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À surveiller: Metro, Rogers et TFI

Dominique Beauchamp|Publié le 23 avril 2020

Que faire avec les titres de Metro, Rogers et TFI? Voici quelques recommandations d'analystes.

Que faire avec les titres de Metro, Rogers et TFI? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Metro (MRU, 60,02$): l’épicier gagne des parts de marché, mais son titre est pleinement évalué

Même avant l’effet de la COVID-19, Metro gagnait des parts de marché.

C’est ce que révèle la hausse de 4,6% des ventes par magasins comparables au deuxième trimestre , avant le plein impact de l’accumulation de provisions au début de la pandémie et du décalage des achats des Fêtes.

Cela se traduit par une augmentation de 2,6% du volume des ventes, sans l’effet des prix, une mesure de «tonnage» qui correspond à des gains de parts de marché, explique Chris Li, de Desjardins Marchés des capitaux.

La stabilité de la marge brute indique que ces gains proviennent d’une mise en marché efficace et non pas de promotions accrues, dit-il.

Metro est d’ailleurs assez confiante que les revenus additionnels compenseront entièrement pour la hausse des coûts qu’elle renouvelle son programme de rachat d’actions.

M. Li salue tous ces bons coups et juge que Metro mérite sa plus-value en Bourse.

En revanche, le titre offre peu de potentiel d’appréciation au cours actuel, à moins que l’économie ne se dégrade plus sérieusement que prévu et incite les investisseurs à s’y réfugier.

L’action s’échange à un multiple de 19 fois les bénéfices prévus, une évaluation qui se compare à la pointe de 20 fois et à la moyenne historiques de 15 fois.

«Après la COVID-19, son évaluation pourrait exercer un frein sur le titre en Bourse, une fois que la croissance annuelle des bénéfices ralentira de 14% en 2020 à moins de 10%», entrevoit-il.

Certains coûts additionnels des mesures instaurées pour la pandémie risquent aussi de persister alors que la dernière phase des synergies de l’intégration du centre de distribution de Varennes de Jean Coutu est retardée.

Metro devra aussi en faire plus pour muscler ses services d’épicerie en ligne afin de répondre à l’adoption permanente de ce mode d’achat pour certains clients, dit-il.

Bien que la position concurrentielle, la constance de son exécution et la répartition judicieuse du capital soutiennent l’évaluation élevée du titre, «nous préférons atteindre un meilleur point d’entrée (plus près de 50$) avant d’en recommander l’achat», explique M. Li.

L’analyste hausse son cours cible de 60 à 61$ et propose à ses clients de conserver le titre de l’épicier.

 

Rogers (RCI.B, 57,79$): la pub et le sport pincent, mais le sans-fil résiste bien

Rogers (RCI.B, 57,79$): la pub et le sport pincent, mais le sans-fil résiste bien

Le fournisseur de câble et de services sans-fil a dévoilé des résultats inférieurs aux attentes au deuxième trimestre, mais le maintien des estimés annuels pour les flux de trésorerie libres rassure Aravinda Galappatthige, de Canaccord Genuity.

L’effet économique de la crise pandémique «risque de persister jusqu’au troisième et peut-être même jusqu’au quatrième trimestre», entrevoit l’analyste.

Malgré le recul des revenus et la hausse de certains coûts, Rogers devrait bien se tirer d’affaires, croit-il.

Le fournisseur sans-fil compte moins de clients en Alberta où la récession est plus sévère d’ailleurs au pays. Cela pourrait donner meilleure allure à ses résultats après 2020, croit-il.

Surtout, Rogers laisse entendre que le contrôle des coûts et que le déclin des dépenses en immobilisations lui permettront de dégager des flux de trésorerie libres assez proches de son aperçu en 2020.

En même temps, le subventionnement des combinés sans-fil et les coûts d’acquisition de nouveaux clients diminuent, ce qui aidera la société lors de la reprise, même si les offres promotionnelles reviendront après la crise, croit M. Galappatthige.

L’analyste est moins certain d’un rebond en force en 2021 parce que trop de facteurs imprévisibles entrent en ligne de compte, tels que l’effet des forfaits de données illimitées sur les revenus mensuels par abonné et la baisse de 25% des tarifs sans-fil mandatée par Ottawa.

Malgré ces incertitudes, Rogers reste bien positionnée à moyen terme, soutient-il.

L’analyste augmente même ses prévisions pour le bénéfice d’exploitation en 2020 et en 2021, abstraction faite de la filiale des médias et des sports qui souffre le plus du confinement et de la récession.

Il prévoit désormais un recul de 0,7% du bénéfice d’exploitation, sans les médias, en 2020 suivi d’un rebond de 2,6% en 2021.

Les flux libres prévus passent de 3,93$ à 4,32$ par action en 2020 et de 4,03 à 4,15$ par action en 2021, une stabilité qui plaira dans la conjoncture actuelle.

En conséquence, il augmente son cours cible de 57 à 60$ et réitère sa recommandation d’achat.

 

TFI International (TFII, 35,54$): le camionneur attend la reprise

TFI International (TFII, 35,54$): le camionneur attend la reprise

L’ex-Transforce dévoile un premier trimestre meilleur que prévu tout, se mobilise pour surmonter la crise et ainsi mieux profiter de la reprise.

Il est encourageant de voir «le transporteur continental «prendre les mesures qu’il contrôle pour traverser la tempête», note Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux.

TFI coupe ses dépenses en capital de moitié et suspend ses rachats d’actions afin de préserver ses liquidités pendant la récession et se donner les moyens de saisir de futures acquisitions plus tard cette année, indique M. Spracklin.

«Un projet avancé d’acquisition a été mis sur la glace. Le prochain catalyseur repose donc sur le parcours d’empruntera la reprise», dit-il.

L’analyste rappelle que TFI dispose de liquidités de 130 millions de dollars et qu’elle a accès à un emprunt de 830M$. Aucune dette n’échoit en 2020, mais un emprunt de de 610 M$ arrive à échéance en deux tranches en 2021 et 2022.

Il faudrait que le bénéfice d’exploitation chute de 30% à partir du niveau de 2020 pour que la société ne respecte plus les clauses de ses emprunts, un scénario peu probable, à son avis.

Le pire de l’effet de la COVID-19 se fera toutefois sentir au deuxième trimestre.

L’analyste abaisse donc ses prévisions de bénéfices pour 2020 de 3,45 à 3,33$, qui misent sur une reprise plus graduelle que prévu à partir du quatrième trimestre.

M. Spracklin maintient ses prévisions de bénéfices pour 2021 à 4,11$ par action.

Son cours-cible inchangé de 37$ repose sur un multiple de 9 fois le bénéfice prévu en 2021.

L’analyste reconnaît qu’il est difficile d’imaginer comment TFI émergera de la crise, car les futures habitudes de consommation risquent de perturber les modes de transport pour longtemps. Il donne en exemple la montée du commerce en ligne au détriment des détaillants traditionnels.