Que faire avec les titres de Lululemon, Couche-Tard et Dorel?
Que faire avec les titres de Lululemon, Couche-Tard et Dorel? Voici quelques recommandations susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Lululemon (LULU, 312,01$US): la percée dans l’entraînement interactif à domicile laisse un analyste perplexe
La marque de yoga Lululemon paie le prix fort pour Mirror, mais de prime abord le virage dans l’entraînement interactif à domicile tombe sous le sens, estime Simeon Siegel de BMO Marchés des capitaux, dans une note préliminaire.
«Devant la poussée de l’entraînement à domicile, l’idée derrière cet achat est parfaitement logique. Ce que les deux entreprises peuvent s’apporter l’une l’autre reste toutefois à voir. Nous aimons la marque, mais nous craignions que les ventes et les marges approchent d’un point de bascule», dit-il.
Lululemon qui avait initialement investi dans Mirror en octobre 2019 voit dans cet achat un moyen de rehausser ses capacités numériques et interactives, explique l’analyste qui estime le nombre d’abonnés de Mirror entre 50 000 et 210 000 en fonction des revenus annuels de 100 millions de dollars américains.
Lululemon prévient que Mirror amputera ses bénéfices cette année, mais prévoit qu’elle contribuera modestement à la rentabilité en 2021, abstraction faite des frais de la transaction.
Lululemon croit que Mirror peut améliorer l’expérience et l’offre à ses clients, monétiser son effort numérique, ajouter une source de revenus, amplifier la portée des ambassadeurs de sa marque et offrir l’occasion d’intégrer de nouveaux produits.
En retour, Lululemon offre une vitrine au service de Mirror, ajoute à sa crédibilité, lui donne accès au vaste bassin de ses ambassadeurs et réduit son coût d’attraction d’abonnés.
Le PDG de Mirror est d’ailleurs un ex-ambassadeur de la marque Lululemon. Son entreprise offre plus de 40 cours de mise en forme qui varient du yoga, à la boxe en passant par la méditation à l’aide d’un miroir interactif peu encombrant au prix de 1492$US ou de 49$US par mois.
Le PDG de Lululemon a laissé entendre que les occasions qu’offre Mirror en font une «première acquisition idéale», ce qui suggère que d’autres suivront, mentionne Simeon Siegel visiblement intrigué
L’analyste considère toutefois Lululemon déjà grassement évaluée en Bourse. Sa valeur boursière de 38 milliards de dollars américains (ou 45 fois le bénéfice d’exploitation de 2020) lui semble riche pour une entreprise dont la croissance des ventes et les marges ont peut-être atteint leur apogée.
Son cours-cible de 192$US est d’ailleurs 35% sous le cours actuel de Lululemon.
Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 42,60$): plusieurs atouts dans son jeu
Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 42,60$): plusieurs atouts dans son jeu
Même s’il n’augmente pas son cours-cible de 47$, Chris Li de Desjardins Marché des capitaux semble gagner en confiance à l’égard des perspectives de l’exploitant de dépanneurs qui cumule plusieurs atouts dans son jeu.
«Le chemin pour doubler son bénéfice d’exploitation d’ici 3 à 4 ans est bien visible. Deux catalyseurs seraient un achat majeur ou encore un changement structurel dans le portrait concurrentiel provoqué par la COVID-19», entrevoit l’analyste.
La pandémie affaiblit les exploitants de plus petite taille ce qui lui offre l’occasion de gagner des parts de marché ou même de réaliser d’autres acquisitions à bon prix aux États-Unis.
Ce marché encore fragmenté reste la priorité parce que les synergies y sont les plus grandes, dit-il. L’Asie est le deuxième marché d’intérêt, car il présente la démographie et les habitudes de consommation les plus favorables.
L’entreprise a accès à des emprunts de 7 milliards de dollars américains et au marché des capitaux pour acquérir sans dévier de sa discipline.
En même temps, le détaillant mène diverses initiatives pour améliorer ses ventes et ses marges.
Chris Li mentionne la plateforme de promotions personnalisées Lift (dans 7600 dépanneurs en Amérique du Nord), le programme promotionnel Smart Value et les solutions mobiles Easy Reward et Easy Pay. Lift sera implantée en Europe tandis que Smart Value sera offert partout en Amérique du Nord et testé en Europe.
Alimentation Couche-Tard a aussi fait l’essai de stratégies dynamiques de prix adaptées à une région. Deux tests en Suède et en Arizona ont été concluants.
Pour l’essence, l’exploitant module plus fréquemment les prix à la pompe en fonction de la demande dans 2400 stations d’essence aux États-Unis, dans un autre projet pilote.
Même si la pandémie perturbe les habitudes d’achat, Couche-Tard élargit comme prévu l’offre d’aliments frais à 1500 établissements d’ici la fin de 2020 et à 2300 d’ici avril 2021. La société y voit une occasion en or pour augmenter les ventes et les marges, dit-il.
En Europe, le café expresso et les boissons glacées continuent d’attirer des clients, en Irlande en particulier où les tests ont débuté l’an dernier. Couche-Tard peut élargir ses deux programmes à l’échelle de l’Europe.
Le récent quatrième trimestre a illustré la résilience des dépanneurs et la force de l’exécution de Couche-Tard, indique M. Li. «Dans un environnement concurrentiel qui s’améliore, Couche-Tard est bien placée pour croître à l’interne et par acquisitions», conclut-il.
L’analyste augmente ses prévisions de bénéfices pour 2021 de 1,23 à 1,40$US par action, mais ne touche pas à celles de 1,80$US pour 2022.
À mesure que la visibilité des bénéfices s’améliorera, M. Li croit que le multiple des bénéfices de 2022 pourrait passer de l’actuel 17 à 19 fois, d’où son cours cible de 47$.
Dorel (DII.B, 5,15$): la demande pour les vélos est bienvenue, mais ne change pas la donne
Dorel (DII.B, 5,15$): la demande pour les vélos est bienvenue, mais ne change pas la donne
La forte demande pour les vélos pendant la pandémie incite Derek Lessard de TD Valeurs mobilières à relever de 6% ses prévisions pour le bénéfice d’exploitation en 2020 du fabricant Industries Dorel.
Bien que ces nouveaux estimés augmentent son cours cible de 4,50 à 6$, l’entreprise de produits juvéniles et de meubles n’est pas sortie du bois, prévient l’analyste.
La poussée des ventes de vélos s’affaiblira probablement à la fin de l’été. L’analyste ne croit pas que les détaillants de vélos en commanderont plus que de coutume après cette pointe.
Plus important, la COVID-19 reste un défi majeur pour le fabricant étant donné sa situation financière précaire, ajoute-t-il. La dette est presque quatre fois plus importante que le bénéfice d’exploitation.
Le déconfinement suscite une certaine reprise économique, mais Dorel demeure vulnérable à tout rebond du virus puisqu’elle vend la majorité de ses produits juvéniles aux détaillants traditionnels, s’inquiète Derek Lessard.
«Malgré une évaluation affaiblie (de 4,4 fois le bénéfice attendu en 2021), la pandémie présente encore des risques trop grands pour la société endettée», dit-il.
En pièces détachées, Dorel vaudrait sans doute plus que le cours actuel ou le cours-cible, croit l’analyste, mais il faudrait que la famille Schwartz se résigne à vendre l’entreprise pour que cette valeur se réalise.
Derek Lessard maintient donc sa recommandation de conserver. Le cours cible offre un potentiel de 16,5%.