Le titre de Bombardier a perdu 20,1% de sa valeur depuis la publication de ses résultats du deuxième trimestre. (Photo: courtoisie)
Que faire avec les titres d’Industries Lassonde, Amazon et Bombardier? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Industries Lassonde (LAS.A, 126,62$) : redresser les activités américaines
Le fabricant de breuvages Industries Lassonde a tenu une journée des investisseurs le 19 septembre à Rougement, à laquelle a participé Vishal Shreedhar, analyste à la Financière Banque Nationale.
«L’événement a permis de renforcer des thématiques d’investissement, portant une attention particulière aux initiatives en productivité et aux perspectives de croissance, tant organique que par fusions et acquisitions», écrit l’analyste.
La journée a été marquée par des présentations de l’équipe de direction aux États-Unis et au Canada, de même que par une visite de l’établissement Mont-Rouge, qui conçoit des seltzers à base de cidre.
«L’événement nous a permis d’obtenir quelques informations, sans modifier notre vision par rapport à l’entreprise de manière substantielle. La direction de Lassonde a réitéré ses cibles de croissance des ventes, avec l’objectif d’atteindre un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars (G$) d’ici 2026», dit-il.
Vishal Shreedhar précise que la société souhaite y parvenir en augmentant sa capacité de production, en pénétrant de nouveaux marchés et en lançant de nouveaux produits et recettes. Il anticipe que l’entreprise générera un chiffre d’affaires de 2,5G$ en 2026, tout en précisant que d’éventuelles fusions et acquisitions ne sont pas incluses dans ce calcul.
«La direction a insisté sur le fait qu’elle souhaitait procéder à des acquisitions dans des marchés à plus forte marge bénéficiaire comme les aliments spécialisés (soupes et sauces), alors que la consommation de jus de fruits est sous pression», dit-il.
Il souligne par ailleurs que la direction n’a pas fourni de cible de marge bénéficiaire, tout en laissant entendre qu’un chiffre de 10% ou plus était à sa portée. L’analyste mise sur une performance de 9,4% en 2025.
En ce qui concerne la rentabilité de l’entreprise, l’analyste estime que le bénéfice par action de Lassonde atteindra 15,93$ en 2025, mais qu’il a le potentiel de dépasser 18$ si les activités américaines reviennent à leur performance historique.
L’analyste conserve sa recommandation de «surperformance» sur le titre d’Industries Lassonde, avec un cours cible sur un an de 166$. Il confère au titre une valeur de 6,5 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) prévu en 2025.
Denis Lalonde
Amazon (AMZN, 130,97$US) : les Fêtes, c’est maintenant
Amazon (AMZN, 130,97$US) : les Fêtes, c’est maintenant
À l’approche de la saison des Fêtes, Amazon se prépare à embaucher près de 250 000 employés en Amérique du Nord, dont 6 000 au Canada. Signe que l’entreprise prévoit que la demande des consommateurs sera au rendez-vous pour les derniers mois de 2023.
L’année dernière, pour la même période, l’entreprise de Seattle avait embauché 100 000 personnes. Tous les indicateurs semblent à la hausse pour cette année alors que les salaires devraient augmenter de 1,50$US l’heure par rapport à la même période en 2022, pour une moyenne de 20,50$US.
Certains nouveaux employés, souligne dans une note l’analyste Justin Post, de Bank of America, pourraient être éligibles à un bonus de 3000$US dès l’embauche.
Ces 250 000 nouveaux employés à venir représentent 17% de la main-d’œuvre d’Amazon, qui compte 1,5 million de salariés.
Le vent de dos dont Amazon pourrait tirer profit ne semble pas souffler dans la même direction pour d’autres grands joueurs du commerce de détail et du commerce en ligne, souligne Bank of America. Par exemple, Target s’apprête à embaucher «seulement» 100 000 personnes, soit le même nombre que l’année dernière. Macy’s de son côté vise 38 000 nouvelles embauches, une diminution de 7% par rapport à la même période en 2022.
Les services postaux américains ajouteront 10 000 personnes à leurs effectifs, 64% de moins que l’année passée.
Il faut dire que le concept des Fêtes est large chez le géant américain de la vente en ligne. Cette saison, pour Amazon, commencera avec les jours Amazon Prime, les 10 et 11 octobre. Le Vendredi fou et le Cyber lundi suivront en novembre, pour ensuite conclure les festivités avec Noël et le Boxing Day.
Cette hausse des embauches pour Amazon «montre potentiellement un signal fort par rapport à l’appétit des consommateurs à l’approche de la saison des Fêtes. Cela montre qu’Amazon pourrait bien présenter des résultats supérieurs à ceux de l’industrie», écrit l’analyste Justin Post.
Par contre, souligne Bank of America, ces embauches massives feront grimper la masse salariale de 2,5 milliards de dollars américains, ce qui pourrait faire diminuer les profits. C’est 1G$US de plus que l’année dernière.
«Alors que l’investissement le plus important de l’année pour Amazon en heures payées pourrait représenter un frein pour les marges bénéficiaires, nous croyons que ceux du quatrième trimestre de 2023 seront supérieurs de 12G$US par rapport à la même période l’année dernière. Cela sera plus que suffisant pour absorber ces hausses de frais», tempère cependant l’analyste de Bank of America.
Pour ces raisons, l’institution financière maintient sa recommandation d’acheter le titre et son cours cible sur un an de 174$US.
Dominique Talbot
Bombardier (BBD.B, 50$): deux scénarios possibles pour le cours du titre
Bombardier (BBD.B, 50$): deux scénarios possibles pour le cours du titre
Le titre de Bombardier a perdu 20,1% de sa valeur depuis la publication de ses résultats du deuxième trimestre, l’analyste Benoît Poirier de Valeurs mobilières Desjardins voit deux scénarios se profiler à l’horizon pour l’avionneur de Dorval.
L’analyste soupçonne que le cours du titre est affecté par la méconnaissance des investisseurs en ce qui concerne la saisonnalité des livraisons d’appareils ainsi que par leurs préoccupations face aux nouvelles commandes.
Bombardier a pourtant annoncé que la majorité de ses livraisons d’appareils, environ les deux tiers, s’effectuera dans la seconde moitié de l’exercice et plus particulièrement au quatrième trimestre. Ce qui est une situation normale, en ligne avec les données historiques de livraison d’avions d’affaires, pour Bombardier.
Le meilleur scénario possible pour le cours du titre, selon Benoît Poirier, le verrait augmenter à 133$ et serait possible à deux conditions: un carnet de commandes bien garni et une baisse des dettes de l’entreprise.
L’hypothèse requiert que Bombardier réussisse a engranger quelques commandes juteuses, augmente légèrement sa production et garde son ratio de nouveaux contrats/facturation au dessus de 1 pour l’année 2024.
Si Bombardier veut accomplir ce scénario en 2023, elle devra trouver de nouveaux contrats pour une centaine d’appareils lors de la deuxième moitié de l’exercice. Elle devra probablement séduire un opérateur de flotte de bonne envergure pour y arriver, selon Benoît Poirier.
L’avionneur va devoir continuer d’abaisser son ratio dette/BAIIA et le ramener à 1,3 fois, ce qui ferait basculer la cote de crédit de l’entreprise dans la catégorie investissement et donnerait de l’élan au cours du titre.
Dans le second scénario plus pessimiste de l’analyste de Desjardins, le titre se négocie à 45$, ce qui n’est pas très éloigné de cours du titre en ce moment et laisse croire que le marché évalue déjà le titre selon les pires possibilités.
Pour que ce scénario se concrétise, le ratio nouvelles commandes/facturation doit baisser à 0,8 fois pour la deuxième moitié de 2023 et continuer d’être sous pression pour l’exercice 2024, forçant Bombardier à réduire sa production.
Si ce scénario se concrétise, l’analyste prévoit une baisse des flux de trésorerie excédentaires autour d’un million de dollars (M$) pour 2023 et de près de 163 M$ pour 2024 dû aux baisses de livraisons et à la perte des économies d’échelle qu’elles supposent.
Malgré ceci, Benoît Poirier voit la dette de Bombardier baisser pour s’établir à 2,5 fois le BAIIA en 2025, dans la fourchette cible de la direction qui vise entre 2 et 2,5 fois.
L’analyste de Desjardins se montre optimiste et pense que le risque par rapport à la possibilité d’une récompense, même dans le pire scénario, vaut la chandelle et qu’il y a une bonne occasion pour l’achat du titre à sa valeur actuelle.
Benoît Poirier maintient son cours cible a 99$ pour le titre de Bombardier, se fondant sur un ratio de 8 fois la valeur de l’entreprise sur le BAIIA. Il maintient sa prévision haussière pour le titre et réitère sa confiance dans la direction de Bombardier d’atteindre, et même de surpasser, ses objectifs pour 2025.
Matthieu Hains