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À surveiller: Industries Lassonde, Héroux-Devtek et GDI

Dominique Beauchamp|17 mai 2023

À surveiller: Industries Lassonde, Héroux-Devtek et GDI

L’action d'Héroux-Devtek s’échange actuellement à un multiple de seulement 7,4 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2024. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres d’Industries Lassonde, Héroux-Devtek et GDI Services aux immeubles ? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

 

Industries Lassonde (LAS.A, 109,60$) : de légers signes de progrès, mais la patience reste de mise

Le premier trimestre de 2023du producteur des jus Oasis et Rougement est à l’image du précédent. Il est encore difficile d’établir «si le verre est à moitié plein ou vide» étant donné la divergence entre les prix et la demande pour les jus, évoque Frédéric Tremblay de Desjardins Marché des capitaux.

L’analyste craint encore que le choc des prix accentue et prolonge le déclin marqué de 5% de la demande pour les jus et boissons. Il garde espoir néanmoins que le plan stratégique Projet Eagle lancé en 2022 portera fruit, au cours des prochaines années.

Des signes de progrès l’incitent tout de même à relever son cours cible de 125 à 130$.

Au premier trimestre, les ventes ont augmenté de 7,5% à 554,2 millions de dollars, soit de 3,7%, sans l’effet des changes. Les prix plus élevés ont plus que compensé la contraction des volumes, dit-il.

Globalement, les coûts augmentent encore (surtout pour les concentrés de pommes et d’oranges), mais la rentabilité prend du mieux grâce à la hausse du chiffre d’affaires et à la baisse des dépenses générales et administratives, incluant les frais de transport.

Aux États-Unis, des changements dans l’assortiment des ventes de jus de marques privées ont aussi donné un coup un coup de pouce à la hausse de 7,9% des revenus dans ce marché.

Le bénéfice d’exploitation a donc augmenté de 10,8% à 41,4 M$, au premier trimestre.

Sur une base ajustée, Lassonde estime ce bénéfice d’exploitation à 43,1 M$. Il exclut les charges de sa stratégie de relance, les coûts de l’implantation des nouveaux systèmes infonuagiques et les ajustements aux ventes irrécupérables.

La marge d’exploitation de 7,9% est inchangée sur un an, mais elle se compare à celle de 6,9% du quatrième trimestre.

Les prix demeurent la principale source de croissance interne des revenus, mais puisque l’inflation de certains coûts se stabilise, l’effet cumulé des hausses de prix devrait se répercuter sur la rentabilité, entrevoit Frédéric Tremblay.

«Le premier trimestre est encourageant et l’évaluation du titre est très attrayante (5,7 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2023). Pour qu’il soit revalorisé, le titre a toutefois besoin que les revenus en termes de nombres d’unités vendues s’améliorent, que les vents contraires s’atténuent (ou que les initiatives internes les neutralisent) et que les marges reviennent à la normale. La patience reste de mise», résume-t-il.

Au final, il propose encore de conserver le titre.

Héroux-Devtek (HRX, 13,00$): une transaction met au jour la valeur d’aubaine du fabricant

Héroux-Devtek (HRX, 13,00$): une transaction met au jour la valeur d’aubaine du fabricant

Le fournisseur américain de pièces de rechange aéronautiques Heico (HEI, 177,53 $US) met la main sur Wencor Group pour un peu plus de deux milliards de dollars américains. Le vendeur est le fonds privé Warburg Pincus.

«Il s’agit de la plus importante transaction réalisée par Heico qui intégrera Wencor au sein de son groupe de soutien aux vols», indique Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux.

Wencor qui distribue un vaste éventail de pièces de rechange neuves pour les avions commerciaux et militaires et dispense des services de réparation, emploie 1000 travailleurs dans 19 établissements aux États-Unis, précise l’analyste.

Si l’on se fie aux revenus et au bénéfice d’exploitation pro forma fournis par Heico pour 2023, Wencor dégage des marges de 21,1% par rapport à celles de 15,5% de Héroux-Devtek.

Benoit Poirier attire l’attention sur le fait que Heico paie un multiple de 13,4 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2023 pour Wencor, ou de 12,7 fois en incluant les avantages fiscaux de 75 M$ US prévus d’ici 2038.

L’analyste y voit un point de comparaison éloquent pour Héroux-Devtek dont l’action s’échange actuellement à un multiple de seulement 7,4 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2024.

«Bien que la marge plus élevée de Wencor justifie une plus-value, nous considérons que le rabais attribué à Héroux-Devtek (un écart de 4,9 fois par rapport à ses semblables américains) est exagéré», soutient-il.

De plus, la transaction Heico-Wencor démontre que les actifs aéronautiques «de bonne réputation» ont de la valeur pour les intéressés.

Au cours actuel, l’action d’Héroux-Devtek offre un bon point d’entrée puisque le fabricant de trains d’atterrissage et d’autres composantes s’efforce de renouer avec la marge de 15,5% dégagée avant les problèmes d’approvisionnement pandémiques.

«Les dirigeants semblent partager ce point de vue puisque l’entreprise a racheté 4,3 M$ de ses actions depuis le début de l’année. Une organisation de cette qualité ne restera pas aussi bon marché pour longtemps», conclut-il.

L’analyste de Desjardins renouvelle donc sa recommandation d’achat et son cours cible de 22$. Depuis cinq ans, le cours de l’action s’est déprécié de 17%.

GDI Services aux immeubles (GDI, 45,25$): les services techniques prennent du galon

GDI Services aux immeubles (GDI, 45,25$): les services techniques prennent du galon

Le spécialiste du nettoyage et de l’entretien technique des immeubles a dévoilé un premier trimestre mitigé, mais Jonathan Goldman de Banque Scotia croit toujours au potentiel d’une revalorisation du titre, dont le cours a baissé de 9% depuis six mois.

Les revenus ont progressé de 19% à 591 millions (dont 14% sans les acquisitions), mais le bénéfice avant intérêts et impôts ajusté a baissé de 8% à 33 M$. Le bénéfice par action de 0,15$ est de moitié moindre que celui d’un an plus tôt.

Pendant que les investisseurs s’impatientent de voir les marges des services commerciaux aux immeubles se stabiliser trois ans après le boom du nettoyage pandémique, la croissance des services d’entretien des systèmes mécaniques, électriques, de chauffage, de ventilation et de climatisation des bâtiments reçoit trop peu d’attention, fait-il valoir.

Au premier trimestre, les revenus de cette division ont crû de 43%, sans l’effet des acquisitions. Les marges se sont aussi redressées de 140 points de pourcentage, à 4,4%, grâce à l’amélioration des problèmes d’approvisionnement connus un an plus tôt. «Ainsworth a signé plus de nouveaux contrats que ses revenus facturés, propulsant le carnet de commandes à un record», ajoute Jonathan Goldman.

«L’évaluation du titre et le retour à la moyenne des marges de nettoyage nous ont incités à rester sur la touche, mais la croissance des revenus et des marges des services techniques laisse entrevoir la possibilité que cette division prenne de la valeur», dit-il. Des entreprises de services techniques comparables s’échangent à un multiple d’évaluation de 40% plus élevé que celui de GDI, en fonction du bénéfice d’exploitation.

L’analyste de Scotia s’attend à ce que les marges des services de nettoyage canadiens retrouvent bientôt le niveau de 6,5% d’avant la pandémie, après neuf trimestres de déclin. GDI indique que le taux d’occupation des tours à bureaux de classe A s’améliore aussi.

Aux États-Unis, l’ajustement à la hausse des tarifs de certains contrats à la mi-2023 devrait aussi améliorer les marges qui sont encore 10% inférieures à celles de 2019.

Malgré ce potentiel, Jonathan Goodman continue de prévoir pour le titre une performance égale à son secteur. L’analyste ne touche pas non plus à son cours cible de 54$ même s’il repose désormais sur ses prévisions de 2024.