L’adoption des consommateurs de son nouveau service est difficile à prédire. (Photo: courtoisie)
Que faire avec les titres de Marché Goodfood, Stelco et Eldorado Gold? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Marché Goodfood (FOOD, 2,94$): l’enseigne perd des clients
Les clients de Marché Goodfood ont levé le nez sur ses produits au cours du deuxième trimestre de l’exercice 2022, rapporte Jim Byrne d’Acumen Capital. En un an, son nombre de clients actifs a chuté de 306 000 à 246 000, et ses abonnés sont passés de 319 000 à 295 000.
Ne profitant plus du tremplin pandémique, l’ensemble des résultats de la spécialiste des plats prêts à cuisiner se sont établis sous les prévisions de l’analyste, mais surtout, bien en deçà de sa performance à l’exercice précédent.
À 73,4 millions de dollars (M$), ses revenus ont glissé de près de 27% en un an. L’analyste misait pourtant sur 83,5M$, tout près des prévisions du consensus qui s’établissaient à 83,4 M$. Il souligne que la direction a laissé entendre qu’il faudra attendre à l’automne prochain avant d’observer à nouveau de la croissance.
Ses profits bruts moins importants et ses frais de vente, généraux et administratifs plus élevés au deuxième trimestre ont fait croître plu que prévu ses pertes avant intérêts, impôts et amortissement, à 13,6M$, tandis que Jim Byrne et le Bay Street tablaient respectivement sur 13,2 M$ et 12,4 M$.
En date du 5 mars 2022, dernière journée de son deuxième trimestre, elle avait près de 105, 7 M$ en liquidité, ses flux de trésorerie dépensés ayant été de 13,7M$. Au cours de cette même période, l’entreprise a ouvert trois nouvelles installations de distribution pour son service de livraison à la demande, indique l’analyste, dans les régions de Toronto, Montréal et Ottawa.
Ce nouveau service a été utilisé par 27 000 clients dont les revenus tirés de ses ventes devraient être de 34 M$, précise Jim Byrne. C’est d’ailleurs en attirant davantage de clients vers ce service que l’entreprise compte améliorer de 45 M$ son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement.
Elle veut aussi élargir son réseau de petits centres de distribution, et bonifier ses liquidités et sa rentabilité. Pensant avoir une longueur d’avance au Canada avec son service de livraison à la demande, Marché Goodfood a rappelé que les entreprises qui offrent un service similaire en Europe ont eu une croissance explosive, rapporte l’analyste.
L’adoption des consommateurs étant toutefois difficile à prédire, Jim Byrne ajuste à la baisse ses attentes à l’égard de la capacité de Marché Goodfood à générer des revenus, mais aussi son multiple d’évaluation de son ratio valeur d’entreprise/ventes. La société devrait encore être ralentie pour de nombreux trimestres à cause des nouveaux frais inhérents à sa stratégie.
«Même si nous reconnaissons que Marché Goodfood se tient devant des opportunités, n’en demeure pas moins que la livraison de nourriture et d’épicerie est un secteur très compétitif, dans lequel se trouvent déjà d’importants joueurs», rappelle-t-il.
S’il réitère sa recommandation de «maintien», l’analyste d’Acumen Capital fait néanmoins passer son cours cible de 4,25$ à 3,50$.
Stelco (STLC, 51,25$): elle devrait bien s’en tirer
Stelco (STLC, 51,25$): elle devrait bien s’en tirer
La productrice d’acier Stelco devrait s’en être bien tirée au premier trimestre de l’exercice 2022, malgré la chute du prix de l’acier et un recul de ses livraisons. Alexander Jackson de RBC Marchés des capitaux pense qu’elle dévoilera de «solides» bénéfices et flux de trésorerie.
En attendant qu’elle n’émette ses résultats, l’analyste prévoit que son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement atteindra 365 millions de dollars (M$), et que son bénéfice par action s’établira à 3,42$, alors que le consensus table respectivement sur 339 M$ et 3,14$.
Les résultats attendus sont certes moins bons qu’au quatrième trimestre de l’exercice 2021, notamment car le prix de l’acier est passé de 1845$ la tonne à 1352$. Or, sa structure de gestion des coûts devrait lui avoir permis de générer des marges intéressantes.
En effet, les prix de la matière première ont plongé avant de remonter en mars, au même moment où la demande et la valeur des matières premières ont augmenté. Afin de mieux s’aligner avec le consensus, Alexander Jackson a révisé ses attentes à l’égard du prix de l’acier laminé à chaud, ce qui a légèrement affecté ses prévisions pour 2022 et 2023.
Celui-ci devrait, selon l’analyste, retrouver des niveaux plus normaux au cours de l’exercice, à mesure que le marché s’ajustera au choc qu’a créé le conflit entre la Russie et l’Ukraine sur l’approvisionnement en matière première pour créer l’acier laminé à chaud.
Il s’attend aussi à ce que la livraison de Stelco s’améliore au cours du 2e trimestre de l’exercice, afin de bel et bien atteindre la cible de 2,7 tonnes métriques par an. Son carnet de commandes devrait s’être bien garni, croit-il.
L’entreprise, qui a racheté près de 660 milles de ses actions, devrait poursuivre dans cette même veine, croit Alexander Jackson, alors qu’elle a encore 3,7 millions actions en circulation.
Révisant ses attentes à l’égard du prix de l’acier laminé à chaud, l’analyste fait passer son cours cible de 60 à 61$. Son titre s’échange à 2,7x son ratio valeur d’entreprise/BAIIA estimé par l’analyste, ce qui est sous ses pairs, dont le multiple est plutôt de 4,4x.
Eldorado Gold (EGO, 12,16 $US, 15,28$): plombée par la mine de Lamaque
Eldorado Gold (EGO, 12,16 $US, 15,28$): plombée par la mine de Lamaque
Si la production de la minière d’Eldorado Gold est moins importante que prévu, ce sera en partie à cause du ralentissement à sa mine de Lamaque, en Abitibi-Témiscamingue, souligne Tanya Jakusconek de la Banque Scotia.
En effet, la société a laissé entendre que la cinquième vague de COVID-19 a accru le taux d’absentéisme parmi ses employés, ce qui a ralenti sa production en janvier et en février, a-t-elle indiqué en amont de ses dévoilements trimestriels du 28 avril 2022. En mars, la situation s’est toutefois rétablie, précise l’analyste.
Bien qu’elle ait généré 93 milles onces d’or au premier trimestre, soit 5% de moins que ce à quoi s’attendait l’analyste, Eldorado Gold réitère son objectif de produire entre 460 et 490 milles onces d’équivalents d’or au cours de l’exercice 2022. À Lamaque aussi, elle maintient le cap, prévoyant extraire entre 165 et 175 onces d’équivalent d’or.
Sa mine près de Val-d’Or n’a pas été la seule à faire les frais d’Omicron. En Turquie, ses installations de Kisladag ont été freinées par le nombre élevé de malades, mais aussi par de très basses températures qui ont affecté leur bon fonctionnement et entraîné une coupure du courant par l’État. Ses résultats annuels reposeront donc en grande partie sur la deuxième moitié de l’exercice.
À la mine d’Olympias, elle a connu son pire trimestre depuis 2019, elle aussi ayant été affligée par la COVID-19 et une mauvaise météo. La situation est toutefois revenue à la normale en mars, précise l’analyste, mais devra tout de même faire un effort substantiel pour parvenir à livrer la marchandise attendue.
Seule la mine turque Efemçukuru est parvenue à atteindre les objectifs qu’Eldorado Gold s’était fixés.
En attendant plus de détails, l’analyste réitère sa recommandation de «performance de secteur», et son cours cible de 13,50$US.