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À surveiller: Lion Électrique, dentalcorp et Stryker

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Lion Électrique, dentalcorp et Stryker

Les incitatifs pour les camions de Lion admissibles varient de 100 000 à 150 000 $ chacun selon le modèle, pour l’achat ou la location répartie sur 48 mois. (Photo: courtoisie)

Que faire avec les titres de Lion Électrique, dentalcorp et Stryker? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Lion Électrique (LEV, 5,66 $): un nouveau programme d’incitatifs pourrait raviver les commandes de camions

Le 11 juillet, le gouvernement fédéral a annoncé une enveloppe de 547,5 millions de dollars pour le nouveau Programme d’incitatifs pour les véhicules moyens et lourds à zéro émission (iVMLZE). Ces sommes s’étalent sur quatre ans ou jusqu’à l’épuisement des fonds disponibles.

Les incitatifs d’un maximum d’un million de dollars au point de vente visent à faciliter l’achat et la location de véhicules lourds à zéro émission par les organisations canadiennes, les provinces et les municipalités qui exploitent des flottes de moins de dix véhicules, indique Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux.

«Ces rabais fédéraux peuvent être combinés à d’autres programmes provinciaux ou territoriaux d’incitatifs», ajoute l’analyste. Les véhicules électriques à batterie, les véhicules hybrides rechargeables et les véhicules à pile à hydrogène sont admissibles. Seize modèles de camions Lion5, Lion6 et Lion8 sont donc admissibles.

Les incitatifs pour les camions de Lion admissibles varient de 100 000 à 150 000 $ chacun selon le modèle, pour l’achat ou la location répartie sur 48 mois. Les formulaires d’application seront disponibles au cours des prochains mois pour que les acheteurs puissent soumettre une demande de remboursement cet automne.

Benoit Poirier se réjouit de cette initiative qui démontre que le gouvernement fédéral prend l’électrification du transport au sérieux et élargit ses politiques au secteur industriel.

Ce programme survient après l’annonce américaine d’une enveloppe de 5 milliards de dollars américains pour l’achat de véhicules à zéro émission (dont 2,5 G$ US pour l’achat d’autobus).

L’analyste espère surtout que le programme fédéral iVMLZE aide à regarnir les commandes de camions de Lion. «C’est bienvenu étant donné que le carnet de nouvelles commandes est passé de 53 camions, au quatrième trimestre, à l’annulation de deux commandes au premier trimestre», évoque-t-il. Ces chiffres sont bien en deçà des 250 prévus.

Pour 2022, Benoit Poirier maintient ses prévisions de 665 livraisons (165 camions et 500 autobus). Son modèle projette la livraison de 2065 unités en 2023, de 6800 unités en 2024 et de 12 100 unités en 2025.

L’analyste conserve aussi sa recommandation d’achat spéculatif et son cours cible de 14 $ US, malgré l’affaissement de 73% du titre de Lion depuis son sommet d’août 2021.

 

dentalcorp (DNTL, 12,82$): le consolidateur de dentistes affrontera un rival plus costaud

dentalcorp (DNTL, 12,82$): le consolidateur de dentistes affrontera un rival plus costaud

Le principal acquéreur de cabinets indépendants de dentistes, dentalcorp devra dorénavant affronter un rival national plus costaud qui ouvre aussi la porte à une autre menace à plus long terme.

Les numéros deux et trois canadiens dans la consolidation de cabinets de dentistes, soit 123Dentist de Vancouver et Altima Dental de Toronto fusionnent, regroupant ainsi plus de 350 cabinets offrant des services à plus de 800 000 patients actifs, explique Douglas Miehm de RBC Marchés des capitaux.

Avec ses 500 cabinets (1,7 million de patients actifs) et 745 autres dans sa mire, dentalcorp trône encore au sommet de l’industrie. Sa stratégie d’acquisition est aussi plus fonceuse que celle de ses rivaux, mais l’analyste craint néanmoins qu’un groupe canadien élargi fasse grimper les enchères pour l’achat de cabinets indépendants.

L’autre facteur de risque à surveiller concerne la participation au financement de la fusion de l’investisseur KKR & Co. qui possède l’important consolidateur américain de cabinets de dentistes Heartland Dental.

Fondée en 1955, Heartland Dental regroupe 1600 cabinets de dentistes dans 38 états américains, révèle l’analyste de RBC. Le groupe américain offrira des services de formation aux professionnels de 123Dentist qui pourront aussi profiter des relations d’Heartland Dental avec les fabricants et fournisseurs dentaires.

Les deux autres partenaires financiers sont Peloton Capital Management qui finance déjà 123Dentist et Sentinel Capital Partners qui appuie déjà Altima Dental (présente au Québec avec le Groupe Lapointe). Après la fusion, KKR & Co. et Peloton contrôleront la société combinée.

Les investisseurs privés sont attirés par la nature récurrente à long terme des revenus des dentistes qui exigent tout de même un bon fonds de roulement.

Douglas Miehm estime à 2,28 milliards de dollars la valeur totale de la nouvelle société fusionnée (incluant la dette) par rapport à 3,28 G$ pour dentalcorp.

Le marché canadien des cabinets de dentistes, estimé à 18 milliards de dollars, offre encore un fort potentiel de consolidation puisque seulement 6% des 15 000 cabinets font partie d’un groupe. Cette proportion est de 25% aux États-Unis, indique l’analyste.

À plus long terme toutefois, Douglas Miehm, la fusion augmente le risque qu’un acteur américain fasse éventuellement son entrée au Canada et perturbe ainsi l’industrie.

Pour le moment, l’analyste de RBC maintient sa recommandation d’achat et son cours cible de 18 $ pour dentalcorp, soit un gain potentiel de 39%.

Ce cours cible repose sur un multiple de 17 fois le bénéfice d’exploitation prévu dans 12 mois.

 

Stryker (SYK, 195,72 $ US): l’équipementier médical perd l’appui de BofA Securities

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Neuf séances avant le dévoilement des résultats du deuxième trimestre, attendus le 26 juillet, Stryker perd l’appui de Travis Steed, de BofA Securities.

Bien que le titre ait déjà plongé de 30% depuis son sommet atteint en septembre 2021, l’analyste retire sa recommandation d’achat parce que la récession potentielle reste un risque pour l’évaluation du titre.

«Le titre reflète déjà en partie la possibilité d’une récession, mais ce risque ne se dissipera pas à court terme. Et si la conjoncture devait se détériorer plus que prévu, l’évaluation du titre pourrait se comprimer davantage», justifie-t-il.

Travis Steed rappelle qu’historiquement le titre trouve un plancher lorsque son évaluation est de 10% moins cher que celle de son secteur, alors qu’actuellement l’action est encore 6% plus chèrement évaluée que celles de ses semblables (par rapport à 20% au début de 2022).

Par rapport au S&P 500, le titre obtient encore une plus-value de 20% alors qu’il trouve historiquement un point d’appui lorsque son évaluation égale celle de l’indice, précise-t-il.

Son modèle de récession modérée prévoit une croissance interne de 5% des revenus en 2023, mais sans grand répit pour les coûts. Ses prévisions de profits fléchissent donc de 3% en 2023 (à 10,28 $ US par action) et en 2024 (à 11,65 $ US), ce qui représente tout de même une croissance respective de 7% et 10%.

«Stryker est une société de haute qualité bien gérée qui devrait bien faire à long terme. Toutefois, nous voyons mal comment le titre pourrait mieux performer que son secteur alors que le quart de ses revenus dépendent des dépenses des hôpitaux pour qui la moitié des revenus sont électifs», renchérit Travis Steed.

Lors de la dernière récession, le nombre total de chirurgies pour remplacer les genoux et les hanches n’ont pas baissé, donne-t-il en exemple. Par contre, la demande pour ces interventions électives avait diminué pour des raisons économiques. De plus, les coupes dans les dépenses des hôpitaux avaient alors frappé les équipementiers médicaux avec un an de décalage.

Au final, son cours cible passe de 270 à 215 $ US parce qu’il réduit de 27,5 à 19 fois le multiple des bénéfices prévus en 2024 qu’il accorde au titre.

Cette cible offre encore un gain potentiel de 9,8%, sans compter le dividende de 1,4%.