration de ce côté au cours des prochains mois. Quand l’entreprise parviendra-t-elle à retrouver des marges de son BAIIA de 15% ? Il y a encore trop d’incertitudes pour que la direction ou l’analyste puissent se mouiller.
Sans tenir compte de ces facteurs non récurrents, l’entreprise aurait tiré de ce trimestre des marges de son BAIIA de 12,1%, et non pas de 10% comme ce qu’elle a présenté, calcule Benoit Poirier.
À long terme, l’entreprise devrait retrouver son «niveau historique», confirme-t-il, mais pas avant l’exercice 2024. D’ici là, il révise à la baisse ses attentes, et table dorénavant sur une marge de 11,1% en 2023, et de 13,5% l’exercice suivant.
Au cours des prochains trimestres, l’entreprise devra s’atteler à bonifier sa chaîne d’approvisionnement, en trouvant notamment de nouveaux fournisseurs. En plus d’automatiser une partie de ses activités, Héroux-Devtek devra aussi revoir à la hausse ses prix, afin qu’ils tiennent davantage compte des répercussions de l’inflation, rapporte l’analyste. Elle ne pourra toutefois pas toucher aux prix de tous les contrats déjà signés, souligne-t-il.
Valeurs mobilières Desjardins réduit donc de 25 $ à 22 $ son cours cible pour l’entreprise, mais demeure confiant à l’égard de sa performance à long terme.
Bombardier (BBD.B, 67,09 $) : son titre devrait faire du surplace
Bombardier (BBD.B, 67,09 $) : son titre devrait faire du surplace
Après une ascension rapide, voilà que le titre de Bombardier est mûr pour faire un peu de surplace, estime Cameron Doerksen de la Financière Banque Nationale.
Certes, son carnet de commandes bien rempli, ses marges bénéficiaires positives et son désendettement laissent croire à l’analyste que la société va continuera de bonifier ses résultats financiers au cours des prochaines années.
Son titre pourrait même dépasser les 90 $ si Bombardier atteint en 2025 son objectif de réduire son effet de levier à un multiple de 3, et à obtenir un bénéfice avant intérêt, impôt et amortissement de 1,5 milliard de dollars.
Toutefois, d’ici là, l’appréciation du titre devrait ralentir. L’analyste serait acheteur si le cours faiblissait momentanément en Bourse.
En effet, depuis le début de l’année, son titre a déjà grimpé de 30%, alors que l’indice S&P/TSX n’a avancé que de 7%, souligne Cameron Doerksen. Ce n’est pas injustifié, puisque depuis la mi-2022, Bombardier dépasse les attentes des analystes sur toute la ligne, observe-t-il.
Les prochains mois s’annoncent toutefois moins exceptionnels, surtout du côté des commandes de nouveaux appareils, car des données du secteur semblent indiquer une baisse de l’utilisation des jets d’affaires et un marché des appareils usagés moins tendu.
Lors du dévoilement de ses résultats trimestriels — somme toute conformes à ce qu’elle avait laissé circuler en janvier — Bombardier a aussi dévoilé ses objectifs pour son prochain exercice.
En 2023, l’entreprise s’attend à générer des revenus de plus de 7,6 milliards de dollars (G$). C’est plus que le 7,45 G$ sur lequel l’analyste tablait (7,45 M$), mais légèrement en deçà du 7,69 G$ que vise le consensus.
Elle croit aussi obtenir un bénéfice avant intérêt, impôt et amortissement de plus de 1,125 million de dollars, ce qui est supérieur aux attentes de la Financière Banque Nationale et du consensus.
Alors que Cameron Doerksen anticipe des flux de trésorerie de 485 M$, l’entreprise vise plutôt 250 M$, et des dépenses d’investissement de 350 M$. C’est 50 M$ de plus que ce que prévoit l’analyste. Ce dernier note que Bombardier devra, pour la dernière fois, faire un paiement de 125 M$ pour compenser la garantie sur la valeur résiduelle de son défunt projet CRJ.
Malgré les vents contraire qui pourraient freiner l’ascension de l’entreprise, l’analyste fait tout de même passer son cours cible de 67 $ à 72 $. Il réduit cependant sa recommandation de «surperformance de secteur» à «performance de secteur».
Disney (DIS, 111,78 $US) : Bob Iger fait sentir sa présence
Disney (DIS, 111,78 $US) : Bob Iger fait sentir sa présence
Le mandat que l’ancien redevenu actuel PDG de Disney, Bob Iger, ne peut être plus clair : il est là pour faire du ménage, et Jessica Reif Ehrlich de Bank of America est «encouragée» par la nouvelle vision stratégique présentée aux investisseurs mercredi.
Déjà, l’entreprise a dévoilé des résultats qui ont dépassé les attentes de l’analyste au premier trimestre de son exercice.
Parmi ses nouvelles priorités, Bob Iger veut améliorer l’efficacité de l’organisation, en sabrant pour commencer 5,5 milliards de dollars américains (G$ US) dans ses dépenses, dont 3 G$ US seront uniquement retirés de son contenu.
Il souhaite aussi recentrer les activités de l’entreprise autour de ce qu’elle fait de mieux, et se détourner du «divertissement au sens large». Le contenu sportif et l’entente de diffusion avec ESPN ne se trouvent pas au ballotage, croit l’analyste, mais elle ne peut en dire autant de son entente avec Hulu.
D’ici la fin de l’année, Bob Iger compte aussi recommencer à verser des dividendes, alors que d’ici 2024, il aspire à ce que ses activités de diffusion de contenu en continu redeviennent rentables. D’ailleurs, l’entreprise ne diffusera plus ses attentes à l’égard de son nombre d’abonnés à ce service.
Or, malgré l’annonce de sa nouvelle vision stratégique et d’importantes coupes dans ses dépenses, l’entreprise mise toujours sur une croissance de ses revenus d’au plus 9%, observe l’analyste
Elle note que le deuxième trimestre devrait toutefois enregistrer des coûts supplémentaires liés à la restructuration de ses opérations, notamment en raison de la suppression de 7000 emplois.
Jessica Reif Ehrlich ne s’en fait pas trop avec cette grande transformation qui attend l’entreprise : Disney se trouve entre bonnes mains, d’après elle.
C’est pourquoi elle révise à la hausse le bénéfice par action qu’elle croit que la société devrait livrer au cours de son exercice 2023, le faisant passer de 4,03 $US à 4,10 $US, afin de mieux refléter sa performance au premier trimestre.
L’analyste s’attend aussi à ce que Disney+ attire 1 million de nouveaux abonnés, et que la situation devrait encore plus s’améliorer au cours de la deuxième moitié de 2023.
Elle révise légèrement ses attentes à l’égard des revenus que l’entreprise devrait générer au cours du présent exercice et du prochain, à 89 G$ US et 95 G$ US respectivement, mais hausse légèrement ses prévisions concernant le BAIIA, à 14,9 G$ US et 17,9 G$ US.
Ajustant vers le haut le multiple utilisé pour calculer son cours cible, il passe donc de 115 $US à 135 $US. Cette révision s’appuie sur les répercussions qu’auront ses réductions de coûts sur sa croissance et sa rentabilité.