À surveiller: Industries Lassonde, Innergex et Finning
Dominique Beauchamp|Publié le 09 novembre 2022Le pire de l’effet de la hausse des coûts devrait bientôt culminer pour le producteur de jus, indique Ryan Li de la Financière Banque Nationale qui espère que les premiers signes d’amélioration commenceront à se manifester au troisième trimestre. (Photo: Getty Images)
Que faire avec les titres de Industries Lassonde, Innergex et Finning? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Industries Lassonde (LAS.A, 113,14 $): la hausse des coûts commence à se stabiliser
Le pire de l’effet de la hausse des coûts devrait bientôt culminer pour le producteur de jus, indique Ryan Li de la Financière Banque Nationale qui espère que les premiers signes d’amélioration commenceront à se manifester au troisième trimestre.
Déjà, la hausse des prix pour les concentrés d’orange et de pomme se stabilise tandis que les prix du plastique et les tarifs de fret pour les importations sont moins élevés qu’il y a un an.
De plus, l’analyse des commentaires des dirigeants de l’industrie alimentaire suggère aussi que les conditions de main-d’œuvre s’améliorent, ce qui pourrait aussi aider la performance de Lassonde au cours des prochains mois et trimestres, ajoute-t-il.
L’analyste rappelle qu’au deuxième trimestre, les dirigeants de Lassonde avaient prévenu que la rentabilité serait «sous pression» au deuxième semestre de 2022 à cause de l’inflation persistante et des contraintes de main-d’œuvre.
Ryan Li a donc des attentes modestes pour le troisième trimestre qui sera dévoilé le 11 novembre. Malgré une hausse prévue de 13% des revenus (à 530 millions de dollars), aidée par l’augmentation des prix de vente et l’appréciation du dollar américain, il prévoit un déclin de 5,6% du bénéfice d‘exploitation (à 38,2 M$).
Quant au bénéfice par action, il devrait avoir glissé de 12% à 2,14 $, soit 8% de moins que le consensus de 2,33 $.
Par prudence, Ryan Li revoit légèrement à la baisse ses prévisions pour 2022 (de 9,53 $ à 9,52 $ par action) et pour 2023 (de 12,29 $ à 12,07 $ par action et réduit son cours cible de 141 $ à 138 $).
Néanmoins, l’analyste continue de recommander l’achat du titre qu’il voit rebondir de 22%.
«Lassonde est une entreprise mûre et historiquement bien gérée qui peut croître à moyen terme par le biais d’acquisitions et de gains de parts de marché», met-il en contexte.
Lors de la téléconférence trimestrielle, Ryan Li espère que les dirigeants fourniront une mise à jour des efforts déployés à ce jour pour accroître la valeur de la société, accélérer sa croissance et améliorer ses marges et sa rentabilité, comme le prévoit son plan stratégique à long terme.
Il note que la société a racheté plus activement de ses actions en Bourse récemment, comme le prévoit le nouveau programme de rachat amorcé en août. Quelque 57% des actions du nouveau plan de rachat de 160 000 actions avaient été rachetées, au troisième trimestre.
Innergex (INE, 16,23 $): un bon trimestre en attendant un nouveau financement potentiel
Innergex (INE, 16,23 $): un bon trimestre en attendant un nouveau financement potentiel
Les résultats trimestriels d’Innergex énergie renouvelable ont bénéficié des tarifs plus élevés de l’électricité qui ont compensé pour l’effet de sécheresse sur la production hydroélectrique en Colombie-Britannique.
Les revenus de 258 millions ont en effet bondi de 40% tandis que le bénéfice d’exploitation de 215 millions de dollars a crû de 48%, au troisième trimestre, précise Brent Stadler, de Desjardins Marché des capitaux
La société de Longueuil n’a pas accru ses prévisions annuelles, soit un bénéfice d’exploitation de 700 M$ et des flux de trésorerie disponibles de 0,75 $ par action, ce qui laisse croire à l’analyste que le quatrième trimestre souffrira encore du déclin de la production hydroélectrique en Colombie-Britannique. Il prévoit d’ailleurs un déclin du bénéfice d’exploitation de 215 à 171 M$, alors que les flux de trésorerie disponibles passeront de 0,35 $ à 0,05 $, du troisième au quatrième trimestre.
L’analyste se dit aussi satisfait de l’avancement des projets potentiels et en développement malgré certains délais. Innergex compte douze projets d’une puissance installée totale de 908 M à un stade avancé. La construction du projet éolien Boswell Spring situé dans l’est du Wyoming, de 320 MW, commence et devrait entrer en service en 2024, donne en exemple Brent Stadler.
L’interconnexion du projet solaire Palomino de 200 MW en Ohio connaît certains délais, mais il devrait tout de même entrer en service à la fin de 2025, comme prévu.
Autre élément de grand intérêt, le vaste partenariat stratégique avec Hydro-Québec sera renouvelé à son échéance en février 2023. «Certaines conditions changeront. Nous avons hâte d’en apprendre plus», dit-il. Innergex compte déjà participer aux appels d’offres en vue de futurs parcs éoliens prévus entre 2026 et 2032 par la société d’État.
Bien qu’Innergex dispose d’un accès à des liquidités totales de 570 M$, Brent Stadler croit que la société compte améliorer davantage sa flexibilité financière d’ici 12 mois afin de pérenniser la ponction de 600 M$ de sa facilité de crédit totale de 950 M$, à la suite d’une série de transactions.
Innergex pourrait donc émettre de nouvelles actions, en plus de vendre certains actifs tels que le principal parc solaire Phœbe au Texas ou encore un intérêt dans sa plateforme française, afin de récolter des fonds frais. Brent Stadler a inséré une émission de 100 millions de dollars d’actions à la mi-2023 dans son modèle financier.
«Innergex a déjà indiqué qu’elle aurait besoin de capitaux propres de 500 M$ additionnels afin d’atteindre ses objectifs de croissance d’ici 2025», rappelle l’analyste de Desjardins.
Le producteur d’électricité versera presque 100% de ses flux monétaires disponibles en dividendes en 2022, mais cette proportion diminuera à 88% l’an prochain.
Au final, l’analyste continue de recommander de conserver l’action d’Innergex et ne touche pas à son cours cible de 18,50 $.
Finning (FTT, 31,04 $): le distributeur de machinerie Caterpillar défonce les attentes
Finning (FTT, 31,04 $): le distributeur de machinerie Caterpillar défonce les attentes
Maxim Sythev de la Financière Banque Nationale est époustouflé par les vigoureux résultats du troisième trimestre du distributeur de machinerie qui met au jour la nouvelle capacité bénéficiaire de la société.
«Un bénéfice de 3 $ par action, la marque atteinte pour les 12 derniers mois, n’aurait été qu’un rêve il y a quelques années et il se réalise maintenant», se réjouit l’analyste qui croit que ce niveau de bénéfices pourrait être plus durable qu’avant avec l’aide de prix fermes persistants pour les matières premières tels que le pétrole et le cuivre.
Maxim Sytchev admet que le premier réflexe d’investisseurs sera d’affirmer que ces bénéfices constituent la pointe pour une entreprise aussi tributaire de l’économie, mais à ses yeux ce serait ignorer tous les efforts entrepris par le distributeur pour réduire structurellement ses coûts d’exploitation et améliorer son levier de rentabilité tout au long du cycle économique. La société fait notamment appel à plus d’employés contractuels pour combler des besoins temporaires.
Au troisième trimestre Finning a bénéficié de prix plus élevés pour ses équipements lourds, de l’amélioration de la chaîne d’approvisionnement, de la demande solide de la part des clients miniers au Chili et en Grande-Bretagne et du bond de 30% des revenus d’entretien des équipements lourds déjà en service.
Résultat: les revenus ont augmenté de 20% à 2,1 milliards de dollars, soit 8,5% plus que prévu. Le bénéfice d’exploitation de 308 millions de dollars a bondi de 31% et a surpassé les prévisions de 19,5%. Le bénéfice net par action a donc grimpé de 59% à 0,97 $ par action, soit 35% plus que le consensus.
«Bien que certains facteurs favorables s’avéreront temporaires, nous sommes contents de voir la structure allégée des coûts ait bénéficié à l’expansion phénoménale des marges. Nous croyons que ces améliorations seront plus durables qu’avant et pourraient élever les bénéfices bien au-dessus de 2 $ par action tout au long du cycle des profits», ajoute l’analyste. Il précise que les dépenses générales et administratives représentent 16,7% des revenus, un plancher inégalé pour le distributeur.
Le carnet de commandes record de 2,5 G$ a bondi de 56% en un an grâce aux commandes du secteur minier, incluant les premières livraisons pour la mine géante Escondida. La majorité de ces commandes seront livrées en 2023, ce qui rassurera ceux qui craignent que le bénéfice cyclique de Finning ait déjà culminé.
Malgré son enthousiasme et une hausse de ses prévisions pour 2023, Maxim Sytchev n’augmente pas son cours cible de 40 $ parce que l’incertitude économique et la hausse des taux réduisent le multiple d’évaluation qu’il accorde au titre de 14,5 à 13 fois le bénéfice prévu dans un an.
L’analyste renouvelle sa recommandation d’achat puisque le cours cible offre un gain potentiel de 29%.