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À surveiller: la Banque CIBC, la Banque TD et Empire

Catherine Charron|Publié le 02 Décembre 2022

À surveiller: la Banque CIBC, la Banque TD et Empire

Si l’inflation continue de peser autant sur le portefeuille des consommateurs pourraient accroître leur prépondérance à mettre dans leur panier des produits bon marché, là où Empire n’est pas très bien positionnée, selon Irene Nattel. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de la Banque CIBC, de la Banque TD et d’Empire ? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes. 

CIBC (CM, 60,88$): son taux de croissance devrait être sous la moyenne

À 1,39$, le bénéfice par action ajusté que la Banque CIBC a dévoilé est «largement» sous la cible de 1,75$ à laquelle Scott Chan de Canaccord Genuity s’attendait.

Les revenus qu’elle a générés sont plus faibles qu’anticipés, bien qu’ils aient cru de 6% par rapport à la même période l’an dernier, rapporte-t-il. L’institution financière doit surtout cette performance aux revenus nets tirés de ses investissements, qui ont crû de 11% en un an, tandis que ses autres sources de revenus ont glissé de 8% si on les compare à cette même période.

Dans l’ensemble, ses dépenses ont bondi de 12% si on les compare à celles du quatrième trimestre précédent, surtout à cause de la hausse de l’inflation, des indemnités de départ du côté de Marchés des capitaux CIBC et des investissements aux États-Unis, indique Scott Chan.

Le ratio de ses capitaux propres s’est établi à 11,7%, ce sur quoi misait l’analyste. Ses actifs pondérés en fonction du risque ont quant à eux grimpé d’environ 4% au cours du dernier trimestre, notamment à cause du taux de change.

Néanmoins, son taux de rendement de son dividende a atteint 5,6%, ce qui est supérieur à la moyenne. Ça ne devrait toutefois pas durer à moyen terme, prévoit l’analyste.

Bien qu’il ne croit pas que ces résultats trimestriels soient représentatifs de sa performance à venir, n’en demeure pas moins que Scott Chan s’attend à ce que l’institution bancaire performe moins bien que ses pairs à court terme.

Pour l’exercice 2023, son bénéfice par action ajusté devrait atteindre 3%. L’analyste rapporte que la direction table sur une croissance de ses coûts qui devrait tourner autour de 5%, mais qui pourrait être plus basse si elle a plus de difficultés à générer des revenus.

Après une hausse de ses revenus de 9% au cours du dernier exercice, le taux de croissance de ses ventes devrait être plus modeste au cours de l’exercice 2023, estime Scott Chan.

Il précise que l’institution bancaire compte sur une croissance faible de ses hypothèques, une tendance qui s’observe aussi dans le reste de l’industrie. Comme ce secteur représente une grosse part des revenus qu’elle génère, sa performance devrait donc être plus affectée par ce ralentissement que ses pairs.

Déjà, au quatrième trimestre, sa marge nette sur les intérêts a glissé de 9 points de base par rapport au trimestre précédent. Au cours de la première moitié de l’exercice 2023, toutefois, sa croissance devrait être plus «modérée».

En 2024, l’analyste s’attend à ce que son bénéfice par action ajusté remonte de 2%, et atteigne 7,32$.

C’est pourquoi il révise sa recommandation à la baisse, suggérant maintenant de conserver le titre plutôt que de l’acheter, et fait passer son cours cible de 75$ à 66,5$.

Comparé au ratio cours/bénéfice de ses pairs, celui de la Banque CIBC a toujours eu une décote de 10%. Dorénavant, l’analyste s’attend à ce qu’elle atteigne 12%, et non plus 2% comme c’était le cas auparavant.

Banque TD (TD, 91,84$): solide trimestre pour l’institution financière

 

Banque TD (TD, 91,84$): solide trimestre pour l’institution financière

À nouveau, la Banque TD s’en est bien tiré ce trimestre-ci, souligne Gabriel Dechaine de la Financière Banque Nationale, notamment grâce à la marge nette sur les intérêts qu’elle a générée, la plaçant en tête de peloton par rapport à ses pairs.

Pour sa division canadienne seulement, la marge nette sur les intérêts a crû de 11 points de base, alors qu’elle a bondi de 51 points de base aux États-Unis.

Le ratio de ses capitaux propres a atteint 16,2%, ce qui représente une hausse de 130 points de base par rapport au trimestre précédent. La Banque TD doit toutefois cette performance en grande partie à l’acquisition de First Horizon. Si on exclut de l’équation cette transaction, on observe tout de même une augmentation de 30 points de base.

En tenant compte de cette performance, et du report de la clôture de la transaction, l’entreprise devrait encore dépasser le ratio de ses capitaux propres, que l’entreprise fixe à 11%, estime l’analyste.

Il rapporte d’ailleurs que la transaction devrait non pas se tenir au premier trimestre de 2023, comme l’a précédemment annoncé l’entreprise, mais bien au cours de la première moitié de l’exercice. Au cours de ce trimestre, toutefois, l’analyste s’attend à ce que le ratio soit ébranlé d’environ 15 points de base à cause du dividende pour la relance au Canada, une taxe ponctuelle que doivent payer les banques et les assureurs-vie.

Là où la Banque TD s’en est moins bien tiré au dernier trimestre, c’est du côté de ses pertes sur créances, qui ont dépassé les prévisions de l’analyste, ce qui la place parmi les institutions qui s’en sont le moins bien tiré.

Gabriel Dechaine révise à la hausse ses prévisions à l’égard de sa marge nette sur les intérêts, tout comme les provisions pour pertes sur créance que devrait faire la Banque TD. Son cours cible demeure donc à 103$.

Empire (EMP.A, 36,6$): une analyste ajuste ses attentes

Empire (EMP.A, 36,6$): une analyste ajuste ses attentes

À l’approche du dévoilement des résultats trimestriels d’Empire, Irene Nattel de RBC Marchés des capitaux croit que l’inflation est parvenue à compenser les paniers d’épiceries un peu moins remplis.

L’analyste précise dans sa note que ses résultats ne devraient pas être très affectés par la panne de son système informatique qui gère la distribution des aliments et les prescriptions notamment, survenue lors des derniers jours de son deuxième trimestre. Elle s’attend à ce que l’entreprise donne plus de détails lorsqu’elle présentera ses résultats à la mi-décembre.

Le bénéfice avant intérêt, impôt et amortissement devrait s’établir selon elle à 571 millions de dollars (M$), et à ce que le bénéfice par action se situe à 0,69$.

Elle estime que le taux de croissance des ventes d’un même magasin comparable, qui devrait atteindre 4% par rapport à la même période l’an dernier, sera soutenu par l’inflation et des marges brutes nulles, si on ne tient pas compte des ventes d’essence. C’est moins que Loblaw ou Metro, qui ont affiché respectivement des taux de 14,5% et de 15,4%, car elles sont mieux positionnées sur le marché des produits au rabais.

Les plus importants coûts d’acquisition de l’essence devraient avoir fait dégringoler de 20 points de base le taux de croissance de ses marges brutes.

Bien qu’on observe une hausse de la demande pour ses produits de marques génériques, la pénétration moins importante de ce marché par Empire, et la performance de ses produits de pharmacie devraient avoir nui aux bénéfices tirés de son Projet Horizon.

D’ailleurs, le taux de croissance annuel moyen de son bénéfice par action au cours des trois prochaines années, que l’analyste fixe à 13%, est légèrement sous la cible d’Empire, qui souhaite plutôt qu’il atteigne au moins 15%.

Au cours de l’exercice 2023, elle prédit un taux de croissance «modeste» de ses marges brutes, sans tenir compte de la vente d’essence, qui devrait être soutenue par son plan stratégique et l’accélération de sa pénétration de la vente de produits bon marché qui ont de meilleures marges de profits.

Irene Nattel surveillera donc la direction que prendra l’inflation au cours de la deuxième moitié de l’exercice, et sur l’importance que l’entreprise va accorder aux offres promotionnelles.

Si l’inflation continue de peser autant sur le portefeuille des consommateurs pourraient accroître leur prépondérance à mettre dans leur panier des produits bon marché, là où Empire n’est pas très bien positionnée.

L’analyste souligne qu’au cours du dernier trimestre, l’entreprise a racheté 2,1 M d’actions d’une valeur de 78,5 M$, ce qui signifie qu’au cours de la première moitié de l’exercice 2023, elle a remis 151 M$ à ses actionnaires. Selon le modèle d’Irene Nattel, l’épicier est censé racheter pour 330 M$ au cours de l’exercice, ce qui est légèrement sous l’objectif d’Empire, à 350 M$.

Or, alors qu’une demande des consommateurs plus faible se profile à l’horizon, et qu’elle compte réinvestir 800 M$ dans ses opérations au cours de 2023, l’analyste croit que la société risque de faire preuve de prudence avec ses offres publiques d’achat d’action.

RBC Marchés des capitaux maintient donc son cours cible à 48$.