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À surveiller: Lion Électrique, SNC, Bell et Thomson Reuters

Catherine Charron et Matthieu Hains|04 août 2023

À surveiller: Lion Électrique, SNC, Bell et Thomson Reuters

(Photo: courtoisie)

Que faire avec les titres de Lion Électrique, SNC-Lavalin, Bell et Thomson Reuters? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Lion Électrique (LEV, 2,35$): elle doit encore paver la voie vers la rentabilité

Benoit Poirier de Valeurs mobilières Desjardins est d’avis que les investisseurs seront à nouveau au rendez-vous lorsque Lion Électrique aura terminé sa phase d’investissement de capitaux et qu’elle prouvera qu’elle est sur la voie de la rentabilité.

Déjà, d’après les résultats dévoilés au deuxième trimestre de 2023, un meilleur prix de vente moyen et de son volume de ventes lui ont permis d’obtenir pour la première fois en six trimestres des marges brutes de 0,7%, battant du même coup les prédictions des analystes.

Un retard accusé pour une subvention a toutefois nui à ses revenus et à ses livraisons de véhicules, a souligné l’organisation lorsqu’elle a dévoilé ses résultats. Elle a ainsi généré des revenus de 58 millions de dollars américains (M$US), et non de 60,5 M$ ou de 66,1M$ comme ce sur quoi tablaient respectivement l’analyste et le consensus.

De plus, 199 véhicules sont sortis de son usine. C’est 94 de plus que ce qu’elle a produit à la même période l’an dernier. D’après l’analyste, l’augmentation de sa capacité de production semble suivre le plan de match qu’elle s’était fixé.

Lion Électrique a aussi rapporté des pertes avant intérêts, impôts, et amortissement, de l’ordre de 9,7M$US, ce qui est mieux que ce à quoi l’analyste et le consensus s’attendaient, soit de 15,6M$US et de 19,8M$US.

Juste après la fin du trimestre, rappelle Benoit Poirier, la société de Saint-Jérôme s’est entendue pour obtenir un financement de 142M$US. Ça lui servira à augmenter la taille de ses opérations manufacturières, ce qui contribuera à paver le chemin vers la rentabilité. Au deuxième trimestre, elle avait 44M$US en liquidité, alors qu’au trimestre précédent, elle en avait 36M$US.

La valeur de son carnet de commandes pour des véhicules électriques, à 625M$US, est identique à celle du trimestre précédent, alors que le nombre de bornes de chargement commandé a glissé de 347 à 275.

Après de tels résultats, l’analyste augmente ses attentes à l’égard des revenus que la société devrait générer au cours de l’exercice, les faisant passer de 273 M$ à 278 M$. Toutefois, il croit qu’elle devrait avoir davantage de pertes avant intérêts, impôts et amortissement ajustés en 2023 et en 2024. Il mise dorénavant respectivement sur 58,3M$ et sur 15,7 M$. Son bénéfice par action cible en 2024 glisse aussi, passant de -0,25$US à -0,26$US.

N’empêche que Benoît Poirier réitère sa recommandation d’achat et son cours cible à 4$US.

Catherine Charron


SNC-Lavalin (SNC, 40,67$) : un trimestre solide qui dépasse les prévisions.

SNC-Lavalin (SNC, 40,67$) : un trimestre solide qui dépasse les prévisions.

Les revenus consolidés pour le deuxième trimestre de SNC-Lavalin se sont élevés à 2,13 milliards de dollars (G$), au-dessus de l’estimation de 1,83 G$ de l’analyste de la financière Banque Nationale Maxim Sytchev et du consensus de 1,88 G$.

Le Bénéfice avant impôt et amortissements (BAIIA) se situe à 184 millions de dollars (M$) soit 30 M$ plus élevé que les attentes des analystes à 153-154M $, en raison d’une croissance organique plus prononcée que prévu dans les services d’ingénierie et le nucléaire.

Le bénéfice par action se situe à 0,49 $ versus le consensus de 0,30 $ et la prévision de Maxim Sytchev de 0,23 $.

La perte de trésorerie nette d’exploitation au cours du trimestre s’est élevée à 156 M$ contre 129 M$ il y a un an. La perte est principalement due à l’achèvement des projets clés en main et à une baisse du fonds de roulement de 190 M$ contre 84 M$ au deuxième trimestre 2022.

Les prévisions de croissance organique de la direction sont augmentées à 13% pour les services d’ingénierie comparés à 6% précédemment.

À la suite de la téléconférence suivant les résultats, Maxim Sytchev note que la direction de SNC semble plus positive et prévoit que les flux de trésorerie vont passer au vert dans la deuxième moitié de l’exercice en cours, particulièrement au 4e trimestre. Cette amélioration n’est pas contingente au recouvrement des coûts de certains projets en litige.

SNC-Lavalin veut augmenter les marges dans certains territoires et les amener plus près des marges médianes pour l’ensemble de l’entreprise, le désinvestissement dans les entreprises nordiques devrait aider sur ce point.

L’endettement de la compagnie devrait également se modérer avec la croissance du BAIIA et l’augmentation des flux de trésorerie excédentaires.

L’analyste voit une possibilité de rachat d’actions de la part de SNC durant le second semestre de l’exercice en cours, mais ne s’attend pas à voir l’entreprise faire des fusions et acquisitions avant les exercices 2024 ou 2025 et prévoit que l’entreprise se tourne vers le marché américain lorsque le moment sera venu.

L’ingrédient manquant selon l’analyste est une génération de flux de trésorerie excédentaires plus constante et l’augmentation des marges. La vente de Linxon pourrait faire partie des moyens pour atteindre cet objectif.

Pour Maxim Sytchev, SNC progresse dans la bonne direction. Il réitère la recommandation de «surperformance» sur le titre et relève le cours cible à 46,00 $, contre 39,00 $ auparavant.

 

Matthieu Hains


Bell (BCE, 55,52$): en mode rattrapage

Bell (BCE, 55,52$): en mode rattrapage

Si l’entreprise compte toujours atteindre les cibles qu’elle s’était fixées pour l’exercice 2023, Bell devra se mettre en mode rattrapage, croit Jérôme Dubreuil de Valeur mobilières Desjardins, ce qu’elle devrait parvenir à faire.

Au cours de la première moitié de l’année, ses flux de trésorerie libre ont glissé de 46%, alors que Bell table sur une croissance de 2% à 10% au cours de l’année, rappelle-t-il. L’entreprise compte réduire de 600 millions de dollars ses investissements de capitaux par rapport à la même période l’an dernier, ce qui devrait en partie l’aider à atteindre sa cible.

Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) n’a augmenté que de 0,2% au cours de la première moitié de l’exercice.

D’après Jérôme Dubreiul, son BAIIA devrait bel et bien croître de 2% à 5% -même si la direction table davantage sur le bas de la fourchette- car de nombreux facteurs pourraient l’aider. La réduction du coût de sa main-d’œuvre devrait notamment commencer à se refléter durant son troisième trimestre, alors que les dépenses associées aux tempêtes devraient diminuer par rapport à l’exercice précédent. Ces derniers avaient été dopés en 2022 par le passage de l’ouragan Fiona.

Jérôme Dubreuil est même d’avis que sa fourchette cible est plutôt faible, compte tenu de l’inflation toujours élevée et des investissements que Bell fait présentement dans son réseau.

Il ajuste ses attentes à l’égard du BAIIA ajusté de l’entreprise en 2023 et en 2024, les faisant légèrement grimper à 10,482M$ et à 10,807M$. Il coupe toutefois son bénéfice par action ajusté prévu pour 2023 et 2024, les faisant passer à 3,16$ et 3,19$ respectivement.

La récente décision du CRTC à propos des taux que peuvent imposer les opérateurs de réseaux mobiles virtuels inquiète l’analyste, qui croit que le changement dans son approche au cours de son examen pourrait créer un précédent dans son analyse du secteur des fournisseurs de services internet.

Le rendement de ses dividendes frôle le 7%, souligne l’analyste, ce qui est mieux que ce qu’offre Telus ou Rogers. Des gains supplémentaires sont toutefois peu probables, croit-il puisque les obligations 10 ans du Canada sont près de leur moyenne des dix dernières années.

Couplé à sa stabilité, Bell est un titre attrayant malgré le contexte macroéconomique incertain. Toutefois, Jérôme Dubreuil préfère demeurer sur les bancs de touche, «sa forte exposition aux services filaires traditionnels et son manque de catalyseurs à court terme», l’échaudant, écrit-il.

L’analyste fait glisser son cours cible de 62$ à 60$.

Catherine Charron

 

Thomson Reuters Corporation (TRI, 136,92$US): le titre est cher

Thomson Reuters Corporation (TRI, 136,92$US): le titre est cher

Scott Fletcher, analyste à Marchés des capitaux CIBC, n’a pas perdu la foi en Thomson Reuters.

Au contraire, il est notamment d’avis que la société est menée par une «solide équipe de direction», et qu’elle performera bien qu’importe le contexte économique.

Le hic, c’est que son titre est cher, ce pour quoi il fait passer sa recommandation d’«achat» à «conserver».

En effet, il s’échange présentement à 21,5 fois son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement prévu par l’analyste en 2024, un multiple similaire à ses pairs, note-t-il, préférant attendre que le titre baisse.

Actuellement, le rendement sur le capital investi de celles et ceux qui souhaitent s’en procurer est plus faible, puisque le cours actuel du titre est proche du cours cible de 140 $US sur lequel mise l’analyste.

Bien que Scott Fletcher croit toujours à la stratégie d’intégration de l’intelligence artificielle à l’offre de service, l’analyste ne pense pas qu’elle permettra de générer des revenus importants avant la deuxième moitié de 2024.

De plus, malgré les efforts qu’elle a faits pour redorer ses marges bénéficiaires grâce au programme Change, l’entreprise a clairement indiqué son intention de sabrer ses bénéfices afin d’intégrer davantage l’intelligence artificielle générative à ses services, rapporte l’analyste. La société souhaite demeurer un chef de file, ajoute-t-il.

Scott Fletcher anticipe déjà une «dilution de ses marges» lorsque Thomson Reuters intégrera la start-up Casetext, acquise en juin 2023, à son modèle.

Dans l’appel avec ses actionnaires, la direction de l’entreprise a indiqué que la demande est toujours forte chez ses clients de son service pour l’industrie de la comptabilité, et de son service pour l’industrie légale, et ce malgré les vagues de mises à pied dans ce dernier.

C’est là la preuve de la résilience de la demande pour ses services, estime l’analyste, ce qui devrait se maintenir dans le temps. D’après lui, l’intégration de l’intelligence artificielle générative devrait contribuer à doper le taux de fidélisation de Thomson Reuters à long terme.

Catherine Charron