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À surveiller: Marché Goodfood, CGI et Groupe d’alimentation MTY

lesaffaires.com|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Marché Goodfood, CGI et Groupe d’alimentation MTY

La résilience de CGI donne confiance à l'analyste de la banque TD. (Photo: Charles Desgroseilliers)

Que faire avec les titres de Marché Goodfood, CGI et Groupe d’alimentation MTY? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes. 

 

Marché Goodfood (FOOD, 0,59$) : la rentabilité surprend, mais les perspectives de nouveaux revenus inquiètent

Les difficultés connues au cours des derniers mois ne sont peut-être par derrière Marché Goodfood, mais l’entreprise a tout de même réussi à dégager un bénéfice d’exploitation ajusté de 3 millions de dollars (M$) pour son deuxième trimestre 2023. À titre de comparaison, Goodfood avait affiché des pertes de 13,6M$ au deuxième trimestre de l’année dernière, qui couvre les mois de décembre, janvier et février.

Des résultats qui ont surpris les analystes, qui s’attendaient plutôt à ce que les revenus et les dépenses soient au point d’équilibre. Surtout que les revenus de l’entreprise ont diminué de 42% par rapport à l’exercice de 2022, pour se situer à 42M$. De ce côté, l’analyste Martin Landry, de chez Stifel GMP, s’attendait à des revenus de 44M$.

Selon lui, cette baisse est notamment attribuable à la perte de clients qui ont quitté en raison de la hausse des prix de l’alimentation et d’une stratégie qui manque de mordant pour aller en chercher de nouveaux.

Si l’entreprise a réussi à dégager ce bénéfice d’exploitation ajusté, c’est surtout en raison de l’abandon, à l’automne, du service de livraison rapide de produits d’épiceries sur demande et de la consolidation à Montréal et Calgary de ses activités de service à la clientèle, explique l’analyste. Mais aussi grâce à un revenu moyen par utilisateur de 338$ et à une diminution de ses frais de vente généraux et administratifs.

Ainsi, Marché Goodfood reste en mesure de financer ses activités pour un autre 18 mois souligne Martin Landry.

Mais plusieurs doutes persistent pour l’entreprise dont l’action se transigeait à 0,58$ ce matin. Le sommet de 13,19$ atteint en janvier 2019 semble déjà à des années lumières.

« Les revenus de Goodfood sont en déclin depuis les sept derniers trimestres et le moment d’un retour marqué vers la croissance reste incertain. L’entreprise a des moyens limités pour attirer de nouveaux clients alors qu’elle doit faire face à une forte concurrence de la part d’entreprises mieux financées », souligne Martin Landry.

Pour affronter cette difficulté, l’analyste rappelle que Marché Goodfood « mise sur ses meilleurs clients et sur une offre de produits distinctifs comme des repas pour les diètes Paléo et Kéto, ainsi que des partenariats avec des chefs étoilés Michelin ». L’entreprise explore également la possibilité de proposer une plus grande sélection de plats prêts-à-manger et une gamme de mets à bas prix pour élargir sa base de clients.

Par contre, prévient Martin Landry, cela pourrait « ajouter une couche de complexité à l’entreprise et ainsi mettre de la pression sur les profits, comme c’est arrivé dans le passé ».

Pour toutes ces raisons, l’analyste maintient sa recommandation de conserver l’action et relève légèrement son cours cible sur un an, qui passe de 0,60$ à 0,65$.

Dominique Talbot

 

 

CGI (GIB.A, 133,92 $): les budgets TI pour des projets plus ciblés

CGI (GIB.A, 133,92 $): les budgets TI pour des projets plus ciblés

Après une rencontre avec les investisseurs du Groupe CGI, l’analyste Daniel Chan de la Banque TD, estime être rassuré par la résilience du secteur des TI.

La forte position de CGI dans le domaine des services d’Infogérance, la variété des services offerts par CGI ainsi que sa large base de clients opérant dans divers secteurs permet à CGI de mitiger les risques et lui apporte de la résilience, estime l’analyste.

De retour d’un voyage en Europe, le PDG de CGI, George Schindler, met en exergue que les budgets TI des entreprises ne sont pas en diminution, mais se concentrent sur un plus petit nombre de projets, avec une priorité pour ceux apportant un bon rendement sur le capital investi.

Il note également que les entreprises européennes commencent à regarder vers l’extérieur pour mener à bien leurs projets. Une situation positive pour CGI alors que le marché des services en TI dans l’Union européenne avait tendance à beaucoup moins sous-traiter que le marché nord-américain.

Daniel Chan pense que ces changements dans le secteur reflètent positivement sur la position de CGI et qu’elle va bien performer dans cet environnement.

Les investissements dans l’infogérance de CGI sont en train de payer. La direction a beaucoup investi dans la dernière année et demie en vue d’une reprise et d’une augmentation de la demande d’infogérance postpandémie.

Ces investissements ont bien positionné l’entreprise pour l’environnement de demande élevée pour une gestion plus efficiente.

Une hausse de la demande qui est également remarquée par ses concurrents dans le milieu, note Daniel Chan.

Les fusions et acquisitions (F&A) sont encore le principal vecteur de croissance pour CGI. La direction note que, bien que les valeurs de ses cibles restent volatiles, la compétition est réduite dans le domaine des F&A. CGI a aussi a obtenu un bon succès en utilisant les relations des entreprises récemment acquises pour augmenter l’offre de service aux clients existants, précise George Schindler.

Les acquisitions de CGI dans les marchés métropolitains aux États-Unis ont une croissance supérieure à celle du marché.

Avec des revenus annuels d’environ 13 milliards de dollars, l’action de CGI s’est appréciée de près de 25% dans la dernière année, passant de 101,90$ à 133,92$. Daniel Chan maintient sa recommandation d’«achat» avec un cours cible pour les 12 prochains mois de 145$.

Matthieu Hains

 

Groupe d’alimentation MTY (MTY, 59,33$): les flux de trésorerie font de l’ombre aux résultats record

Groupe d’alimentation MTY (MTY, 59,33$): les flux de trésorerie font de l’ombre aux résultats record

John Zamparo de CIBC Marchés des capitaux attribue le recul d’environ 7% l’action entre le 12 et 13 avril à la réalisation que les acquisitions majeures de la dernière année augmentent les coûts du franchiseur.

Pourtant, le Groupe d’alimentation MTY a dévoilé des résultats record, dont un bond de 103,6% des revenus (à 286 millions de dollars et de 76,4 % du bénéfice d’exploitation ajusté (à 62,9 M$). Le bénéfice de 0,75$ par action a aussi surpassé le consensus de 0,68$.

Bien que l’analyste de CIBC juge que le titre de MTY ait été trop puni, il réduit ses propres prévisions de flux de trésorerie disponibles pour 2023 et 2024 par environ 10%. Ces flux sont un important de barème de performance pour le franchiseur dont la performance opérationnelle fluctue d’un trimestre à l’autre. Son cours cible passe donc de 73$ à 69$.

«Les aspects moins favorables des acquisitions récentes étaient bien visibles au premier trimestre», soutient-il. La hausse des frais d’intérêts, des dépenses en capital et des loyers ont rongé environ 90% de l’amélioration de 30 millions de dollars du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement, estime l’analyste.

John Zamparo mentionne que BBQ Holdings, le groupe qui chapeaute entre autres enseignes Famous Dave’s au Minnesota, compte 100 établissements non franchisés qui gonflent les frais d’exploitation, les besoins en fonds de roulement et les dépenses en immobilisations. MTY a conclu cet achat américain de 257 M$ en septembre 2022.

L’analyste prévoit des flux de trésorerie disponibles presque inchangés de 114 M$ en 2023, et de 130 M$ en 2024.

«MTY est un choix de plus haute qualité que dans le passé, mais nous considérons que son évaluation actuelle est juste», dit-il. De plus, l’analyste entrevoit peu de catalyseurs à court terme pour que l’action s’apprécie étant donné que le franchiseur doit digérer ses plus récentes acquisitions et réduire sa dette de 839,7 M$.

Malgré ces réserves, l’analyste de CIBC estime que les résultats trimestriels indiquent que l’achat des chaînes Wetzel’s Pretzels et de BBQ Holdings progressent comme prévu et que les risques associés à leur intégration se sont dissipés.

John Zamparo voit aussi d’un bon œil la décision du franchiseur de dévoiler à nouveau les ventes par restaurants comparables qu’il était difficile d’évaluer depuis de trois ans. Cette transparence et la hausse de 14% de ces ventes au premier trimestre plairont aux investisseurs. «Les ventes comparables devraient faire bonne figure puisque la fréquentation de la plupart des enseignes augmente tandis que les prix suivent l’inflation», explique aussi l’analyste.

Autre bon signe pour la rentabilité des franchisés, les ventes moyennes par restaurant sont 40% plus élevées qu’elles l’étaient au premier trimestre de 2020, avant la pandémie. Le quart de cette augmentation provient de l’inflation. Ultimement, pour que le titre en tienne compte, il faudra que MTY ouvre plus de restaurants qu’elle en ferme, croit tout de même l’analyste.

John Zamparo a réduit de 18 à 17 fois le multiple qu’il accorde au titre pour refléter les flux de trésorerie disponibles stables prévus en 2023 et la pause des acquisitions à court terme.

Cette évaluation est plus élevée que dans le passé parce que MTY «gagne en qualité», mais elle reste inférieure à celle d’autres restaurateurs en raison du déclin du nombre d’établissements sans l’effet des acquisitions et de la complexité du groupe.

Dominique Beauchamp