À surveiller: Marché Goodfood, Apple et Dollarama
Catherine Charron et Matthieu Hains|Publié le 20 juillet 2023(Photo: La Presse Canadienne)
Que faire avec les titres de Marché Goodfood, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Marché Goodfood (FOOD, 0,49$) : une base solide pour la croissance
Marché Goodfood a annoncé lors de ses résultats du troisième trimestre, un Bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA) de 3,3 millions de dollars (M$), plus élevé que les attentes des analystes. Il s’agit du deuxième trimestre de suite ou l’entreprise dégage un bénéfice d’exploitation.
L’analyste de Desjardins, Frederic Tremblay s’attendait à 0,9 M$ et le consensus était de 1,2 M$ et explique le résultat par une marge brute qui est restée forte au cours du trimestre ainsi qu’un bon contrôle au niveau des frais de vente, généraux et administratifs.
L’entreprise a également dévoilé des liquidités de 3,1 M$ ce qui fait dire à Frederic Tremblay «C’est une bonne surprise et un signe encourageant comparé a des dépenses d’exploitation de 4,4 M$ du dernier trimestre».
Les dépenses d’investissement de capital ont été modestes pour le trimestre avec des dépenses de 0,2 M$, «C’est un reflet des capacités de l’entreprise à efficacement déployer ses actifs existants», note l’analyste.
Les réserves de liquidité de l’entreprise se situent à 28 M$ et Frederic Tremblay ne s’attend pas à ce qu’elles baissent substantiellement dans l’année qui vient.
Bien que Marché Goodfood a augmenté son revenu moyen par client, l’analyste remarque que la base de clients de l’entreprise s’est réduite de 4% au troisième trimestre et s’attend à ce les tendances saisonnières fassent que celle-ci se réduise encore au quatrième trimestre.
«Cependant, les efforts de l’entreprise pour améliorer l’expérience client, une expansion potentielle de ses réseaux de distribution ainsi qu’une stratégie de marketing ciblée pourraient permettre à l’entreprise d’augmenter le nombre de ses clients actifs pour la fin de l’exercice financier 2024» remarque Frederic Tremblay.
L’analyste de Desjardins voit un risque que le renouveau de la marque puisse engager de trop grande dépense de promotion et de marketing.
Il est toutefois rassuré par les efforts de la direction de maintenir un BAIIA ajusté positif et l’objectif de l’entreprise de nourrir la croissance avec les liquidités qu’elle possède déjà.
Frederic Tremblay maintient sa recommandation à conserver le titre et augmente son cours cible de 0,05 $ à 0,75 $. Il change également le profil de risque de «spéculatif» à «au-dessus de la moyenne».
Matthieu Hains
Apple (APPL, 193,73$US): l’intérêt pour le iPhone 14 n’est pas au rendez-vous
Apple (APPL, 193,73$US): l’intérêt pour le iPhone 14 n’est pas au rendez-vous
À quelques jours du dévoilement des résultats d’Apple, Wamsi Mohan de Bank of America estime que ce n’est pas en 2023 que la société fracassera des records de ventes d’iPhone.
S’il se fie aux données qui concernent sa production, la demande pour ces appareils est plus faible qu’anticipée. L’effet de ce manque d’intérêt des consommateurs sur ses revenus devrait toutefois être atténué en partie par ses ventes de services – l’App Store semble bien s’en tirer – et ses abonnements en hausse.
Ses marges bénéficiaires brutes devraient avoir bondi de 10 points de base, atteignant 44,4% d’après Wamsi Mohan.
L’effet du taux de change sur ses revenus devrait aussi être moins important qu’anticipé, freinant sa croissance non pas de 4%, mais de 1%.
Au troisième trimestre terminé en juin 2023, elle devrait donc afficher des revenus de 80,7 milliards de dollars américains (G$US) et un bénéfice par action de 1,17$US, anticipe l’analyste. Le consensus est légèrement plus optimiste, tablant plutôt sur 81,8 G$US et sur 1,19 $US.
Si l’entreprise affiche bel et bien une telle performance, ça signifie que ses revenus baisseront par rapport à la même période l’an dernier. Apple avait toutefois anticipé un tel recul, prévient l’analyste.
Wamsi Mohan estime que les résultats du quatrième trimestre de l’entreprise seront affectés par le lancement repoussé de quelques semaines du iPhone 15, d’après les informations qu’il a obtenues.
C’est pourquoi il réduit ses attentes à l’égard de l’effet de ce nouvel appareil sur ce trimestre qui se terminera en septembre, misant dorénavant sur des revenus de 87,1 G$US, et un bénéfice par action de 1,34$US. Le consensus des analystes, quant à lui, table respectivement sur 91,6 G$US et sur 1,38$US.
Le taux de change devrait toutefois magnifier de 2,5% ses résultats au cours de cette période.
Reste maintenant à voir si l’entreprise pourra maintenir un taux de croissance des revenus tirés de sa division de services similaires à celui observé, alors qu’un resserrement de l’économie pourrait freiner les dépenses en publicités des entreprises. Ça pourrait ainsi nuire à ses revenus tirés de l’affichage publicitaire.
L’analyste maintient sa recommandation de «conserver», ne faisant pas trop de cas de la demande plus faible. Il accorde davantage d’importance au lancement possible d’un nouvel appareil, de même qu’à la résilience de sa division des services.
Il fait grimper son cours cible de 190$US à 210$US, soit 32 fois le bénéfice par action attendu en 2024.
Catherine Charron
Dollarama (DOL, 87,87$): la société pourrait davantage s’intéresser aux acquisitions
Dollarama (DOL, 87,87$): la société pourrait davantage s’intéresser aux acquisitions
Vishal Shreedhar de la Financière Banque Nationale n’est pas surpris que les discussions entre Dollarama et un détaillant à petits prix australien à propos de son acquisition par la société québécoise soient tombées à l’eau.
En effet, des médias ont laissé entendre que l’entreprise dirigée par Neil Rossy se serait penchée sur la candidature de The Reject Shop, un réseau de 376 magasins dont les revenus ont atteint 805 millions de dollars australiens (M$A) et qui a généré des profits de 8,8 M$A au cours des douze mois précédents le 1er janvier 2023. Elle vaudrait donc 285 M$.
Dollarama, quant à elle, dispose présentement de près de 770 M$ en liquidité, sa dette nette représentant 2,52x son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement, rappelle Vishal Shreedhar. Ce multiple se trouve donc sous sa cible qui se situe dans une fourchette de 2,75x à 3x.
En bonne posture financière, l’entreprise doit ainsi analyser à l’occasion de telles offres d’achat, estime l’analyste. Or, ce genre de dépenses ne semble pas être une priorité de Dollarama pour l’instant, bien qu’elle n’y soit pas complètement imperméable.
D’après lui, elle s’attèle plutôt à accroître ses activités au Canada, à solidifier sa présence sur le marché de l’Amérique latine et à redonner ses surplus à ses actionnaires.
Dollarama ne devrait toutefois pas complètement tourner le dos aux acquisitions, affirme l’analyste. Convaincus par la solide performance de son modèle d’affaire autant sur le marché canadien que dans différentes régions d’Amérique latine, ses actionnaires verraient d’un bon œil une telle opération pour mettre les pieds dans un nouveau marché.
Ça pourrait d’ailleurs ajouter de la valeur à l’entreprise, écrit Vishal Shreedhar, surtout si la transaction se fait à un juste prix et dans une région stratégique. D’autant qu’avec la hausse des taux d’intérêt et l’arrivée possible d’un impôt sur les rachats d’action au pays, une acquisition deviendrait une avenue davantage attrayante pour dépenses ses surplus.
L’analyste maintient sa recommandation de «surperformance de secteur» et son cours cible à 95$, ce qui représente 26x son bénéfice par action pour l’exercice 2025-2026. Son titre se transige présentement à 26,9x son bénéfice par action des douze prochains mois, alors qu’au cours des cinq dernières années, en moyenne, le multiple atteint plutôt 24,8x.
Catherine Charron