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À surveiller: Metro, Canadien National et H2O Innovation

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Metro, Canadien National et H2O Innovation

Walter Spracklin maintient son cours-cible de 170$, soit de 19 fois le bénéfice prévu. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Metro, Canadien National et H2O Innovation? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Metro (MRU, 74,69 $) : l’inflation alimentaire persistante n’apporte pas que du bon à l’épicier

Comme prévu, l’épicier et pharmacien a produit un solide premier trimestre: une hausse de 8,2% des revenus, de 7,5% des ventes par épicerie comparable, de 7,7% des ventes par magasin Jean Coutu comparable et de 13,6% du bénéfice net (à 1$ par action).

La société a aussi relevé son dividende trimestriel de 10% à 0,3025$ par action.

Chris Li, de Desjardins Marchés des capitaux, attribue ces bons résultats à la bonne «exécution» des dirigeants dans un contexte hautement inflationniste.

L’entreprise bénéficie notamment du déplacement des consommateurs à ses enseignes au rabais Super C et Food Basics et de l’achat accru de produits de marque maison. La saison grippale plus intense et le rebond des ventes de produits de beauté et de bien-être profitent aussi aux pharmacies.

Le contrôle des coûts a permis à l’entreprise de limiter l’effet de l’inflation alimentaire sur la marge brute qui a baissé de 30 points de pourcentage puisque Metro n’a pas refilé toute la hausse des «prix coûtants» et de ses dépenses dans les prix au détail.

L’inflation de 10% du panier alimentaire de Metro est restée inchangée par rapport au trimestre précédent et se compare à l’inflation alimentaire de 11,2%.

La hausse des frais généraux et administratifs est en effet passée de 10% à 4% entre le quatrième et le premier trimestre, signale l’analyste.

Chris Li surveille tout de même la marge brute parce que la concurrence et les promotions augmentent tandis que l’épicier s’apprête à relever à nouveau les prix de milliers d’articles en magasin dès le 1er février après un «gel» de trois mois imposé aux fournisseurs qui réclament ces augmentations.

«Bien que l’inflation alimentaire soit généralement favorable pour les bénéfices (les revenus plus élevés épongent les coûts fixes et les consommateurs mangent davantage à la maison), sa durée a aussi pour effet de multiplier les promotions même si la compétition reste rationnelle», explique Chris Li.

Pour l’instant, l’analyste estime que ce contexte exigeant reste «gérable» pour Metro et ne fera pas dérailler la croissance de 8 à 9% des bénéfices qu’il prévoit en 2023.

En plus de la pénétration accrue des marques maison et des ventes résilientes de cosmétiques et autres produits de bien-être, les marges devraient aussi bénéficier des gains d’efficacité et de logistique du nouveau centre de distribution de Toronto.

L’analyste a aussi augmenté ses prévisions de bénéfice de 4,19 à 4,22$ par action pour 2023 et de 4,47 à 4,53$ pour 2024. Ces estimations dépassent légèrement le consensus.

Ceci dit, au cours actuel, il préfère rester sur la touche parce que le titre est déjà bien évalué, soit 17,5 fois les bénéfices prévus dans douze mois.

Chris Li recommande donc de conserver le titre et maintient son cours-cible de 77$. L’action fléchit de 1,5% en matinée, le 25 janvier.

 

Canadien National (CNR, 158,16 $) : les perspectives du chemin de fer s’avéreront prudentes

Canadien National (CNR, 158,16 $) : les perspectives du chemin de fer s’avéreront prudentes

À la suite d’un quatrième trimestre conforme aux attentes, le chemin de fer a modéré ses orientations de croissance pour 2023, mais Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, fait le pari que le Canadien National joue de prudence et que la hausse prévue «au bas de la fourchette de croissance à un chiffre» s’avérera trop modeste.

Le consensus misait sur une croissance de 8% des bénéfices en 2023.

Après avoir parlé aux dirigeants, l’analyste note que les prévisions reposent sur un scénario de récession modérée en 2023 et une bonne dose de prudence. «La téléconférence a soulevé plusieurs questions à se gratter la tête au sujet des hypothèses derrière les prévisions de bénéfices, mais nous croyons qu’ultimement le consensus réalisera aussi qu’elles intègrent beaucoup de précautions», soutient Walter Spracklin.

L’action du CN perd presque 5% en matiné, le 25 janvier dans un marché à la baisse.

L’analyste ne touche pas à ses propres prévisions de croissance de 9,2% du bénéfice à 8,15$ par action, en 2023.

À son avis, le transporteur ferroviaire a plusieurs vents de dos devant lui pour soutenir les bénéfices. Il mentionne les nouveaux efforts du nouveau chef de l’exploitation Ed Harris pour améliorer l’efficacité, l’effet favorable de la hausse des taux sur sa caisse de retraite, l’expansion du réseau sur la côte Est et la vigueur des matières premières.

Les tarifs ferroviaires fermes, l’augmentation des volumes des marchandises en vrac et l’amélioration de l’efficacité du chemin de fer (exprimée par le ratio d’exploitation) devraient compenser pour l’effet de la légère récession sur le transport des produits de consommation.

L’analyste mise sur une hausse de 2,5% des volumes de marchandises transportées, notamment grâce au rebond des récoltes de céréales, aux tarifs ajustés à l’inflation et au rachat de 4,8% des actions.

Au final, Walter Spracklin maintient son cours-cible de 170$, soit de 19 fois le bénéfice prévu. Il continue aussi de croire que le Canadien National mérite cette plus-value par rapport à l’évaluation de 17,4 fois de son groupe-repère.

Par contre, l’analyste ne recommande pas l’achat du titre parce que son potentiel d’appréciation de 4% d’ici un an est moins élevé que celui de son industrie, justement parce que son évaluation est déjà juste.

H2O Innovation (HEO, 2,41$): la fusion de deux géants de l’eau rejaillit sur l’entreprise de Québec

H2O Innovation (HEO, 2,41$): la fusion de deux géants de l’eau rejaillit sur l’entreprise de Québec

Deux géants du traitement des eaux Xylem (XYL, 102,43 $US) et Evoqua Water Technologies (AQUA, 48,36 $US) ont annoncé une fusion dans un échange d’actions de 7,5 milliards de dollars américains afin de densifier leur empreinte mondiale et d’élargir leur gamme de solutions.

Evoqua offre ses services de gestion de l’eau et de traitement des eaux principalement aux États-Unis à des clients industriels et aux fournisseurs de services aux collectivités. L’entreprise a généré des revenus de 1,7 milliard de dollars américains et a dégagé une marge d’exploitation de 17% lors des 12 mois terminés le 30 septembre, indique Frédéric Tremblay de Desjardins Marché des capitaux.

Ensemble, les revenus et le bénéfice d’exploitation de Xylem et d’Evoqua auraient respectivement atteint 7,1 G$US et 1,2 G$US pendant cette période, ajoute l’analyste en précisant que Xylem vise des synergies de 140 millions de dollars américains d’ici trois ans.

Frédéric Tremblay estime que l’offre de fusion de Xylem équivaut à 21,6 fois le bénéfice d’exploitation Evoqua prévu en 2024. Le prix offert de 52,89 $US par action est 29 % plus élevé que le cours d’Evoqua, le 20 janvier.

À titre comparatif, l’action d’H2O se négocie à moins de la moitié du multiple d’évaluation accordé à Evoqua.

Bien que H2O n’ait pas du tout l’envergure de ces deux colosses, Frédéric Tremblay croit que la fusion rejaillit indirectement sur H2O en jetant les projecteurs sur les perspectives favorables de l’industrie des produits et des services qui visent à répondre aux problèmes de pénurie d’eau et d’infrastructures désuètes.

La fusion remet au jour le potentiel de consolidation mondiale de ce secteur et les prix très attrayants payés.

«Les plus grands acteurs suppléent leur croissance interne par des acquisitions», dit-il en citant les unions de Veolia-Suez et de Inframark-ESG.

Dans cet environnement, H2O performe «extrêmement» bien. L’entreprise vient d’enfiler quatre trimestres de croissance interne de plus de 10%, incluant celle de 25%, au plus récent trimestre, rappelle Frédéric Tremblay.

H2O réalise aussi ses propres petites acquisitions, décroche de nouveaux contrats et affiche un carnet de commandes record de 182 M$.

Sa taille et ses marges n’ont pas le calibre des plus gros acteurs, mais H2O accroît ses revenus plus rapidement qu’eux tandis que la part récurrente de ses revenus (85%) est plus élevée que celle d’Evoqua.

Si la plus-value d’Evoqua ne s’applique pas à H2O, son évaluation de 9 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2024 se compare à la moyenne de 12,5 fois de son groupe repère en Bourse.

Frédéric Tremblay termine sa note en rappelant que le titre figure parmi ses préférés pour 2023. Il croit que le titre pourrait doubler si la société réalisait son plan de trois ans.

Dans l’intervalle, son cours cible de 3,50$ laisse entrevoir un gain potentiel de 27 %.