L'étiquette «Made in America l'aidera à percer le marché américain, mais d'autres défis persistent. (Photo: courtoisie)
Que faire avec les titres de Lion Électrique, Teck Resources et Apple? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Lion Électrique (LEV, 6,30$US, 8,03$): un analyste réduit ses attentes
Les difficultés de Lion Électrique à percer le marché américain des camions électriques pourraient bien être chose du passé lorsque son usine dans l’Illinois lui permettra d’y apposer le qualificatif «Made in America», estime Rupert Merer de la Financière Banque Nationale. Toutefois, certaines ombres viennent obscurcir le portrait.
En marge du dévoilement des résultats du premier trimestre de l’exercice 2022 de la société de Saint-Jérôme le 3 mai prochain, l’analyste a émis ses nouvelles attentes à son égard.
D’un point de vue macroéconomique, la hausse du coût du diesel et les nouveaux incitatifs pour électrifier les véhicules lourds des deux côtés de la frontière canado-américaine pourraient tous deux jouer en sa faveur, estime Ruper Merer.
Par exemple, à partir de mai prochain, et ce pour les 90 prochains jours, Washington octroiera jusqu’è 375 000 dollars américains ($US) pour chaque nouvel autobus électrique, pour un total de 500 millions de dollars américains (M$US).
De ce côté, Lion Électrique s’en tire déjà très bien, avec ses 2025 appareils dans son carnet de commandes, rappelle l’analyste, qui ne peut toutefois en dire autant de sa division des camions. Elle ne semble pas profiter du même engouement que ses compétitrices, qui parfois n’en sont qu’au stade de la préproduction, car elle ne peut encore se targuer de fabriquer ses appareils en sol américain. Le vent pourrait toutefois bientôt tourner.
Aussi, les soucis d’approvisionnement et de recrutement se sont poursuivis en 2022, souligne Rupert Merer. C’est pourquoi il augmente ses prévisions des coûts liés à l’acquisition de pièces et à sa main-d’œuvre dans ses frais de vente, généraux et administratifs, à mesure que l’entreprise va croître.
L’analyste s’attend toujours à ce que Lion Électrique vende 80 appareils et génère 2 M$US en revenu, mais il sabre dans les profits bruts qu’il avait anticipés, le faisant passer de 3 M$US à 2 M$US, tandis que le consensus mise plutôt sur 1 M$US.
Le scénario est similaire du côté de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement attendu qui glisse de 9 M$US à 7 M$US. Son bénéfice par action demeure toutefois à 0,06 $US.
De plus, Rupert Merer rappelle que la levée de l’immobilisation le 7 mai prochain de 8 millions d’actions détenues par les entités qui ont initié la société d’acquisition à vocation spécifique à laquelle a fusionné Lion Électrique crée quelques inquiétudes, puisque ceux-ci pourraient s’en départir à partir du 9 mai 2022.
En tenant compte de tous ses facteurs, l’analyste de la Financière Banque Nationale fait passer son taux d’actualisation de 9,25% à 10%, son cours cible glissant de 13 $US par action à 10$US.
Teck Resources (TECK.B-T, 45,08$): plus importante remise aux actionnaires
Teck Resources (TECK.B-T, 45,08$): plus importante remise aux actionnaires
Le plus récent dévoilement des résultats de Teck Resources est de la musique aux oreilles de Orest Wowkodaw de la Banque Scotia.
D’abord, les résultats trimestriels sont conformes aux attentes. Son bénéfice par action ajusté et pleinement dilué à atteint 2,96$, soit légèrement sous ce qu’avait anticipé l’analyste à 3,02$ mais au-dessus des prévisions du consensus à 2,88$.
Même chose du côté de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement, qui s’est établi à un sommet de 3,04 milliards de dollars, sous la cible de la Banque Scotia (3,08G$), mais supérieur à celle du consensus (2,94 G$).
De plus, les prévisions de production ont été réitérées par la direction, qui a même annoncé le rachat supplémentaire de 500 millions de dollars américains en actions, ce qui double la cagnotte qu’elle comptait déjà remettre aux actionnaires, souligne Orest Wowkodaw.
Il s’explique cette décision par le fait que le prix du charbon à coke de qualité est une aubaine, que sa dette nette est passée de 6,6G$ au quatrième trimestre de 2021 à 5,6 G$, et ce malgré la progression de son chantier de construction de Quebrada Blanca au Chili. Ses installations sont achevées à 82%, alors qu’elles l’étaient à 77% au trimestre précédent.
Teck Resources a précisé qu’elles devraient être opérationnelles à partir du quatrième trimestre de 2022, et qu’elle y aura dépensé entre 6,4 G$US et 6,6G$US. Orest Wowkodaw s’attend plutôt à 6,8G$US.
Son titre devrait bondir d’ici les 12 à 24 prochains mois, croit l’analyste, avec la transformation «imminente» de son portfolio et la reprise de sa création de flux de trésorerie libre.
La Banque Scotia a toutefois légèrement ajusté ses attentes à la baisse, tablant maintenant sur bénéfice par action de 9,81$, 6,05$ et 6,28$ entre 2022 et 2024. La valeur nette de ses actifs par action a toutefois grimpé de 8%, à 45,13$.
C’est pourquoi Orest Wowkodaw fait passer le cours cible de 64 à 65$ de Teck Resources, mentionnant même une augmentation à près de 100$ d’ici les deux prochaines années.
Apple (AAPL, 163,64$US): cela aussi passera
Apple (AAPL, 163,64$US): cela aussi passera
Wall Street tout comme Daniel Ives de Wedbush ont tous deux poussé un soupir de soulagement lorsqu’ils ont jeté un premier coup d’œil aux résultats trimestriels dévoilés par Apple après la fermeture des marchés jeudi: la société a dépassé toutes les attentes.
Ses revenus ont atteint 97,28 milliards de dollars américains (G$US), dont 50,27 G$US proviennent de ses iPhones et 19,82 G$US de ses services, et ce, malgré la rareté des microprocesseurs qui persiste. Le consensus des analystes misait respectivement sur 94,03G$US, 48,16 G$US, et 19,75 G$US.
Seuls ses produits portatifs ont réellement souffert des bris de la chaîne d’approvisionnement, précise l’analyste de Wedbush.
Ses marges s’en sont mieux tirées que prévu, et son bénéfice par action a atteint 1,52$US, soit plus que le 1,42$US attendu par Wall Street.
David Ives ajoute que la direction d’Apple n’a pas été très bavarde à l’égard de ses prévisions pour les résultats qu’elle dévoilera en juin, si ce n’est qu’elle a confirmé que ses ventes d’iPhones devraient continuer d’être solides et que la croissance de sa division des services devrait se trouver dans les deux chiffres.
Le confinement en Chine à la suite de la recrudescence des cas de COVID-19 pourrait toutefois lui mettre des bâtons dans les roues, freinant la croissance de ses revenus de 4 G$US à 8 G$US.
Ce grand écart entre les deux branches de la fourchette reflète selon l’analyste toute l’incertitude entourant les conséquences réelles sur sa chaîne d’approvisionnement de ces nouvelles mesures sanitaires et d’une baisse potentielle de la demande dans certaines régions chinoises.
De son côté, David Ives s’attend plutôt à ce que sa performance et la demande pour ses produits demeurent toutes les deux fortes, et que les répercussions du virus en Chine ne se feront sentir que dans les résultats dévoilés en juin. Le lancement de l’iPhone 14 devrait en gommer les effets à partir du mois de septembre.
Selon lui, les investisseurs de Wall Street ne se laisseront pas éblouir par cette perte de revenu anticipé, braquant plutôt leur viseur sur la «demande en téflon bien intacte à Cupertino». Sans le confinement chinois, les chiffres attendus en juin l’auraient d’ailleurs mieux reflété, croit David Ives.
Il demeure donc confiant que l’entreprise dirigée par Tim Cook poursuivra sur sa lancée, estimant que «ces ralentissements ne sont que temporaires ce qui ne constitue pas une raison pour paniquer et vendre ses actions». Son cours cible demeure à 200$US, et sa recommandation à «surperformance de secteur».