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À surveiller: Lion Électrique, Quincaillerie Richelieu et BRP

Catherine Charron|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Lion Électrique, Quincaillerie Richelieu et BRP

Tant que sont volume de ventes ne sera pas plus important, Lion Électrique pourra difficilement être rentable.(Photo: courtoisie)

Que faire avec les titres de Lion Électrique, Quincaillerie Richelieu et BRP? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Lion Électrique (LEV, 1,93$US): les investisseurs doivent s’arme de patience

Lion Électrique est en tête de peloton sur de nombreux fronts par rapport à ses semblables, et son multiple d’évaluation, supérieur au leur, le reflète déjà bien, estime Tamy Chen, de BMO Marchés des capitaux, dans sa toute première note sur le titre.

Les investisseurs devront toutefois s’armer de patience avant d’observer une augmentation des ventes ou des marges brutes du fabricant québécois d’autobus et camions électriques, prévient-elle.

En effet, ça fait plus de dix ans que la société basée à Saint-Jérôme peaufine sa R&D autant en matière de poids lourds et d’autobus électriques qu’en développement de batteries. De plus, souligne Tamy Chen, elle génère moins de pertes d’exploitation que ses concurrentes.

Si ses marges brutes sont dans le rouge, c’est en grande partie à cause d’un niveau de ventes peu élevé qui ne permet pas d’absorber ses charges fixes, estime l’analyste. L’industrie du transport s’adapte plus lentement que prévu à cette nouvelle technologie, souligne-t-elle, de nombreuses sociétés la testant encore.

C’est pourquoi Tamy Chen s’attend à ce que l’apogée du volume de ventes de poids lourds électriques prenne encore quelques années. Elle ajoute que les ventes prévues d’autobus en 2024 ne seront pas suffisantes pour gommer les coûts associés à l’augmentation de sa capacité de production. Or, tant qu’elles ne seront pas plus importantes, l’entreprise pourra difficilement être rentable.

Bien qu’elle ait de nombreuses années de production de batteries derrière la cravate, les nouvelles installations de Lion Électrique – bien plus grandes que ses précédentes – n’ont pas encore fait leurs preuves, indique l’analyste. C’est pourquoi elle préfère attendre avant de se prononcer sur l’apport qu’elles devraient avoir sur ses résultats.

BMO Marchés des capitaux mise donc sur une «performance de secteur», et fixe son cours cible à 2$US, estimant que l’entreprise devrait valoir 2 fois ses revenus de 2024. L’analyste rappelle que les multiples d’évaluation de ses semblables varient de  0,5 à 1 fois.

Quincaillerie Richelieu (RCH, 37,50$): un analyste révise à la baisse ses attentes

Quincaillerie Richelieu (RCH, 37,50$): un analyste révise à la baisse ses attentes

Les consommateurs semblent tranquillement revenir à leurs habitudes prépandémiques, au même moment où la frénésie de la rénovation s’essouffle.

C’est ce que laissent entrevoir les résultats des quincailleries au quatrième trimestre de 2022, si on se fie à la note de Zachary Evershed de la Financière Banque Nationale. En effet, le niveau de ventes y est moins important que prévu. L’inflation permet toutefois d’en gommer en partie les conséquences.

Il note que les dernières hausses de taux d’intérêt devraient décourager les acheteurs à se procurer une nouvelle propriété. C’est une mauvaise nouvelle pour des distributeurs comme Quincaillerie Richelieu, dont 75 % des revenus proviennent des dépenses pour rénover ou adapter l’espace aux besoins des propriétaires.

L’analyste révise donc ses attentes à la baisse à l’approche du dévoilement le 6 avril prochain des résultats de son premier trimestre de l’exercice 2023. Il table dorénavant sur une contraction de 8,1% de la croissance interne de ses revenus par rapport à la même période l’an dernier.

Il prévoit aussi des revenus de 376,9 millions de dollars et un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 47,1 M$. Le consensus des analystes quant à lui, mise plutôt sur 387,3 M$ et 51,4 M$. Tous anticipent un bénéfice par action de 0,39$.

Étant très peu endettée – sa dette nette ne représente que 0,8 fois son BAIIA – Quincaillerie Richelieu devrait bien s’en tirer malgré une croissance interne moins importante, et être disposée à faire des acquisitions, croit Zachary Evershed.

Toutefois, la direction n’a pas laissé entendre qu’elle avait d’importants projets de la sorte sur la table, ce pour quoi l’analyste fait preuve de prudence et réduit à 75 millions de dollars les revenus qu’elle devrait ajouter par acquisition annuellement dans son modèle financier. 

Afin de refléter la capacité financière du distributeur à réaliser des acquisitions sans avoir à chiffrer de de futures, dans son modèle, Zachary Evershed avait incorporé l’ajout annuel de 150 M$ de revenus de tels achats. La décision d’abaisser la plus-value attribuée à ce potentiel réduit donc le multiple global qu’il accorde au titre de 23,5 à 21,5 fois le bénéfice, dont 19,5 fois s’applique toujours aux activités courantes. 

Ainsi, son cours cible pour le titre passe de 54$ à 49$. La Financière Banque Nationale estime toutefois que l’entreprise devrait mieux s’en tirer que le reste de son secteur.

BRP (DOO, 104,97$): le titre est 13% moins cher qu’avant ce qui procure une belle porte d’entrée

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La menace d’un ralentissement économique plombe présentement le titre de BRP, ce qui crée une belle occasion de se procurer ce titre qui se négocie présentement sous son niveau historique, rapporte Sabahat Khan de RBC Marchés des capitaux.

L’entreprise vaut présentement 6,1 fois  son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) des douze prochains mois, alors que le multiple était plutôt de l’ordre de 7,4 fois au cours des trois dernières années en moyenne. Polaris, sa principale rivale, vaut quant à elle 7,1 fois le BAIIA des douze prochains mois.

BRP devrait pourtant «se négocier au moins au même niveau» que sa concurrente, affime l’analyste, car «ses perspectives de croissance» et ses chances d’être rentable sont plus grandes.

L’entreprise de Valcourt se démarque aussi de ses rivaux à la fois pour ses produits novateurs et ses gains de part de marchés, et devrait surfer sur cette vague encore longtemps, autant du côté des véhicules tout terrain que des motomarines, anticipe Sabahat Khan.

L’entreprise, qui a l’habitude d’atteindre ses objectifs, serait aussi en bonne posture pour atteindre les cibles de son plan stratégique quinquennal Mission 2025.

L’analyste note que ses dépenses en investissement ralentiront prochainement. BRP a implanté dans les dernières années de nombreuses initiatives pour croître, comme l’agrandissement de ses installations de production de véhicules côte à côte (side-by-side) à Juarez au Mexique. Celle-ci, qui a ouvert ses portes en 2021, devrait permettre à sa filiale Can-Am d’occuper 30% des parts de ce marché.

Cette baisse des dépenses ne nuira pas aux remises que BRP accorde à ses actionnaires, estime Sabahat Khan, elle qui a l’habitude de redistribuer une partie de ses profits. Il rappelle qu’entre les exercices 2017 et 2022, le taux de croissance annuel composé de ses dividendes a été d’environ 17%.

L’analyste fait donc passer son cours cible de 124$ à 137$. Il se fie à la fois à l’évaluation moyenne des trois dernières années pour BRP et à celle de Polaris pour fixer son multiple d’évaluation. Il s’attend à ce que l’entreprise s’en tire mieux que le reste du secteur.