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À surveiller: Innergex, Dorel et Shopify

Dominique Beauchamp|Publié le 18 février 2021

À surveiller: Innergex, Dorel et Shopify

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres d’Innergex, Dorel et Shopify? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Innergex (INE, 26,81$): des pertes de 40 à 60 millions à cause du froid extrême au Texas

Le producteur d’énergie renouvelable est frappé de plein fouet par le froid extrême au Texas où il exploite trois parcs éoliens et un parc solaire qui produisent 800 MW d’électricité.

Le parc éolien Flat Top est particulièrement touché et ne pourra pas reprendre le service normal avant le week-end.

Bien que la hausse des prix de l’électricité devrait avoir un impact net favorable sur les revenus et le bénéfice d’exploitation, l’interruption de production et les obligations contractuelles de livrer une production quotidienne prédéterminée entraîneront des pertes à 40 à 60 M$.

Ces pertes proviennent de l’incidence des pertes réalisées sur les couvertures (hedges) du prix de l’électricité et de la quote-part d’Innergex dans les pertes des coentreprises liées aux pertes sur ces couvertures.

Incapable de livrer l’électricité contractuelle, Innergex a été obligée d’acheter de l’électricité à prix fort (4000$US le MWh) et de le revendre au prix contractuel de (20$US le MWh)

Ces pertes auront pour effet de diminuer les flux de trésorerie d’autant, si bien que le ratio de distribution du dividende grimpera de 100 à 174% temporairement, estime Bill Cabel, de Desjardins Marché des capitaux.

«Cet incident assèche les liquidités courantes, mais l’impact est gérable puisque Innergex a accès à des ressources financières de 575 millions de dollars», dit-il.

Ces pertes n’ont aucun effet non plus sur son cours cible de 30$ qui repose sur un modèle d’actualisation des flux de trésorerie, précise l’analyste.

Avant les intempéries, Bill Cabel jugeait déjà le titre pleinement évalué en fonction de la part élevée des fonds générés par l’exploitation qui sont distribués en dividendes.

L’analyste de Desjardins continue de recommander de conserver le titre.

Industries Dorel (DII.B, 15,78$): le fabricant reste en Bourse, un analyste exprime ses doutes

Industries Dorel (DII.B, 15,78$): le fabricant reste en Bourse, un analyste exprime ses doutes

La famille Schwartz a échoué dans sa tentative de fermer le capital d’Industries Dorel en partenariat avec le fonds Cerberus Capital Management dans une transaction d’un milliard de dollars incluant la dette.

Deux actionnaires cumulant 19% des actions, Letko Brosseau et Associés et Brandes Investment Partners, s’y sont opposés, jugeant que le prix offert sous-estimait la juste valeur marchande du fabricant d’articles pour enfants, de vélos et de meubles prêt-à-assembler de Montréal.

En 2015, le titre avait grimpé jusqu’à 40,71$ et en août 2016, il frôlait 40$.

Bien que la famille assure que la création de valeur reste sa priorité, Derek Lessard, de TD Valeurs mobilières, exprime des doutes.

À ses yeux, l’offre de privatisation de 16$ offrait une certitude aux actionnaires parce qu’il est peu probable que le titre obtienne en Bourse une plus-value nettement supérieure au prix offert, du moins à courte échéance.

«Le cours de Dorel a rarement reflété la force de ses nombreuses marques à cause des bénéfices et des marges volatils, de la restructuration en cours, des défis d’exécution et d’un endettement souvent élevé», explique-t-il.

Le document présenté aux actionnaires par Dorel en faveur de la privatisation reconnaissait que la société avait souffert de «médiocrité opérationnelle». L’action a procuré un rendement annuel négatif de 56% depuis cinq ans.

Ces problèmes ne disparaîtront pas à court terme, craint-il.

Derek Lessard se demande aussi si la forte demande pour les vélos et les meubles durera après la pandémie puisque les consommateurs retourneront à leurs anciennes habitudes et dépenseront autrement.

À long terme, l’analyste continue de croire que les parties de Dorel valent plus que le tout, et plus que l’offre de 16$, mais il ne voit pas de catalyseur pour que cette valeur se matérialise. La famille fondatrice qui dirige la société ne veut pas démanteler le groupe.

Le cours de Dorel a d’ailleurs rebaissé à 14,45$ comme l’avait prévu Derek Lessard. Il propose de conserver le titre qui risque de fluctuer sans direction claire dans un avenir prévisible.

Shopify (SHOP, 1425$US): la demande pandémique se modérera, mais l’avantage concurrentiel reste

Shopify (SHOP, 1425$US): la demande pandémique se modérera, mais l’avantage concurrentiel reste

Paul Treiber, de RBC Marchés des capitaux, ne se formalise pas de la modération inévitable de la croissance de la plateforme de commerce en ligne après le pic pandémique ni de sa décision de ne plus fournir d’orientations financières.

L’analyste reste convaincu que la société d’Ottawa conserve un avantage concurrentiel durable et qu’elle pourra «monétiser» de nouveaux services à valeur ajoutée aux 1,7 million de marchands qui utilisent sa plateforme pour vendre en ligne et continuer à créer de la valeur.

«Nous admettons que le titre est cher, avec un multiple de 46 fois les ventes et de 94 fois les profits bruts, mais Shopify bénéficie d’un plus grand marché potentiel et de plus nombreuses occasions de générer de nouveaux revenus que ses semblables», explique l’analyste.

Ce potentiel s’observe par l’effet  de l’adoption de ses services sur sa valeur. Ainsi chaque hausse de 50 points de pourcentage du taux d’abonnement (take rate) ajoute 140$ à la valeur de la société, en actualisant les flux de trésorerie générés.

Shopify pourra générer plus de revenus de son nouveau réseau de traitement des commandes, de la prochaine génération d’outils aux points de ventes, de sa filiale de financement Shopify Capital et de son expansion à l’international, énumère-t-il.

D’ailleurs au quatrième trimestre, les revenus ont dépassé ses prévisions par 7,4% bien que les ventes brutes de marchandises de 41,1 milliards de dollars ont été conformes aux attentes.

C’est signe que Shopify monétise de plus en plus de ses services et fonctionnalités. Paul Treiber donne en exemple la hausse de 53% des revenus mensuels récurrents.

Le fondateur Tobi Lutke a d’ailleurs repris en charge la direction de la conception des produits, l’automne dernier, afin d’améliorer les fonctionnalités offertes et mieux affronter Amazon. La société compte réinvestir une bonne part des profits bruts additionnels qu’elle dégage dans l’organisation pour embaucher des ingénieurs et accroître ses dépenses de mise en marché.

L’analyste augmente son cours cible de 1290$US à 1500$US et il en recommande toujours l’achat. Il justifie le multiple de 35 fois les revenus prévus en 2022 par le fait que sa croissance annuelle composée de de 33% des revenus et des profits bruts surpassera celle de ses semblables, au cours des trois prochaines années.