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À surveiller: Metro, CP et Target

Dominique Beauchamp|21 novembre 2019

À surveiller: Metro, CP et Target

(Photo : 123rf.com)

Que faire avec les titres de Metro, CP et Target? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.


Metro (MRU, 55,98$): l’épicier/pharmacien a tout pour plaire sauf son évaluation

Encore une fois au quatrième trimestre, Metro démontre la performance solide, prévisible et durable qui vaut à son titre une plus-value par rapport à ses semblables, indique Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux.

Même si l’analyste juge le titre pleinement évalué, elle augmente son cours cible de 2$ à 57$ parce le profil prudent de l’épicier et sa constance justifient son évaluation.

Ce nouveau cours-cible équivaut à 16,5 fois le bénéfice et 11 fois le bénéfice d’exploitation prévus à la fin de 2021.

Mme Nattel fait remarquer que l’évaluation actuelle du titre de Metro reste inférieure au zénith de 2016 parce que les autres industries en Bourse captent plus l’attention.

Au quatrième trimestre, les ventes par magasins comparables ont bondi de 4,1%. Sans l’effet de l’inflation de 2,8%, ces ventes ont crû de 1,3%, une mesure qui révèle que l’épicier augmente le volume de ses ventes (tonnage en anglais) et ses parts de marché.

Cette hausse de 1,3% se compare à 0,6% au trimestre précédent et à une moyenne de 1,14% pour tout l’exercice financier de 2019, précise Mme Nattel.

Le portrait révèle que Metro «exécute» bien dans un environnement que le PDG a qualifié de «très compétitif» et «hautement promotionnel» lors de la téléconférence, évoque l’analyste.

Comparativement à Loblaw (L, 70,47$), il semble que les ventes d’épicerie et de pharmacie de Metro/Jean Coutu au troisième trimestte surpassent celles de son rival par 1,7%. En fait, les ventes par magasins comparables de Metro dépassent celles de Loblaw depuis sept trimestres.

Mme Nattel attribue cette avance à l’intégration de Jean Coutu et à la meilleure conjoncture de ses marchés du Québec et de l’Ontario.

L’inflation alimentaire donne aussi un coup de pouce aux ventes, car elle permet aux épiciers de refiler aux clients une partie de la hausse de leurs coûts et ainsi de soutenir les marges.

À ce titre, Mme Nattel note que l’inflation alimentaire actuelle de 2 à 3% est idéale, surtout que la hausse des prix ne s’observe plus seulement dans les produits périssables.

L’analyste s’attend tout de même à ce que la croissance du bénéfice d’exploitation de Metro se modère à 5% en 2020 et 2021 parce que l’effet de l’acquisition du Groupe Jean Coutu se dissipera.

Le rachat prévu de 2,7% des actions devrait néanmoins porter à 9% la progression du bénéfice par action.

Comme promis, les synergies de l’intégration de Jean Coutu ont atteint un rythme annuel de 65 millions de dollars, soit à peine 10M$ de moins que l’objectif de 36 mois que Metro s’était fixé, avec encore 18 mois à courir.

«Nous continuons à croire que l’objectif de 75M$ représente un plancher et non un plafonds. Le potentiel de ventes croisées et d’efficacité accrue ajouterait à nos prévisions», indique Mme Nattel.

Étant donné l’évaluation déjà juste et la modération de la croissance prévue, Mme Nattel ne recommande pas l’achat du titre qui devrait évoluer en ligne avec son secteur.

 

Canadien Pacifique (CP, 314,73$): la défunte Montreal, Main and Atlantic Railway, un achat stratégique

Canadien Pacifique (CP, 314,73$): la défunte Montreal, Main and Atlantic Railway, un achat stratégique

L’achat de Chemins de fer du Centre du Maine et du Québec (CMQ) est plus stratégique que ne laisse croire son coût d’achat modeste de 130 millions de dollars américains, fait valoir Allison Landry, de Credit Suisse.

Cet achat régional étend le réseau de Canadien Pacifique de 774 kilomêtres vers l’Est et lui donnera un accès à la raffinerie Irving Oil à St-Jean, au Nouveau-Brunswick, pour transporter plus de pétrole vers l’Est en se connectant aux chemins de fer de l’est du Maine et du Nouveau-Brunswick, explique l’analyste.

DP World exploite un terminal portuaire de containers et de vrac à Saint-John.

Canadien Pacifique tente aussi de densifier son réseau de l’Est pour rivaliser l’avantage stratégique de son rival Canadien National (CNR, 120,45$) au port de Halifax.

À long terme, le CP cherche aussi à réduire la proportion de la Chine dans ses affaires puisque les ports de l’Est servent l’Europe et plusieurs pays asiatiques dont le Vietnam, la Malaisie, l’inde et la Thailande.

Mme Landry s’attend aussi à ce que le CP noue des alliances commerciales avec les chemins de fer américains CSX (CSX, 65,65 $US) et Northern Southern (NSC, 189,88$US) afin d’acheminer plus de marchandises sur la côte Est américaine.

Le CP pourrait aussi conclure une entente avec le camionneur J.B. Hunt (JBHT, 115,39$US) afin d’améliorer sa capacité intermodale, dit-elle

Enfin, Mme Landry croit que le CP lorgne aussi le Quebec Gatineau Railway, un chemin de fer qu’elle a vendu en 1997, et qui appartiendra bientôt au géant Brookfield Asset Management (BAM, 57,30$).

Les chemins de fer régionaux regagnent en valeur dans la stratégie de «chemin de fer de précision» des grands transporteurs ferroviaires, explique-t-elle.

Mme Landry réitère sa recommandation d’achat et son cours-cible de 333$.

 

Target (TGT, 138,00$US): une championne émerge

Target (TGT, 138,00$US): une championne émerge

Le troisième trimestre nettement supérieur que prévu confirme que le détaillant regagne des parts de marché et que ses marges remontent, comme Seth Sigman, de Credit Suisse l’avait espéré.

Bien que le trimestre ait bénéficié d’éléments favorables, tels que les ventes saisonnières de vêtements et la fin de la pointe des coûts du changement à la chaîne d’approvisionnement, la tendance de fonds reste parmi les meilleures de l’industrie, dit-il.

M. Sigman signale notamment la capacité de Target d’améliorer ses marges malgré des investissements élevés et l’effort soutenu pour faire croître les ventes en ligne.

La hausse de la facture moyenne de 1,4% est la meilleure depuis des années tandis que le bond de 31% des ventes témoigne de l’accélération de ce segment depuis deux ans.

Les gains de part de marché dans les jouets et les produits de beauté s’étend désormais aux vêtements, une catégorie-clé pour la fréquentation des magasins et du site web.

La croissance des ventes comparables de vêtements s’est accéléré de 5 à plus de 10%, du deuxième au troisième trimestre grâce aux achats pour la rentrée scolaire et l’arrivée hâtive de l’automne.

«Malgré tout, la régularité de ces ventes tout au long des deux trimestres témoigne de l’étendue de l’offre de Target dans cette catégorie et ses marques nationales fortes», écrit l’analyste.

Bien que la cadence de divers repères financiers est appelée à se modérer, après un changement de régime, M. Sigman hausse de 9 à 10% la croissance du bénéfice qu’il prévoit en 2020 à 7,04$US.

Le titre de Target ayant rebondi de 88% en un an à un nouveau sommet l’analyste porte son cours-cible de 112 à 138$US, soit 20 fois le bénéfice de 2020.

Il en recommande toujours l’achat, car il croit que les bénéfices de la transformation sont durables.